Batlles a redonné la joie de vivre à Maïga

19/11/2020
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Faisant aujourd'hui le bonheur du FC Metz, l'ancien miieu de terrain Habib Maïga revient sur ses vertes années dans Libération à paraître ce vendredi. Extraits.

"La voie consacrée, c’est le club qui ouvre la porte à la sélection nationale. J’ai vécu l’inverse. Adolescent, j’ai d’abord été sans club, dans un centre de formation peu huppé ce qui ne nous empêchait pas de caracoler quand même. Puis, je me suis installé à la capitale dans l’équipe réserve du Afad d’Abidjan, avant de me retrouver dans l’équivalent de la Ligue 2 ivoirienne. Parallèlement, je faisais mon chemin en sélection ivoirienne : U16, U17... J’ai disputé le tournoi de Montaigu avec le U16 et c’est parti de là. La Coupe du monde des U17 aux Emirats arabes unis, la Coupe d’Afrique des nations U17 remportée en 2013 au Maroc...J’ai obtenu un stage de deux semaines à l’AS Saint-Etienne.

À aucun moment je ne me suis dit que j’étais arrivé à quelque chose : ni en sélection, ni à la signature de mon premier contrat, ni même aujourd’hui. Le foot ne repose pas sur des acquis. Certes, tu peux dormir sur tes deux ans de contrat quand tu signes enfin mais ce premier contrat, tout le monde peut le signer. Tout le monde. C’est la prolongation de ce contrat qui est compliquée à obtenir, c’est-à-dire susciter l’envie – par ton niveau de performance – à un club de te faire confiance une deuxième fois : c’est sur la régularité que ça se joue, c’est cette régularité qui te définit en tant que joueur.

Quand j’ai débarqué à Saint-Etienne depuis la Côte-d’Ivoire pour mon stage de deux semaines, la pression sur moi était énorme. Tu sais dans quelle galère tu as laissé ta famille. Il te faut un contrat coûte que coûte : un contrat pro, un contrat stagiaire mais un contrat de toute façon. Vous n’imaginez pas à quel point c’est difficile. Je suis venu à Paris en avion, j’ai pris le train tout seul pour Saint-Etienne et je n’avais pas la carte SIM pour appeler chez moi, pas de connexion. Quand je suis passé à côté du stade Geoffroy-Guichard en arrivant... Je l’avais vu à la télé mais là... Je parle de pression mais elle n’était pas négative pour autant.

C’était simple, clair : j’étais face à mon destin et c’était le moment de donner tout ce qu’il était possible de donner. Le froid n’a pas été simple à appréhender, tu passes du foot par 25°C l’hiver au foot par -2°C et tu as mal aux pieds mais pour autant, tu savoures, tu vis pleinement. Je n’étais pas surpris. Sur ces deux semaines, il n’y avait pas grand monde en stage et je me suis lié avec Hassim Traoré, un Burkinabé, ou encore Erin Pinheiro, qui venait du Cap-Vert. C’est après que j’ai retrouvé des Ivoiriens comme Axel Kacou, par exemple : j’ai bénéficié de beaucoup de solidarité, j’avais l’impression d’être rien moins qu’un frère. On t’explique les codes. Être à l’heure au petit-déj’, saluer tout le monde, montrer du respect : une bonne base, des axes de conduite qui t’ouvrent les portes de n’importe quel vestiaire parce que les gens sont gentils en retour. Si tu n’en fais qu’à ta tête et que tu t’en fous...

Quelque chose m’a fait drôle à mon arrivée en France : le ballon fuse. Car les terrains sont bons. Pas comme en Côte-d’Ivoire où ils sont bosselés et où ça va lentement : là, j’ai eu une impression de vitesse. Y compris collective, avec deux ou trois joueurs qui te "cadrent" en un clin d’œil. Là, j’en rigole mais sur le coup... A Saint-Etienne, on m’a demandé de faire simple. Tu assimiles les exercices que l’on te propose le plus rapidement possible et tu ne sors pas de ton registre : un défenseur gagne ses duels, un milieu défensif comme moi gratte les ballons dans les pieds de l’adversaire... Tu peux progresser sur le reste : un défenseur peut et doit travailler sur sa relance, par exemple. Mais tu ne le sors pas en match tant que ce n’est pas acquis et maîtrisé.

Août 2015 : il me reste un an de contrat stagiaire, l’entraîneur de la réserve stéphanoise Laurent Batlles a fait de moi son capitaine et je me fais une fracture aux cervicales lors du dernier match amical avant la saison. Après les radios, le verdict tombe : saison blanche. Terminée. Bien sûr que tu doutes : fin de contrat, rien derrière et des pépins physiques qui ne m’ont pas permis avant ça de montrer des qualités, ou pas autant que... Bref. Mais le club a été bien. Ils ont en quelque sorte reconnu que je n’avais pas pu m’exprimer et ils m’ont proposé un contrat amateur : pas de salaire et le chômage pour vivre, 700 euros mensuels, ou 800, ou 900, avec ton loyer, les charges et les sous que tu envoies chez toi. Là, il a fallu être entouré des bonnes personnes. Mon agent, Aboubakar Koné, parce qu’un agent doit être là dans ces moments-là. Et Batlles, qui m’a redonné la joie de jouer et même la joie de vivre. Je n’exagère pas. On évoquait la souffrance, les galères. J’ai senti qu’il savait. Le contrat amateur a été cassé au bout de quatre mois. C’était un contrat pro qui m’attendait derrière."

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