Stassin est moins bien, c'est très bien !
16/11/2025

Dans un long entretien accordé au journaliste Sacha Tavolieri et diffusé aujourd'hui sur la chaîne youtube de ce journaliste belge, Stéphane Stassin parle longuement de son fils Lucas.
"La dernière semaine du mercato de l’été 2024, il y a Saint-Etienne qui vient. Saint-Etienne, le club mythique. Je lui ai dit « purée Lucas, c'est magnifique, Saint-Etienne ». J'ai vécu à Mönchengladbach un peu la même chose avec des vrais supporters fervents et tout. Je dis : « quel bonheur de pouvoir jouer dans ce stade ». Il vient de remonter en Ligue 1, donc Lucas il était tout emballé. On les a eus au téléphone, il y a un plan pour lui. Saint-Etienne est racheté par des nouveaux investisseurs, c'est le plus gros transfert de l'histoire du club. Donc Lucas, 19 ans, arrive déjà avec une fameuse pancarte dans le dos, une fameuse pression.
Ils disent : « voilà, nous on a les moyens financiers, donc on vient de monter, on va se stabiliser la première année ». Parce qu'à ce moment-là, c'est la fin du mercato, les 3 premiers matchs ils avaient perdu. Ils disent : « voilà, on a les moyens financiers, on va voir et si ça ne va pas, au mercato d'hiver, on va rééquilibrer tout ça. Donc on va vivre une saison tranquille. La deuxième saison, on va refaire de nouveau ce qu'il faut pour essayer de jouer l'Europe. Et la troisième année, on va viser le haut du tableau ». Donc Lucas, il voit ça, il se dit « waouh, c'est magnifique ». Il se dit : « c'est top, j'aurai le temps de grandir. »
Ils nous disent : « on est prêt à faire un effort sur Lucas, vraiment parce qu'on a totalement confiance en son potentiel et en son développement. Il ne vas pas jouer tous les matchs, mais il jouera, il aura du temps de jeu, c'est sûr. Il est encore jeune, c'est la Ligue 1, c'est un championnat compliqué, voilà, on va gérer tout ça. » Donc c'était bien, c'était pas genre, « on te promet que tu vas jouer tous les matchs et tout », on sait bien que ça n'aurait pas été possible. Et donc Lucas, ça lui convenait très bien comme plan.
Ils ont des supporters incroyables à Saint-Étienne. Aller voir un match à Saint-Étienne, c'est quelque chose ! Et donc, il y a énormément d'engouement par rapport à la venue de Lucas. Mais eux, les supporters, ils pensent que Lionel Messi arrive à Saint-Étienne, puisque c'est le plus gros transfert de l'histoire du club. Je fais : « oh, Lucas, il a du potentiel, il a encore une marge de progression, mais il est loin d'être le phénomène ». J’ai senti cette pression directement quand je suis arrivé.
Et c'est normal, là-bas, Saint-Étienne, le foot, c'est une religion, c'est leur vie, il faut y aller pour s'en rendre compte. Donc, c'est normal, il y a une énorme attente par rapport à Lucas. Alors, il y a quelques jours avant, il y a le club qui dit, voilà, on va prendre notre temps avec Lucas. Et puis, c'est très médiatisé, une énorme pression. Les supporters attendent que Lucas, dès le samedi, il mette un doublé, alors que ce n'était pas le cas. Lucas, il a cette force, c'est incroyable de bien gérer ça. Même dès son plus jeune âge, ça a toujours été une force chez lui de gérer cette pression et même de le transformer en positif.
Mais après, ça reste quand même différent de jouer dans un stade de D1 belge et de jouer en Ligue 1. On sait que c'est Saint-Etienne, il y a quoi, 35 000 à 40 000 personnes qui sont là, l’ASSE est un club très médiatisé. Donc là, je me pose quand même la question, est-ce qu'il va quand même supporter ça ? C'est vrai que c'était compliqué pour lui, parce qu'en plus, je répète, il y a cette pression-là, mais cette pancarte, quand même, ça lui est resté. Combien de fois je devenais fou ! Les médias en France, c’était parfois catastrophique. Ils mettaient tout le temps en avant que c’était le transfert le plus cher de l'histoire.
Quand Saint-Etienne, le dernier jour du mercato, fait cette proposition-là à Westerlo, et Hasan Cetinkaya appelle Lucas. Lucas était avec moi, donc il met le haut-parleur, et Hasan dit : « écoute, pour Westerlo, c'est énormément d'argent, mais si tu n'as pas envie de partir, on ne te pousse pas pour dire, on prend l'argent, on fait notre gros bénef et tout ça, nous, on a totalement confiance en toi. Si maintenant tu ne le sens pas, tu restes encore un an à Westerlo, et nous, on est certain que dans 6 mois ou un an, on va encore te vendre plus cher ».
