Joseph aidera les Amazones à mieux gérer leurs émotions

19/07/2025
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Ex-entraîneur des filles de Rodez, Soyaux et Dijon, le nouveau coach des Amazones Sébastien Joseph a accordé un intéressant entretien à Vestiaires. Extraits.

"Les différences majeures entre entraîner des hommes ou des femmes en termes de gestion des émotions ? Il va y avoir des aspects qui vont être différents, notamment sur la gestion du stress, la gestion de l'agressivité, la gestion de l’abord de certains matchs. Une fille aura plus ses facultés neurologiques à avoir une gestion de l'agressivité bien plus maîtrisée, que ce soit à travers un match ou une action spécifique dans la gestion de la frustration, une interaction avec le public ou avec un élément. Elle aura moins ces réactions impulsives ou agressives que peuvent avoir des garçons. En revanche, dans l’abord de certains matchs, de certaines rencontres à enjeux spécifiques, leur parcours fait qu'il va y avoir une gestion du stress un peu plus importante, un peu plus marquée sur le public féminin.

Comment j’explique ces différences ? Je pense qu'il y a différents points. Le premier, chez les garçons, il y a d'abord un aspect physiologique où la testostérone est plus présente chez les garçons, qui amène aussi certaines réactions impulsives ou agressives qui sont forcément un peu plus marquées. Et puis, le parcours de vie de la joueuse ou du joueur, dans le sens où les joueurs vont être soumis un peu plus tôt à une certaine gestion du stress, à certains matchs à enjeux, lorsqu'ils vont être amenés à devoir se battre pour entrer sur des pôles d'espoir, des centres de formation.

Un aspect de la compétition au niveau national, avec des enjeux sportifs qui arrivent plus tôt chez les garçons. Tous ces éléments-là, leur formation dans leur cursus de joueur, les amènent à avoir une prise de conscience de la gestion du stress un peu plus précoce que chez les filles, où les championnats nationaux n'arrivent qu'à partir des U19. Jusqu'à maintenant, les pôles d'espoir, les concours d'entrée, se faisaient sur les années lycées.

Des choses arrivaient donc un peu plus tardivement dans leur parcours, dans leur cursus. Lorsqu'une fille basculait sur la D1 assez rapidement - il y a encore quelques années de ça, une très bonne joueuse des 16-17 ans apparaissait dans le paysage de la D1 féminine - elle se retrouvait peut-être avec des gestions de stress de certains matchs à enjeux sur lesquelles elle n'était pas encore tout à fait prête.

Si j’ai noté une évolution depuis dix ans dans l’élite féminine ? Effectivement, on a une gestion du stress qui a évolué sur le public féminin pour une simple et bonne raison : le fait qu'elles soient aujourd'hui professionnelles, plutôt qu'elles soient dans des conditions professionnelles avec des staffs qui leur permettent aussi de travailler aujourd'hui avec, bien sûr, les prépas physiques, etc., qu'on avait l'habitude d'avoir, mais aussi maintenant des prépas mentaux dans la plupart des clubs. C'est un accompagnement.

Les filles découvrent une vie de sportive de haut niveau au quotidien, dans tout ce que ça demande sur la préparation, sur la fixation d'objectifs, sur leur cursus. Aujourd'hui, le fait d'être professionnel nous amène aussi à avoir plus de joueuses étrangères dans le championnat de France et, du coup, plus de joueuses aussi internationales sur différents types de sélections. Et forcément, je dirais, ces joueuses qui ont ces cursus de très haut niveau amènent une gestion du stress, une expérience différente.

L’avantage pour un coach de travailler avec des filles ? Je trouve qu'on peut avoir plus de discussions constructives, raisonnées et réfléchies sur parfois un plus long terme, sur justement comment est-ce qu'on évalue la gestion du stress, quel process on peut mettre en place pour travailler avec la joueuse sur le long terme, sur justement cette gestion des émotions, cette fixation d'objectifs. On peut travailler d'une manière plus objective et constructive sur la dynamique de groupe. Et toutes ces petites choses-là font que je trouve que dans la construction du projet de vie, mais aussi dans la construction du projet de groupe, on arrive à avoir des échanges qui sont plus constructifs sur un objectif club.

Est-ce que cela requiert une adaptation spécifique ? Cette gestion émotionnelle va passer par un travail spécifique, mais qui nécessite déjà de bien questionner la joueuse. Il y a des questionnaires aujourd'hui qui existent sur l'anxiété de trait, l'anxiété cognitive, la gestion du stress, l'état de fatigue. Le STAI de Spielberger, le questionnaire POMS. Toutes ces choses-là vont me permettre déjà de définir un bon diagnostic, une bonne cartographie de la joueuse pour ensuite aller vers tout ce qui va être les routines, les fixations d'objectifs, la communication, qui vont permettre d'être le plus efficient possible avec la joueuse. Dans la construction, sur le public féminin, il est nécessaire de prendre ce temps, mais comme on pourrait aller, par exemple, sur les préférences motrices d'un joueur ou d'une joueuse. Ça fait partie de sa cartographie qu'il faut bien déterminer.

Si c’est plus facile pour un coach de travailler avec des jeunes filles ? Pour un formateur, je pense que c'est plus facile de travailler avec un public féminin parce qu'on a un aspect collectif, un abord du sport qui est effectivement sur une vision beaucoup plus collective alors que le garçon va être plus un peu égocentré sur sa réussite, son parcours, et parfois, malheureusement, c'est aussi le fonctionnement qui fait ça, de vouloir un petit peu, bien sûr, battre l'adversaire, mais battre aussi son coéquipier parce qu'au final, il n'y aura pas de la place pour tout le monde.

On peut se permettre avec le public féminin d'avoir un abord collectif qui est beaucoup plus intéressant, je pense, par rapport à la réalité du sport. Après, sur le très haut niveau, je pense que sur le public masculin, il y a des choses qui vont être plus intéressantes et plus faciles à mener sur, justement, certains matchs, sur certains objectifs à court terme. Donc ça, je pense que c'est quelque chose qui est intéressant parce que, justement, si on met une charge émotionnelle trop forte sur les filles, ce sera plutôt contre-productif.

Le conseil que je donnerais à un coach qui commencerait tout juste à entraîner des filles ? Ce serait de prendre le temps, vraiment, d'échanger avec sa joueuse, de bien évaluer, justement, à travers certains questionnaires, quelle peut être l'étape psychologique de sa joueuse, son abord à la gestion du stress, des événements, l'estime de soi, la confiance en soi et la fixation d'objectifs. Toutes ces petites choses-là qui, sur les aspects mentaux, vont lui permettre d'être dans la réalité de ce que recherche sa joueuse. Ce serait de pouvoir l'accompagner le mieux possible sur tous ces petits éléments du quotidien qui feront que, dans l'abord de la rencontre, il n'y aura pas forcément le même discours, le même dernier petit mot.

À l'entraînement, il n'y aura pas forcément les mêmes attentes. L'idée, c'est pouvoir aussi mettre des routines en place sur des éléments, peut-être, de respiration, je reviens encore sur la fixation d'objectifs, sur la discussion, sur des choses qui lui seront vraiment utiles et nécessaires pour individualiser ses profils et ne pas avoir quelque chose d'assez généraliste en se disant "avec les garçons, je faisais ça, donc, avec les filles, je vais faire exactement la même chose."

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