Une question d'état d'esprit pour Pantaloni

26/03/2025
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Ancien milieu de terrain de l'ASSE et actuel entraîneur du FC Lorient (leader de L2 avec 2 points d'avance sur le FC Metz et 3 sur le Paris FC), Olivier Pantaloni s'est longuement confié dans Ouest-France. Extraits.

"Arrêter ce métier d’entraîneur ? Je me suis posé la question en fin de saison dernière. Ça faisait 10 ans que j’entraînais Ajaccio, j’étais encore sous contrat. Je pense que j’arrivais à un stade où j’avais le sentiment que je ne pouvais plus rien amener à l’équipe. Je pense sincèrement que pour le club de l’ACA et pour moi, il fallait que ça s’arrête. On était tombé dans une forme de routine. J’étais bien, j’étais dans le confort, les dirigeants me faisaient confiance. Sauf qu’on se bat avec peu de moyens. Certaines fois, quand il y a de la réussite - une montée en L1 par exemple - on se dit que ça pourrait améliorer les choses, et puis on retombe très vite dans nos travers et on se demande comment on va faire pour y arriver… Il y a eu une forme de lassitude de ma part. Et puis, il y a eu le projet du FC Lorient qui m’a été proposé, et ça a été une bouffée d’oxygène énorme pour moi.

On part avec un effectif de qualité. On est donné quasiment comme favori. Ce que j’ai cherché à faire en arrivant, c’est faire prendre conscience qu’il y a une énorme différence entre L1 et L2, où l’état d’esprit est très important. C’est bien d’avoir de la qualité, mais cela ne fait pas tout. Avec Ajaccio, je suis monté deux fois parce qu’on avait créé quelque chose avec des joueurs qu’on pouvait considérer comme « moyens » en L2, mais qui avaient un état d’esprit irréprochable et une envie de réaliser des résultats chaque semaine. Il y avait une force mentale très importante. J’ai bossé sur ça au FC Lorient, parce que certains pensaient que la seule qualité de l’effectif allait suffire à faire la différence, et ce n’est pas du tout le cas.

La première des choses que j’ai faite en arrivant au FC Lorient, c’est de mettre un cadre et des règles de vie. Quand on est nombreux, on ne peut pas laisser faire n’importe quoi. Il faut qu’il y ait du respect, c’est primordial. Respecter les autres joueurs, mais aussi l’ensemble des personnes qui travaillent au FC Lorient, quel que soit le poste occupé. Je mets aussi tous les joueurs sur un pied d’égalité. Forcément, certains sont plus expérimentés que d’autres, mais le but est de ne favoriser personne, quel que soit le statut, l’expérience, l’ancienneté… On fait en sorte d’être le plus juste possible dans nos décisions.

Le staff ? On discute beaucoup, il y a énormément de liberté dans les échanges. C’est ce qui permet d’avoir des visions plus justes dans nos choix. Quoi qu’il en soit, il faut un staff solidaire, au sein duquel il n’y a pas la moindre faille. Encore une fois : au football, certains joueurs sont retors, et donc dès qu’ils sentent une brèche - parce qu’ils ont moins de temps de jeu, parce que quelque chose ne leur convient pas… - ils essaient de s’y engouffrer. Le fait d’être justes dans nos choix doit être ressenti au sein du groupe. À partir du moment où ça convient à l’ensemble, c’est beaucoup plus facile de moins contrarier les joueurs, avec lesquels on peut discuter, expliquer les choses.

Le football devient de plus en plus individualiste, avec des enjeux financiers importants pour les clubs mais aussi pour les joueurs. J’ai le sentiment qu’il y a une grosse différence avec le rugby à ce niveau, qui fait que la mentalité peut être différente. Je peux l’envier. On a le sentiment que les rugbymen sont vraiment attachés à leur club. Dans le football, les joueurs peuvent donner une image d’attachement, mais si on creuse un peu, ce n’est pas forcément les couleurs du club qui les font vibrer. C’est peut-être un point négatif que j’ai de l’image du football. Depuis que j’ai débuté, j’ai vu cette transformation qui n’est pas terrible, pas très reluisante.

J’aime tout le travail fait en amont dans la préparation d’un match. Parvenir, avec mon staff, à analyser les forces et les faiblesses de l’adversaire, arriver à mettre en place des situations qui peuvent le contrarier… J’aime aussi la gestion humaine. Et avoir le sentiment qu’on arrive à faire passer un message, qu’il est compris, et que les joueurs sont prêts à aller dans le sens dans lequel on veut les amener. C’est ça, entraîner : attirer avec soi l’ensemble des joueurs. Quand on y arrive, on peut dire qu’on a gagné et que ça augure des choses positives pour la suite.

L’objectif du début de saison est souvent rappelé. Pour atteindre cet objectif, il y a des comportements à avoir. Et, avant chaque match, on rappelle ce qui n’a pas été lors du match précédent dans le comportement par exemple. On tire un petit peu des bilans de certains matches, de certaines séries de matches. J’essaye de rester positif pour avoir un esprit conquérant et avoir cette volonté d’aller chercher des victoires.

C’est un métier énergivore. On a le sentiment qu’il faut qu’on soit présent en permanence. Malgré tout, avec l’âge, je me suis rendu compte qu’à un certain moment, il faut avoir des soupapes de décompression. Notre famille connaît notre métier, l’exigence qu’il y a en termes de temps de travail… Mais j’ai besoin d’avoir des coupures et j’essaie de profiter au maximum des personnes autour de moi et de couper. Ça peut-être une demi-journée, une journée complète pour couper totalement et de profiter de ceux qui m’entourent pour me changer les idées. Sinon, si je travaille en permanence, je perds un peu certaines notions et ça m’embrouille plus la tête qu’autre chose. Mais ça, je le fais depuis quelques années seulement. Quand j’étais plus jeune, j’avais le sentiment que si je n’étais pas au travail, je ne faisais pas bien les choses…

Depuis que je suis arrivé à Lorient, j’essaie de visiter la région, que j’apprécie beaucoup. J’essaie de profiter de ces temps libres pour parcourir la Bretagne, voir ses paysages, ses villages qui me plaisent beaucoup. Les lieux qui m’ont marqué ? J’ai découvert Rochefort-en-Terre, Pont-Aven, j’ai visité Vannes aussi, et j’ai trouvé ça magnifique. Je recherche sur Internet des endroits qui sont réputés pour leur beauté, et dès que j’ai la possibilité de visiter, j’y vais volontiers. Et j’essaie de joindre l’utile à l’agréable en faisant des petits restaurants, des petites auberges du cru."

 

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