Batlles est content que le club remonte

20/06/2024
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Dans un podcast mis en ligne hier soir sur la chaîne youtube de Ma Ligue 2 et dont nous avons retranscrit les principaux extraits, Laurent Batlles est revenu notamment sur ses vertes années d'entraîneur.

"Quand on est entraîneur et qu’on vit une éviction, ce n’est jamais évident. C’est un club qui me tenait à cœur, j’ai tout fait dans ce club, j’avais envie d’aller au bout de l’aventure avec mon staff. J’étais persuadé qu’on allait arriver sur l’objectif qu’on s’était fixé sur les deux ans. Parfois, il y a des planètes qui ne sont pas alignées, il y a des choses qui se passent sur quelques matches. Il y a eu cette éviction qui pendant quelque temps a été difficile à vivre. Quand on comme ça viré d’un club, ce n’est jamais facile car on s’investit énormément. Après, il faut prendre le temps de se ressourcer, de penser à soi. Après, on regarde beaucoup de matches, on essaye de se tenir au courant de tout ce qui se passe pour rester connecté au football. Quand on est passionné, on ne peut pas complètement couper. A certains moments, c’est important de regarder ce que font les autres. J’ai pas mal d’amis qui sont entraîneurs aussi en L1, L2 voire à l’étranger. C’est important de se remettre un peu en question et de se dire qu’il y a d’autres idées ailleurs qui sont intéressantes. Même si on a un projet de jeu, il faut savoir le faire évoluer.

A l’ASSE, j’ai été un peu à tous les postes. J’ai notamment été adjoint de Christophe Galtier pendant un an. Après, le fait d’entraîner avec sa propre façon de voir le football, c’est complètement différent que d’être l’adjoint d’un entraineur qui lui a ses idées. Même si vous essayer de les faire passer, obligatoirement, c’est l’entraîneur qui décide. Quand j’étais l’adjoint de Christophe, je lui ai dit que j’aimerais prendre la réserve pour mettre quelque chose en place moi-même. Dans un centre de formation, tu n’as pas une obligation de résultat extrême, ça te permet de pouvoir faire tes armes. On change souvent d’équipe car on joue parfois avec des U19, parfois il y a la Gambardella. Il y a un groupe assez étoffé et parfois d’un week-end à un autre il faut changer la moitié de l’équipe mais pour autant il fait garder le même système de jeu, il faut essayer d’avancer et parfois de rendre la mesure à un adversaire, jouer dans un certain système. Tu peux jouer dans n’importe quel système, tout cet apprentissage m’a servi quand je suis parti entraîner en pro.

Deux jours après la descente du club en Ligue 2, Loïc, avec qui j’ai joué, et Jef Soucasse, avec qui j’étais au centre de formation, m’appellent et me disent : « Écoute, on voudrait te rencontrer, est-ce que ça t’intéresserait de venir entraîner l’ASSE ? ». Quand vous êtes là, que vous avez vécu dans ce club… Je me suis dit « je tente le coup », même si je savais très bien que ça allait être compliqué, notamment après la descente. Parce qu’il y a eu un gros traumatisme dans la ville et notamment aussi tout ce qui s’était passé à la télé. On ne pouvait pas l’ignorer. Mais ça s’est fait totalement naturellement, j’ai presque dit oui de suite, ça a été presque logique pour moi. Si je ne l’avais pas fait, je l’aurais regretté. Je voulais entraîner ce club. Je savais que la première année allait être compliquée, avec tous les départs. Ça a été encore plus compliqué que je ne le pensais. Je suis arrivé avec moins 3 points, 4 matches à huis clos, et des mecs qui sont partis le 31 août. J’ai commencé avec des mecs en sachant qu’ils ne resteraient pas.

