La chute de notre standing vue par De Standaard

01/08/2022
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La veille du piteux match des Verts à Dijon, le quotidien belge néerlandophone de référence De Standaard a publié un papier sur l'ASSE que nous avons traduit.

La perte de la fierté du football français.

Après une saison désastreuse marquée par la violence, Saint-Etienne, autrefois la fierté du football français, disputera ce samedi son premier match de la saison de deuxième division. Pendant longtemps, la cité ouvrière a tiré sa fierté du football. Désormais, le club est en crise et la ville est à la recherche de son âme.

7 juin 1964. Après un match nul contre le RC Strasbourg, les joueurs de l'AS Saint-Etienne peuvent soulever le trophée de champions de France. Un coup d'éclat pour le club, qui vient d'être promu en première division. Les années dorées des Verts commencent. En deux décennies, ils ont remporté dix titres. Aucun club français ne fait mieux. Aimé Jacquet, Michel Platini, Salif Keita, Dominique Rocheteau. Les joueurs sont devenus des légendes vivantes et la ville minière adorait ses demi-dieux.

29 mai 2022. Quelques secondes après que Birama Touré a renvoyé son club d'Auxerre en Ligue 1 avec un tir au but, des milliers de supporters stéphanois prennent d'assaut le terrain. Leur club est relégué. La pelouse du stade Geoffroy-Guichard se transforme en champ de bataille. Des bombes fumigènes volent vers la tribune, les joueurs sont attaqués et en un rien de temps une brume de gaz lacrymogène plane dans le stade. La colère est immense, dans la capitale française du football.

Samedi, les Verts disputeront leur premier match de Ligue 2. Quelques jours plus tôt, la boutique des Verts est éteinte. Les nouveaux maillots, avec le nouveau logo, attendent les acheteurs dans les rayons. Les bacs à bonnes affaires débordent. 5 euros pour une écharpe, 2 euros pour un gant en mousse, 7 euros pour un peignoir vert : pas de chant de coq. « Il y avait des clients quand les nouvelles maillots sont tout juste arrivés en magasin », raconte Stéphanie, qui s'ennuie un peu derrière sa caisse enregistreuse. « Mais depuis… rien de plus. » Elle regarde l'esplanade menant aux portes du stade mythique. Il n'y a pas âme qui vive à voir. Stéphanie regarde l'horloge et soupire à l'idée qu'elle a encore quelques heures à tuer.

La vue du stade rappelle des temps meilleurs. Des moments où le chant de bataille résonnait dans les gradins, "Qui c'est les plus forts, évidemment, c'est les Verts". L'époque où les joueurs stéphanois défilaient sur les Champs Elysées après leur défaite face au Bayern Munich en finale de la Coupe d'Europe 1976, acclamés par des milliers de Français. Les Bleus font pâle figure en comparaison. Les Verts ont même été autorisés à prendre un café avec le président Giscard d'Estaing. Lorsque le club a disputé la finale de la Coupe de la Ligue en 2013, 200 000 supporters verts ont voulu obtenir un billet, alors que le stade ne compte que 80 000 places.

Saint-Etienne ne compte que 170 000 habitants. L'amour du club atteint tous les coins du pays et au-delà. A Saint-Etienne, le football est plus qu'un sport. "Ici, le calendrier des compétitions détermine le rythme de vie de la ville et de la région", explique l'historien du sport Pascal Charroin. Un phénomène que l'on observe aussi dans d'autres villes ouvrières ou populaires : Liverpool, Glasgow, Marseille, Dortmund, Naples, Charleroi. Lorsque leur équipe travailleuse gagne – notamment contre les clubs des villes bourgeoises – la fierté s'écoule. Le dimanche, les mineurs se rassemblaient pour soutenir leur équipe et oublier leur vie difficile. Ils sentaient que les joueurs se battaient pour eux, tout comme ils travaillaient dur pour gagner leur vie.

L'histoire du club et le déclin industriel de la ville sont inextricablement liés. Lorsque de nombreuses usines ont dû fermer dans les années 1970, une grande partie des habitants ont perdu leur emploi. "Notre club était la seule chose dont nous pouvions être fiers", raconte Luc Marlier sur un banc de la ville. Il est également devenu chômeur. « Les jeunes ne s'intéressent plus à cette histoire. Et maintenant que les résultats ne valent rien, certainement pas", lance-t-il quand on constate que rien dans le centre stéphanois ne fait référence à ce riche passé footballistique. "La ville ne s'en soucie guère. Ils veulent que Saint-Etienne soit aussi branché que Lyon. Apparemment, notre club populaire ne correspond pas à ce tableau. De cette façon, nous perdons un morceau de notre âme"

Les Verts ne descendent pas en deuxième division pour la première fois de leur histoire. Mais après une saison désastreuse et les émeutes de la fin, la gueule de bois n'en est que plus grande. Les présidents Bernard Caïazzo et Roland Romeyer ont également mis le club en vente. Depuis avril 2021 déjà. Jusqu'ici c'est infructueux. Si les supporters purs et durs aimeraient voir partir Caïazzo et Romeyer au plus vite (après une énième défaite, "traverser la rue" a été peint en grosses lettres sur le mur de la maison de Romeyer. Il habite en face d'un cimetière), les présidents ne le font pas. Ils tremblent à l'idée que leur club se retrouve entre les mains de riches Qataris. A Saint-Etienne (où une personne sur quatre vit dans la pauvreté), le football est un sport populaire. L'abonnement annuel le moins cher coûte 120 euros. A titre de comparaison, il coûte 550 euros au PSG. Une vente pourrait sauver le club mais au risque de perdre son âme."

 

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