Le transfert de Lucas à 9 M€ + 1 M€ de bonus, c'était la valeur de Lucas. Il arrive à Saint-Etienne, et là on arrive avec cette pancarte, ça l'a suivi pendant des semaines, des semaines, c'était tout le temps la même chose, quoi : et c’est le transfert le plus cher, ceci, et cela… À ce moment-là, c'était une période compliquée, mais il ne le montrait pas, il continuait à bosser. Encore une fois, il a 19 ans, c'est nouveau pour lui, c'est un nouveau championnat, il part de la maison, il habite tout seul. Mais il a bien géré ça, il a continué à bosser, il s'est intégré au fur et à mesure des semaines, voilà.
Il a par la suite vécu des moments d’euphorie comme lors du fameux derby. Dans des moments comme ça aussi, Lucas a besoin de son père. Et pas que de son père, mais de tout son entourage, parce que ses copains sont énormément aussi importants, Lucas a quelques copains depuis tout le temps, voilà, il accorde énormément d'importance à ça. Avec Lucas, notre relation a un peu changé. A son plus jeune âge, c'était tout le temps « papa, tu me critiques, t'es jamais content », et à force, avec les années, il grandit, il devient un peu plus mature, c'est de lui-même qu'il vient vers moi, il me dit, « tiens, papa, qu'est-ce que tu penses de mon match, qu'est-ce que t'as pensé ».
J’ai totalement confiance en lui. Je sais que Lucas, il va bosser, qu'il a ses objectifs et qu'il va tout faire pour les atteindre. Si j'avais un autre fils, où j'avais peut-être moins confiance, je réagirais peut-être autrement, ou pas, je ne sais pas. Voilà, ça changera peut-être, je le sais, le jour où il connaît peut-être une copine ou quoi que ce soit, peut-être qu'il tournera, ou peut-être que des nouveaux copains l'emmèneront sur un autre chemin. Que Lucas se pose des questions, c'est normal. Mais il a les pieds bien ancrés au sol, et j'essaie toujours de lui inculquer ça. Après, bien sûr, ça reste un gamin. Pour moi, c'est toujours un gamin. A 20 ans, on commence dans la vie, c'est compliqué mais il doit apprendre et en tirer les leçons.
Je suis allé le chercher hier avant qu’il rejoigne l’équipe de Belgique Espoirs. Pendant 30 minutes sur le trajet, j'ai pu lui parler tranquillement. Lucas est honnête. Il m'a dit « papa, j’ai un peu de mal pour le moment, je me sens un peu moins bien dans ma tête ». Peut-être qu’il s’attendait à u e autre réaction mais je lui ai dit : « écoute, moi, je n'ai aucun souci avec ça, c'est totalement logique ce qui t'arrive pour le moment, et tout va bien ». C'est juste que ça fait quelques matchs où il ne marque plus. Encore ce samedi, il a une grosse occase, il frappe sur la latte. Il y a quelques semaines d'ici, c'était en dessous de la latte, c'est quelques centimètres, mais c'est la réalité.
Et tout ça parce que c'est un peu le contrecoup, c'est ce que je lui ai expliqué hier, le contrecoup de cet été, de tout ce qu'il a vécu. Il ne faut pas l'oublier, donc c'est normal, ça reste un être humain. Il a 20 ans, c'est la première fois que ça lui arrive d'avoir un petit down, donc c'est totalement logique. Une carrière linéaire de 10 ans à 15 ans, c'est impossible, il y a toujours des hauts et des bas, et là, ce n'est pas qu'il est dans le creux, c'est que ça va un peu moins bien, et il s'en rend compte. Lucas m’a dit : « papa, je m'en rends compte, j'en ai parlé au coach ». Lucas, il est très ouvert, il a été le dire au coach. Il est au courant de ça, donc pas de souci, c'est un passage, un mauvais passage qui doit passer, c'est tout.
