Batlles éclaire l'Est

19/11/2021
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Laurent Batlles s’est confié à L’Est-Éclair avant de recevoir les Verts ce dimanche à 15h00. Extraits.

"Le fait d'être adjoint des pros m'a permis de faire ou de parler différemment avec les jeunes joueurs. Au départ, on est formateur. Avec les pros, on ne l'est plus. En N3 et N2, je considérais mes joueurs comme des professionnels, pas comme des jeunes. Au bout de la deuxième saison, j'avais prévenu le club que je partirai au bout de la troisième saison. Si je voulais évoluer plus haut et pour visualiser mon avenir, il fallait alors que je me mette dans le fonctionnement d'une équipe pro : l'exigence, la façon de parler, la vie du vestiaire.

Quand les joueurs sont en U15, U16, U17, on fait des réunions avec les parents. Du coup, ils considèrent qu’on leur doit ça quand ils passent avec la réserve. Moi, je leur ai dit que c’était fini, que je n’aller pas commencer à me justifier sur ci, sur ça, sur l’école… J’ai commencé chez les pros à 16 ans et demi. Mon père n’allait pas voir l’entraîneur des pros pour savoir comment ça se passait ! J’ai dit aussi « les agents, c’est fini ! »

Je suis arrivé à l’Estac en ayant un fonctionnement que je connaissais. En plus, c'était en Ligue 2, l'écart avec la N2 n'est pas énorme. À Saint-Étienne, j'avais des pros comme Jonathan Bamba. En Ligue 1, il y a des statuts différents. Il faut savoir parler avec eux, les connaître. Des joueurs ont plus besoin que d’autres. L’aspect psychologique fait que je peux « taper » sur un joueur. Mais si je ‘tape » fort sur un cadre, je sais pourquoi je le fais.

Au fur et à mesure que je vais avancer dans ma carrière, les joueurs vont oublier mon statut de joueur. La légitimité d’entraîneur, c’est ce que je propose sur le terrain, les matches, c’est si je fais progresser les joueurs. Malgré tout, à l’entraînement, j’ai encore la chance de montrer des choses sur l’aspect technique. Quand on fait un petit jeu de conservation, parfois je me mets dedans. J’essaye quand même de leur montré que… voilà ! (sourire).

En N2, les équipes adverses ne savaient jamais comment on allait jouer. Car en fonction de l'effectif que j'avais, de l'adversaire et de ce que je voulais mettre en place, je changeais. Je me souviens d'un match à Saint-Pryvé Saint-Hilaire, qui jouait en 4-4-2 losange. Je m'étais dit "on va jouer à cinq, on va faire ceci, cela" et au final on en a pris trois ! Au match retour, j'ai mis un 4-4-2 à plat avec des supériorités dans les couloirs.

Alors qu'en Ligue 2 ou en Ligue 1, il faut donner des repères aux joueurs. La saison dernière, on a trouvé une bonne formule (3-4-3 losange). La première année, on avait une formule à cinq qui marchait très bien. Puis Kiki Kouyaté s'est blessé, Warren Tchimbembé a explosé, on est donc passé en 4-3-3 et ça marchait très bien. Mais je joue en fonction des joueurs et de leurs qualités : on ne joue pas pareil avec Ripart qu'avec Dingomé. Et on ne peut pas jouer, comme l'année dernière, avec des attaquants dans les couloirs. Ou alors, sur une fin de match si on perd ou si on est plus costauds derrière ; mais pour ça, il faut de l'argent.

Chez les jeunes, si on joue en 3-5-2 pendant trois ans, le joueur ne va rien comprendre quand il va partir dans un autre club. Il faut avoir un panel de systèmes qui permet de faire évoluer les joueurs dans de bonnes conditions. Mais encore une fois, tout dépend des joueurs à disposition. Lors d’un match à Blois, j’avais mis Dylan Chambost attaquant axial car je n’avais personne d’autre. Et on a gagné 4-1 là-bas. Ça, je peux le faire sur un coup en N2. Mais de là à le faire avec les pros… J’ai aussi envie d’imposer ma façon de voir les choses, je ne peux pas tout changer. Aujourd’hui, notre système actuel peut évoluer avec un losange au milieu, notamment quand Flo Tardieu et Tristan Dingomé reviendront ; ou encore avec un piston plus offensif que l’autre.

En N2, tu peux vite changer les choses, car tu n’es pas impacté par les 50 ou 100 spectateurs. Et puis surtout, chez les jeunes, on ne peut pas leur demander de se prendre en main. Quand un jeune n’est pas bien, de suite il se tourne vers le coach. A l’Estac, j’essaie de faire comprendre aux joueurs qu’ils doivent ressentir les choses sur le terrain ; on est en difficulté là, qu’est-ce qu’on peut faire ? Joueur, j’ai connu des équipes qui, si une consigne du coach ne marchait pas, rectifiaient d’elles-mêmes. Cela ne signifiait pas qu’on lâchait le coach mais que, pendant un quart d’heure, on arrêtait de faire certaines choses avant la mi-temps. Car parfois, l’entraîneur n’a pas le temps d’avoir un impact, par ses remplacements ou autre.

Lors de notre dernier match à Lens, j’ai senti mes joueurs un peu perdus mais on est restés dans le même fonctionnement durant toute la première mi-temps. C’est là qu’on doit grandir. Quand la France gagne la Coupe du Monde en 1998, le mérite en revient à Aimé Jacquet, avec sa sélection. Mais quand tu vois Les Yeux dans les Bleus, tu constates que les mecs se disent « fais-ci, fais ça… »

Dans un centre de formation, il y a un directeur du centre qui fait respecter la parole envers les journalistes, un président, un service communication. Et plus, on ne demande pas grand-chose au formateur. Et puis moins on parle de toi, mieux c’est. Vous n’êtes pas nombreux à suivre l’Estac mais il faut créer un climat de confiance avec la presse. Il faut donner des choses, parfois rester flou. Je fais aussi attention à ne pas être trop en vue. Car c’est comme sur le terrain : si tu cries tout le temps, on ne t’entend pas. Alors que si tu cries une fois de temps en temps, tu as plus d’impact. Pour la communication, c’est pareil. J’ai beaucoup de sollicitations mais je ne fais que de temps en temps un plateau télé. D’autres entraîneurs se mettent beaucoup en avant là-dedans. Moi je préfère me mettre en avant par ma façon de voir le foot, de travailler, les résultats et parfois par une interview.

J’ai été contacté par une personne qui s’occupe déjà d’autres entraîneurs pour les conseiller dans leur communication. Je lui ai répondu que je n’en avais pas l’utilité mais je sais qu’à terme, aussi en fonction de la dimension du club, je travaillerai avec quelqu’un sur la com : les causeries, les conférences de presse. J’ai évolué dans la conférence de presse d’après-match : je me laisse davantage de temps pour prendre du recul. En sortant de la causerie avec les joueurs, je me mets dans une bulle, cela me permet de parler déjà avec la com, les dirigeants, mon staff. La saison dernière, on gagnait donc on était dans une espèce de confort. Là, je dois peser le pour et le contre, ne pas parler à chaud, pour ne pas dire de bêtise car un mot peut vite faire déraper un groupe.

J’estimais auparavant ne pas avoir besoin des services d’un agent mais j’en ai engagé un cet été. Ça m’a permis d’éliminer beaucoup de choses. L’année dernière, j’ai été énormément sollicité pour des bêtises, je ne voulais plus être en première ligne. J’étais sollicité par des dirigeants, des clubs, des directeurs sportifs, des agents, des journalistes… Tout cela me polluait. Je n’ai plus d’appel direct."

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