
L'ange Damien est passé par là
26/12/2020

Damien Bridonneau est revenu sur son inoubliable saison verte dans un sympathique entretien à écouter intégralement sur Dessous de Verts. Extraits.
"Quand tu passes du Mans à Saint-Etienne, tu passes du coq à l’âne. Au Mans on était dans des préfabriqués aux terrains d’entraînement, on avait un stade vétuste. T’arrives à Saint-Etienne, c’est un tout. C’est l’histoire, c’est un stade, c’est tout ce qu’il y a autour. Ce que je retiens de ma saison verte, ce qui a fait notre force, c’est l’amour des joueurs les uns pour les autres, l’entraide, l’amitié, le partage et surtout la générosité. Je me souviens de Jérémie Janot, Julien Sablé, et des jeunes comme Loïc Perrin, Bafé Gomis et Samy Houri. Il y avait une alchimie entre les jeunes joueurs et les mecs comme moi revanchards. Frédéric Antonetti m’a boosté, il a su me piquer là où il fallait.
On monte, je mets le but du titre, ça a été une saison exceptionnelle pour moi. Sportivement, le jeune qui m’a fait la plus forte impression, c’était Samy Houri car il était techniquement très fort. Bafé Gomis, c’était un potentiel, il était grand et mince, très gentil, très doux, ça ne bougeait pas d’une oreille. Il était très respectueux des anciens. Loïc Perrin m’a marqué aussi par sa générosité, sa gentillesse et son travail. C’était un joueur sérieux, magnifique, avec qui tu pouvais aller à la guerre. Respect à lui ! C’est déjà un très bon ambassadeur du club. Il va apprendre et je le vois bien dans quelques années au club avec un rôle plus important.
C’est Fred Mendy qui a marqué le but de la montée. C’était à Niort, ma ville, dans un stade plein. Tous les supporters stéphanois étaient excités, ce jour-là je suis rentré aux vestiaires en slip. J’ai donné tout le reste. C’était un moment très fort car on concrétisait chez moi, devant ma famille, mes amis. J’ai mis le but du titre. C’était improbable car je ne suis pas un buteur. Mais j’étais tellement porté à Saint-Etienne lors de cette magnifique saison que même moi ne savais pas où étaient mes limites.
Le coach m’avait dit quelques jours avant qu’il comptait titulariser Patrice Carteron. J’avais les boules d’être remplaçant. Patrice marque un but, tout le monde est content. Je devais rentrer à la mi-temps, je rentre plus tard. Je me suis échauffé du côté des Green Angels, j’avais des amis dans le kop sud. Je finis par entrer, ils égalisent à 1-1, sur une action de mon côté en plus. Je me dis qu’il n’y a plus rien à perdre, j’y vais, je fonce. Comme j’ai toujours eu un gros coffre, je me dis que je suis capable de faire les va-et-vient.
Pourquoi David Hellebuyck fait la touche, pourquoi Fred Mendy habituellement côté gauche est latéral droit et me met ce petit ballon piqué ? Moi je ne vois rien. Je vois Fred, je pars sur le côté et tout d’un coup je me jette. Et tu vois ce que tu vois, cette reprise qui finit au fond des filets opposés. Un but magnifique. Aujourd’hui j’en suis fier. Quelques jours avant, mon ami Philippe Masseguin m’avait dit : « tu sais Damien, si tu veux marquer le club aujourd’hui, il y a quelque chose que tu dois faire. » Je rêvais d’avoir ce ressenti du joueur qui marque à Geoffroy. Là, j’ai tout gagné !