On fait 3 matches nuls sur les 5 premiers matches donc on est à 0 point… On commence le championnat le 31 août alors qu’il y a déjà des clubs qui ont beaucoup de points. Ce n’est pas évident. A la trêve, on a 16 points, on est plus ou moins derniers. Dans ces moments-là, on s’est battu, le club a fait un recrutement assez judicieux. Mais c’était normal, pour moi c’était logique d’entrainer ce club-là. Même dans la difficulté, même après ce qui s’est passé, aujourd’hui je ne regrette en rien le fait d’avoir entraîné ce club. Les premiers mois, ça a été très compliqué car personne n’avait pris en compte la mesure du championnat et de ce que représentait la Ligue 2. Je pense que jouer contre Saint-Etienne, battre Saint-Etienne, ça représente énormément de choses. Les ressorts, c’est juste de se dire qu’il faut s’accrocher, qu’il faut travailler, qu’on va trouver des moyens, que des joueurs vont partir et d’autres vont arriver.

Il y a eu la Coupe du monde au milieu, ça m’a fait un mois et demi de coupure. On a pu travailler, on a pu remettre la tête à l’endroit de certains sans avoir la pression des résultats et des matches. Cette coupure internationale a permis de laver les têtes, de faire un peu d’autres choses, de prendre le temps pour nous, de repartir de zéro. On a retravaillé sur l’effectif, sur les vidéos, on a retravaillé avec les joueurs. Ça nous a permis de faire une seconde partie de saison presque irréelle. Je crois qu’on a perdu que deux matches, on finit avec 61 buts alors que c’était du jamais vu. Après, on a pris beaucoup de buts. Quand tu as 16 points à la trêve et que tu es entraîneur, il faut aller chercher le maintien. J’ai dit à mes joueurs qu’on allait tenter le coup, qu’on allait presser pour mettre des buts, qu’on en prendrait sûrement mais qu’il fallait en mettre un de plus que l’adversaire pour prendre des points. On a enchaîné beaucoup de bons résultats, ça nous a permis de finir 6èmes à la fin du championnat malgré notre handicap de départ de moins 3 points.

Lors de cette trêve internationale, il n’y avait plus cette pression des matches, ces conférences de presse où tout le monde vous rappelle : « alors, vous êtes derniers… » A à moment donné tu rentres dans un fonctionnement beaucoup plus normal, beaucoup plus lisse, tu peux prendre le temps de parler avec tes joueurs, tu peux leur dire : « des joueurs vont arriver cet hiver, on va partir sur ça, il nous a manqué ça, là c’est suffisant, là ça ne l’est pas. » En fait ça a été une trêve qui a été salvatrice au niveau de notre fonctionnement. On s’est dit qu’il fallait lors de ce mercato hivernal prendre des joueurs qui déjà veulent venir, ce n’était pas facile vu notre situation. Il fallait aussi que ce soit des mecs qui connaissent le championnat par cœur et qui soient capables de faire des différences rapidement et tenir un vestiaire. Il y avait des mecs qui le tenaient mais quand les résultats ne viennent pas, la légitimité des mecs est remise en cause. Les mecs qui sont arrivés ont performé, ça a reboosté les autres. On a récréé quelque chose.

On finit la saison en trombe. L’arrivée de Kader Bamba, même s’il a été blessé, nous a fait énormément de bien car pour la Ligue 2 il avait un niveau technique vraiment au-dessus de la moyenne. On a rentré vraiment de bons joueurs. Charbo se blesse rapidement mais malgré tout on arrive à récréer quelque chose avec un fonctionnement d’équipe. Au lieu de joueur comme je jouais avec un losange au milieu, on a joué plus avec un carré. C’était plus approprié aux joueurs que j’avais. On a performé car les joueurs aux valeurs offensives étaient au-dessus. De là à dire que ça positionnait l’équipe pour l’année d’après de la même façon… Je ne pense pas car on a eu des pertes très importantes comme Jean-Philippe Krasso et Niels Nkounkou qui avaient quand même surfé sur la Ligue 2. Kader Bamba est parti.

