Comolli parle plus que Gazidis
24/05/2025
Alors que son homologue stéphanois Ivan Gazidis ne s'est exprimé publiquement que 3 minutes sur DAZN depuis la fin de saison, son homologue toulousain Damien Comolli a donné une conférence de presse de plus d'une heure avant-hier. L'ancien directeur sportif des Verts a bien sûr longuement parlé du TFC mais aussi de la situation du football français, comme le rapporte le site Les Violets. Extraits.
"On a un sentiment de progression et de frustration. On a progressé, car chaque année depuis que nous sommes arrivés, on fait mieux que l’année passée. Je ne sais pas où on va s’arrêter, mais les faits sont là. En finissant 10ᵉ, c’est la première fois depuis 2013 ou 2014 que le club se classe dans les dix premiers. Il y a aussi beaucoup de frustration, car on aurait pu faire mieux. Il y a eu des opportunités dans la saison, avec des virages à prendre, qu’on n’a pas pris. On est allé dans le décor plutôt que de prendre le virage.
Il y a aussi de la colère par rapport à nos matchs à domicile. Nous n’arrivons pas à gagner de manière régulière, à avoir de la continuité dans les résultats. C’est un vrai sentiment de colère contre nous-mêmes. On est huitième à l’extérieur, quatorzième à domicile. Ce n’est pas entendable. Il faudrait qu’on soit 6ᵉ, 7ᵉ ou 8ᵉ à domicile et qu’on garde les mêmes performances à l’extérieur. On a loupé des matchs clés au Stadium, contre Montpellier, l’OL et Strasbourg, même si le duo Bastien - Frappart nous a beaucoup aidés à perdre ce match-là. Il y a aussi le match de Guingamp en Coupe de France. Je n’hésite pas à le décrire comme une faute professionnelle.
La progression est indéniable. La frustration est indéniable. La colère est indéniable. On a essayé de rester consistants dans notre style de jeu, basé sur le jeu de position et la possession. Par contre, je ne veux pas qu’on devienne une équipe de transitions, c’est-à-dire de contre-attaque. Ce n’est pas notre culture. Si on regarde les chiffres bruts, on peut penser qu’on a du mal à faire du jeu quand on est chez nous, moins s’exposer, moins prendre de risques, car à l’extérieur, c’est l’autre équipe qui doit plus sortir. Il faut utiliser le jeu de transition, mais je ne veux pas entendre parler qu’on devienne une équipe de transition l’année prochaine. On ne l’a jamais été et tant que je serai président du club, on ne le sera pas.
Point positif : on a largement surperformé par rapport à notre budget et à la masse salariale. C’est un marqueur très fort pour nous. Je le dis souvent en interne : on a beaucoup moins d’argent que les autres, donc si on fait pareil que les autres, on ne va pas avoir de succès. On essaye donc de faire différemment, comme depuis qu’on est arrivés. C’est important de surperformer par rapport à la masse salariale. Notre style de jeu, notre identité, notre culture, l’utilisation de la data nous permettent de faire ça. Il faut qu’on continue.
On avait projeté 42 points et +1 de goal average. Je vous jure sur la tête de mes trois enfants que c’est vrai. C’est ce qui s’est passé. La frustration, c’est qu’on sait qu’on peut faire mieux en fonction de la dynamique, car ça, c’est une projection d’avant-saison. On est énormément frustrés parce que quand on fait nul à Lyon, après avoir perdu contre Montpellier à domicile – ce qui est une grosse sortie de route –, on est 8ᵉ ex æquo à un point de la Coupe d’Europe. On pensait que la 7ᵉ serait européenne. Et là, on a enchaîné une série de blessures, série inédite en cinq ans. Rasmus m’a dit qu’avec Djibril, ils ont joué trois matchs ensemble. On a perdu Rasmus, Djibril, Niklas, Yann, Zakaria a joué 71 minutes en trois mois, King mettait but sur but… C’est une des raisons pour lesquelles on a fini 10ᵉ et pas au-dessus.
Il y a la data, et la data sous-jacente. Pour cette dernière, on se détache des victoires ou des défaites, des buts marqués ou encaissés, et ça nous donne une indication de nos performances. On est le club en Europe qui a le plus sous-performé : 12,3 points d’écart entre ce qu’on a fait et ce qu’on devait faire. Après, est-ce qu’on avait l’équipe pour faire 4ᵉ ou 5ᵉ ? Je n’y crois pas. Il faut un concours de circonstances et une dynamique incroyable, mais sinon, dans des circonstances normales, on pouvait faire au-dessus de la 10ᵉ place. Pourquoi on n’a pas réussi à faire mieux ? Les raisons sont enfantines. On n’a pas été assez bons défensivement, et devant le but. On a bien fait, sauf dans les deux surfaces.
