So Anto !
04/09/2025
Ancien entraîneur des Verts et actuel coordinateur sportif du Sporting Club de Bastia, Frédéric Antonetti se livre longuement dans le magazine So Foot publié aujourd'hui. Extraits.
"Mon rôle à Bastia, c’est principalement l’évaluation des joueurs. Ceux qu’on a déjà comme ceux qu’on cherche à recruter. Si ma mission était de trouver des joueurs comme Barcola ou Doué, l’évaluation serait vite faite mais ça nous coûterait 5 ans de budget. Je suis obligé de prendre en compte l’aspect financier. La totalité de notre masse salariale correspond à un joueur moyen de Nice. Faire venir un joueur de D2 française, c’est déjà trop cher pour nous. Alors il faut trouver des joueurs qui ont le potentiel pour jouer en première division, jeunes pour qu’ils créent un actif, libres parce qu’on ne peut pas payer l’indemnité de transfert, avec un salaire entre 3 000 et 10 000 euros, et qu’ils soient performants tout de suite.
Ce sont des heures et des heures à regarder des matches de National, de National 2, de National 3, de 8h00 à minuit devant un écran mais ça me plaît. Découvrir un joueur, pour moi, c’est plus valorisant que d’en acheter un à 100 M€. Le PSG peut se permette d’acheter un joueur à 100 M€ et se planter. Kolo Muani, c’est passé comme une lettre à la poste. Nous, même en prenant des joueurs qui ont 5 000 euros par mois, on n’a pas le droit à l’erreur.
Ne réussir que par l’argent, ça me gêne. Ce qui me plaît, c’est quand il y a un travail de fond. Moi, je préférais le football français d’avant. Avec l’arrêt Bosman, on a cassé l’idée qu’il était possible de former des joueurs et avoir des résultats en même temps. On voit tous les jours des jeunes qui partent à 18 voire 16 ans. Ils ont tout à fait le droit de le faire, mais je pense que quand un club vous forme, vous avez un devoir de retour, comme ça peut se passer dans une administration.
On n’a pas besoin d’avoir un centre de formation aussi développé que ceux qu’on voit sur le continent. Nous, on fait plutôt de la post-formation. Dans chaque équipe pro, il y a entre 30% et 40% des joueurs qui ont eu des parcours un peu chaotiques. Ils ont pu être rejetés des centres de formation, connaître une maturation tardive, une grosse blessure, ont eu besoin de rebondir dans les divisions inférieures… Ce qui ne les a pas empêché de faire carrière ensuite. Rien qu’en équipe de France, Ribéry, Giroud, Kanté ou Kolo Munai ont tous joué en National. S’ils sont passés par Tours ou Boulogne-sur-Mer, ils auraient pu aussi passer par Bastia donc on s’est mis sur ce créneau-là.
J’ai découvert l’observation en 2004, quand j’ai quitté l’ASSE. Je suis resté basé dans la région et tous les week-ends, avec Nicolas Dyon, mon préparateur physique, on allait à Lyon voir des matches de Ligue des Champions mais aussi des matches de National ou de Ligue 2. Un match le vendredi, un match le samedi, un match le dimanche et parfois un le lundi. On s’était fait un rayon de 4 heures et on pouvait aller jusqu’à Sochaux, le Mans, un peu partout quoi ! L’année d’après, en 2005, quand j’ai signé à Nice, on a pu recruter directement 2 joueurs que j’avais observés : Rod Fanni, qui est devenu international français, que j’avais vu à Châteauroux, et Baky Koné, qui était à Lorient. J’adorais ce joueur. Derrière, Nice a pu les vendre 5 M€ à Rennes et 10 M€ à Marseille. Je pense avoir l’oeil.
Moi je suis contre la multipropriété. Je l’avais dit à l’époque à Strasbourg et ça a causé mon départ. Il y a des choix qui ont été faits, liés à la vente. Je ne vois pas un club être dirigé depuis Londres, New York ou Los Angeles. Il y a eu des parachutages réussis mais aussi beaucoup d’échecs. Moi, je préférais l’époque où le président de Lyon était Aulas et celui de Monaco était Campora. Des gens qui sont là au quotidien, qui s’investissent, qui connaissent le territoire et la passion. Strasbourg mérite d’être un club indépendant.
Moi, ma fierté, c’est d’avoir fait débuter 186 joueurs en première division. Je ne sais pas si les autres peuvent en dire autant. La « malchance » dans ma carrière, c’est qu’on m’a toujours appelé quand ça allait mal Prenez Saint-Etienne, Lille et Strasbourg : 3 fois je redresse la situation sportive, 3 fois le club est vendu et je ne participe pas à la suite. Les nouveaux actionnaires, ils ont des idées, ils veulent placer des hommes à eux, pourquoi pas. Ce qui m’a gêné, c’est la manière dont ça s’est passé.
"Pompier de service", ça peut être valorisant, mais c’est surtout frustrant. Quand tu prends Saint-Etienne qui est 17e en Ligue 2, il faut aller devant 20000 personnes, hein ! Puis je ne vous dis pas l’effectif que j’avais. Il m’a fallu 18 mois pour remettre de l’ordre là-dedans. Finalement on est montés en étant champions. Moi, ce que j’aime, c’est labourer, semer et récolter. Bon, la récolte, je ne l’ai jamais trop vue ! (rires) Je suis souvent dans les clubs où il faut mettre la main à la pâte, où il faut « faire les joueurs », quand il leur manque quelque chose sur le plan tactique, sur le plan technique, sur le plan de la compréhension du jeu. J’ai un savoir-faire là-dessus.
Les coachs étrangers savent beaucoup se vendre aux médias. Nous, en France, on ne sait pas faire ça. Quand j’entends les Portugais nous expliquer en 2020 ce qu’est un “entraînement intégré”, comme s’ils avaient inventé quelque chose… Mais arrête un peu ! Moi, je le faisais dans les années 1970 à l’INF Vichy, qu’est-ce que tu me parles de ça ? Et les médias, ils tombent dans le panneau. Un entraîneur étranger arrive et on dit “Ah, il a fait les petits déjeuners, il a fait le repas, il a fait la journée continue…” Ils en font des tonnes là-dessus… Quand je suis arrivé à Saint-Étienne, en 2001, on faisait des journées continues le mardi et le mercredi et le petit déjeuner tous les matins. Mais moi, je ne l’ai dit à personne !
Les entraîneurs qui m'ont posé le plus de problèmes ? Les entraîneurs français de ma génération étaient des bons entraîneurs. Gillot, Baup, Lacombe, il y avait une très belle génération d'entraîneurs, très difficiles à jouer. On était très forts dans l'animation défensive, un peu moins dans l'animation offensive. C'est pour ça que je me suis beaucoup intéressé à l'animation offensive. Le truc, c'est qu'elle n'existe que quand vous avez des joueurs techniquement au point. Un mauvais contrôle ou un mauvais appel, ça peut tout ruiner."

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