Dans le domaine offensif, on a pas mal perdu, sachant qu’en plus Wadji s’est pété toute la saison. Ibra, un peu comme Touzghar, c’est quelqu’un qui a une profondeur énorme dans le jeu. Ce n’est pas la peine de lui demander de faire partie du jeu en lui-même, par contre ça fait reculer les équipes adverses et ça donne la possibilité au milieu d’avoir plus d’espace dans l’entrejeu. La deuxième année, on n’a pas pu faire les mêmes choses que les six mois précédents car on avait pas les mêmes joueurs. On a eu des virus, des virus, des mecs avec des kilos en moins. Après on a enchaîné 10 matches sans perdre mais en changeant totalement de système. Je ne pouvais plus jouer dans le même système, je n’avais pas plus les joueurs pour. On est parti à Caen en se disant qu’on allait bloquer les couloirs car il fallait absolument qu’on prenne des points. Ce match-là, Gautier a été extraordinaire, on a gagné et ça nous a lancés.

L’effectif n’était pas apte à un certain moment à pouvoir jouer dans le système que je voulais mettre. J’avais des blessés voire pas les joueurs pour. Ibra Sissoko, c’est un mixte entre Wadji et Krasso mais sans être vraiment un joueur de profondeur et sans être vraiment un joueur d’interligne. Il fallait faire avec car quand JP nous a dit qu’il partait, il fallait trouver des joueurs. Ibra partait de Sochaux libre, on a saisi l’opportunité d’avoir un attaquant qui connaissait la Ligue 2, qui était performant et était un vrai buteur. Mais c’est une autre approche, c’est pour ça qu’il a fallu changer tactiquement.

Comment j’explique nos 5 défaites consécutives alors qu’on sortait d’une série de 10 matches d’invincibilité ? Parce que, parce que, parce que… Parce que je me retrouve avec Gautier qui se fait mal. Avant le match d’Angers, j’ai dans la semaine 5 blessés. Des mecs comme Larsonneur, Batubinsika, Wadji qui se refait mal, Bentayg aussi je crois… Pfff ! Est-ce que c’est pour ça que derrière on a eu les défaites, je ne sais pas quoi dire. Je ne veux pas non plus tout assimiler au fait qu’il y ait des blessures. Mais malgré tout, quand tu perds des joueurs importants à un certain moment et notamment sur ces matches-là, pfff ! Ben y’a ça et y’a peut-être aussi des choix… De toute façon, je ne peux pas tout mettre sur l’aspect des blessures. Il y a peut-être aussi des choix que j’aurais dû faire différemment.

Tu restes 10 matches sans perdre et tu enchaînes 5 défaites, tu ne comprends pas. Sur la fin, notamment quand on perd 3-1 contre Guingamp mon dernier match, j’ai presque la même équipe que j’avais 5 matches avant. Gautier reprend mais malheureusement il n’avait fait qu’un entraînement avant de reprendre le match. Il me dit « je veux absolument jouer. » Je lui dis : « tu ne peux pas jouer, tu vas te refaire mal. » Il me dit « non, non, je joue. » Après… Je pense que l’explication c’est peut-être ces blessures, peut-être aussi des choix d’équipes, je ne peux pas ne pas me mettre dedans, ce serait trop facile.

Parfois tu ne comprends pas vraiment pourquoi ça se passe comme ça. Parfois il n’y a rien pour nous. Contre le Paris FC, ils frappent 2 fois dans le match, on perd 1-0. A Amiens, on a 70% de possession, ils ont une frappe dans le match et on perd 1-0. Tu vas à Auxerre, t’en prends 5 alors que t’es une des équipes les plus costauds du championnat. On ne prenait presque pas de but et d’un seul coup on en pend 5… Tu te dis «qu’est-ce qui se passe ? » Ce sont des périodes où il faut essayer de faire le dos rond. En tant qu’entraîneur t’arrives à le faire, après, peut-être que les dirigeants à ce moment-là n’ont pas fait le dos rond.

Je sais que ce stade Geoffroy-Guichard est fantastique. Il peut l’être comme il peut être dur aussi. Moi j’ai joué à Marseille et j’ai joué dans ce stade aussi. Quand ça va, c’est fantastique. Quand ça va moins, c’est un peu plus compliqué. Pour autant, les supporters ont toujours été là, ils ont toujours poussé, ils ont toujours essayé d’aider les joueurs. Pour faire une belle saison, il faut te servir de tes bons résultats à domicile. Après, on sait comment ça se passe. Tu joues contre des blocs bas, il y a des contres, ce n’est jamais évident. Mais le Chaudron est un lieu pour jouer au football qui est fort en émotions.

