Rovert Herbin

28/04/2020
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"Robert Herbin, joueur et entraîneur mythique des Verts, célèbre pour ses succès et ses silences, son palmarès et sa discrétion, est mort — est-ce un hasard ? — alors que les stades sont silencieux et que pas plus de vingt personnes pourront être à ses obsèques. J'avais le privilège, à Geoffroy-Guichard, d'aller dans le vestiaire après le match. J'y rencontrais les joueurs, mais aussi Roger Rocher, le président, Pierre Garonnaire, le recruteur, Robert Herbin, l'entraîneur. Morts tous les trois. Ce matin, le vert est la couleur du deuil" a écrit Bernard Pivot ce mardi dès potron-jacquet sur son compte twitter. 

En septembre 1980, le mythique présentateur d'Apostrophes avait brossé "le portrait de Rovert Hervin" dans son excellent Le Football en Vert (éd. Hachette/Gamma). Extraits.

"Robert Herbin est la personnalité la plus fascinante du football français. Pas seulement à cause de sa tignasse afro-niçoise, importatrice en Forez des soleils blancs et des lunes rousses de la Côte d'Azur. De lui on ne peut pas faire le tour en une demi-heure. Ni en une journée ou en un an. Il porte en lui on ne sait quelle rare exigence qui attire et qui tient à distance, comme un secret que les journalistes montrent quelque agacement à ne pas percer (mais ils ne s'en découragent pas), comme une blessure aussi mince que ses lèvres et qu'il se serait faite le jour où, à 32 ans et demi, il est passé du milieu de terrain au banc de touche, du statut de joueur à la statue d'entraîneur, de la jeunesse qui se bat à la maturité qui commande.

Son palmarès est aussi riche d'un côté que de l'autre, le succès ne le quitte pas. Mais il est de ces hommes toujours tournés vers le lendemain, qui, éternels gagneurs, n'éprouvent aucune nostalgie et qui pourtant, à leur insu peut-être, sont à jamais marqués par la fuite du temps. D'ailleurs, mondanités en moins, Roby est un personnage de Fitzgerald. Comme Gatsby, il a l'impression d'avoir été toujours à la fois adulte et enfant. Il n'y a pas moins méridional que l'ex-junior du Cavigal. Ne serait-ce que parce qu'il est né à Paris d'une mère bretonne et d'un père qui, venu d'Armentières, est ensuite allé, par hasard, jouer du trombone à l'opéra de Nice. Robert Herbin a trop peu vécu dans les Alpes-Maritimes pour être devenu expansif et disert.

Ayant hérité de ses parents le goût de l'effort, la religion du travail, il s'est retrouvé à Saint-Etienne sur son terrain génétique. La rencontre d'un homme avec le lieu qui lui convient, d'une âme avec sa géographie, est toujours une chance exceptionnelle. Ses racines foréziennes sont aujourd'hui celles d'un chêne. Et cet arbre ne cache pas le Forez. Habitant du petit village de L'Etrat, à quelques minutes du stade Geoffroy-Guichard, il regarde et parle avec amour de la campagne environnante. Pour un peu il s'écrierait : "L'Etrat, c'est moi !"

Cet homme qu'on dit froid parce qu'il a de la dignité, insensible parce qu'il ne pratique pas la démagogie, lit Baudelaire et Eluard et écrit des poèmes. Si nous sommes toujours dans le football, nous sommes évidemment loin des petits casseurs de Manchester, des bonimenteurs de l'Olympique de Marseille et des tricheurs du totonero. Joueur correct et honnête, dirigeant consciencieux et rigoureux, Robert Herbin est de surcroît un athlète pour qui la culture n'est pas seulement physique. C'est cette incongruité - qui devrait être une banalité - qui le fait passer pour distant et bizarre aux yeux des trop nombreux niquedouilles du football.

Roby porte le glorieux maillot vert depuis 1957. C'est lui qui incarne l'ASSE le plus charnellement. Quand Jean-Michel Larqué, Dominique Bathenay et Dominique Rocheteau quittent le club, la presse a raison de dire que c'est une  page de l'épopée des Verts qui est tournée. Robert Herbin, lui, représente bien davantage : un chapitre. Et même un gros volume, sur la couverture duquel on pourrait lire, grâce à une judicieuse coquille : Rovert Herbin."

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