Frais et dispos, le nouvel attaquant d'Evian Thonon Grand Genève Hugo Roussey (25 ans) nous a livré ses impressions avant d'affronter son club formateur ce samedi 9 juillet à L'Etrat.

"Je suis très content de revenir à L’Etrat à l’occasion de ce premier match de préparation. Ça me fera vraiment plaisir de revoir le coach Batlles et mes anciens coéquipiers. Ça fait extrêmement plaisir de revenir dans son club formateur. J’ai joué 12 ou 13 ans à l’ASSE, de poussin 2^e année jusqu’en 2018. Ce match de préparation contre Sainté sera donc forcément un peu particulier pour moi.

J’ai évidemment plein de souvenirs marquants de mes vertes années où j’ai eu la chance d’avoir de très bons formateurs. J’ai été champion de France en U13 sous la houlette de Lionel Vaillant. On a eu plusieurs années cet entraîneur car il nous avait suivis. On a gagné plusieurs gros tournois avec lui et je l’ai donc retrouvé en U16-U17. C’est d’ailleurs quand il entraînait les U17 avec Gilles Rodriguez que le club a été sacré champion de France en 2013.

Je garde également de bons souvenirs de Jean-Philippe Primard, avec qui on avait fait une très belle année en U19, en 2015-2016. On avait fini premier de notre groupe en championnat. Notre parcours s’était arrêté en demi-finale, on avait perdu 4-0 contre un PSG monstrueux. Plusieurs joueurs parisiens qu’on a affrontés ce jour-là ont joué depuis en Ligue des champions et ont porté le maillot des Bleus ou des Bleuets. Je pense notamment à Christopher Nkunku, Jonathan Ikone, Odsonne Edouard, Jean-Kévin Augustin…

Par la suite Laurent Batlles a aussi été un entraîneur qui a compté pour moi. Quand j’ai fait mes toutes premières apparitions en réserve à l’âge de 18 ans, c’est Thierry Oleksiak qui entraînait mais Laurent Batlles était son adjoint et il était déjà très investi. Il animait beaucoup de séances d’entraînement et donnait de la voix. La saison d’après, j’ai connu mes premières titularisations avec la réserve sous les ordres de Bernard David et Julien Sablé. C’est ensuite Laurent Batlles qui a récupéré la réserve, qu’il a réussi à faire remonter en N2. C’est avec lui que j’ai eu le plus de temps de jeu en réserve.

J’ai tout de suite senti quand j’ai travaillé avec Laurent Batlles qu’il a en lui ce truc d’être un bon entraîneur. Il a fait du bon boulot pendant trois ans à la tête de l’équipe réserve, il a ensuite fait ses preuves dès sa première expérience d’entraîneur professionnel. Il a réussi à faire monter Troyes en Ligue 1. J’apprécie ce coach car je lui trouve de nombreuses qualités. C’est un meneur d’hommes et une très bonne personne. C’est quelqu’un qui n’a pas peur de dire la vérité, que ce soit bien ou mal. C’est l’un des points auxquels je suis le plus sensible dans le monde du foot. C’est un milieu où tout le monde n’a pas cette franchise.

J’ai progressé sous les ordres de Laurent Batlles. La blessure que j’ai eue à la cheville a bien sûr enlevé cette petite magie qu’on avait eue mais je me suis vraiment régalé avec ce coach. Il mettait beaucoup l’accent sur le travail. C’est un joueur qui a fait une longue et belle carrière au haut niveau, il essayait de nous inculquer son expérience. Dans notre construction d’homme et de joueur, je pense que ça nous a tous servis d’être passé par Laurent Batlles.

J’ai apprécié aussi le fait que le coach Batlles soit porté vers l’avant, prône un jeu offensif. C’est plaisant, d’autant plus quand on est attaquant. Quand il nous a pris en N3, on jouait avec deux attaquants en pointe. J’ai ainsi joué pas mal de matches aux côtés de Samy Baghdadi. Y’avait pas beaucoup d’autres équipes qui jouaient à deux en pointe.

Le coach Batlles m’a fait progresser dans plusieurs domaines, sur le plan du jeu mais aussi sur le plan du mental. Il a une voix qui porte, une force de conviction et une autorité naturelle. Il n’hésite pas à dire les choses. Quand t’es un jeune joueur, t’encaisses car ça fait partie du job car tu sais que plus tard tu recevras peut-être pire. Le coach m’a également beaucoup apporté dans mes déplacements. On l’a vu notamment lors de sa fin de carrière à Sainté, c’était un joueur qui sentait très bien les coups, qui savait très bien se placer et qui délivrer de bonnes passes. Il savait comment l’attaquant devait se placer pour recevoir ses passes. Bien sûr il m’a donné des conseils dans ce domaine.

