L'Ange Vert était rouge

05/06/2021
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Intéressant site italien consacré au football et à la politique, Pallonate in faccia a consacré son dernier article à Dominique Rocheteau. Extraits.

"Il a grandi dans une famille d’ostréiculteurs en Charente-Maritime, fief du centre droit gaulliste. Mais la famille Rocheteau est de tradition communiste. Lorsque les évènements de mai 1968 éclatent, Dominique a 13 ans, et sa sensibilité politique mûrit dans ce contexte culturel. Installé à Saint-Étienne, il se rapproche de l'extrême gauche trotskyste, celle du communisme internationaliste. Dans les vestiaires, ses coéquipiers le voient arriver avec le journal Rouge à portée de main.

Il s'agit d'une courte feuille autoproduite qui appartient à la toute nouvelle Ligue communiste révolutionnaire, le parti antistalinien et écologiste dirigé par Alain Krivine, qui avait été parmi les protagonistes de mai 1968. À la présidentielle de 1974, Rocheteau, 19 ans, vote pour eux, même si les libéraux de Valéry Giscard d’Estaing l’emportent et que la LCR ne prend que 0,37%, soit environ 23 000 voix.

Trois ans plus tard pourtant, aux élections municipales de Saint-Étienne, les trotskistes emmenés par la dirigeante locale Sigrid Duraj atteignent 3,2 % (plus de 2 000 voix), obtenant l'un des meilleurs résultats de leur histoire. Les années 70 sont l'âge d'or de l'engagement politique des jeunes, et elles sont aussi l'âge d'or de Saint-Étienne : les Verts remportent le championnat en 1974, 1975 et 1976, cette année-là ils vont jusqu’en finale en Coupe d’Europe mais sont battus par le Bayern de Munich.

Rocheteau est un personnage atypique dans le football français de son époque. Avec ses cheveux longs, ses tendances politiques bien connues et son goût pour le rock, c’est une sorte de George Best transalpin sauf qu'au lieu de boire et de faire la fête à ses heures perdues, il lit Bakounine, Proudhon, et bien sûr Krivine. Son surnom, « L’Ange Vert » ne rend pas justice à son personnage : c'est un anticonformiste et un rebelle sur et en dehors du terrain, réfractaire aux schémas tactiques. Dans le 4-3-3 de Herbin, il part de l'aile droite, mais se laisse ensuite entraîner vers le centre, devenant un meneur de jeu derrière Hervé Revelli : il va là où le ballon l'appelle.

En 1978, la France est qualifiée pour le Mondial pour la première fois depuis 1966, mais la polémique contre la dictature argentine est forte dans le pays, de nombreux intellectuels prenant position pour un boycott de la Coupe du monde. Rocheteau, l'un des joueurs les plus représentatifs de l'équipe alors qu'il n'a que 23 ans, ne décline pas sa convocation ; cependant, il organise une rencontre entre l'équipe nationale et Bernard-Henry Lévy, pour expliquer ce qui se passe en Argentine et convaincre ses collègues de porter au moins un brassard noir sur le début du tournoi, qui verra les Bleus s'opposer à la Albiceleste. Seuls trois se présentent à la réunion, la protestation saute.

La révolution de la jeunesse s'éteint lentement et est sur le point de conduire à l'apathie des années 80. Même Saint-Étienne change : la politique des jeunes est jugée peu avantageuse pour un club qui veut être définitivement parmi les grands d'Europe, alors l’ASSE commence à investir dans des recrues très prestigieuses, comme Jacques Zimako et Johnny Rep de Bastia, Bernard Lacombe de Lyon et Michel Platini de Nancy.

Toujours hanté par les blessures, Rocheteau n'est plus considéré comme intouchable, et en 1980 il s'installe au Paris Saint-Germain, où il devient un buteur d'exception. Son tansfert sensationnel à Paris sera annoncé en exclusivité dans les pages de Rouge, et ce sera aussi l'un des derniers coups d'éclat de la LCR. Dans sa valise pour la Coupe du monde 1986, Rocheteau n’emportera plus les écrits de Bakounine et de Krivine, mais « L'insoutenable légèreté de l’être » de Milan Kundera et « Tendre est la nuit » de Francis Scott Fitzgerald.

Dominique Rocheteau soutient tièdement la présidence de Mitterrand, il devient progressivement de plus en plus indépendant et distant, au point de refuser de soutenir publiquement Lionel Jospin en 2002. Aujourd'hui, la LCR a fusionné avec le Nouveau Parti Anticapitaliste, mais Dominique Rocheteau n'est plus là. On le voit plutôt bavarder avec Daniel Cohn-Bendit, autre vétéran de 1968 : même loin de Saint-Étienne, Rocheteau est resté « vert », et du trotskysme il s'oriente vers l'écologisme."

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