Lucas était super emballé de rejoindre Saint-Étienne, et malheureusement, après la première saison, Saint-Étienne est rétrogradé en Ligue 2, donc le plan promis à Lucas, ce n'est plus le plan de base. La réalité, c'est que dix mois plus tard, ce n'est plus le même plan de carrière, parce que Lucas a quitté la Belgique, justement pour continuer sa progression et essayer d'atteindre son objectif, la Champions League, voire la Coupe du Monde, et là il se retrouve en Ligue 2. C'est le premier gros choc pour Lucas, donc ce n'était déjà pas évident à digérer, j'ai encore ces images des derniers matchs où il avait eu une blessure musculaire, il était dans la tribune, et souvent la caméra le filmait, on le voyait dépité. Purée, vraiment, le gamin, c'est la fin de sa vie. Et ça, je le ressens, parce que ce n'était pas dans les plans du tout.
Heureusement, Lucas avait tiré bien son épingle du jeu durant sa première saison, donc forcément, quand tu as 20 ans, un profil comme il a, des sollicitations, il a l'air d'en avoir, et beaucoup, et donc c'est ce qui s'est passé, donc ça n'a pas été évident pour lui avec tous ces agents qui ont tourné autour. A un moment donné, il voulait même changer de numéro, il me dit : « papa, je n'en peux plus, je ne dors plus, on n'arrête pas de m'appeler, je reçois des messages tout le temps ». Il me dit : « écoute, je vais changer de numéro, et il m'avait dit ça, sous la forme de plaisanterie : « écoute, je vais mettre comme message : « si vous voulez, appelez mon papa directement, laissez-moi tranquille ! »
Comme j'ai toujours fait, je lui ai dit, « écoute, concentre-toi sur le foot, le reste, je prends pour moi ». Saint-Etienne est descendu en Ligue 2 et on pouvait s’attendre à ce que le club, vende son joueur avec le plus gros potentiel, avec la plus grosse valeur marchande, pour avoir de la liquidité et construire une équipe. Je comprends les supporters vu la ferveur là-bas, je comprends qu'ils ne veulent pas que Lucas s'en aille, et qu'ils ont du mal que Lucas, à un moment donné, pense à partir. Mais Lucas doit penser à sa carrière. Le plan n'était plus pareil.
Si Saint-Etienne était resté en Ligue 1, j'aurais passé un mercato beaucoup plus calme, parce que Lucas voulait rester à Saint-Etienne. Quel plaisir de jouer tous les 15 jours dans ce stade, donc, il n'y avait même pas photo, mais là, encore une fois, le plan, promis à Lucas, tombe à l'eau, en fait. On le prend et on le jette à la poubelle. Donc, forcément, avec toutes les sollicitations qu'il a des clubs qui jouent la Coupe d'Europe, voire même des clubs qui jouent la Champions League, forcément, ça fait réfléchir Lucas, puisque son objectif, ce n'est pas de jouer la Ligue 2.
Il y a eu notamment la proposition de l’Eintracht Francfort mais il y en a eu d'autres, donc, c'était des super possibilités pour lui de continuer son évolution dans un autre grand club, et après, il faut être transparent aussi, il y a aussi l'aspect financier, parce que Lucas, c'est son métier. Moi, je l'ai vécu, j'ai eu mes ligaments croisés sectionnés, pendant un an, je n'ai plus joué au football, je ne gagnais plus d'argent, donc, je sais... L’argent ne doit pas être le moteur principal, parce qu'il ne va pas aller n'importe où, faire n'importe quoi, mais à un moment donné, il doit penser à lui.
Tous les contrats qu'il avait signés avant, on n'a jamais discuté. Le club proposait, on dit, « ouais, allez, il n'y a pas moyen d'avoir ça, allez, ok, tac, tac » et c'était fini. Parce que j'ai toujours dit à Lucas : « l'argent n'est pas le plus important actuellement, concentre-toi sur le foot, et après, on verra bien ». Mais maintenant, footballeur, ça va être sa vie, donc, l'argent devient aussi important, appelons un chat un chat, c'est comme ça, c'est la réalité. J’ai dit : « maintenant, quand un club viendra, maintenant, on va négocier, on ne va plus accepter les conditions comme on a fait avant, maintenant, on va vraiment négocier, et après, on verra la meilleure trajectoire pour toi sportivement, mais aussi, on va plus se laisser faire financièrement ».
C’est logique, à un moment donné… Bon et bête, ça commence par la même lettre, mais footballeur c'est son métier, parfois, les gens, ils ont du mal à comprendre ça, c'est son métier, c'est un métier qui a peut-être duré 5 ans, 10 ans, 15 ans au mieux, donc, voilà. Kilmer a refusé des offres faramineuses. Il y a eu d'autres offres aussi mais de clubs qui ne pouvaient mettre que 12, 13, 14 millions. De nous-mêmes, on disait : « écoutez, on ne va pas aller plus loin, parce que Saint-Etienne ne va jamais accepter ça » ? Ce qui est logique, Saint-Etienne avait acheté 10 millions de Lucas, avec la saison qu'il avait faite en Ligue 1, dans un club qui a joué le maintien, il s'en est plus que bien sorti.