Mais si je ne devais ressortir qu’un seul souvenir de toutes mes années en vert, ce serait forcément mon seul match avec les pros, quand j’étais entré en jeu au Parc des Princes en Coupe de la Ligue, en décembre 2015. On avait une équipe très jeune. Je crois que Christophe Galtier avait titularisé Nathan Dekoké, Ronaël Pierre-Gabriel, Dylan Saint-Louis, Jonathan Bamba. J’avais remplacé Neal Maupay peu après l’heure de jeu. Erin Pinheiro et Cazim Suljic étaient entrés en jeu en fin de match, je crois que Léo Pétrot était resté sur le banc.

Je me souviens que les médias avaient salué notre performance. On avait une équipe inexpérimentée mais on avait offert une belle résistance au PSG. De mémoire, Edison Cavani avait inscrit l’unique but de la rencontre à la 86^e ou la 87^e. Quand on avait vu notre groupe, on s’était dit que Paris allait mettre une équipe B ou C, ils auraient pu se le permettre avec cet effectif. Mais Laurent Blanc avait aligné la grosse équipe avec les Thiago Silva, Marquinhos, Verratti, Rabiot, Ibra, etc. Di Maria et Cavani était entrés en jeu vers la 60^e. C’était magnifique comme expérience.

Depuis que j’ai quitté Sainté, je mène ma petite carrière en espérant retrouver le monde pro que j’ai brièvement découvert à l’ASSE. Depuis que j’ai quitté Sainté il y a quatre ans, je joue en N2. J’ai d’abord évolué deux saisons à Chasselay qui devenu le Goal FC peu deux saisons au FC Louhans. Je suis très content et fier d’avoir signé à Evian Thonon Grand Genève car c’est un club qui a beaucoup d’ambitions. Dès que j’ai visité les installations, je ne me suis même pas posé de questions.

Evian Grand Genève est promu en N2 mais je pense que des clubs de L2 voire de L1 n’ont pas de telles installations. Le club a les structures et infrastructures pour pouvoir prétendre à évoluer bien plus haut. On a un préparateur mental à l’année, on a un kiné qui est là tous les jours. Le coach Bryan Bergougnoux a plusieurs personnes dans son staff. Pour avoir évolué dans deux précédents clubs de N2 et pour avoir des amis qui évoluent dans pas mal d’autres clubs de ce championnat, je ne pense pas qu’Evian Grand Genève ait d’équivalent à cet échelon en termes d’installations.

Je suis un compétiteur, j’espère grandir en même temps que mon nouveau club. J’ai déjà un peu goûté au monde pro. Je ne demande qu’une chose, c’est de pouvoir revenir tout en haut. Ce sera en fonction de mes performances. En tout cas, à Evian Thonon Grand Genèce, il y a vraiment tout à notre disposition pour pouvoir aller chercher quelque chose collectivement et individuellement. On bénéficie de très bonnes conditions de travail.

On a repris l’entraînement le 2 juillet et ce premier match de préparation est un sympathique clin d’œil du destin. Je vais en effet affronter un ami. Parmi tous mes anciens coéquipiers stéphanois, il y en a deux dont je suis resté hyper proches : Dylan Chambost et Léo Pétrot. On a un groupe par message, on échange tous les jours tous les trois. A chaque fois que je suis dispo, je regarde les matches que Léo joue avec Lorient. Je regardais aussi les matches de Troyes pour Dylan, je vais suivre ses matches avec les Verts. Je regardais déjà les matches de Sainté mais je vais en voir encore plus maintenant, forcément !

Ça va me faire bizarre d’être l’adversaire de Dylan ce samedi ! On s’est côtoyé 11 ou 12 ans à l’ASSE. Je me souviens du tournoi du très relevé tournoi U13 de Cahors qu’on avait remporté en 2010. Dylan avait été extraordinaire. Chaque fois qu’il marquait, il fêtait ça en pagayant pour imiter Marama Vahirua (rires). On gagnait beaucoup de tournois grâce à lui, c’était top. C’est cette année-là d’ailleurs qu’on a été sacré champion de France à Capbreton. On avait battu Le Mans en finale, Dylan avait ouvert le score avant de faire une passe décisive.

On a signé ensemble notre premier contrat pro dans notre club formateur il y a 5 ans. Depuis que nos chemins se sont séparés, on est resté en contact quotidien. Avec Léo, je le porte vraiment dans mon cœur. Je peux le dire maintenant, ce sont tous les deux mes meilleurs amis. On se dit tout, on raconte ce qu’on fait, nos entraînements. J’ai l’impression que je parle plus à Dylan et à Léo qu’à ma femme ! (rires)

Je suis super content que Dylan revienne à Sainté, je suis convaincu qu’il va s’y imposer. Footballistiquement, c’est un joueur très intéressant. Et je ne dis pas ça parce que l’on entretient une amitié indéfectible. Il a un super pied gauche. C’est vraiment une main qu’il a à la place du pied gauche. C’est un super passeur et ça peut être un buteur. Il n’a claqué que deux ou trois pions avec Troyes mais il en avait mis pas mal en équipe réserve à l’ASSE. Il a dû en mettre une bonne douzaine lors de notre dernière saison commune, lorsqu’on a fini premiers en N3.

