C’était implacable et si sournois...

13/10/2022
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Dans son autobiographie Libre parue aujourd'hui aux éditions Solar, Claude Puel revient évidemment sur ses vertes années. Extraits.

"Saint-Etienne avait conclu sa saison 2018-2019 sur une très bonne quatrième place. Jean-Louis Gasset décidait de souffler et de ne pas débuter l’exercice suivant. Les dirigeants devaient prospecter pour son remplacement. En ce mois de juin, indirectement, j’étais approché et des intermédiaires venaient tester mon intérêt. L’équipe avait pour moi « superformé » magnifiquement. Son environnement, dans le club, les médias, les supporters, devait être plein d’espoir de confirmation et d’ambition à titiller les clubs au-dessus. Je n’avais pas cette analyse. Je trouvais l’équipe un peu vieillissante et l’effectif pas assez calibré pour enchaîner matches de championnat et de Coupe d’Europe. Cette attente ne me paraissait pas saine et des premiers résultats non conformes auraient suscité très vite de l’incompréhension. Je ne répondais pas à ces premières approches.

Le club faisait une promotion interne, confiant cette lourde tâche à Ghislain Printant. Les débuts difficiles de l’ASSE amenaient les dirigeants à un changement d’entraîneur. Etant toujours libre, ceux-ci demandaient à me rencontrer, me présentaient le club, son potentiel, leur désir de me confier les rênes de l’équipe. Ma réflexion évoluait, et, cela peut paraître paradoxal, le classement, 19e, me laissait penser que l’attente serait moindre, l’environnement plus compréhensif et propice à accompagner le club sur un travail de fond. Je répondais par l’affirmative à leur proposition à la condition que Jacky Bonnevay m’accompagne comme adjoint ainsi que Xavier Thuilot en tant que directeur général.

(…)

Le club, pour suivre son projet ambitieux et coûteux, avait investi, emprunté, cédé son meilleur jeune William Saliba et s’était endetté pour répondre à une attente importante en menant une politique de joueurs confirmés. Mais ce modèle n’était plus viable pour le futur du club qui vivait au-dessus de ses moyens. Il fallait redimensionner le projet, baisser la masse salariale et créer des actifs. C’est-à-dire développer de jeunes joueurs du centre de formation qui pourraient représenter une manne financière en cas de besoin pour le club. Il en allait du devenir du club. C’est vrai, j’avais formulé beaucoup d’ambition lors de ma venue pour aider l’ASSE à performer et à pouvoir la situer à un niveau hiérarchique plus conforme à son glorieux passé. Mais je devais me rendre à l’évidence...

Je me retrouvais face à une situation ô combien périlleuse qui allait automatiquement, un jour, déboucher sur une incompréhension. Dans de précédentes aventures, à Lille et à Nice, nous étions partis d’une page blanche avec un tout petit budget, parfois avec  une interdiction de recrutement à titre onéreux, mais sans antécédents à supporter. Là, il s’agissait d’un tout autre challenge. Je ne cache pas que ma première pensée a été : « Mais dans quoi je me suis mis ? »(…)  Je n’avais pas le droit de réagir ainsi. Après un très court atermoiement, il n’y avait pas de place à la frustration, je me devais de relever ce défi et ne pas me polluer l’esprit avec une quelconque pensée négative. Je me mettais au travail.

Dès mes premières interviews, je ne cachais pas notre situation, je voulais jouer franc jeu pour essayer d’obtenir, sinon une adhésion, du moins une certaine compréhension. Il fallait également protéger le sportif pour que les joueurs puissent s’exprimer et ne soient pas confrontés à un environnement trop contraire. Par obligation, je positionnais le club sur un nouveau modèle avec le développement de jeunes joueurs de son centre de formation. C’était revenir à l’ADN du club en quelque sorte et retrouver des valeurs du passé. C’est un discours qui, dans un premier temps, trouvait un écho favorable auprès des supporters.

Beaucoup moins dans certains médias où je remarquais, dès ma prise de fonctions, une volonté farouche d’opposer les jeunes et les moins jeunes des joueurs, puis de stigmatiser ma propension à vouloir imposer des débutants, coûte que coûte. Non, ce n’était pas une action menée en dehors de toute considération ou réflexion. Je n’étais pas là pour me faire plaisir mais pour prendre les décisions qui s’imposaient dans l’intérêt général du club. Comment pouvait-on penser qu’en ma qualité d’entraîneur je ne pouvais pas performer, avoir des résultats, pouvoir m’appuyer sur une équipe mature, recruter des éléments lui permettant d’être toujours plus forte ?

L’un de ces médias avait dénigré les plus âgés, annonçant que maintenant le club des « peignoirs-claquettes » était bien révolu, et cherchait systématiquement à établir un conflit de générations. J’avais lancé et développé certains d’entre eux dans mes précédents clubs, tels Debuchy et Cabaye à Lille, Kolodziejczak à Lyon puis à Nice, ou encore Honorat à Nice. Comment pouvait-on s’exprimer de telle manière sur des joueurs qui accomplissaient une remarquable carrière ? Cette soi-disant opposition quotidiennement distillée et l’ouverture que je procédais de l’équipe, à de jeunes joueurs, ont pu nourrir frustration ou interrogation et alimenter beaucoup de fake news…

Dès mon arrivée, on m’avait alerté sur le fait que Saint-Etienne était un club très ouvert, de par sa stature médiatique mais également par sa propension à diffuser des informations réelles parsemées d’autres complètement farfelues. Puisque des membres du club avaient été témoins de certains faits, c’est alors que tout le reste était vrai aussi… C’était implacable et si sournois... Le travail effectué la veille du match était systématiquement relaté dans les médias et la composition d’équipe dévoilée. Chaque matin, nous découvrions une nouvelle «affaire », du moins était-elle aussi présentée, qui pouvait toucher l’un des présidents comme l’un des salariés du club. Cette communication off instaurée bien avant ma venue et que nous subirions, ne facilitait pas le quotidien. A qui pouvait profiter tous ces éléments déstabilisateurs ? J’avoue que n’ai pas su pacifier ce secteur-là."

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