Il y a quand même des sites spécialisés, ça vaut ce que ça vaut, où Lucas est estimé à 20 millions, 22 millions. Ce n'est pas mon domaine, je ne suis pas expert, mais pour moi, c'est sa valeur, alors, tu mets 20 millions, plus des bonus, tu peux monter à 25, 26, je ne sais pas, je ne sais pas. Je dis ça, c'est plus que correct, pour un club qui descend en Ligue 2, je dis ça, c'est déjà très bien, et donc, à ce prix-là, je dis, bon, s'il y a des clubs qui veulent mettre ça, je pense que Saint-Étienne, ils vont dire, voilà, tout le monde est win-win : Lucas puisqu'il va pouvoir jouer à un niveau supérieur à la L2 et Saint-Étienne qui en 10 mois peut faire x 2,5 sur un joueur.
Comprendre ou pas Saint-Étienne… Ils sont dans leurs droits. C’est le football, c'est comme ça. Si Saint-Étienne, maintenant, dit « Lucas, il ne part pas pour 100 millions »… La France, c'est le seul pays où on n'a pas le droit de mettre une clause de départ dans son contrat, Les gens me disent comment ça se fait que Lucas n’ait pas pu partir, mais en France, on n'a pas le droit, donc, si le club a envie de demander 100 millions pour Lucas… C’est vrai que c'est exagéré, mais ils ont montré leur envie de garder Lucas, donc ça, c'est quand même vraiment positif
Lucas n'a jamais fait de vague dans les réseaux sociaux, dans les médias, il n'en a jamais parlé, mais moi je peux en parler, je suis son père, je ne suis pas Lucas. Pour le moment, il a un peu le contre-coup de tout ce qui s'est passé cet été et c'est totalement logique. C’est une bonne chose pour lui. Après, je ne vais pas dire que je suis content, parce qu'on a toujours envie que son fils, il marque un doublé, mais c'est une bonne chose pour son évolution. Tout ce ce qui lui arrive, pour moi, c'est très bien comme ça, en plus, c'est très bien,
Pourquoi ? Parce que l'équipe continue à gagner, le gars qui était là, qui était derrière Lucas [Joshua Duffus, ndp2], il performe, donc c'est top aussi pour le club de voir qu'ils ne sont plus dépendants, qu'ils ne sont pas « Lucas Stassin dépendants », comme ils l'étaient en Ligue 1. En Ligue 2, ils ont quelqu'un, si Lucas ne joue pas, qui peut franchement prendre le rôle de Lucas. Il faut savoir aussi qu’ils ont un jeune espoir, un super talentueux français aussi [Djylian N’Guessan, ndp2], donc Lucas n'est même plus obligé de jouer. Il y a des solutions, et même ces joueurs-là peuvent faire gagner l'équipe, et faire monter le club. Ils ne sont plus « Lucas Stassin dépendants » et ça c'est top, parce que l'objectif c'est quand même de monter, que Lucas mette 40 buts, ou que Lucas mette 5 buts, l'objectif du club, ou en tout cas de Lucas, c'est de refaire monter le club, peu importe qui marque.
Cela fait plusieurs matches que Lucas n’a pas marqué avec Saint-Etienne mais ça arrive. Harry Kane, combien de fois ça lui est arrivé de ne pas marquer pendant 6 ou 7 matches. Mais il était très déçu quand même de ne pas avoir quitté le club au dernier mercato. Lucas a ses objectifs, ses objectifs de carrière. Saint-Etienne lui dit : « tu joueras avec nous la Coupe d'Europe », et là il se retrouve en Ligue 2… et puis il reçoit des propositions de clubs qui jouent la Coupe d'Europe, et puis encore une fois, je parle de contrats, de contrats où il pouvait gagner à certains moments 10 fois ou 15 fois le salaire qu'il avait ! Lucas n’a jamais rien dit mais il touche 50% moins salaire que la saison passée.