Je trouve que Dylan est très fort dans la vision du jeu. Je suis sûr et certain qu’il va apporter à Sainté. Dylan a acquis une bonne expérience à Troyes. En L2, il a su monter en puissance à l’Estac. Il avait fait deux entrées en jeu en Coupe de France avec l’ASSE mais c’est à Troyes qu’il a vraiment acquis l’expérience du monde pro. Après une première saison encourageante, de découverte, il s’est imposé au sein de l’équipe qui a été sacrée championne de France de L2 il y a un an. Il a moins joué cette dernière saison dans l’élite mais il aura quand même pris part à une vingtaine de matches de L1 dont une dizaine en tant que titulaire.

L’expérience que Dylan a emmagasinée à Troyes va lui servir à Sainté. Je pense qu’il a toutes les cartes en main pour réaliser une super saison et aider l’équipe. J’ai suivi quasiment tous ces matches à l’Estac, sauf quand je jouais en même temps bien sûr (rires). Dans notre groupe de discussion avec Dylan et Léo, je laissais des commentaires de leurs matches, je leur disais ce que je trouvais bien, ce que je trouvais moins bien. On se fait un debrief tous les trois. Pour moi, le positionnement idéal de Dylan, c’est numéro 10. Maintenant, il est vrai que les équipes jouent un peu moins avec des numéros 10.

Je pense que Dylan est un joueur qu’il faut laisser complètement libre. C’est lui qui doit casser les lignes, c’est lui qui doit délivrer les passes à l’attaquant. Dylan peut aussi jouer en 8 avec des mecs autour de lui qui courent beaucoup. Attention, Dylan court beaucoup aussi mais pour le mettre dans les conditions optimales, c’est top de l’associer à des joueurs qui vont un peu plus au charbon. A mon sens, c’est en laissant Dylan en électron libre que son équipe peut le mieux profiter de ses qualités. Je pense qu’il a besoin de ça pour alimenter les attaquants et les excentrés.

En équipe réserve, son association dans l’entrejeu avec Mahdi Camara était vraiment bonne, il est probable que le coach Batlles réédite ça chez les pros. Mahdi est un joueur qui a déjà su s’imposer en équipe première dans son club formateur. C’est un guerrier mais pas seulement. Je pense que c’est aussi un joueur à l’aise techniquement. Il ne le montre peut-être pas mais quand je jouais avec Mahdi en N3, je le trouvais techniquement très fort. Je pense qu’il a cette palette en tant que joueur. Entre Dylan et lui, je pense que ça peut très bien « matcher » en L2, en tout ça a très bien marché en réserve !

Le match de préparation de ce samedi va me permettre de revoir deux autres joueurs que j’ai côtoyés à Sainté et que j’apprécie aussi : Mickaël Nadé et Etienne Green. Le parcours de Micka est intéressant. Son prêt en National à QRM a été très concluant. Cette saison, il a joué une trentaine de matches en L1. Je trouve qu’il fait ses matches. On ne l’attendait pas forcément avoir un temps de jeu aussi conséquent dans l’élite vu les joueurs qu’il y avait à son poste mais il a su gagner sa place de titulaire. Tant mieux car c’est un Micka est un très bon gars aussi.

Je fais partie des gens qui sont ultra contents pour Etienne. Au centre de formation, c’était un joueur qui bossait sans faire de bruit, qui est toujours resté humble. Il n’a jamais élevé la voix sur quelqu’un, ne s’est jamais pris pour quelqu’un d’autre. C’est l’illustration parfaite de ce que l’on nous dit, qu’il faut travailler en silence. Ce n’était pas forcément le jeune gardien dont on parlait le plus, il n’a pas eu beaucoup de temps de jeu dans les différentes équipes de jeunes et en réserve. Mais il a beaucoup bossé et au final c’est lui qui a su tirer son épingle du jeu. Moi je trouve ça génial, je suis très content pour Etienne !

Pour en revenir à Dylan, je pense qu’il est épanoui et heureux de revenir à l’ASSE. C’est son club de cœur. Depuis tout petit il supporte les Verts. Je connais un peu son papa qui est fervent supporter de l’ASSE. Il ne lui dit pas je pense mais il est certainement très fier de lui. Voir son fils jouer à Geoffroy-Guichard, ça va être quelque chose de très fort. Je pense que dans sa tête, Dylan ne peut pas être au mieux !