Quand je repense à ce but et que je ferme les yeux, j’ai des frissons intérieurs. C’est une fierté et tu le vois. Quand je marque ce but, je veux que personne ne me touche. Je pars, j’écarte tout le monde, je dis « non, non, non » parce que derrière c’est quelque chose avec Philippe, et Philippe c’est mon ami, qui m’a fait les 400 coups à Sainté mais avec qui j’ai partagé ce moment-là. Derrière j’ai été surtout remercier ma famille, ma femme, mes enfants. C’était une petite revanche, je leur montrais « je suis là ! »
Henri Grange se fait virer. Antonetti se fait virer avec Christian Villanova et Jean-Marie de Zerbi. Nous les joueurs, on connaissait déjà le fond de l’histoire, on savait qu’Elie Baup était déjà en train de traîner… Ne pas renouveler Christian Villanova, c’était faire mal et piquer Frédéric Antonetti. Par solidarité, il est parti. C’était plié d’avance. Je suis persuadé que je serais resté à Sainté si Frédéric Antonetti était resté. Mais les présidents changent. Bernard Caïazzo devient président, derrière Roland aussi. Damien Comolli arrive, Vincent Tuong Cong.
De retour de vacances, Damien Comolli me reçoit. Il m’annonce qu’il allait recruter un latéral droit. C’était logique car j’étais venu pour Patrice Carteron sauf que Patrice avait une année supplémentaire en cas de montée en L1. Damien Comolli me dit que je serai le numéro 3. Tout était fait pour que je me casse. On me proposait que 1 000 euros de plus sur mon salaire alors que tout le monde voyait son salaire doubler. Tout était fait pour que je dégage mais j’ai re-signé un an. Je me retrouve en réserve, je voulais me battre pour remonter dans la hiérarchie.
L’Espagnol (Javier Garrido) n’était pas trop en forme, Patrice a joué aussi malheureusement Saint-Etienne n’avait pas trop de résultats. J’en étais gêné, j’étais au stade pour un match contre Monaco et j’entendais les supporters qui scandaient mon nom. À l’époque il y a eu des articles dans la presse venant du club comme quoi je mettais les supporters avec moi contre le club. Je n’ai rien dit j’ai continué de bosser. Un jour à L’Etrat j’ai joué avec le réserve contre l’OL de Ben Araf, François Clerc et compagnie.
Yvon Pouliquen était venu voir ce derby. J’ai fait un match extraordinaire. Elie Baup, qui ne me calculait jamais, est venu me féliciter. Mais 24 heures après, Noël Le Graët et Yvon Pouliquen m’ont téléphoné, Guingamp voulait absolument me recruter. J’avais 28 ou 29 ans, deux gamins, j’avais galéré dans la vie. J’ai donc accepté la proposition de l’En Avant, qui me proposait de meilleures conditions salariales. Je me disais que le ballon n’allait pas durer dix ans encore et que devais assurer financièrement l’avenir de ma famille.
Quand j’ai signé la résiliation à l’amiable de mon contrat avec l’ASSE, je pleurais. Je suis parti amer, dégoûté. Je m’étais dit que je resterai à Saint-Etienne jusqu’à Noël, peut-être que j’aurais dû être patient. Javier Garrido se pète les croisés, Patrice Carteron est complètement dépassé, en méforme. Le troisième de la liste, c’était Fousseni Diawara. Au final, c’est Fouss qui était l’année d’avant à la cave avec Fred Antonetti, qui finit latéral droit et réalise une saison extraordinaire. Il a signé trois ans derrière. Chapeau, félicitations pour Fouss car c’est un bon mec, il l’a mérité. Mais derrière tu te dis « ça aurait pu être moi. » Au final, j’aurais fait plus de 400 matches dans ma carrière mais je n’ai pas un seul match en L1 au compteur.
Je suis arrivé à Saint-Etienne par la petite porte, j’en suis reparti par la petite porte. Mais on ne pourra pas m’enlever la saison extraordinaire que j’ai connue là-bas, d’avoir fait remonter il y a maintenant 16 ans le club en L1, d’avoir mis ce but qui a permis au club de remporter un titre de champion de France, même en Ligue 2. J’en suis le plus fier des hommes aujourd’hui. Cette saison-là on a réconcilié les deux kops, les gens se sont retrouvés en nous. L’ASSE garde une place particulière dans mon cœur. Les gens ont l’impression que je suis resté plus d’un an à Saint-Etienne. J’ai fait ce que j’avais à faire, on est monté, j’ai mis un but extraordinaire et je suis parti. « L’ange Damien est passé par là il est reparti ! » (rires)."

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