Romain hors terrain

15/12/2021
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Romain Hamouma a accordé un bel entretien à Mohamed Bouhafsi dans "Hors Terrain", podcast à écouter sur Amazon Music. Extraits.

"Le 19 juillet 2012, c’est une date importante pour moi. C’est la date de mon arrivée à l’ASSE. C’était beaucoup de joie, d’appréhension aussi car c’est un très, très grand club. Mais j’étais plein d’ambition, déterminé. C’était impossible pour moi d’imaginer que j’allais jouer plus de 300 matches avec les Verts et gagner un titre. A 34 ans, être toujours dans un club français, c’est énorme ! J’avais signé quatre ans, je n’aurais jamais cru que je resterai tant d’années dans un club comme ça, très exigeant par ce qu’’il a été dans les années 70 et par ce qu’il est encore actuellement car il y a un public qui demande beaucoup. Pouvoir passer autant d’années dans ce club... Moi j’en suis tombé amoureux et je suis content d’y être encore !

J’ai eu beaucoup de clubs sur moi quand j’étais à Caen. J’ai eu Paris, Marseille, Lyon, Lille. Mais c’est le coup de fil de Christophe Galtier et notre rencontre qui ont fait que j’ai choisi Saint-Etienne. J’ai besoin d’humanisme dans ma relation, je veux que la personne soit humaine. Christophe s’intéresse au joueur, à la personne. Et ça, c’est le plus important pour moi. Il m’a mis dans le bain et a été très exigeant tout de suite. Pendant toute ces années il a toujours été très proche de moi, on a gardé ce relationnel. C’est ce qui a fait la différence. Je ne sais pas ce qu’il pense exactement de moi mais je sais que quand je le vois, j’ai énormément d’affection pour ce coach. C’est quelqu’un qui n’oublie pas, qui est respectueux. C’est quelqu’un qui me touche. Alors j’ai connu des embrouilles, mais j’ai connu des moments comme la Coupe de la Ligue, des moments de famille. Tout ça me touche. Quand j’en parle ça me remue un peu car je repense à tout ça.

Je pense aussi au stade. Quand ça va bien, il est incroyable ce stade. Quand ça va mal, c’est dur. Ce public est incroyable, c’est ce qui fait qu’on aime Saint-Etienne. T’es transporté. Transporté ! Incroyable. Les gens ils vivent pour ce club, ils se privent pour ce club, ils font des concessions pour aller au stade parce qu’ils aiment ça. Ils ont envie de partager, de soutenir le club. Pour eux c’est leur exutoire après leur semaine de travail. Ce public incroyable, ça me touche parce que Saint-Etienne, c’est le travail. Sainté, ce n’est pas une ville qui roule sur l’or. On sait que le public est populaire et que les gens font énormément d’efforts pour venir au stade. C’est bien sûr difficile pour moi de voir actuellement le club dans un état comme ça.

Marquer dans le derby, c’est lunaire. Quand tu marques dans le Chaudron, déjà, c’est incroyable. Quand tu marques dans le derby, tu sors de toi-même. Quand t’entends le public derrière toi. Waouh ! Incroyable ! Quand t’arrives à l’ASSE, tu sais que t’es dans le club des Larqué, Platini… Dès que t’arrive on te le dit mais tu le sais déjà. C’est un club qui est assez impressionnant par son histoire. Le musée est intéressant à faire, on l’a fait il n’y a pas longtemps encore. C’est hyper intéressant. Tu vois tout ce qui s’est passé, la ferveur autour de ce club. C’est quand même le club qui a descendu les Champs-Élysées, t’imagines ? C’est assez extraordinaire. Saint-Etienne, c’était la France !

Si je dois garder une image, c’est ça, la descente des Champs. Je trouve que c’est hyper représentatif ! Descendre les Champs, à Paris alors que t’es Saint-Etienne et que tu viens de perdre la finale de la Coupe d’Europe. Ça te montre la ferveur qu’il y avait autour de club. Une ferveur nationale, c’était vraiment la France. C’est incroyable ! Moi je pense qu’il faut être fier de ça, être fier de jouer pour ce maillot. C’est important de continuer à perpétuer ça. Y’a pas longtemps, on a revu les matches de cette époque. Ils ont joué des équipes de fous. C’étaient des ogres contre les petits stéphanois. Petits mais costauds ! C’est ça qui est cool, ça faisait un peu style Coupe de France. Le petit poucet, quoi ! Mais en fait tu te rends compte qu’ils avaient une équipe qui était valeureuse. Ils se battaient, ils n’avaient peur de rien, ils remontaient des scores de fous furieux emmenés par ce public incroyable. Les gens assis sur les toits et tout, un club de fous !

Le poids des anciens, on le ressent au sein du club. On les entend… On les entend bien fort, hein Jean-Michel ! (rires) On l’entend bien. Après, ce sont des gens amoureux du club. Quand ça va un peu moins bien, forcément ils sont tristes et ils le font savoir. Pas toujours de la bonne manière, mais c’est normal, ce sont des amoureux du club. « Allez, qui c’est les plus forts évidemment c’est les Verts, ils ont un bon public et les meilleurs supporters, on va gagner, ça c’est juré, alleeez ! » C’est une belle chanson.