De manière macroéconomique, il y a un aspect qui m’inquiète énormément, c’est le piratage. Il y a une consommation du foot français qui bat tous les records dans les stades, pas seulement ici mais partout. Vous avez vu les chiffres sur la dernière journée. On était bien placés pour le savoir. J’ai rencontré Jean-François Soucasse le lundi avant le match à Sainté, quand on avait la réunion de la restitution des groupes de travail à la FFF. Les places se sont vendues en 15 minutes à Geoffroy-Guichard. L’ambiance était absolument extraordinaire, comme les Stéphanois savent le faire. Dans les stades, il n’y a jamais eu autant de monde.
Quand vous regardez les chiffres, notamment chez les jeunes, les 15-35 ans, il n’y a jamais eu autant d’intérêt pour la Ligue 1. La Ligue 1 n’a jamais été autant regardée. Le problème, c’est que les gens qui regardent ne paient pas. Et ça, c’est un gros problème pour nous. Ce que j’appelle de mes vœux les plus forts, c’est que le politique prenne le sujet à bras-le-corps.
Il y a une PPL (proposition de loi, ndlr) qui va être débattue en commission et en hémicycle, au Sénat, début juin. La partie lutte contre le piratage est dedans, et je n’ai qu’une crainte : c’est qu’elle doive attendre. La PPL est composée d’autres aspects qui peuvent attendre, quand on compare au piratage.
L’Italie a changé sa loi, l’Angleterre a changé sa loi il y a bien longtemps, l’Espagne a changé sa loi, l’Allemagne a changé sa loi. On est le dernier pays, dans les cinq grands championnats européens, qui n’a pas changé la loi et ne peut pas lutter contre le piratage. Et s’il n’y a pas de lutte contre le piratage très rapidement, le foot français court vers sa belle mort.
C’est un enjeu extrêmement important et il ne faut pas que ce soit un enjeu politique. Il faut que ce soit un enjeu d’intérêt général pour le sport français. Quand les revenus des clubs français baissent sur les droits TV, que la taxe Buffet (un mécanisme de solidarité à destination du sport amateur, ndlr), qui est de 5 %, et qui alimente le sport olympique, baisse, que l’argent reversé par la Ligue vers la Fédération baisse, et que c’est un problème pour le foot amateur… C’est pour ça que je dis que c’est un problème d’intérêt supérieur du football français, et je dirais même du sport français.
Philippe Diallo (président de la FFF) m’avait demandé de coordonner le groupe de travail qui s’intitulait "stratégie économique", auquel j’ai tenu à ajouter "mise en valeur du produit et contenu". Le groupe de travail a fait une restitution. Ça a été plus de 16 heures de réunion. Dans le groupe de travail, il y avait 13 clubs. Ça a été une expérience passionnante pour moi, j’ai énormément appris sur énormément de choses, dans un esprit de collaboration totale. Quand vous entendez que le foot français se déchire, que les dirigeants ne peuvent pas collaborer, c’est faux.
Je crois que le rapport final contient 350 ou 400 pages. On a fait 40 propositions pour changer le foot français, son contenu et son économie. Ces 40 propositions vont être transmises aux clubs de Ligue 1 et Ligue 2 entre demain (vendredi) et la semaine prochaine pour un vote. Ce sont des propositions que j’ai présentées en collège de Ligue 1, donc ce ne sera pas une surprise.
Après, on va essayer de mettre en place le plus de réformes possible, le plus rapidement possible.
Je vais rédiger des mails aux présidents des clubs dans les prochaines heures, avec une flopée de propositions. Ils devront voter pour dire s’ils jugent les mesures utiles, et urgentes. On va le jauger à la majorité. Je n’ai écarté aucune idée des présidents, toutes les idées étaient bonnes à prendre. Aussi, sur chaque mesure, on indique qui doit prendre la mesure sur un plan statutaire (Ligue, FFF, État…).
