Dirigeant depuis un an le centre de formation de l'OGCN [8e ex aequo au classement dévoilé il y a 5 semaines par la DTN, l'ASSE ayant rétrogradé à la 13e, ndp2], Julien Sablé, qui fêtera cet été ses 45 ans, se confie dans la dernière édition de Nice-Matin. Extraits.

"Je suis satisfait de la vision qu’on a pu mettre en place et des résultats individuels et collectifs qu’ont pu avoir nos jeunes joueurs. A nous maintenant de faire vivre et perdurer cette organisation. On a fait venir des personnes de l’extérieur, il faut que tout le monde s’entende. J’ai placé mes anciens adjoints à des postes stratégiques, que ce soit Romain Lattron qui reprend son poste chez les U17 mais qui est aussi référent méthodologique, ou Johan Audel qui prend les U16, une catégorie essentielle. On va rester sur 3 groupes de développement, avec un passage à la compétition à partir du jeudi, car on a pu constater que c’était la bonne direction.

En ce qui concerne le Groupe Elite, l’année dernière, après analyse de notre effectif, on avait volontairement fait le choix de réduire le nombre de matchs et de ne pas participer au challenge Espoirs. On s’est inscrit cette saison. On a pris le temps de développer la génération 2007-2008-2009 qui arrive aujourd’hui à maturité et est prête à se challenger contre des adultes. On va par exemple affronter le Riviera FC (N3). On fera entre 30 et 40 matchs dans la saison.

Reproduire un beau parcours en Gambardella, c’est un objectif car à mes yeux c’est la compétition qui se rapproche le plus du monde pro. Ce qu'on a fait la saison passée était historique car on n’était plus allé aussi loin [en quart de finale, ndp2] depuis que le club l’avait gagné en 2012 [en battant en finale les U19 stéphanois d'Abdel Bouhazama, ndp2]. On a réalisé sans doute notre meilleur match contre le vainqueur Rennes, chez lui. On perd avec les honneurs aux tirs au but. Si on peut faire mieux et même aller au bout, on ne s’en privera pas.

Dans un contexte de coupes budgétaires dans le club, on est peut-être l’un des seuls départements où la direction nous a maintenu notre budget d’une année sur l’autre. C’est un signe fort. On vient de refaire le terrain synthétique, des travaux d’amélioration ont été engagés, on a un nouvel habillage. On se sent soutenus. Notamment au niveau des moyens qui sont donnés à Fabien Caballero et la cellule pour manger à la table des grands et recruter de très bons jeunes.

On a tout un maillage local et régional, et nos réseaux nous permettent aussi d’aller taper dans le national et même l’international grâce à la cellule de recrutement pro. De très bons joueurs nous ont rejoints en post-formation comme Koutoune ou Nguene l’an passé. Fabien nous a déjà amené quelques éléments pour compléter des postes où on était à nos yeux déficitaires. Il est en train de mettre sa patte sur la génération 2012. Sur les plus jeunes joueurs, on arrive à combattre la concurrence. On s’est fixé le cap d’avoir deux tiers de joueurs locaux dans nos effectifs mais il faut qu’on arrive à les conditionner tout en leur permettant de garder une fraîcheur mentale, en insistant sur le plaisir.

On a priorisé de faire rentrer chez nous les bons éducateurs de notre territoire, comme Zakaria Rehmani, qui arrive de Saint-Sylvestre ou Mehdi Khaldi du FC Riviera. L’amélioration de nos relations avec les clubs locaux reste essentielle. On est la 5e ville de France, il y a un potentiel qui doit être vu. Les joueurs d’ici ont la famille autour et ce supplément d’âme parce qu’ils ont grandi avec le Rouge et Noir. C’est seulement quand on n’a pas ce qu’on veut dans le vivier local qu’on va aller piocher dans ce qui se fait de mieux ailleurs.

Où j'espère voir le centre de formation dans 5 ans ? On est très ambitieux. On veut devenir l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur. Avec nos moyens et notre vision qui ne sont pas ceux de Paris ou de Rennes. Nos ambitions vont de pair avec la qualité humaine. Si on ne sent pas le joueur et son environnement, ça peut être le meilleur de sa génération, on ne se mettra pas sur le dossier. Si l’image de la formation niçoise est selon vous en train de changer ? L’arrivée de Fabien Caballero [débauché chez les vilains, ndp2] a joué un grand rôle. Réussir à l’attirer a été un gros coup, ça a eu un effet domino.

On a planté une graine dans la tête des gens. Et une autre avec notre très bon parcours en Gambardella. Notre équipe a montré une vraie signature, plus ou moins proche de celle du coach Franck Haise. On décrète que nos U16 doivent jouer à 4 derrière. Moi avec le groupe Elite, je joue en 3-4-3 comme le coach. Franck lui-même a dû s’adapter la saison dernière donc il faut que nos joueurs soient adaptables tactiquement. C’est important aussi pour faciliter leur vente. Je ne crois pas à quelque chose de dogmatique comme Barcelone. Par contre, on ne transige pas sur l’intensité et un jeu proactif.

Une carrière, ça se joue à rien, parfois. On prépare nos joueurs à l’exigence du très haut niveau parce qu’à tout moment ça peut se déclencher pour eux. Franck Haise et son staff viennent voir les matchs, ils nous suivent beaucoup. Il y a une relation très forte, avec un comité de réflexion qui se réunit une fois par mois et de vraies passerelles. On veut des garçons qui ont le bon comportement parce que l’OGC Nice est une grande institution, qu’il faut respecter. Ensuite, quand vous montez avec les pros, il faut avoir le potentiel d’y rester.

On sent qu’on a passé un cap par rapport aux joueurs qu’on est capable de proposer à Franck. On est très fier d’avoir Djibril Coulibaly, qui correspond à l’image de la formation. C’est un garçon très bien éduqué, qui a de belles valeurs, qui a énormément progressé la saison dernière et qui pour nous a le potentiel d’intégrer l’effectif d’un club qui s’est installé dans le top 6 français. Il est le seul contrat pro qu’on a fait cet été. 

Pour nous, signer pro, ça a une valeur, encore plus avec la crise que traverse le foot. Un contrat professionnel signifie qu’on estime le joueur capable d’intégrer l’effectif pro et de répondre aux grandes attentes du club. Il y en a qui vont plus vite que d’autres dans l’apprentissage. ça ne veut pas dire pour les autres qu’on ne croit pas en eux, mais qu’il y a encore quelques points d’interrogation à effacer."