Tous les gamins rêvent de jouer jouent un une Coupe du Monde. Il y a peut-être une petite possibilité que dans quelques mois il y participe, avec la saison qu'il a faite l'année passée à 20 ans, à la Coupe du Monde avec la Belgique. Est-ce qu'on peut lui en vouloir d'avoir ses ambitions ? Peut-être que s'il n'est pas à la Coupe du Monde, c'est parce qu'il n'est pas parti. On peut le réfléchir aussi comme ça. Bien évidemment. Et donc ça Lucas il pense. Quand le sélectionneur Rudy Garcia annonce publiquement à la conférence de presse que Lucas est au bord de la sélection mais que tant que Lucas sera en Ligue 2, ce ne sera pas possible… T’as le gamin qui se dit « purée, j'ai peut-être mon rêve ». Il peut mettre toutes les chances de son côté pour essayer de participer. En tout cas d’être dans le noyau. Je ne dis pas jouer, mais vivre ça, une Coupe du Monde. Voilà, c'est un rêve pour lui. Il y a tout ça qui joue. Et il y a aussi l'aspect financier comme je dis.
Lucas est resté à Saint-Etienne, il a toujours continué à se battre. Chapeau. Parce que moi, à son âge, je ne sais pas si j'aurais eu la même mentalité qu'il a aujourd'hui, lui actuellement. Si je trouve ça injuste qu’on l’ait bloqué à Saint-Etienne ? C'est comme ça. Ce sont les lois en France. Si Kilmer s’est trompé ? Exactement. Appelons un chat un chat. ncore une fois, c'est ce qui se passe avec Lucas. Il a ce contrecoup-là de tout ce qui s'est passé. ne Je ne vais pas dire que s’il avait au moins eu une revalorisation salariale, une compensation financière, il n'aurait pas eu le contrecoup actuel, mais à un moment donné, ça joue. Ça joue parce que Lucas sait très bien, encore une fois, les propositions qu'il a eues par écrit. Il sait qu’il a eu des propositions faramineuses de plusieurs clubs et que son salaire chez les Verts a été plus que raboté.
Malgré ça, Lucas a continué à se battre. D'ailleurs, la preuve, dès son premier match, Lucas a marqué. Il s’est dit : « Tant pis, maintenant je suis resté un joueur de Saint-Étienne, je suis un joueur de Ligue 2. Je vais faire remonter le club ». Et donc directement, il est élu meilleur joueur du mois de septembre, sachant qu’il n’a pas eu de préparation. Tous les joueurs de foot savent que dans ce cas, je ne vais pas dire que la saison est foutue, mais on sait qu'il va y avoir des hauts et des bas durant la saison. On l'a toujours dit, et c'est encore la réalité aujourd'hui. Donc, Lucas ne s'entraîne quasiment pas à cause de son opération. Il joue zéro seconde de temps de jeu dans les matchs de préparation. Il y a le mercato, tout ce qui se passe. Mais boum, dès son retour, le gamin il est performant ! Élu meilleur joueur du mois de septembre. T'imagines la force de caractère qu'il a. Maintenant, c'est normal qu'il ait un peu le contrecoup. Ce n'est pas une machine, ce n'est pas un robot. que Le coup de moins qu’il a actuellement, encore une fois, je dis c'est une bonne chose. Comme ça, il se rend compte de certains trucs. Encore une fois, par rapport à sa situation, je n'ai aucun souci.
Moi, à son âge, à 20 ans, j'aurais été en colère après ce qu’il s’est passé cet été. Lucas, ça n'a jamais été le cas. On peut demander à tout le monde. Dans le vestiaire, il a toujours eu le sourire. A l'entraînement, il a toujours donné sans faire de vagues. Parfois, il y a des joueurs qui transforment cette rage en étant très agressif à l’entraînement. Pour montrer tout leur mécontentement. Lucas, jamais. Il est comme ça. On ne change pas la nature des gens. C'est une grande force chez lui. Comme je t'ai dit, il n'a jamais fait de vagues. Que ce soit dans la presse ou quoi que ce soit. Avec tout ce qui s'est passé, il aurait pu parler sur le club. Il ne l'a jamais fait. Il continue à bosser. Et maintenant, forcément, il a ce contrecoup.
La gestion de sa blessure par l’ASSE ? On sait bien que le corps, c'est ce qui est le plus important pour un sportif. Donc, il faut vraiment en prendre soin. Parce que ce sont des blessures qui pourraient avoir des répercussions durant toute sa carrière si ce n'est pas bien soigné. Donc, c'est super important. C'était une blessure musculaire. Si la cicatrice n'est pas bien refaite ou quoi que ce soit, ce sera beaucoup plus fragile pour son futur. Ils étaient au courant, Saint-Etienne. Donc, Lucas se fait ça en janvier avec Westerlo lors d’un match de préparation où il subit une véritable agression. Donc, on lui met une petite plaque, c'est tout petit. Mais le chirurgien nous dit, cette plaque, il faut l'enlever maximum un an après. Parce que ça se recalcifie bien, il risque d'avoir des soucis plus tard.