Dylan est une bonne première recrue pour Sainté et je vois également d’un très bon œil les arrivées d’Anthony Briançon et de Jimmy Giraudon. Des joueurs expérimentés qui ont l’expérience de la L2 et d’une montée en L1. Des joueurs qui ont été capitaines dans leur club et qui évoluent à un poste où Sainté avait besoin de se renforcer. Pour regarder des matches de L2, on assiste souvent à des matches assez fermés. Il y a rarement de très gros scores. La première des choses, c’est de bien défendre et d’être solide.

Je pense que l’ASSE ne va pas se faire de souci pour recruter d’autres personnes dans d’autres compartiments du jeu. A mon avis tout le monde veut venir à Saint-Etienne. Sainté restera toujours Sainté. Même relégué en L2, c’est un club qui reste attractif pour un joueur. Bien sûr, quand on dit Saint-Etienne, ça évoque spontanément les belles années. Quand on évoque Saint-Etienne, on pense de suite à la Coupe d’Europe, au public, à ce stade magnifique. Je pense que tout joueur rêverait de jouer à Geoffroy-Guichard. Quand on a des échos des joueurs qui jouent contre Saint-Etienne dans ce stade, ils sont tous émerveillés par l’ambiance du Chaudron.

Je ne pense pas que les joueurs soient refroidis par les récents évènements, qu’ils aient peur des supporters ou quoi que ce soit. Certes, certains supporters ont fait des choses qui n’étaient pas très belles, c’est le moins qu’in puisse dire. Mais je pense que le peuple vert a un certain ras le bal depuis trois ans. Bien sûr on ne peut pas cautionner les violences qui auraient pu avoir des conséquences dramatiques à la fin du match contre Auxerre. Mais quand t’habites dans une ville de foot, que tu te lèves et que tu bosses toute une semaine pour aller au stade, t’as envie de te vider la tête, de voir les joueurs mouiller le maillot. Ça peut entraîner des débordements quand ça se passe mal. Je ne dis pas que c’est ce qu’il fallait faire mais on ne peut pas ignorer cette colère.

Je pense que Laurent Batlles aura une équipe très compétitive pour aller chercher le titre et remonter en Ligue 1, je l’espère dès cette première saison. C’est tout le mal que je souhaite à l’ASSE. Cela fait quatre ans que j’ai quitté le club mais ce ne sera jamais un club lambda pour moi. J’y ai fait toutes mes classes, j’ai signé mon premier contrat pro là-bas. Sainté sera toujours dans mon cœur. Avec mon père qui a joué là-bas, je pense qu’on est vert à jamais dans le cœur.

Comme tous ceux qui aiment ce club, je suis triste de le voir relégué en L2. Et c’est difficile d’y voir clair sur l’extra-sportif. Le club va-t-il être racheté ou pas, c’est nébuleux et les infos qui sortent à droite ou à gauche dans les médias sont parfois contradictoires. C’est embêtant car je pense que ça ne met pas une ambiance de travail au top. On ne sait pas trop ce qu’il en est au sommet du club, on est dans l’expectative, du coup tout le monde est un peu dans le doute.

J’espère que le coach Batlles avec l’aide de Loïc va créer cette bulle autour des joueurs et de son staff pour éviter que son groupe soit atteint par ce flou. Je pense que tous les deux veilleront à ce que les joueurs restent focalisés sur le rectangle vert. Pour avoir eu Laurent Batlles comme entraîneur en équipe et pour connaître un peu Loïc, je pense qu’on peut avoir vraiment confiance en eux pour être les garants de la maison verte en cette période d’incertitude à la tête du club. Ce sont deux meneurs d’hommes, deux hommes qui vont pouvoir gérer la situation.

Je suis content que Loïc ait choisi Laurent Batlles comme coach, je pense que c’est l’entraîneur idéal. Il a vécu une montée avec Troyes, il connaît le niveau de la Ligue 2. Il sait ce qu’il faudra faire pour pouvoir remonter. Et puis c’est quelqu’un de la maison, cela fait douze ans maintenant qu’il est implanté dans la région. Même lorsqu’il officiait à Troyes, il revenait très régulièrement près de Sainté où sa famille est installée et se plait.

Laurent Batlles a commencé à faire ses armes en entraînant les U15. Il a été adjoint de Thierry Oleksiak en N2. La saison où j’ai joué au Parc en Coupe de la Ligue, il faisait partie du staff de Christophe Galtier. Il a entraîné trois ans la réserve avec succès. Il connaît la maison verte par cœur !  Moi je lui fais entièrement confiance, je pense qu’il est l’homme de la situation pour faire remonter le club en Ligue 1. Quand bien même le club part avec un handicap de trois points et jouera ses quatre premiers matches à domicile à huis clos, je lui souhaite de réussir dès cette saison."