Encore une fois, j’ai une crainte, c’est qu’on se trompe de combat. Tout le monde parle de la gouvernance du football français, de savoir s’il faut une société commerciale de clubs, deux sociétés commerciales de clubs pour la Ligue 1 et la Ligue 2…
Je vais vous dire franchement – et passez-moi l’expression – mais ça, je m’en fous. C’est ce que j’ai dit à certains de mes collègues. Tout le monde prend en exemple le foot anglais et la Premier League. Je la connais bien. Elle a été créée en 1992, Arsène est arrivé à Arsenal en 1996, moi en 1997. Elle n’avait que cinq ans.
La personne qui a créé la Premier League, David Dein, j’ai travaillé pour lui pendant sept ans à Arsenal, parce que c’était le propriétaire. Ce qui fait le succès du foot anglais, ce n’est pas la gouvernance, ou le fait qu’il y ait deux sociétés commerciales. C’est le contenu du produit.
C’est ça qui va nous sauver : le contenu qu’on va mettre sur le terrain et qu’on va transmettre aux spectateurs. C’est pour ça que j’ai mis énormément de temps et d’énergie – sûrement au détriment du club – à ce projet sur les deux ou trois derniers mois, et que je vais y mettre beaucoup de temps et d’énergie dans les mois qui arrivent, pour faire passer le plus de réformes, qui seront votées à la majorité.
S’il y a une réforme dans laquelle je crois mais qui n’est pas votée, on ne la fera pas passer. Il n’y a aucun problème là-dessus. Mais ce qui va nous sauver, c’est l’image. Il faut qu’on restaure notre image, qu’on améliore considérablement notre produit. La F1, le rugby, le basket ont évolué. Étant passé par Fenerbahçe, qui est un des plus grands clubs européens de basket, et ayant côtoyé l’Euroligue, ce que fait l’Euroligue au basket, c’est magnifique. Le produit qu’ils ont mis sur le parquet est absolument magnifique. Et nous, on n’a pas évolué.
L’avenir du foot français passe par des réformes qui vont améliorer le contenu que l’on produit, avant de parler de gouvernance. Je vais vous donner quelques exemples concrets. Une des réformes, c’est de mettre un micro et une caméra sur l’arbitre, et de placer le téléspectateur au cœur du jeu en permanence. Une autre réforme, c’est de permettre à l’arbitre d’annoncer la décision VAR à un micro et sur les grands écrans dans le stade.
On est allé à un tel niveau de granularité qu’on a discuté de l’emplacement des caméras dans le stade, de la qualité de la réalisation, du nombre de journalistes qu’il doit y avoir, de ce qu’on fait sur le multiplex, comment on le réalise, comment on l’anime. On s’est bien sûr posé énormément de questions sur la création ou non d’une chaîne. Ça a dû représenter 60 ou 70 % de notre travail. Ce sont des choses qui n’ont jamais été faites dans le foot français.
Ouvrir les vestiaires avant match, ouvrir les causeries, mettre un micro et une caméra sur un préparateur physique ou un entraîneur adjoint à l’échauffement, placer une caméra dans le bus au moment où on arrive, et que ce soit retransmis auprès de nos téléspectateurs, pas seulement auprès de notre communauté le lendemain, le surlendemain ou le soir du match. On a pensé à plein d’aspects qui n’ont jamais été mis en place dans le foot français. C’est pour ça que je parle de réformes structurelles. Il faudra revoir la charte média de la Ligue."

11/09 15:17 Keito ou tard, il rejouera avec Reims |
11/09 13:53 Sur les bords au milieu, c'est vrai que ça craint un peu |
11/09 07:20 Diedhiou forfait, Saivet sur le banc ? |
11/09 06:52 Elles vont progresser en français |
10/09 20:53 Cabella au CA de l'ACA |
10/09 20:18 Les Saoudiens convoitaient Stassin ? |
10/09 08:23 Clermont quasiment au complet contre Sainté ? |
10/09 06:51 La passe de Troyes ? |
10/09 06:30 Vibert seul Vert contre la Finlande |
09/09 23:40 Aleksic toujours tête de Turc |

01/09/2025 Ouvrir les blocs bas |
24/08/2025 Pas assez d'envie |
21/08/2025 Duffus : un speed dating réussi |
17/08/2025 Du plaisir à jouer ensemble |
17/08/2025 Richard Coeur de Sainté |
10/08/2025 Des choses prometteuses |
05/08/2025 Les douze travaux de Gazidix |
29/07/2025 Jean-Michel Larqué : "Cagliari, c'était l'apprentissage de la Coupe d'Europe" |
09/07/2025 Mate ces stats ! |
03/07/2025 Poteaux d'Or 2024-2025 : le palmarès |