Financial et les Verts

30/06/2022
bookmark bookmark
share share

Le Monde dévoile aujourd'hui les dessous d'un rapport de Fiducial, mandaté par Olivier Markarian. Extraits.

"Sponsor majeur et membre du conseil d’administration depuis quatre ans, Markarian a déposé une offre ferme, à l’automne 2021. Mais celle-ci a été retoquée dans des conditions pour le moins surprenantes, comme peut le révéler Le Monde sur la base de documents confidentiels.

Lorsqu’il se met sur les rangs pour acquérir le club, Markarian est accompagné de plusieurs investisseurs, dont Jean Fuchs, fondateur de Fuchs & associés, un fonds luxembourgeois spécialisé dans la gestion de fortunes et dont les actifs sont évalués à plus de 8 milliards d’euros. De quoi consolider l’offre de Markarian, qui baptise son projet « Glasgow », clin d’œil à la fameuse finale de 1976. Markarian a les moyens, lui aussi : il a revendu son entreprise, Markal, pour près de 80 millions d’euros. Après plusieurs mois d’échanges infructueux avec le cabinet KPMG, choisi par Caïazzo et Romeyer pour étudier les candidatures, Markarian a enfin accès à la data room, un serveur informatique supposé mettre à disposition toutes les données du club.

Le 1er octobre 2021, Markarian mandate le groupe Financial, un cabinet d’expertise comptable, afin d’analyser les risques liés à une éventuelle reprise de l’ASSE. Les experts-comptables pénètrent dans la data room… et ils tombent de haut. Des informations capitales leur sont refusées par KPMG, qui n’a pas donné suite aux sollicitations du Monde. Dès le préambule de leur rapport, remis début novembre 2021, les auditeurs avertissent : « Il est important de rappeler que notre mission s’est heurtée à diverses difficultés, à savoir :

– Accès à la data room tardif.

– Clôture de la data room au 1er novembre 2021.

– Les informations stratégiques n’ont pas été communiquées, telles que les contrats de joueurs, sans lesquels il était strictement impossible de pouvoir valoriser de manière juste le prix de transaction de rachat du club de l’ASSE. » Ennuyeux, en effet, quand on sait que la masse salariale peut représenter les deux tiers des charges d’un club !

A la lecture du rapport, on découvre toutefois certains chiffres très instructifs. On y apprend, par exemple, que la cession de joueurs a dégagé une plus-value nette de 45,4 millions d’euros sur l’exercice 2020-2021. S’agissant de la valorisation des joueurs, les experts pointent, par ailleurs, une « surévaluation de l’ordre de 13 millions d’euros ». L’audit s’attarde, en outre, sur les risques liés aux contentieux en cours. Ainsi, au sujet du gardien de but Stéphane Ruffier, évincé en janvier 2021, le document observe que l’ASSE « a provisionné 2 millions d’euros quand l’ex-portier réclame près de 5 millions d’euros ».

Quant au licenciement à venir de Claude Puel, les experts notent que « compte tenu de sa rémunération (250 000 euros brut mensuels) ainsi que la durée de son contrat », prévu pour prendre fin le 30 juin 2022, auquel il faut ajouter le licenciement de son adjoint ainsi qu’une « provision sur litiges », c’est une somme de 4 millions d’euros qu’il faudrait mettre de côté. Sans oublier de prévoir 1 million d’euros pour le recrutement d’un nouvel entraîneur. Au total, d’après le rapport, il y a là un « risque évalué à 10 millions d’euros ».

Citons encore le contentieux avec Ghislain Printant, prédécesseur de Puel sur le banc, où il est resté seulement dix matchs (juin-octobre 2019). Surnommé « Louis de Funès » par un vestiaire qui ne l’a jamais pris au sérieux, Printant a été licencié pour faute grave en novembre 2019. S’il a rapporté huit petits points au club, il lui a, en revanche, coûté très cher. A en croire l’étude de Financial, une transaction a abouti, le 29 juin 2021, à une indemnisation de plus de 1,1 million d’euros. Si 50 % ont été versés le 5 juillet suivant, la moitié restante, soit 572 000 euros, doit encore être réglée, le 5 juillet 2022.

Quant aux commissions concédées aux agents, Financial est très clair : « Nous n’avons pas pu obtenir le détail des contrats d’agents sur les principaux joueurs de l’ASSE. Il s’agit d’un point majeur (5,7 millions d’euros sur la saison 2019-2020, 2,3 millions d’euros en 2018-2019), représentant en moyenne 10 % du coût de la transaction. » La remarque vaut également pour les ventes de joueurs : « Le cabinet KPMG ne nous a pas communiqué d’informations… Il nous est donc impossible d’évaluer avec certitude les recettes attendues sur mutations de joueurs. »

Au terme de son rapport, le cabinet d’audit mandaté par Markarian égrène la liste – impressionnante – des données restées inaccessibles : les fichiers comptables informatisés d’ASSE Groupe, la holding qui chapeaute le club, les plaquettes des comptes détaillés et la liasse fiscale au 30 juin 2021, les procès-verbaux des réunions du conseil de surveillance tenues sur l’année 2021, le contrat du président exécutif Jean-François Soucasse, les contrats des agents lors des transferts, le montant total des commissions dues à ces derniers, l’identité des joueurs dont la cession est budgétée pour la saison 2021-2022 à 19,5 millions d’euros…