À Sainté j’ai eu longtemps cette remise en question, cette impression d’illégitimité, ce syndrome de l’imposteur. J’ai vu une psychologue du sport pour ça. Et des fois ça revient. Le fait d’être bien élevé, cette faculté de te remettre en question, moi elle y est tout le temps. Elle y est trop souvent. Trop ! L’humilité qu’on t’inculque, moi elle est trop présente dans ma carrière. Et quand tu regardes les grands joueurs, ils n’ont pas cette humilité. Moi c’est ce qui m’a manqué à un moment donné, d’être plus confiant, d’être plus sûr de moi. J’avais ce sentiment du mec qui n’est pas à sa place, j’en ai discuté énormément avec une psy. Je disais des choses, tout et son contraire. Je disais que j’avais ce syndrome d’imposteur et quand je ratais des trucs je disais « je n’ai pas le droit de rater ça. » Elle me disait : « Tu penses que tu n’es pas légitime et tu penses que tu ne dois rien rater ? » je n’acceptais pas le sentiment d’échec.  Je me contredisais. On a beaucoup discuté sur plein de choses comme ça, ça m’a énormément aidé et servi au cours de la carrière. On veut toujours mieux faire mais il y a des moments où la remise en question est trop présente. Moi je me souviens d’être dans des réunions qui n’étaient pas pour moi et de me sentir visé.

En 2014, j’ai eu des présélections en équipe de France, j’étais dans les 50. C’était impensable ! mais là j’étais vraiment bien. Bien dans mon football, bien dans ma tête, en confiance. J’étais super bien. Mais après il y a eu des blessures qui sont venues m’embêter un peu mais je suis quand même fier de ça. J’étais fier de rendre heureux mes parents, ma femme, mon fils Victor. Les blessures je les ai eues, je n’ai rien fait pour. Si je ne les avais pas eues, aurai-je fait une autre carrière ? Certainement. Mais est-ce que j’étais capable de faire une autre carrière ? Est-ce que ce n’était pas ma limite ? Peut-être que j’ai trop forcé sur mon physique. Je pense que le très haut niveau, ce n’est pas facile. Peut-être que c’était ma barrière, que c’était trop haut pour moi. Je suis un peu triste de ça car j’aurais aimé voir ce que ça aurait donné.

Je ne sais pas si je vis ma dernière saison à Saint-Etienne. J’ai 34 ans, j’avoue que physiquement des fois ça pique un peu. Les saisons sont difficiles là à Saint-Etienne en ce moment. Je ne sais pas. J’attendrai, quitte à changer de niveau. Mais j’arrêterai quand je sentirai le moment, je ne forcerai pas plus. Si je sens que c’est fini, ça s’arrêtera. Je ne veux pas avoir de regret en tout cas. Je ne veux pas arrêter en me disant « t’aurais peut-être dû continuer. » Je pense qu’il faut toujours garder le goût, l’envie, la détermination, l’ambition. Si on n’a plus ça, il faut arrêter. Je suis en fin de contrat avec l’ASSE, ce n’est pas une injustice. Je respecte les gens en place, la politique mise en place.

Je pense que tu dois prolonger quand tu apportes quelque chose au club. On ne prolonge pas les joueurs pour leur faire plaisir. Le plus important, c’est l’institution. Empiler les contrats car je suis Romain Hamouma et que ça fait dix ans que je suis là, ça n’a aucun intérêt. On n’est que de passage. Je ne suis que de passage à Saint-Etienne, les autres aussi. Le plus important c’est le club, ce que l’on veut faire du club. On doit faire des contrats pour faire progresser le club. Moi je suis un ouvrier du club. C’est ce que dit Blaise Matuidi, un bon gars, un bon Stéphanois. J’ai prolongé cette année en voulant aider le club, ça ne se passe pas super bien, je l’avoue, j’ai un peu de mal.

Ça me touche car l’année dernière j’étais bien. Rater la prépa a été compliqué, on est dans une période difficile avec beaucoup de jeunes joueurs, une reconstruction. Ce n’est pas simple de voir son club galérer et de ne pas pouvoir l’aider. Je vais me batte pour revenir comme je l’ai toujours fait. Mais je ne suis pas là à demander des contrats de cinq ans ou six ans, je m’en fous. Ce que je veux, c’est que le club soit là où il doit être. J’ai une reconversion au club qui est importante pour moi, pour aider le club. Si je ne dois pas continuer à Saint-Etienne, je ne continuerai pas à Saint-Etienne. mais je continuerai pour le football et pour apporter ce que je connais. Je ne connais que ça et je pense que je peux aider plein de gars.

J’en ai parlé au club, je souhaiterais m’occuper des attaquants, parce que j’ai été attaquant toute ma carrière. En fait je voudrai être coach des gardiens mais pour attaquants. Je veux avoir une relation de confiance avec les attaquants, comme si j’étais un grand frère. Ce n’est pas moi qui vais décider si l’attaquant joue ou pas, je m’en fous. Moi ce qui m’intéresse, c’est de faire progresser le mec, et de savoir quand il va bien ou pas. C’est ça qui est important pour moi. Ça, je ne l’ai pas eu à Saint-Etienne, et je pense que c’est très important pour les joueurs d’avoir quelqu’un sur qui tu peux compter, à qui tu peux parler, qui soit honnête avec toi et qui veut te faire progresser : faire des retours vidéo sur les matches, des p’tits trucs comme ça.

J’aimerais que les supporters se souviennent de moi en disant que j’’étais un bon mec, que j’étais un bon footballeur – c’est important quand même - et que j’ai toujours fait le maximum. Voilà, c’est tout !"

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