Les Green Angels seront toujours là

16/02/2018
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Les leaders des Green Angels s'expriment dans un long et intéressant reportage réalisé à l'occasion du dernier match contre Marseille et publié aujourd'hui par Les Cahiers du Football. Extraits.

 

"Au centre, la tête du chef indien Cochise sur un étendard signifie que les Green Angels sont bel et bien là. "Cochise, ça représente l’insoumission. Les anciens de chez nous ont décidé ça", décrypte Yannis, un des relais des Green, après le match dans un bar du centre de Saint-Étienne, où du rock et de la pop servent de fond sonore. À ses côtés, Lucas et Tom. "Ils aimaient ce symbole du seul contre tous, cet appel à la résistance", lance le premier. "Au début, c’était une bande de potes de lycée qui a fondé le groupe, reprend Yannis, la voix cassée d’avoir trop crié. L’association a été créée le 13 février 1992".

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Lucas : "Nos tifos lors du dernier derby, je ne comprends pas que ça puisse choquer des gens. Une tribune on peut la mettre au même niveau de la une d’un journal, comme Charlie Hebdo. Pourquoi on pourrait le faire dans un journal et pas chez nous?" Pour Tom, cette polémique n’est que la preuve d’une répression toujours plus forte: "Avant, on nous emmerdait sur la taille de nos drapeaux. Maintenant, on veut toucher aux thèmes de nos tifos".

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Les interdictions liées à l'intrusion lors du huis-clos contre Rennes ont été contestées par le groupe. Mais même en obtenant gain de cause, ils savent que ça ne changera pas grand-chose. Tom: "C’est pour les emmerder, et aussi pour montrer que leurs interdictions sont illégales". Lucas insiste: "Et pour les faire chier. Quand tu reçois le courrier, tu sais que tu vas manger, mais faire appel, ça leur fait perdre du temps. Et juste pour le principe, je le fais. Après, gain de cause ou pas…" Sauf que ce cas est particulier, "intéressant juridiquement", dit même Tom.

 

Pénalement, le groupe n’a rien commis, puisqu’il n’a simplement pas respecté une interdiction de la Ligue de football professionnel, sans rien dégrader, sans créer de débordements. De plus, il n’y a même pas eu de face-à-face avec les forces de l’ordre. "C’était le premier tour des élections présidentielles. Les flics étaient positionnés près des bureaux de vote. Le temps qu’ils arrivent, on était déjà partis." Alors, la répression recourt au système D. Dans le dossier de Tom, une photo prouverait sa présence… Sauf que ce n’est pas lui sur le cliché. Réponse: un policier l’aurait reconnu. "Le problème, c’est qu’il a aussi reconnu un mec qu’on n’a plus vu en tribune depuis plus de quatre ans", rigole jaune Lucas.

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Depuis 2013, à une époque où "les sanctions de la Ligue se radicalisent", l’association est dissoute, mais le groupe perdure. "On se débrouille", nous dit-on sobrement. "On a un fonctionnement démocratique avec dix personnes qui tournent, prennent les grandes décisions et assument le quotidien du groupe: les tifos, le matos et les déplacements, détaille Tom devant son café, le lendemain de la rencontre. Il n’y a pas de hiérarchie, de président, de vice-président ou un seul capo. Il y a juste un moteur."

 

Le choix de la dissolution a été "compliqué à faire", mais représentait un message aux autorités. "C’était un moyen de leur dire: 'Le dialogue n'est qu'à sens unique. Quand il y a des problèmes vous tapez sur le bureau, mais pour faire avancer le débat vous ne tenez pas compte de ce que l'on dit. On est les Green Angels, on le sera toujours, on existera toujours. Et votre bout de papier qui vous permet de nous faire porter des responsabilités qu'on n'a pas forcément, on le déchire'", poursuit celui qui arbore une casquette et un sweat vert foncé.

 

À sa droite, Lucas embraye: "Ça évite d’être convoqué tous les lundi chez les flics pour justifier tout". Tom reprend la parole: "Ça en devenait risible. On est dans une tribune de 9.000 personnes. Tu as quelques fumigènes, t’es directement convoqué le lundi. OK, tu es responsable du groupe mais pas des 9.000 personnes. Tu ne peux pas les contrôler".

