Thuilot sort du silence

12/02/2021
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Pour la première fois depuis son départ de l'ASSE, l'ancien DG des Verts Xavier Thuilot a choisi de s'exprimer longuement dans Le Courrier Picard. Extraits.

"L’attitude de la LFP et des présidents de clubs français avec Médiapro ? Il y a eu de l’aveuglement. En résumé, t’as vu le milliard au bout de la route et malgré tous les feux orange et rouges, t’as accéléré. Cela démontre pour moi une forme de faillite de l’organisation du sport en France et on est au bout du bout du chemin du modèle associatif. C’est un modèle où les dirigeants sont élus avec un petit côté politique et une sorte de droit d’aînesse avec les anciens qui adoubent les nouveaux. Ils reproduisent ces schémas à l’infini comme on le voit dans toute l’organisation du sport français. On est au bout du chemin. On est dans une guerre économique avec des compétences internationales, des logiques extrêmement pointues de financement et en face, il y a une logique associative.

Au mieux, de bon père de famille et au pire d’incompétence et de médiocrité. Résultat, il y a un pouvoir de décision diluée, une espèce de recherche de consensus permanent qui conduit à la recherche du plus petit dénominateur commun et pas de la performance. Avec Mediapro, la LFP a pris des décisions malgré toutes les alertes, dont celles des cabinets d’analyses financières, et différentes étapes ont été brûlées. Elle a voulu croire que cela allait passer avec là aussi, un pouvoir morcelé, dilué et une absence de compétence et de lucidité froide.C’est ce que nécessite ce genre de situation alors que dans l’associatif, t’es dans l’émotion permanente.

Quand tout s’est arrêté en mars, on s’est retrouvés démunis. En étant sous tutelle de la LFP, de la FFF et du ministère, cela a été le silence radio. À cette époque, les clubs ont été obligés de s’entendre entre eux, de s’organiser une espèce de gouvernance parallèle pour prendre des décisions et sauver leur vie. On faisait des visio conférences et des groupes WhatsApp sans la Ligue, sans la Fédération, sans ministère parce que c’était une question de survie et qu’il fallait prendre des décisions entre clubs. Parce ceux qui étaient censés organiser la résistance étaient absents. Depuis, des bilans ont été en partie tirés et il y a eu des changements importants à la Ligue mais on ne change pas une culture du jour au lendemain en claquant des doigts dans une élection associative. Cela ne suffit pas et il faut des changements beaucoup plus profonds. Aujourd’hui, le foot, comme d’autres secteurs, est confronté à une crise sans précédent.

Les présidents sont un peu tétanisés par la situation alors qu’il y a quelques mois, il faut se souvenir que c’était la cacophonie générale. Tout le monde parlait dans tous les sens mais aujourd’hui, tout le monde a tellement peur que plus personne ne bronche. On est passé d’un extrême à l’autre. Avant, c’était trop parce que c’était une désunion permanente et maintenant, le foot est en grand danger. Cet automne, il y a eu une période de déni. Le foot a cru qu’il allait se passer quelque chose parce qu’il s’était toujours passé quelque chose dans toutes les crises. Que Zorro allait arriver ou la cavalerie ou l’État et qu’on allait s’occuper de nous. Dans les réunions, on disait : « il va se passer quelque chose. » En novembre dernier, on m’a reproché d’avoir une vision trop pessimiste et de voir les choses trop en noir en réunion. Puis, en décembre, on nous a annoncé un scénario plus noir que celui que j’avais évoqué en novembre.

On pensait, comme cela a toujours été le cas, que l’État allait intervenir ou qu’un nouveau diffuseur allait mettre des milliards. Il a fallu trois mois au foot français pour réaliser que cette fois, c’était fini et qu’il allait falloir faire « sans ». Que tous les budgets étaient à jeter à la poubelle et que les recettes allaient être au moins divisées par deux. Depuis Noël voire début janvier, on est rentré dans une phase où on s’interroge pour savoir comment on fait. Après, les clubs ont été prudents car ça chauffait. Ils ont mis de la trésorerie de côté pour tenir la saison. Grosso modo, ils peuvent vivre jusqu’à la fin de saison mais après, c’est le saut dans l’inconnu pour une grande partie des clubs.

Ceux qui n’ont pas d’actionnaires solides, capables de payer en attendant une hypothétique fin de crise ou de redimensionner leur projet, sont tous en danger. Cela représente 75 % des clubs. La date déterminante sera le 30 avril. Le moment où les clubs vont envoyer à la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) leur estimation d’atterrissage des comptes au 30 juin et leur premier budget pour la saison prochaine. Ils seront auditionnés et on va leur demander comment ils comptent gérer cela et passer ce cap.

Beaucoup d’actionnaires n’en auront pas envie ou n’en auront pas les moyens et il y a beaucoup plus de questions que de réponses. On ne peut pas arriver à la DNCG en lui demandant de ne pas s’inquiéter parce qu’on va vendre des joueurs pour 30 M€… Et la DNCG ne peut pas accepter ça à moins qu’elle ne soit dans le déni. Après cette phase de déni en automne, on est encore actuellement dans une phase de sidération, un peu comme un accidenté et on n’est toujours pas passé dans la phase suivante : la projection.

Puisque l’État nous dit de nous débrouiller, qu’on nous laisse s’organiser comme on l’entend pour le meilleur et le pire en se dégageant des règles et de la législation. On ne peut avoir un système étatique et se désengager quand il y a un problème financier. Pour redémarrer, il faut donc se projeter. Il faut se demander ce qu’on désire comme régulation, et définir les règles et le système à imposer pour ne plus revivre ça. Cette crise a révélé une chose importante : les plus en danger économiquement sont ceux qui font le championnat. À l’exception de Paris. Cette année, ils vont perdre 200 millions d’euros mais ils seront sauvés par leur actionnaire. En revanche, Lyon, Marseille, Bordeaux et tous les clubs qui font la notoriété du championnat, c’est à dire les clubs patrimoniaux, sont en grand danger."

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