Wesley Fofana est longuement revenu sur son départ de Saint-Etienne dans un entretien diffusé aujourd'hui par Oh My Goal. Extraits.

"Le meilleur entraineur que j’ai eu dans ma jeune carrière, c’est mon coach actuel à Leicester. Je suis passé dans une autre dimension avec lui. C’est lui qui m’a apporté le plus, son expérience du haut niveau, de la Premier League. Après, il y a le coach Puel à Saint-Etienne, il a beaucoup compté. Ça a été fort pour moi quand même mais c’est compliqué. C’était différent. J’étais un petit garçon avec le coach Puel, il a fait de moi un homme. Avec Brendan Rodgers, je suis passé dans une autre dimension car il m’a montré tout ce qu’est le haut niveau. Tout ce qu’il faut faire, tout ce qu’il faut éviter de faire. Je suis devenu un autre homme, j’ai appris un nouveau football, j’ai corrigé des points.

Le meilleur coéquipier que j’ai eu ? Je vais dire à Saint-Etienne, Mahdi Camara. Dans tout : le travail, la mentalité, la vie en dehors. Il a beaucoup fait pour moi, il m’a beaucoup protégé. Que ce soit à l’entraînement ou tous les jours, il m’a appris à travailler. Le fait de le voir - c’est un gars du sud comme moi – le fait de voir que ça n’a jamais été facile pour lui, je me suis dit : « même si je joue, il faut que je rajoute le travail comme lui. » Son travail paye, il est capitaine de Saint-Etienne, ça marche bien. Le coéquipier le plus drôle ? William Saliba ou Jamie Vardy, je les mets au même niveau. Le meilleur danseur, c’est moi. À Saint-Etienne, personne ne pouvait prendre mon titre.

À Saint-Etienne je ne parlais pas trop car j’étais jeune, je laissais un peu Loïc Perrin diriger la défense. À Leicester j’ai dû apprendre à diriger une défense. J’ai dû aussi corriger très vite deux points, la patience et la concentration. En Ligue 1, quand t’es jeune, la mentalité, « c’est on va prendre le temps, on ne va pas le brûler ». Ça s’est passé pour moi comme pour plusieurs autres joueurs. C’est souvent ce truc qui ressort : « il est encore jeune, il ne faut pas aller trop vite. » En Premier League, quand je suis arrivé, c’est « on va te brûler, y’a pas de souci, on va travailler. »

Mon transfert à Leicester a été compliqué pour plusieurs choses. La mentalité de l'ASSE à ce moment-là, c’était de me garder, mais que s’il y avait une offre…. Là je parle avant la finale de Coupe de France, avant le match contre Paris qui me révèle aux yeux de la France etc. S’il y a une offre de 20 millions, je pars. Mais cette finale a tout changé. Des dirigeants ont parlé pour dire « Wesley Fofana, ce sera 30 millions maintenant ! » Personne ne leur a rien demandé à la base mais ils ont parlé. Moi, à ce moment-là, je ne pense pas à partir. J’ai eu des discussions avec certains clubs mais je suis focus sur Saint-Etienne.

Ensuite Leicester arrive et je veux partir à Leicester. Plusieurs jours j’ai le discours du coach, de Kolo Touré. Je veux partir. Leicester fait des offres à Saint-Etienne mais je vois qu’à un moment ça coince. Je fais un communiqué comme quoi je veux partir à Leicester. Ce communiqué n’est pas bien pris par Saint-Etienne. Pas bien pris par le coach, pas bien pris par les fans. Franchement, ça m’a touché. J’ai dit la vérité pour que tout le monde sache que je voulais partir à Leicester. Je vais ramener 40 millions à mon club formateur. Personne n’aurait pu prédire ça ! Deux ans en arrière, je suis encore en U19.

La pensée que j’exprimais, c’est « vous ne pouvez pas refuser 40 millions, j’ai fait 20 matches. Vous ne pouvez pas surtout m’enlever mon rêve de partir en Premier League. » J’ai forcé pour vraiment partir, j’ai parlé beaucoup avec le coach. "Si je reste à Saint-Etienne, c’est quoi l’ambiance ? Prenez les 40 millions, si ça se trouve l’année prochaine je me blesse ou je ne fais pas une bonne saison, tout le monde va s’en mordre les doigts ! Moi je ne veux pas rater le train. Il est là, je veux partir maintenant." C’est ça que j’ai essayé de leur expliquer.

Ça a été difficile à comprendre pour les fans, c’est normal. Ils ne veulent pas perdre un joueur qu’ils aiment, un joueur sur qui ils comptent. Le coach aussi n’a pas voulu. On a eu des longues discussions lui et moi, tous les jours. Il a fait des conférences de presse, il m’a mis sur le banc. Il y a des entraînements où je ne me suis pas entraîné, ça a été dur. Un jour, franchement je l’ai regretté et je suis allé après m’excuser auprès de toute l’équipe, ça faisait 20 minutes qu’on s’entraînait. J’avais eu juste avant une discussion avec le coach, je lui avais répété que je voulais partir. Il me répète « non, tu ne partiras pas. » Je lui réponds : « ça, je ne l’accepte pas, comment vous pouvez me priver ? Du haut de mes 19 ans, coach, droit dans les yeux, je vous demande de me laisser partir. C’est mon rêve ! » Il me dit encore non. Pendant l’entraînement je pète un plomb, je tire un ballon en l’air, j’enlève mon chasuble, je pars dans ma chambre au centre. J’y suis resté des heures, j’étais dégoûté.

Mais après je n’ai pas lâché. Le coach a dû me dire 20 fois qu’il ne me laisserait jamais partir mais tous les jours je suis venu toquer à son bureau. Mes agents ont dit à Leicester que Saint-Etienne ne voulait pas me laisser partir mais que s’ils faisaient une grosse offre ils me laisseraient partir car ils ont besoin d’argent. J’ai dit au coach : « l’offre elle est là, prenez-la ! » Finalement ça s’est fait, j’étais super heureux ! Quand j’ai signé, il m’a envoyé un message pour me dire qu’il était très fier de moi. Il m’a dit « maintenant que t’es parti, je veux que tu casses tout ! Je veux que t’arraches tout en Premier League, je sais que tu vas le faire car t’es un battant. » Ça m’a fait énormément plaisir. Saint-Etienne restera toujours un club particulier pour moi, ça restera mon club de cœur. Même si ça s’est mal passé, je vous aime quand même et je vous aimerai toujours."