
Galette le toxico
08/03/2021

Dans une interview à écouter en podcast sur le site de la Pravda, Christophe Galtier est revenu sur son expérience stéphanoise. Extraits.
"Je suis un toxicomane du football. Ma came ? La gestion du groupe, la préparation des matches, l’adrénaline du match. Mais il n’y a qu’une obsession, c’est la gagne. Gagner. On ne choisit pas un entraîneur pour entraîner. Ce n’est pas vrai. Au niveau professionnel, on choisit un entraîneur pour gagner. Quand on est sur un match où les force sont équilibrées, que ça ne passe pas et qu’on perd, c’est très douloureux mentalement et physiquement parce que j’en prends une énorme part de responsabilité.
Je ne revois pas le match de suite, je le revois 24 heures après, jamais dans la nuit. Mais je réfléchis, je n’ai pas sommeil, je prends des notes. Je réfléchis sur le plan de jeu, sur ce qu’on a travaillé la semaine, sur les choix que j’ai faits avant et pendant le match. Je cherche ce qui n’a pas fonctionné. Ça fait mal au ventre et à la tête. Mais je suis comme ça ! La première remise en cause, elle est là ! Après, il y a l’image. On a beaucoup de données, beaucoup de datas.
Je veille sur la contreperformance collective et individuelle. C’est toujours ce même processus. Ce serait trop facile de dire « le joueur n’a pas compris, le joueur n’est pas bon en ce moment. » Ton métier est de faire en sorte qu’il soit bon, de lui faire comprendre les choses. Peut-être que c’est toi qui n’as pas trouvé le bon chemin pour lui faire comprendre les choses.
Après notre élimination de la Coupe de France à Cannes avec Saint-Etienne, je me suis dit : « Comment j’ai pu autant me tromper ? » Ça a été très difficile de me lever le lendemain matin. Comment j’ai fait pour faire autant d’erreurs dans la préparation de ce match, dans le choix de l’équipe, dans tout… Évidemment que j’ai une colère envers moi terrible, que je veux arrêter. J’ai un peu un sentiment de honte.
À Bâle, quand on perd dans les dernières minutes en 16e de finale de l’Europa League… Là, t’es seul dans ta douche. Silence total. Là tu es livide et tu te dis : « comment on est passé d’un moment d’extase à un moment où une minute après tu es éliminé ? » Là on n’est pas dans le « est-ce que j’ai bien fait les choses ou pas, est-ce que je me suis trompé. » Là tu prends un coup de marteau sur la tête. Le jouet se casse. Parce que l’Europe c’est bon. Jouer des matches de Coupe d’Europe, c’est bon. C’est très bon. Mais là en une minute tout bascule.
Un entraîneur est seul. Rapidement, j’ai découvert la solitude d’un entraîneur après un match. La solitude dans une prise de décision. Prendre la décision de titulariser Kurt Zouma en finale de la Coupe de la Ligue à la place de Bayal, les gens ne peuvent comprendre tout le questionnement qu’il y a autour de ça. C’est une décision forte, importante, j’ai l’intime conviction que c’est la bonne.
Après, je recherche à quel moment je vais annoncer ça pour à la fois ne pas mettre la pression à un jeune joueur de 18 ans et tenir motivé Mouss dans la préparation de la finale pour qu’il soit à fond derrière le projet de l’équipe. Là, tu es seule et après il faut entrer dans la chambre du joueur. Il sait le joueur que lorsque je vais entrer dans la chambre, ça va lui tomber dessus.
Ça dure 20 secondes, il n’y a pas de débats, je donne l’information. Je ferme la porte, je marche dans le couloir et j’entends la chambre se faire démonter (rires). Humainement c’est dur. Ça ne reste qu’une finale de Coupe de la Ligue mais pour Saint-Etienne c’est quelque chose et pour un joueur c’est quelque chose. Pour moi aussi c’est quelque chose !
Je suis l’un des rares à parler de la préparation mentale, d’avoir quelqu’un sur qui je peux m’appuyer pour décharger beaucoup de choses. C’est Pier Gauthier, une personne que j’ai découverte à l’époque de Saint-Etienne. C’est un ancien joueur de tennis qui avait du mal à être bien sur les finales ou les demi-finales. Il s’est formé comme « préparateur mental » et on a commencé à collaborer, non pas pour me découvrir, mais pour avoir des techniques, certaines clés. Parfois, t’as beau être dans l’humain, ça ne passe pas avec un joueur, tu n’arrives pas à aller chercher un déclic, à entrer un peu dans sa tête.
Il m’a donné aussi des techniques pour évacuer un peu la pression, m’alléger sur un plan mental C’était aussi pour avoir des techniques visant à libérer la parole et faire parler les gens. C’est très important de faire parler les gens, tu trouves 80% des solutions aux problèmes. Si tu ne les fais pas parler, un jour ça explose.
L’écoute, c’est aussi accepter de changer d’orientation quand ton vestiaire t’a parlé. Ce n’est pas un signe de faiblesse, bien au contraire ! Il faut écouter le vestiaire, le staff technique, le staff médical, les dirigeants. À un certain moment, s’il y a X personnes qui te disent directement ou indirectement que ça ne peut pas le faire comme ça, c’est que tu es en train de te tromper.
La victoire en Coupe de la Ligue, c’est un moment exceptionnel. Le stade vert et blanc, la folie dans Saint-Etienne. Un trophée qui était attendu, un parcours incroyable avec un groupe extraordinaire (…) Mon break m’a permis de remuer mes deux dernières saisons à Saint-Etienne, notamment la dernière qui été pour moi très difficile. L’équipe comme elle jouait, ça ne me plaisait pas. J’ai regardé les matches quand je me suis arrêté et je me suis dit « les gens devaient s’emmerder… »
Tu es dans la compétition, tu veux atteindre les objectifs par n’importe quel moyen. Même si je ne suis pas bon, je m’en fous, je veux gagner. C’est terrible. Il y a une personne en toi qui dit « je fais comme ça pour gagner, je suis pragmatique, s’il faut jouer à onze derrière, allons-y ! » Non. Plus jamais ! Plus jamais. Mais je ne suis pas le seul responsable. Je dois avoir des garde-fous. Les garde-fous, c’est ta direction. Mais quand ça fait sept ou huit ans que t’entraînes, je crois sincèrement que les gens ne veulent plus te dire les choses."
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