On l’a vu sur cette fin de saison, quand ça se passe très bien, tout joueur a envie de jouer dans ce stade-là avec cette ambiance-là. Après ça peut parfois inhiber en fonction des résultats, on l’a vu l’année où le club est descendu. Parfois ce n’est pas facile pour les joueurs de pouvoir y jouer, même pour des joueurs d’expérience. Je ne pense pas que ça a joué cette saison et que ça explique notre mauvaise série. Les blessures ont coûté très cher, il y a eu aussi des faits de jeu et peut-être des choix que j’aurais dû faire différemment. Parfois tu fais des choix et tout se passe bien, parfois t’en fait et ça se passe moins bien. Ça fait partie du football.

On n’a pas pu faire notre dernier match de préparation l’été dernier à cause d’un virus. Ça a été terrible. Il y a un joueur qui perdu 7 kilos. Briançon, derrière, on pensait qu’il était rétabli mais il s’est entraîné une fois, il ne pouvait pas. Il y en a 4 ou 5 voire 6 qui étaient comme ça. On ne savait plus quoi faire. On a fait des analyses. Quand tu commences le championnat et que t’en es là… C’est pas évident mais tu ne peux pas te retrancher derrière ça. Le foot est ainsi fait que tu joues tes matches et tu dois les gagner, point barre.

J’ai eu énormément de messages de mes anciens joueurs. La plupart des joueurs qui sont dans cet effectif aujourd’hui, j’ai fait des pieds et des mains pour les avoir. Parfois contre l’avis de beaucoup de monde… Ils le savent et bien sûr que je suis heureux que le club remonte. Je vis toujours à Saint-Etienne. Je suis heureux pour eux aussi parce qu’il y a des joueurs qui ont vécu des moments pas faciles. Mais on a des liens avec certains qui seront à vie. Il y en a beaucoup qui m’ont envoyé des messages. Je leur renvoie la balle car c’est aussi grâce à eux que j’ai vécu de très bons moments en tant qu’entraîneur. Des moins bons malgré tout mais ça fait partie de la vie. J’ai eu beaucoup de messages d’eux par rapport à ce que l’on avait vécu sur la première partie de saison.

 J’ai été très touché par tous les messages de mes anciens joueurs. Ça ne se fait pas tout le temps mais en regardant les matches de barrage et tout ça… Même s’il y a eu bien sûr un travail qui a été fait derrière, dans la construction de ce que l’on voulait mettre en place, on avait dit qu’on avait un objectif et je pense qu’on ne s’était pas si trompé que ça. Maintenant, il y a eu quand même un mercato hivernal qui a été très intéressant du côté de Saint-Etienne, notamment un joueur que je voulais depuis un moment, que je voulais récupérer car je savais qu’il avait des stats avec Brest. Il ne pouvait pas ou ne voulait pas venir à un certain moment.

J’aurai aimé démarrer la saison avec Irvin Cardona mais ça ne pouvait pas se faire car il y a des choses malgré tout dans le football où quand des joueurs s’en vont d’un endroit, ils se disent « ouais, on va aller ailleurs, on va réussir là, » et en fait comme ils ne réussissent pas ils se disent « en fait, je vais peut-être revoir ma copie. » Pour Niels Nkounkou, ça avait été pareil. Quand on appelle à l’intersaison de l’été, on vous dit : «non, on préfère avoir un club de Ligue 1, on préfère ci, on préfère ça. » Mais quand ça joue un peu moins, les joueurs se disent « autant aller dans un club de L2 qui joue la montée, ça peut me permettre de me relancer. » C’est pour ça qu’avec Loïc et avec Jef et Samuel Rustem, en appelant les joueurs, on leur a tenu ce discours-là : « on a eu une première partie compliquée, vous aussi. Si vous faites une seconde de partie de saison intéressante, c’est bénéfique pour tout le monde ». C’est ce qui se passe souvent.

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