Normalement, en janvier de cette année, avec Saint-Etienne, il aurait déjà dû l'enlever. Mais ça, Lucas ne voulait pas. Il dit : « non, non, non, il faut que je joue. Il faut sauver le club ». Je dis « OK, c'est ta décision ». Moi, je l'aurais déjà enlevé. Je pensais à sa carrière. Ok, je respecte. On n'en parle même pas de ça. Et donc, à la fin de saison, on dit à Saint-Etienne : « écoutez, là, on est fin de saison, il faut vraiment penser à enlever sa plaque parce que c'est un peu comme Eden Hazard a eu à sa cheville. Après, il a eu des soucis parce qu'il avait gardé sa plaque et tout ça ».
Je n'avais pas envie que Lucas, ce soit le même cas qu'Eden, qu'à un moment donné, il joue avec toujours une douleur. Donc, il faut enlever cette plaque. Et là, même Saint-Etienne n'était pas trop d'accord. Alors que c'était clair. Ils le savaient qu'à un moment donné, il fallait bien enlever cette plaque. Ils disaient : « mais dans ce cas il va louper la préparation ». Je leur ai dit : « si on ne lui enlève pas cette plaque, c’est sa carrière qu’il va peut-être louper. » Finalement, ils comprennent quand même. Il est revenu en Belgique pour se la faire enlever par le chirurgien qui l'avait opéré à Genk.
Mais après, ce qui est super important, c'est la rééducation. Il faut le temps que ça se résorbe. Quand on est blessé, il faut travailler deux fois plus que quand on joue. Donc, voilà, il faut un suivi du matin au soir. Et là, on sent que, voilà, Saint-Etienne, ils veulent absolument que Lucas revienne au club. Mais au club, malheureusement, il n'y a pas une grosse infrastructure. Vraiment pas. C'est encore assez vétuste. Ils n'ont pas des machines performantes, les derniers cris. Il n'y a pas une piscine. Alors que quand on a ce genre de blessure, la piscine, c'est le premier truc à avoir pour commencer à travailler sans avoir de choc et tout ça. Tu peux mettre un vélo dans une piscine, faire du vélo. Il y a plein de trucs.
Maintenant, ils font des machines. Je ne connais pas, ce n'est pas mon domaine, mais je l'ai vu à Anderlecht notamment. Tu peux courir, tu es dans une forme de bulle où tu n'as pas de choc. Tu peux augmenter au fur et à mesure, mais ils n'ont pas ça non plus à Saint-Etienne.
Nous, on dit : « écoutez, on a le cadre. Il peut être pris ici en Belgique, notamment avec des gars de l'équipe nationale et tout ça, avec une vraie infrastructure et vraiment se soigner. Il reviendra encore plus vite et plus fit. Mais c'était compliqué avec Saint-Etienne. Donc là, j'étais fâché parce que je me suis dit : « attends, c'est quand même sa carrière, c'est important ! C'est important qu'il se fasse bien soigner ». Donc, c'est vrai que c'était compliqué. Et à la fin, ils ont accepté.
Mais là, je suis monté au créneau. Je comprends que le club qui investit beaucoup d'argent sur Lucas veuille avoir un œil sur lui. Mais à un moment donné, il faut pouvoir aussi se rendre compte qu'il y a peut-être d'autres facilités ailleurs et nettement plus performantes, Et donc là, j'ai dit, « non, non, non. Là, Lucas, il faut qu'il se fasse bien soigner. » Et là, il est revenu en Belgique. Et c'était aussi important qu'il soit aussi à nos côtés dans ces moments-là. Il y a une descente, il doit se faire opérer. Il avait eu une petite blessure musculaire. Il n'est pas repris en équipe nationale parce qu'il y avait le match au début juin. Donc, c'était important qu'il soit au quotidien avec nous aussi.
Jusqu’où peut aller Lucas ? C'est une question qu'on m'a souvent posée. On ne sait jamais. J'ai toujours dit qu'on verra le vrai potentiel de Lucas vers ses 23 ans. Parce qu'il faut savoir aussi que Lucas est un numéro 9. Et dans les jeunes, il pesait 20 kilos. C'était un spaghetti, Lucas. Donc, on se dit qu'un numéro 9 qui est comme ça… Lucas il mettait 50 ou 60 buts chaque année dans les équipes de jeunes. Malgré le fait c'était un spaghetti, il avait ce don, ce nez, cet instinct de buteur. Donc, je dis que quand il va devenir costaud, ce sera plus facile. Il a beaucoup bossé mais il a encore une marge de progression. Donc, quand il va prendre encore quelques kilos de muscles, ce sera encore plus facile.
