ASSE : club en déliquescence cherche repreneur

30/06/2022
bookmark bookmark
share share

C'est le titre d'un papier paru aujourd'hui dans Le Monde. Extraits.

"La dernière saison restera comme un condensé des errements de l’ASSE, condamnée à descendre en Ligue 2. Pour ne rien arranger, les débordements survenus lors de l’ultime match à domicile, contre l’AJ Auxerre, synonyme de relégation et de furie populaire (terrain envahi, tirs de mortier d'artifice contre la tribune officielle…), lui ont valu des sanctions : trois points de pénalité pour le championnat 2022-2023, quatre matchs à huis clos. A peine lancée, l’opération « remontée immédiate » en Ligue 1 a déjà du plomb dans l’aile.

Jean-Charles Schuler, président de la très sage Fédération des associés supporteurs, revendique 220 sections locales, dont l’une à Tahiti. « On a pleuré le soir de la relégation, et ce n’était pas dû aux lacrymos, raconte le retraité. Ce n’est pas un traitement préventif dont ce club a besoin, mais d’une bonne chirurgie ! » Il grimace au moment d’évoquer la saison écoulée, émaillée d’incidents. « Cette situation est le résultat d’une passivité coupable du club et de ses dirigeants envers les ultras », tonne le Stéphanois. « On se parle, avec les ultras, reprend-il, mais nous ne sommes pas dans le même marigot. Eux, c’est plus jeune, des gars des cités, le stade est un exutoire pour eux. Nous, c’est plus familial. »

Forts de plusieurs milliers de membres chacun, les deux groupes les plus importants, les Green Angels et les Magic Fans, constituent des lobbys influents, dont les réactions, parfois violentes, sont redoutées des dirigeants. Ils se veulent les gardiens de la culture particulière de cette ville de forte tradition populaire où l’on demande aux joueurs de « mouiller le maillot », ce qui a été trop rarement le cas à leur goût cette saison. Reste à savoir comment « Sainté » en est arrivée là… Comment l’un des clubs les plus titrés du pays, doté d’un stade de 42 000 places et d’un budget annuel de 70 millions d’euros (le 9e de Ligue 1) en 2021-2022, a-t-il pu sombrer de la sorte ?

Le capitaine de la grande époque, Jean-Michel Larqué, a son idée sur la question. « Les dirigeants se sont coupés de ce qui est la vérité d’un club : le terrain !, tance l’ex-numéro 10. Ils se sont laissés entraîner par une multitude d’intérêts annexes. L’ASSE a oublié ses racines : l’humilité, la modestie. Un club doit ressembler à ce qu’il a été. Peut-être que je suis un vieux con, mais je pense que l’ASSE ne peut vivre qu’en adéquation avec la ville. J’ai assisté à la fermeture des mines, de la manufacture… Quand je repasse devant l’ancien siège du club, au 13, rue de la Résistance, c’est avec un pincement au cœur. La maison est en train de s’effondrer et je suis en colère. »

Dans le collimateur de Jean-Michel Larqué, mais aussi, désormais, de la plupart des fans, Roland Romeyer (76 ans) et Bernard Caïazzo (68 ans), respectivement présidents du directoire et du conseil de surveillance, en poste depuis près de vingt ans. « Les deux sont dans le même bateau, qui a chaviré, poursuit M. Larqué. Romeyer est atteint, il est K.-O. debout, c’est un zombie. Quant à Caïazzo, il se dore la pilule puis pavane dans les salons de la Ligue. Au moins, Romeyer peut se rendre à Saint-Etienne… »

De fait, « réfugié » à Dubaï, Caïazzo, de crainte d’être la cible des supporteurs, n’a pas mis les pieds en ville depuis plus de deux ans ! Romeyer, lui, se déplace avec un garde du corps. Comme en écho aux propos de Larqué, son ex-coéquipier Patrick Revelli abonde : « Il faut tout remettre à plat et repartir de zéro. Que Caïazzo et Romeyer se décident enfin à partir ! C’est de leur faute à eux, je leur en veux, comme tous les Stéphanois. »

Caïazzo, Romeyer. L’homme d’affaires parisien qui a fait fortune dans le marketing et le petit entrepreneur local, « stéph’ » pur souche, longtemps à la tête de la Sacma, société spécialisée dans l’agencement de magasins. « Les deux présidents, c’est la carpe et le lapin », résume Gilles Peycelon, un autre ancien joueur (1982-1988), resté fidèle à cette ville où il est désormais avocat. « Il y a celui qui veut faire du business et celui qui aime le club, poursuit-il, en référence à ce drôle de duo. Mais l’amour du club, ça ne fait pas une compétence. »

 « Sainté est sur la corde raide depuis le départ de Galtier », estime Peycelon. Les observateurs locaux confirment, notamment Didier Bigard, chef des sports à La Tribune-Le Progrès de 1991 à 2019 : « Ça n’a pas enchaîné derrière Galtier parce que les présidents n’ont pas voulu investir sur cette réussite. Il faudrait regarder les dividendes que les deux ont perçus à ce moment-là… » Selon nos informations, Caïazzo et Romeyer auraient déjà, au total, récupéré environ 4 millions d’euros depuis leur arrivée au club. Sollicités, les deux hommes n’ont pas souhaité répondre au Monde.