 

Pourtant, la suite des événements n’a pas été aisée. "C’était la merde", résume Lucas. Tom est plus précis: "Pendant un an et demi après la dissolution, il y a eu pas mal d’événements qui ont fait que c’était compliqué d’animer la tribune. L’autodissolution n’était pas le point de départ, mais juste un moment qui a fait que la situation s’est aggravée. On n’avait pas pu mettre notre bâche au Stade de France pour la finale de Coupe de la Ligue. Après, on s’est fait fermer notre tribune par notre propre club. S’en sont suivis les incidents de Nice, où on a pris pas mal d’IAS et d’IDS."

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À force de persévérance et en montrant à notre club qu’on était toujours là, que ce soit en Azerbaïdjan, à Lorient, en Ukraine ou n’importe où, il fallait qu’il compose avec nous quoi qu’il en soit, on est revenu à une situation à peu près normale avec un dialogue en bonne intelligence". Cependant, Lucas n’oublie pas que pendant une année et demie, "le club nous a clairement mis des bâtons dans les roues. Eux et la préfecture ont fait en sorte qu’on passe pour des parias à Saint-Étienne".

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S’il y avait 2.200 "cartés" auparavant au sein des Green Angels, ce nombre n’était pas représentatif. Les supporters stéphanois qui prenaient leur abonnement via le groupe recevaient automatiquement leur carte de membre. Le choix de l’autodissolution avait aussi comme but de "resserrer" le mouvement. "On souhaitait aussi ne plus avoir les abonnements pour préserver une indépendance totale vis-à-vis du club, car c’était un peu une indépendance déguisée, continue Tom. Le club n’avait plus aucun moyen de pression. Maintenant chacun va chercher son abonnement et c’est bien comme ça." Ils sont maintenant 70 actifs et 200 personnes qui s’en revendiquent.

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"Malgré la rivalité, les Marseillais avaient toujours pu venir chez nous. Leur absence se ressent sur l’ambiance générale, il n’y a pas l’électricité d’un match où le parcage en face a 2 000 gars qui ne vont rien lâcher", estime Tom. "Les interdictions de déplacements ne touchent pas que les ultras. Le problème n’est pas pris au sérieux. Quand tu as une interdiction de déplacement à Reims où ailleurs, tu pénalises des gamins supporters des Verts mais qui n’ont jamais vu l’ASSE. Il faut arriver à prendre des vraies positions là-dessus et pas juste des communiqués qui déplorent ces sanctions juste pour nous faire plaisir", regrette Tom, déplorant la frilosité des clubs.

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"L’opinion publique est en train de changer, avance Tom. En 2010, dans la presse, on parlait de fumigènes comme du hooliganisme. Aujourd'hui, il y a des mecs qui se demandent vraiment pourquoi c'est interdit. Et sur le sujet des tribunes debout pareil. Ça a évolué." Les incidents liés aux fumigènes sont rares, sauf si on les confond avec les pétards et les bombes agricoles. "Mais le problème, c'est que la Ligue, s'ils ne sanctionnent pas les fumigènes, ils vont sanctionner quoi? La violence dans les stades a diminué aux trois quarts depuis les années 90. Sans ça, comment ils auraient une existence légitime, ces gens-là?", questionne Tom. "Puis c’est un sacré pactole, et en plus assez opaque, on ne sait pas vraiment où va cet argent", reprend Lucas.

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Au contraire de ce qui a pu se faire à Lyon, le craquage ne s’est pas décidé sous la coupe bienveillante du club. Pourtant, des discussions ont eu lieu, fut un temps, sur le sujet: "On leur a dit que tant qu'on existera, il y aura des fumigènes, résume Lucas. Notre position est claire. Eux n’arrivent pas à fermer les yeux car ils voient qu’ensuite les tribunes sont fermées et qu'ils ont lâché des milliers d'euros à la fin de la saison. J’arrive à le concevoir même s'ils pourraient très bien se positionner."

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