Ce que je vois de Lucas, ce que je remarque, c'est que depuis des années, tous les 6 mois, il franchit des caps. Je n'ai jamais vu, à un moment donné, stagner. À Westerlo, il avait franchi un cap. En janvier, il est revenu, il a franchi un cap. Saint-Etienne, Ligue 1, compliqué au début. À partir de janvier, il a franchi un cap. Et je sais très bien qu'il a encore une grande marge de progression parce qu'il a encore tellement de points de travail. C'est incroyable. Il lui faudra encore quelques années pour atteindre vraiment sa maturité physique. Ça, ça l'aidera. Pour moi, il y a vraiment encore un gros point de travail, c'est son pied gauche.
Il doit se fixer comme un objectif de frapper aussi facilement de son pied gauche que de son pied droit. Et il est capable, c'est un truc de fou. Quand je le voyais même chez les jeunes à Anderlecht, où il n'avait pas de puissance… Il marquait des buts du pied gauche. Donc, il est capable. Donc, s'il parvient à avoir cette même efficacité du pied gauche que du pied droit, là, il va encore faire… Ce n'est pas un step qu’il va franchir, c'est plusieurs steps ! Un point de travail aussi, même s’il s'améliore vraiment, c'est pouvoir se sortir d'une situation délicate.
Lucas, ce n'est pas un dribbleur. Ce que j'avais dit aussi quand il est arrivé à Saint-Etienne. Lucas, ce n’est pas Messi mais c'est quelqu'un qui joue en équipe. Il va jouer une touche, deux touches. Il va donner une bonne passe, une passe intelligente, une passe décisive. La force de Lucas, de toute façon, c'est la finition, on le sait. Ça, c'est sa première force, tu vois. Mais en plus, il fait jouer. Il aime bien. Il a grandi Anderlecht avec les petits espaces, les combinaisons. Maintenant, il doit apprendre, ce que je lui ai toujours dit. Et je sais qu'il est capable de le faire, mais il ne le fait pas parce qu'il privilégie toujours l'équipe. Je lui dis : « de temps en temps, fais-toi plaisir aussi. Tente des gestes ! »
Pouvoir à un moment donné faire un râteau, tac, tac, tac, et garder le ballon dans l'équipe. Et ça, il ne le fait pas, alors qu'il est capable. Je l'ai vu, mais il va préférer jouer en arrière le ballon. Je dis : « à un moment donné, tu dois pouvoir tenter quelque chose, un dribble ou quoi que ce soit, pour encore étoffer son potentiel ». Même si ce ne sera jamais son point fort, ce ne sera jamais un dribbleur. Mais c'est tous des petits points qu'il peut améliorer. Mais il pense trop. Combien de fois je lui ai dit : « à un moment donné, tu dois être un peu plus égoïste, » mais il pense toujours trop équipe. Je préfère à un un joueur qui ne pense qu’à lui mais un attaquant doit être un petit peu égoïste.
Dans les équipes de jeunes, parfois, quand il mettait 2, 3, 4 buts, il arrivait devant le gardien, il pouvait passer le gardien. S'il y avait son pote qui était là, il faisait la passe à son pote, alors que le but était vide. Je luis disais : « Lucas, pourquoi tu ne mets pas le but ? Tu dois mettre 3 buts, 4 buts, 5 buts, mettre plein de buts. Il me disait : « papa, mon coéquipier ne met jamais un but. Ça lui fait plaisir de mettre un but, je te jure. Il est content, il a mis aussi un but, tu vois ! « Lucas a toujours pensé aussi aux autres. Mais bon, encore une fois, voilà, c'est lui.
Le championnat qui lui permettrait d'aller le plus loin possible ? C'est une question que moi-même je posais aux gens, les gens qui connaissent bien Lucas, qui connaissent le football, pour avoir leur avis. Parce que je prends toujours des avis. C'est marrant parce que c'est vrai que les avis divergent. J’ai des amis, notamment un qui habite dans le même village que moi, qui m'a dit : « la Ligue 1, pour Lucas, ça va être compliqué. Si tu ne mesures pas 1m90 ou que tu n'es pas un dribbleur, c'est compliqué de s'en sortir ». J'ai dit : « OK, mais Lucas a vraiment envie de jouer à Sainte-Étienne, il va y aller ». Et Lucas a tiré son épingle du jeu. Malgré que le fait qu’il ne mesure pas 2 mètres et qu’il ne va pas faire 10 passements de jambes. Donc on se dit, maintenant, il a prouvé qu'il avait le niveau de la Ligue 1, qu'il peut jouer en Ligue 1. Ça, c'est déjà une chose.