Alerté dès les premiers jours des difficultés rencontrées par Financial, Olivier Markarian envoie un mail cinglant à Bernard Caïazzo et Roland Romeyer, le 8 octobre 2021 : « Il est inconcevable de se positionner pour l’achat d’un club basé sur des chiffres vieux de seize mois. (…) La rétention d’information que vous opérez, l’impossibilité de communiquer et la perte de temps qui en résulte de manière générale dans ce processus est une aberration et le sera pour n’importe quel repreneur. Nous sommes prêts aujourd’hui à réallouer 40 M €. (…) Il s’agit ici d’une proposition à prendre ou à laisser pour une reprise immédiate de 100 % des parts et du contrôle des sociétés du périmètre. Nous nous engageons ensuite à investir les montants nécessaires pour donner au club les moyens de ses ambitions. »

L’alerte de Markarian reste sans effet. Le 1er novembre 2021, il écrit de nouveau à Romeyer : « Tu constateras par toi-même que, de manière objective et sérieuse, on ne peut pas faire une offre sur un club de football sans avoir la possibilité d’accéder à toutes les données qui font plus de 50 % des charges ! C’est justement à cela que sert une data room, au cas où KPMG et ton équipe “finances” ne le savent pas et continuent de nous prendre pour des lapins de trois semaines : étudier TOUS les éléments majeurs pour faire une offre sérieuse. Et oui, ne t’inquiète pas sur la capacité que nous avons eue à lever beaucoup d’argent à très court terme. Nous en aurons encore plus dès le processus final enclenché. »

Malgré tout, le 8 novembre, jour de la deadline fixée aux acheteurs potentiels par les dirigeants de l’ASSE, Markarian formule une offre ambitieuse, avec des garanties (maintien en L1, puis qualification européenne dans les trois ans). Il aurait proposé 20 millions d’euros pour le rachat des parts, une somme assortie d’une enveloppe de 60 millions à 100 millions d’euros consacrée aux investissements. Rien à faire, le 23 novembre 2021, dans un communiqué, les coactionnaires balaient son offre en ces termes : « Le cabinet de conseil a estimé que les garanties juridiques et financières apportées par les candidats sont insuffisantes. » De quoi dissuader les repreneurs potentiels.

Autre donnée susceptible de les refroidir : près d’un quart des parts du club sont placées sous séquestre par l’Etat ! En effet, l’ASSE est gérée par deux sociétés, la première, Cesse Foot, appartient à M. Caïazzo, la seconde, Croissance Foot, à MM. Romeyer et Carvalho. Or, ce dernier, condamné pour escroquerie en 2019, a vu dans la foulée ses parts du club, soit 22,5 %, saisies par l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (Agrasc). Interrogé par Le Monde, le patron de l’agence, Nicolas Bessone, ne nie pas l’incongruité de la situation : « C’est vrai que c’est atypique pour l’Etat de détenir les parts sociales d’un club mythique ! Mais on n’a pas pour vocation de gérer un club, notre but est donc de céder ces parts. »

Le directeur général de l’Agrasc révèle avoir « entamé en début d’année des discussions avec M. Romeyer, à sa demande, afin de lui vendre ces parts. Romeyer est clairement intéressé, il a un droit de priorité, car lui et l’Etat, qui s’est substitué à M. Carvalho, sont associés dans la même société ». « Nous sommes toujours en discussion, poursuit M. Bessone, mais la vente peut changer la donne : soit on se met rapidement d’accord avec M. Romeyer sur le prix, soit il y aura un repreneur, auquel cas on aura notre mot à dire, et on revendra bien sûr nos parts au nouveau propriétaire. »

Justement, un homme d’affaires américain, David Blitzer, s’est manifesté. Entrées en négociations exclusives au printemps, ses équipes auraient été refroidies par l’accueil réservé par Romeyer.  Tout Saint-Etienne espère pourtant que le milliardaire, déjà actionnaire de plusieurs clubs en Europe (Crystal Palace, en Angleterre, Augsbourg, en Allemagne), ne sera pas un énième mirage. « Le fait qu’il ait investi dans d’autres clubs, ça montre à la fois une passion et une logique, en voulant jouer une synergie », veut se rassurer le maire, Gaël Perdriau."

Potins
09/05 14:47
Reims veut finir rincé
09/05 14:07
Ito remis sur pied pour affronter Sainté
09/05 13:10
Mahdi MVP
09/05 12:00
Et si(ssoko) ?
09/05 10:51
Sans état d'âme Eirik
09/05 09:59
Fouss plus confiant pour son frère que pour les Verts
09/05 09:27
Un millier de supporters stéphanois attendus à Reims
09/05 08:31
Le Havre se met au vert
09/05 07:34
Reims vise sa 600e victoire en L1
09/05 07:12
Les Associés se font du souci
Articles
06/05/2025
Et s'il ne reste plus que toi
04/05/2025
Une équipe complète
27/04/2025
Le bon et le mauvais pressing
21/04/2025
Quel Derby !
17/04/2025
Engagez-vous, qu'ils disaient ...
14/04/2025
On ne gagne pas...
09/04/2025
Mahdi Camara : "Le Chaudron ne se dissout pas"
07/04/2025
A l'heure de la sieste
05/04/2025
Ruben Aguilar : "Lens et Sainté, ce sont deux gros peuples !"
31/03/2025
Quelle entame !

Partager