Janvion entre succès et regrets

07/06/2018
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Le mythique Gérard Janvion s'est longuement confié hier dans France Antilles. Extraits.

 

"Je suis le dernier d'une fratrie de 10 enfants : quatre filles et six garçons. Malgré les faibles moyens dont disposait ma mère, nous avions toujours de quoi manger. La vie n'a pas toujours été facile pour elle à cause de la précarité dans laquelle nous étions : pas d'électricité, donc on s'éclairait à la lampe à pétrole ; pas d'eau courante. Notre cas n'était pas isolé à cette époque. Par contre, l'école était tout près de la maison, donc je n'avais pas à faire de grandes distances au quotidien. De toutes les façons, l'école n'était pas un lieu que j'aimais. Je déplore surtout qu'il n'y avait personne pour m'aider à faire les devoirs. C'est ce que j'appelle la petite pression pour apprendre.

 

Il n'y avait pas grand-chose pour nous occuper, car Case-Pilote ne comptait que quelque 200 personnes. Mon quotidien, c'était l'école et, à la sortie, j'allais jouer au football avec mes copains. La question qui me tracassait très tôt était de savoir comment faire pour gagner ma vie plus tard. Je pensais à une carrière dans l'armée ou la douane après un concours. Oui, je rêvais de partir ailleurs et peut-être jouer dans un club de football en métropole, tout en travaillant. J'ai commencé au CS de Case-Pilote comme pupille, jusqu'à senior. Tout cela s'est passé très vite. Très tôt, j'ai été pré-sélectionné pour rencontrer le FC Santos venu ici en 1971 avec Pelé.
 
J'avais été retenu pour jouer une deuxième rencontre avec la sélection de Martinique contre une équipe colombienne. C'est là que j'ai été repéré par Pierre Garonnaire, le recruteur de l'AS Saint-Etienne. Il venait d'Amérique du sud où il avait recruté Oswaldo Piazza. Il est entré en contact avec moi et à la fin, il me présente un contrat de non-sollicitation. Donc, il barre les possibilités pour moi de signer dans un autre club professionnel. Pourtant avant l'AS Saint-Etienne, j'ai eu un contact avec Valenciennes qui voulait que je signe pour le club nordiste. C'est ainsi qu'en juin 1972, j'ai quitté la Martinique avec Guy Modeste, un joueur de l'Assaut de Saint-Pierre, recruté lui aussi par Pierre Garonnaire.
 
Une fois à Saint-Etienne, j'ai signé un contrat de deux ans au club pour jouer comme amateur la première année. Par la suite je devais évoluer comme stagiaire professionnel. Je n'appréhendais pas l'éloignement du pays, je n'avais pas peur de l'isolement car l'une de mes soeurs vivait à Saint-Etienne. Mais aussi et surtout, il y avait la renommée du club de Saint-Etienne. Malgré tout, les premiers jours, j'ai eu la nostalgie du pays : les amis, la plage... Mon coup de blues n'a pas duré très longtemps, car j'ai été intégré rapidement à l'effectif professionnel, sous la direction de Robert Herbin, lui-même ancien joueur de Saint-Etienne.
 
Je n'ai pas compris pourquoi Robert Herbin m'a choisi pour faire partie de l'effectif professionnel, alors que mes trois camarades Modeste et deux Guadeloupéens qui étaient arrivés en même temps que nous, ont été dirigés vers le centre de formation. Premier test : j'ai été retenu pour la Coupe des villes de foire avec le numéro 9 et j'ai été l'auteur du 3e but. Dès le début du championnat professionnel, j'ai été surpris d'être titularisé au poste de numéro 9, contre Valenciennes et j'ai marqué l'unique but de la rencontre. Alors, je m'interrogeais sur la chance qui m'était offerte aussi facilement de franchir des étapes sans obstacle depuis mon recrutement à Case-Pilote et mon intégration parmi l'élite du football français.
 
Je me disais aussi : "Tes parents ne t'ont pas donné de billet pour aller tenter ta chance ailleurs et voilà tu réussis sans obstacle, alors il ne faut pas laisser passer cette opportunité." Mon seul objectif c'était de lancer ma carrière. Une fois cela fait, j'ai bossé durement, sans perdre confiance en moi, même à la suite d'une grave blessure aux adducteurs qui aurait pu stopper ma carrière. J'ai passé de durs moments, il avait même été question de me renvoyer chez moi. Et voilà que cette année-là, en 1975 j'ai joué la finale de la Coupe de France contre Lens. A Saint-Etienne j'ai connu des succès mais les regrets ne peuvent pas manquer : les deux défaites successives face au Bayern, en demi-finale en 1975 et en finale en 1976.
 
Durant toute ma carrière, je n'ai pas oublié mes racines. D'ailleurs, je me suis toujours vu comme un ouvrier spécialisé du football. Je dirais que le football a construit ma personne : c'est mon sport favori que j'ai pratiqué au plus haut niveau en France, en Europe et dans les compétitions comme la Coupe du monde. Le football ne m'a pas enrichi socialement parlant. Il m'a seulement permis de faire du business dans lequel je n'ai pas réussi. Car l'esprit de business suppose la tromperie, et moi, je n'ai jamais pu tromper quelqu'un. En fait, on ne devrait pas comparer ma carrière à celle des joueurs d'aujourd'hui. Car au niveau où j'ai joué, s'il y avait eu autant argent comme aujourd'hui, j'aurais parlé de richesse me concernant. A mon époque, on parlait sport avant l'argent, la preuve, j'ai fait 10 ans à Saint-Etienne, alors que de nos jours les footballeurs signent un contrat de trois ans avec une clause libératoire au bout d'un an.
 
Une fois que j'ai raccroché, j'ai voulu faire un travail au sein d'un centre de formation destiné aux originaires de l'Outremer, en prenant Saint-Etienne comme appui en cas de coups durs pour les jeunes. Mais mon ancien club ne m'a pas suivi. Je me suis toujours occupé de football depuis mon retour en Martinique : entraîneur de l'Assaut de Saint-Pierre, ensuite à mon club d'origine CS Case-Pilote, membre du comité directeur de la Ligue de football, plusieurs fois sélectionneur adjoint. J'ai même fait une pige d'un mois au Club Franciscain. J'avais un projet pour le pôle avec Guy-Michel Nisas, c'est d'amener nos jeunes en évaluation au centre de formation de Saint-Etienne et pour lequel, je m'étais déplacé et avait obtenu l'accord du directeur du centre de formation. Le projet a été abandonné car le comité directeur de la ligue d'alors ne nous a pas suivis. C'est dur d'avaler le manque d'engagement des instances du football local."
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