La vista de Neyou
09/04/2021
A l'occasion d'un récent retour dans son quartier de Brunoy (Essonne), Yvan Neyou a accordé une interview rafraîchissante au compte Instagram Vista. Extraits.
"Au foot, je n’ai jamais été le meilleur. À Clairefontaine, il y avait pas mal de joueurs meilleurs que moi comme Allan Saint-Maximin. Quand je suis arrivé au centre de formation à Auxerre, ça a été quasiment la descente aux enfers. Quand je suis arrivé là-bas, je faisais 1m55 à 1m60. Tous les autres joueurs étaient grands, le plus important là-bas c’est le physique. On dirait qu’ils s’en foutent du football, ils n’ont jamais essayé de développer mon football. J’ai vécu trois années difficiles à Auxerre.
Je n’ai pas été conservé par l’AJA, je suis rentré dans mon quartier à Brunoy. J’ai appelé de moi-même des clubs, je me suis fait passer pour mon grand frère, j’étais mon propre agent. J’ai appelé plein de clubs comme Nice, Caen, Laval. Je n’ai pas lâché, j’ai rien lâché. Quand je me suis retrouvé à Sedan, j’ai dit à un pote : « La vie de ma mère que je vais signer pro ! Je sais pas comment, je ne sais pas où mais je vais signer pro parce que j’ai trop faim. Je ne vais pas regarder le monde avancer et moi rester sur place. Je ne sais pas qui va faire cette erreur de me faire signer pro mais je vais y arriver ! » (rires)
J’ai bien aimé Sedan, ça faisait longtemps que je n’avais pas vu un club qui me respectait autant et qui me donnait autant de liberté dans le football. J’ai joué jusqu’à arriver en équipe première. J’ai joué 17 matches en 6 mois. Plusieurs clubs comme Lille et le Standard de Liège ont pris des renseignements sur moi et j’ai signé mon premier contrat pro avec le Stade Lavallois, qui jouait en Ligue 2. Les premières semaines ça se passe plutôt bien mais j’ai du mal à encaisser l’enchaînement des matches, je me blesse. Quand je reviens c’est difficile et on descend en National.
Le coach qui arrive alors à Laval, c’est le mec qui m’a viré du centre de formation à Auxerre. Je me dis « c’est fini le foot, c’est mort ! » Mais au final, c’est un mal pour un bien. Il s’est rendu compte que j’avais grandi, que j’avais progressé. Il m’a fait jouer beaucoup de matches et ensuite j’ai signé à Braga pour jouer en équipe 2 qui jouait en Ligue 2. Les six premiers mois je n’ai même pas joué et après j’ai joué tous les matches. J’ai repris avec l’équipe première et ils m’ont prolongé. Trois jours plus tard le coach de l’équipe première qui me faisait confiance est parti au PAOK. Il m’avait dit « je compte sur toi. Tu n’as pas besoin de parler avec ta bouche, tu parles avec les pieds. »
Je me suis dit que j’avais vraiment une poisse de fou. En l’espace de 2 ans, j’ai connu 4 coaches à Laval, 5 à Braga. Peu m’ont fait confiance mais ça vient sûrement de moi. À Laval Marco Simone et Jean-Marc Nobilo m’ont fait confiance. A Braga, Rui Santos et Abel Ferreira. Le fait de changer souvent de coach ne m’a pas aidé.
À la fin de ma saison à Braga, je rentre dans mon quartier à Brunoy. C’est à ce moment-là que je reçois un coup de fil de Claude Puel. Dans ma tête je ne voulais plus vraiment retourner à Braga car ça ne s’était pas très bien passé. Parfois on ne respecte pas les jeunes, on ne leur donne pas la confiance qu’ils méritent. Parfois on les traite comme des moins que rien. Mais il me restait trois ans de contrat avec Braga. Le coach Puel me dit : « Yvan, j’aimerais te faire venir à Saint-Étienne, est-ce que ça t’intéresse ? » Moi : « Évidemment que ça m’intéresse ! Tu ne vois pas où je joue ? » (rires)
Franchement, sur le moment je n’y crois pas. Je me dis qu’il va encore se passer un truc. Il ne va plus me rappeler, ne plus donner signe de vie. Mais je vois que ça parle, mon agent me rappelle. C’est donc réel, il y a un vrai intérêt ! Je me dis que c’est peut-être le début de la fin du cauchemar. Je laisse le temps passer, je bosse, je me maintiens en forme. Finalement ça se finalise, je signe avec Saint-Etienne. Personne ne savait que j’étais en contact avec les Verts, aucun journal n’en avait parlé. Même ma mère et mes meilleurs potes n’étaient pas au courant. Ils le savent le jour où je signe.