« Il n’y a aucune continuité : Puel, vous lui donnez les clés du camion, et ensuite vous le dégagez », regrette Peycelon. Pour ne rien arranger, les recrues supposées renforcer l’équipe sont à la peine… quand elles jouent. Le défenseur Joris Gnagnon ? Zéro minute de jeu, en raison d’un surpoids rédhibitoire… L’attaquant Anthony Modeste, ancien international espoir, est arrivé blessé et a pris part à sept bouts de matchs, pour aucun but. Sans compter les contrats en or offerts à des jeunes ayant encore tout à prouver, à l’image du milieu Adil Aouchiche, débauché à 18 ans du PSG, en 2020. « Le petit a signé, alors qu’il avait quatre-vingt-dix-sept minutes de Ligue 1 dans les jambes, pour plus de 100 000 euros par mois ! Et il n’a pas marqué un but, cette saison !, s’indigne Larqué. Quand on cumule de telles erreurs… Il y a eu une mainmise de certains agents. »

Larqué insiste, sur le volet financier des critiques : « C’est ahurissant, ce club : il y a 350 salariés, dont quarante-cinq joueurs ! C’est une gabegie incroyable ! Quinze ou vingt de ces joueurs ne fouleront jamais une pelouse de Ligue 1, on ne leur fait signer que des contrats prétextes. On est partis dans la folie avec des gens qui ne servent à rien, si ce n’est à mettre des costumes-cravates. »

Dans ce contexte, toute une ville s’accroche à l’espoir d’un rachat. Sauf que la vente, promise depuis des années, a tout de l’Arlésienne… Pourquoi ? Damien Charitat, partenaire du club à travers deux de ses entreprises, Logic et la Compagnie des télécoms et réseaux, a sa petite idée. « La déchéance était annoncée depuis longtemps, c’est le fait d’un management peu efficace, dit-il. Une présidence bicéphale, avec un personnage qui pense détenir le Barça, et l’autre l’association sportive du coin. Il ne faut qu’un seul patron. En réalité, ces deux personnages n’ont aucune envie de passer la main, pour des raisons plus ou moins avouables. Comme deux gamins mus par la jalousie. Ils ne veulent pas que des gens meilleurs qu’eux reprennent le club. »

Lors de leur premier échange avec les ultras, à l’automne 2019, Claude Puel et Xavier Thuilot ne s’étaient-il pas entendu dire par un représentant des Magic Fans : « Notre seule question, c’est : quand est-ce que vous allez nous débarrasser des deux connards ? » Le maire, Gaël Perdriau dit les choses moins crûment, mais il est tout aussi clair : « J’ai été le premier à demander aux actionnaires de clarifier leur position. Ça fait des années qu’ils parlent de vendre, mais on n’a aucune avancée depuis trois ans, y compris depuis le communiqué après le dernier match contre Auxerre, le 29 mai, où on allait voir ce qu’on allait voir. Or, nous en sommes toujours au même point ! S’il n’y a pas un cap clair, une stratégie annoncée comme dans une entreprise, eh bien, on va dans le mur. »

L’ex-député socialiste de la Loire Régis Juanico semble, une fois n’est pas coutume, sur la même ligne que son adversaire politique. « Caïazzo et Romeyer voulaient faire une culbute, après avoir mis entre 4 millions et 5 millions d’euros, estime-t-il. Ils espéraient entre 30 millions et 40 millions, mais ce sera beaucoup moins du fait de la descente. Caïazzo n’a jamais été spécialement attaché au club. Lui, son rêve, c’est de trouver un milliardaire international. Mais on ne peut pas vendre à n’importe qui. Les valeurs de l’Arabie saoudite ne sont pas celles de la ville ! Cet échec à trouver un repreneur est une faute professionnelle. »

Potins
18/08 08:18
Dagneaux attend les loups stéphanois
18/08 07:49
Vamos Léo !
17/08 23:49
Louis Mouton victorieux mais expulsé à Angers
17/08 17:33
Larso, pied beau !
17/08 15:52
Les Verts attaquent très fort !
17/08 10:28
Les Ruthénois n'ont pas fait le poids
17/08 09:51
Rieur, Riou !
17/08 09:16
On a une cible dans le dos ?
17/08 08:37
Les Green Angels ont du coeur
17/08 08:22
Boakye meilleur passeur, Cardona meilleur buteur
Articles
17/08/2025
Du plaisir à jouer ensemble
17/08/2025
Richard Coeur de Sainté
10/08/2025
Des choses prometteuses
05/08/2025
Les douze travaux de Gazidix
29/07/2025
Jean-Michel Larqué : "Cagliari, c'était l'apprentissage de la Coupe d'Europe"
09/07/2025
Mate ces stats !
03/07/2025
Poteaux d'Or 2024-2025 : le palmarès
24/06/2025
Serigne Saliou Dia : "Lassana Traoré est un monstre physique"
23/06/2025
Equipe-type et blessures, 2024-2025
18/06/2025
Philippe Gastal : "Bernard Lacombe était fier de porter le maillot vert"

Partager