Deuxième chose, il ne m'en voudra pas, j'en parle à Nicolas Frutos, qui connaît bien Lucas. C’est un vrai attaquant, qui est quelqu'un d'incroyable, c'est un passionné de foot. Je lui pose un jour cette question, on mange ensemble, et il est le premier à me dire : « il doit aller en Italie ». J'ai dit : « c'est compliqué, la Série A ». Il m'a dit : « justement, il va apprendre à devenir un homme. Là-bas, c'est la tactique, c'est la rigueur, c'est au quotidien. Là, il va vraiment grandir et il a vraiment le genre de profil vraiment le profil qu'on aime en Italie ». C'est le premier à me dire ça, alors que tous les autres me disaient qu'en Italie, il fallait aller plus tard, quand il sera aguerri. C’est une option mais je vois que des joueurs qui ont marqué beaucoup de buts en Ligue 1 comme Jonathan David ou Loïs Openda n’y arrivent pas à la Juventus de Turin.
Je parle avec d’autres personnes qui connaissent très bien Lucas et le verraient bien en Espagne car il adore le jeu au sol, les combinaisons. Il a grandi comme ça, à Anderlecht. C'est un jeu qui lui conviendrait bien aussi. Est-ce que ce serait la meilleure possibilité ? Je ne sais pas. L’été dernier, il y avait un club espagnol du top 6 ou 7 qui jouait la Coupe d'Europe. Ils voulaient aussi Lucas. On a dit stop parce qu'ils ne pouvaient pas mettre le montant qu’exigeait Saint-Etienne. Donc, de nous-mêmes, on a dit que ça ne servait à rien d'aller plus loin. Donc, on avait réfléchi à ça aussi. L'Angleterre ? Je pense que c'est le rêve de tout gamin de jouer en Premier League. Je pense qu’un jour Lucas pourra y jouer. Dans quelques années, quand il aura pris du muscle. Mais là, ce ne serait pas la bonne solution aujourd'hui. Là-bas, le niveau est vraiment élevé. Tu joues contre des vrais joueurs chaque semaine, même chez les moins bien classés.
Je suis vraiment fan de la Bundesliga. L’ambiance, le football, le stade, les gens qui se mélangent autour… Même les derniers du classement vont contre le Bayern pour jouer, même si ça finit par un 7-3. C’est le football total. Pour un atatquant, ça fait plaisir. Il y a beaucoup d’espaces, des moyens de se mettre en évidence en jouant dans de très beaux stades. Si je pouvais choisir, je partirais bien en Bundesliga. Comme j’ai dit à Lucas, on verra bien la suite mais si un jour t’as l’opportunité d’aller là-bas, fais plaisir à ton papa ! L’allemand est compliqué à parler mais ce n’est pas grave, ce sont des détails et aujourd’hui tout le monde parle anglais. Ce sera pas mal que Lucas aille là-bas. »
Potins| 16/11 19:03 Face à Bastia, les U19 n'y arrivent toujours pas |
| 16/11 18:24 Une montée avec les Verts, c'est extraordinaire ! |
| 16/11 16:52 Davitashvili écrasé par l'Espagne |
| 16/11 16:36 Stassin est moins bien, c'est très bien ! |
| 16/11 16:27 Une R3 après une R2 |
| 16/11 10:56 C'est le charme de la Coupe |
| 16/11 10:31 Mayilla piteusement éliminé |
| 16/11 10:05 Andrézieux a donné le Cabaton pour se faire battre |
| 16/11 09:41 Un bon match avec une équipe remaniée |
| 16/11 08:53 Ben Old buteur contre la Colombie |
Articles| 16/11/2025 Entre Poteaux - EP2 - Krees |
| 14/11/2025 Guy Ipoua : "C'est le match d'une vie" |
| 11/11/2025 Jelnivo pour prendre les Troyes points chez le leader de L2 |
| 09/11/2025 Solidaires |
| 07/11/2025 Damien Perquis : "Sainté ne peut pas se cacher !" |
| 06/11/2025 L'ASSE, d'une génération à l'autre |
| 04/11/2025 Jelnivo pour perdre l'Étoilico |
| 30/10/2025 Dylan Durivaux : "L’ambiance, à Bauer, elle est super !" |
| 30/10/2025 Jelnivo pour faire des Pau cassés |
| 29/10/2025 Une bonne réponse |
