Dominique ne jouait pas pour le fric

12/11/2023
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Dans son excellent Foot sentimental paru le 19 octobre dernier aux éditions Le Cherche Midi, Dominique Rocheteau souligne que l'argent n'a jamais été son moteur. Extraits.

"Qu’est-ce que je n’avais pas dit ! Je crois qu’il s’agissait de ma première interview au quotidien régional Le Progrès, accordée à Gérard Simonian, un journaliste qui comptait beaucoup dans l’univers du Saint-Etienne des années 1970. Avec la naïveté et l’insouciance de mes 17 ans, j’avais déclaré quelque chose du genre : « Je ne pratique pas le sport pour l’argent, je pourrais jouer même si je n’en gagnais pas. » A la lecture de cet article, le matin de sa parution, le vestiaire stéphanois avait commenté les deux ou trois passages… qui ne passaient pas. Les joueurs les plus expérimentés y étaient allés de leurs remarques et de leurs mises en garde, style : « Parle toujours, gamin, tu vas vite changer d’avis. Mais fais quand même attention à ce que tu dis… » De tous les côtés, ça chambrait, Jean-Michel Larqué et Hervé Revelli n’étant pas les derniers à allumer la mèche.

En arrivant à Saint-Etienne, j’ai considéré que j’avais une chance exceptionnelle de rejoindre un club mythique où j’allais côtoyer des joueurs illustres comme Salif Keita, Hervé Revelli ou Robert Herbin. C’était un privilège que je croyais inaccessible. Venant d’un petit village de Charente-Maritime, j’avais des étoiles plein les yeux. Partout où ils se posaient, j’étais émerveillé : le stade, le terrain, les installations, le public. Je n’arrivais pas avec l’intention de gagner de l’argent : je ne savais même pas qu’on pouvait recevoir un salaire en jouant au football !

Quand Pierre Garonnaire, le recruteur de l’ASSE, m’a soumis un contrat de stagiaire en 1971, vous pensez bien qu’il n’était pas question de discuter du moindre détail. Je l’ai signé pour 800 francs mensuels comme le prévoyait la Charte du football professionnel. Sincèrement, à 16 ans, c’était l’eldorado. Je n’avais aucune notion de ce que représentait l’argent : à la maison, mes parents n’en parlaient jamais. Ils travaillaient beaucoup et durement pour gagner leur vie mais je ne cherchais pas à en savoir plus.

Trois ans plus tard, après quelques matches en D1 et plusieurs blessures qui ont ralenti ma progression, je suis passé à un autre niveau : la signature de mon premier contrat professionnel, que je n’ai pas davantage négocié. C’était à prendre… et à ne pas laisser : il y avait beaucoup de candidats et peu d’élus. Faute de proposition contractuelle de la part de la direction de l’ASSE, j’ai vu plusieurs de mes camarades plier bagage et retourner dans leur club d’origine. C’était dur pour eux. Mon salaire a été aligné sur la grille de la Charte, c’est-à-dire au minimum, mais ce n’était pas un problème. J’ignorais ce que touchaient les joueurs dont je partageais le vestiaire, le sujet était un peu tabou et les médias, contrairement à aujourd’hui, ne l’abordaient jamais.

Dans la foulée de la saison 1975-1976 et de notre belle campagne européenne, mon contrat a été revalorisé. J’ai compris que mon statut avait changé lorsque j’ai été reçu, dans son bureau, par le président du club, Roger Rocher. C’était un homme impressionnant, la pipe à la bouche, placide derrière sa table recouverte de nombreux dossiers. Il était très paternaliste avec ses joueurs mais en imposait. Seul face à lui, du haut de mes 21 ans, j’ai signé le document qu’il me proposait. Dans mon esprit, à cet instant, il n’y avait pas lieu de discuter. Le métier d’agent n’existait pas pour défendre les intérêts des joueurs, et lorsqu’il était question d’impresario, il s’agissait plutôt d’organisateur de matches, de tournois ou de tournées à l’étranger. Pour le reste, tout était à inventer.

Je suis resté huit ans à Saint-Etienne, où j’ai été pleinement heureux, et jamais je n’ai contesté les termes de mes contrats. Je les ai tous signés, j’avais une totale confiance en Charles Paret, le directeur général du club, puis en Jean-Claude Marjolet, le secrétaire général. Quelques années plus tard, j’apprenais l’existence d’une caisse noire. Cela montre, pour le moins, que l’argent altérait déjà le football de haut niveau, d’autant que les clubs professionnels, comme Saint-Etienne à l’époque, n’étaient pas organisés comme aujourd’hui en sociétés commerciales mais en associations régies par la loi de 1901, ce qui réglementait et limitait la réalisation de bénéfices."

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