Si toute la planète aura les yeux braqués sur le choc qui opposera Sainté à Ajaccio cet après-midi à Mallemort (Bouches-du-Rhône), l'ancien meneur de jeu des Verts et des Lions de l'Atlas Mustapha El Haddaoui a accepté de nous dire quelques mots sur la rencontre de ce soir.

"Je vis à fond le parcours de nos Lions de l’Atlas. Avec quelques autres anciens internationaux marocains invités par la fédération, on est en très content d’être là au Qatar et de soutenir notre sélection qui fait un parcours exceptionnel et historique. Je pense que le changement de sélectionneur a été bénéfique. Il y avait avant des tensions, Vahid n’avait plus la main dans le groupe. Il ne voulait plus convoquer des joueurs comme Ziyech que le monde entier veut voir. Le président a eu le courage de nommer Walid Regragui, un gars intelligent qui a su mettre en place une vie dans le groupe. Walid a apporté une dynamique, une discipline tactique de très haut niveau. Les joueurs adhèrent complètement à son projet, montrent beaucoup de courage, de hargne, de niaque, à l’image de Ziyech. Avant il ne défendait pas, même avec son club. Là il y a un changement total, il fait un travail extraordinaire y compris dans les replis défensifs.

Ce n’est pas un hasard si on est dans le dernier carré de la Coupe du Monde. On a fini premier du groupe devant la Croatie et la Belgique, on a ensuite éliminé deux ténors, deux favoris, l’Espagne puis le Portugal. Les Lions de l’Atlas forment un vrai collectif très solidaire et décomplexé. Ils sont unis, formidables dans leur vie de groupe. Il faut tirer un coup de chapeau à Walid et à son staff, ils ont su en peu de temps mettre tout ça en place. Ils ont su consolider une équipe qui est métamorphosée complètement. L’appétit vient en mangeant, match par match les Lions de L’Atlas montent le niveau. Ils sont très costauds. Au milieu de terrain, ils sont guidés par un Amrabat phénoménal, un gladiateur. On a des joueurs talentueux et déroutants devant comme Boufal et En-Nesiry. On a aussi des remplaçants qui se mettent au niveau des titulaires quand ils entrent en jeu, c’est extraordinaire.

On a une sélection qui joue de façon pointue, toutes les lignes sont rapprochées. On laisse très peu d’espace à l’adversaire. Nos Lions de l’Atlas harcèlent le porteur du ballon. Nos joueurs sont généreux, ils défendent bien. Ce n’est pas le catenaccio mais il y a une organisation rigoureuse et bien pensée, intelligente. On joue avec nos forces, on a une équipe prudente mais qui sait faire mal et jouer les coups à fond. On a un gros mental et techniquement on a des qualités. Je ne m’attendais pas forcément à ce qu’on parvienne en demi-finale mais je ne suis pas surpris que cette équipe arrive à performer. On a un groupe méritant, qui n’a pas fini d’écrire une belle histoire du foot marocain, arabe et africain.

Ce soir on a rien à perdre, la pression sera sur les champions du monde, les Bleus seront favoris. Ce n’est pas l’adversité qui me fait peur mais il faudrait récupérer quelques blessés, Aguerd dans l’axe et le capitaine Saïss. Mais depuis le début de la compétition les entrants ont montré qu’ils méritaient de porter ce maillot-là. On sait que la France a un groupe extraordinaire et un sélectionneur en place depuis très longtemps alors que le nôtre n’est là que depuis quelques mois. Mais les Lions de l’Atlas peuvent encore créer un exploit. Comme le dit de Walid, on a le droit de rêver. On montre beaucoup d’abnégation et on voit bien que le plusieurs sélections se sont cassé les dents face au dispositif mis en place par Walid.

On respecte beaucoup l’équipe de France mais on ne va pas se présenter en victime expiatoire. On ne compte pas les regarder jouer. On a la chance d’avoir Hakimi qui va jouer sur le côté face à son ami Mbappé, on est tranquille de ce côté-là. Après, on sait qu’il y a Giroud en face mais on a aussi des gars qui sont bons de la tête. On s’attend à un combat très difficile au milieu de terrain. Cela va être un match de haut niveau entre des équipes qui se connaissent bien car plusieurs de nos joueurs ont été formés en France ou y jouent encore. Pour moi c’est du 50-50. Il faudra concrétiser le peu d’occasions qu’il y aura et continuer d’afficher ce mental de guerrier. On sent que le regard des autres pays sur nous a changé, même Didier Deschamps et ses joueurs se méfient."