Quand je suis convoqué pour la finale contre le PSG… Un truc de fou ! Deux semaines plus tôt, j’étais dans mon quartier, on jouait aux cartes, on rigolait. Et là je suis dans le groupe stéphanois qui va jouer la finale au Stade de France ! Je suis dans le groupe, avec des vrais joueurs de Ligue 1, des joueurs confirmés. Il y avait des mecs comme le capitaine Loïc Perrin, Mathieu Debuchy. Je suis dans le même car qu’eux. Je me dis dans ma tête : « t’as fait quelque chose mon petit ! » (rires)
Je ne m’attendais pas à jouer, je pensais même que j’allais suivre la finale dans les tribunes. J’aurais accepté, ça faisait deux semaines que j’étais au club. Mahdi Camara, qui est maintenant mon pote de fou au club car on joue au milieu ensemble, venait de prendre un carton jaune. C’est quelqu’un de nerveux. Je crois que le coach veut le sortir. Ça bouge, ça se rassoit, ça s’agite. Les joueurs du PSG s’énervent, demandent des cartons. Le coach adjoint dit : « va t’échauffer » Je pensais qu’il s’adressait à un autre joueur assis à côté de moi. Mais c’était à moi en fait. Je pars m’échauffer.
Je rentre à la mi-temps. Je me dis : « là, mon gars, c’est du football ! C’est pas comme quand t’étais en D2 à Braga ! Là, c’est du football, mec ! C’est une finale contre des mecs du PSG qui jouent la Ligue des Champions, vas-y maintenant ! Porte tes couilles et joue au foot ! » Je rentre sans pression. C’est du foot, c’est normal. Si on est là, c’est qu’on sait tous jouer au football. Ce n’est que du football mais tu as quand même cet esprit de vainqueur, tu te dis que tu vas tout faire pour gagner, pour ne pas être le dindon de la farce.
Quand je jouais au quartier à Brunoy, je jouais avec le plaisir. Là, c’est pareil. Je prends mon ballon, mes crampons. Prends ton ballon et fais ce que tu sais faire, ne te prends pas la tête ! Tu frappes fort ? Quand t’as la balle, frappe fort. Tu dribbles ? Quand t’as la balle, dribble. T’es bon un bon défenseur, tu peux tacler ? Quand tu sais que tu peux tacler, tacle. Fais ton truc, fais ce que t’as à faire et ça viendra tout seul !
Je parle beaucoup aux jeunes, ici à Brunoy comme ailleurs. Je leur dis de ne jamais lâcher. Hey, frère, la vie c’est super dur ! Il n’y a rien qui est facile. Moi, aujourd’hui, je suis là. Je n’ai pas réussi. C’est bien déjà ce que j’ai fait par rapport à d’où je viens. Mais je n’ai pas réussi. Quand les autres me voient, ils disent : «wouah, il a réussi de ouf ! » Les jeunes, ne lâchez rien, vous ne vous rendez pas compte de tout ce que vous pouvez accomplir ! Le jour où tu réussis un tout petit peu, le bonheur que ça met dans ton cœur, c’est incroyable !
La vie de ma mère, le football ça me procure de sensations que je n’ai jamais eues dans ma vie, que ce soit pour tout ! On me parle souvent d’amour, de haine, de peine. Y’a pas un truc qui m’a rendu plus malheureux et plus heureux que le football. Quand je perds un match… Demande comme ils m’appellent ici. La pleureuse ! La vie de ma mère, ça me fait des sensations, des frissons quand je pleure. Et quand je gagne, incroyable ! Tu peux parler avec moi, je te donne tout ! C’est magnifique le football."

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