Ancien directeur sportif de l'ASSE (de juin 2004 à juin 2005 puis de novembre 2008 à novembre 2010), le président du TFC Damien Comolli se confie dans la dernière édition de La Dépêche du Midi au surlendemain de son sacre en L2. Extraits.

"Le jour de la reprise, on fait toujours une réunion avec les joueurs. J’avais affiché un diaporama en ligne avec le trophée de champion. Il y était spécifié : « Voilà ce qu’on va aller chercher. » Sans être arrogant du tout et en étant respectueux des 19 autres équipes de L2, à aucun moment on a parlé de la deuxième place, à aucun moment on a parlé de finir dans les deux premiers. On a uniquement et toujours parlé d’être champions et d’aller récupérer ce trophée. Les joueurs avaient la photo du trophée en tête dès le mois de juin. C’était notre ambition. On avait pratiquement endoctriné les joueurs depuis le premier jour de la préparation.

C’est mon premier titre en tant que dirigeant. Mais recruteur à Arsenal, j’ai eu la chance de participer à 3 sacres en Premier League, 4 victoires en Cup. J’ai aussi gagné deux autres coupes avec Tottenham et Liverpool. Par contre, cela faisait 10 ans que je n’avais rien remporté. C’est long… Un titre, c’est toujours magnifique. Je déteste beaucoup plus la défaite que ce que j’aime la victoire. Après, je suis en extase totale lorsqu’on joue bien. Clairement. Quand vous gagnez une compétition long terme, comme un championnat, vous avez les pieds qui ne touchent plus terre pendant quelques jours. Bon, on redescend vite…. Ce sentiment de choses maîtrisées, que ce que l’on avait prévu se déroule comme on l’avait prévu, ça donne un pied terrible !

On est très rationnel dans tout ce que l’on fait. Nos responsables stratégie et data Selinay Gürgenç et Julien Demeaux sont deux des cerveaux derrière notre réussite, ont défini 10 critères de performance pendant l’été dernier. Qui nous ont fait dire qu’avec notre modèle statistique si on restait dans les 2 premiers dans ces 10 segments, on monterait. Et on y a été dès la 3^e journée dans 9 des 10 critères. Il y en a un seul dans lequel on était 18^e à la trêve. On a présenté ça à Philippe Montanier qui a déclaré que ce n’était pas acceptable. On a tout fait pour s’améliorer et on est remonté à la 8^e place. Mais c’était le facteur de performance le moins important.

On a fait de ce modèle notre boussole, elle nous a accompagnés dans les bons comme dans les « mauvais » moments. Toujours d’après notre modèle, on savait que notre adversaire numéro un serait Ajaccio. La saison prochaine en Ligue 1, je l’ai abordé avec l’actionnaire RedBird depuis mars 2021. Notre diction, c’est : « On peut perdre, mais on ne peut pas ne pas être préparés. » On travaille sur la L1 depuis très longtemps. On était prêt dès la saison dernière si on nous avait gentiment accordé la montée. On va aller en L1 avec beaucoup d’humilité. On est en mission depuis qu’on est arrivé pour ramener le club, la ville où ils méritent d’être dans l’échiquier du football européen, c’est-à-dire le Big-Five.

Nos renforts ont été décisifs même si le recrutement ça se juge sur deux ou trois ans, pas sur une saison. Je suis persuadé qu’on va avoir de de bonnes surprise sur les années qui arrivent. Notre méthode basée sur la data a fait ses preuves en L2, pourquoi elle ne marcherait pas dans l’élite ? La meilleure équipe actuelle avec le real c’est Liverpool et les Reds construisent leur équipe de la même façon que nous. Les statistiques et la data prennent toutes les décisions à Liverpool. Cela faity puiseurs mois que nous travaillons sur la saison prochaine avec Philippe Montanier. On bosse sur le programme de préparation qu’il m’a donné il y a deux mois. On a commencé à lui montrer quelques joueurs et quelques profils. D’ici deux ou trois ans, l’objectif est d’être dans le top 6 ou top 8 de la L1.

On a un double handicap budgétaire concernant la répartition des droits télé. Primo, le critère de notoriété est très important dans le foot hexagonal. Et comme le TFC a été en difficulté sur les 5 ou 6 dernières années de L1, puis a enchaîné 2 saisons de L2, nous nous retrouvons avec un critère faible. Nous recevrons donc moins d’argent que les autres. L’autre obstacle, qui n’est pas des moindres, est le fait qu’en tant que promu, nous allons toucher la moitié des sommes des clubs qui seront probablement nos concurrents la saison prochaine : Montpellier, Troyes, Clermont, Lorient et Saint-Etienne si l’ASSE reste dans l’élite. Eux vont récolter 33 millions d’euros et nous 16,5. Et il va y avoir 4 descentes. L’alignement des planètes est défavorable. Tout ça, on l’a pris en compte et on fera avec. Je rappelle qu’on a été le club le plus pénalisé financières du foot français depuis qu’on l’a racheté. La distribution des sommes nous pénalise encore… C’est comme ça !"