Bravo Surreau !

21/03/2025
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Para badiste et supportrice des Verts, Milena Surreau a publié sur son compte X une excellente lettre ouverte à Bruno Retailleau.

"Aujourd’hui, on me connait comme sportive de haut niveau, para badiste ayant fièrement représenté les couleurs de la France aux derniers Jeux Paralympiques. Une athlète ayant une petite renommée, soutenue, suivie, dont on s’inspire. Mais j’aurais très bien pu ne jamais connaître l’année 2024. Car c’est difficile de grandir quand on est autiste, encore plus quand on a eu un diagnostic (trop) tardif. J’ai toujours été l’enfant bizarre, en décalage. Et malgré des compétences en masking et en sur-adaptation qui m’ont permis de passer entre les gouttes, je me suis toujours sentie seule. Bon Dieu que j’étais seule… Seule avec mes intérêts spécifiques que personne ne partageait, ni en sujet ni en intensité. Et plus particulièrement celui-ci : Sainté.

Je suis tombée amoureuse des Verts en 2003, j’avais à peine 6 ans. Et à l’époque, je peux vous dire que ce n’était pas la grande époque, on était en L2, on sortait de sombres affaires… Mais moi, je portais mon maillot vert partout, tout le temps. Toutes les photos dans les albums de famille ont le même reflet : du vert à chaque fois que j’apparais. Mais supporter Sainté, quand on habite à Nantes, c’est compliqué. N’avoir pour intérêt que cette équipe, quand est on est au collège, on en bave. Et personne, absolument personne autour de moi ne comprenais ma passion. J’ai vécu la violence et le harcèlement. J’étais si seule, que parfois je me demandais bien à quoi cela servait de vivre.

Petit à petit, plus que de suivre les résultats de l’ASSE, je n’avais d’yeux que pour les animations en tribune. Parce que le 12e Homme a toujours fait partie de la légende à Sainté. Alors j’ai découvert l’histoire des Magics Fans, des Green Angels. J’ai appris à connaître ce que l’on appelle « le mouvement Ultra ». Et je me disais qu’un jour, peut-être, je ne serai plus seule. Mais petit à petit, à l’adolescence, je les ai détesté. Parce que je ne connaissais en fin de compte que ce que je lisais dans la presse, et ce que je voyais dans les médias. Ma première à Geoffroy Guichard, que j’ai attendue quasiment 10 ans, a failli tourner au fiasco, quand le premier huis-clos partiel a été décrété pour fermer les Kops le 7 mai 2012 suite à l’utilisation de fumigènes (à l'époque, c'était très rare...)

En terminale, j’ai vu de loin les graves incidents ayant entaché le match à Nice, et ayant fait la Une des médias le soir même. Je haïssais ceux qui avaient failli gâcher ma 1ere à Geoffroy Guichard, je détestais ceux qui pourrissaient le foot avec leur violence. Mon esprit bien façonné par tout ce qu’on pouvait lire et entendre dans les médias. Mais petit à petit, j’ai rencontré ces fameux ultras. J’ai pu discuter avec nombre d’entre eux, et force est de constater que je n’avais pas en face de moi des monstres sanguinaires dénué de cerveau. Je me suis vite rendu compte que le tableau que l’on dépeignait dans les médias était très loin de la réalité. Fortement biaisé.

Et puis, j’ai fait mon premier match dans le Kop Nord. Puis mon premier déplacement avec une section des Magics Fans. Et pour la première fois de ma vie, j’ai eu des gens qui m’ont accueilli pour ce que j’étais. Sans jugement. Sans haine. Quel contraste avec tout ce que j’avais vécu dans mon adolescence… Pour la première fois de ma vie, j’ai noué des liens d’amitié, et même plus que ça, de fraternité. J’ai fait mes premiers déplacements, mes premiers tour au local. J’ai découvert les collectes de fonds pour la ligue contre le cancer, les orphelins des sapeurs pompiers. J’ai vu tout ce dont on ne parle pas dans les médias. J’ai surtout vu un groupe structuré, bien loin de l’anarchie qu’on nous vend dans les médias. J’ai vu l’entraide, j’ai vu la solidarité. J’y ai trouvé une 2e famille. Ce groupe m’a sauvée.

A une période de ma vie où je n’avais qu’une envie et qu’un objectif en tete : la planification de mon suicide ; ce groupe m’a littéralement sauvé la vie. En m’accueillant comme je suis. En comblant ce qui me manquait. Et je suis loin d’être la seule. J’ai vécu la violence. On ne peut pas le nier, et cela desservirait notre cause de faire comme si cela n’existait pas du tout. Même si encore une fois, statistiquement, cela représente une minorité absolue par rapport au nombre de matchs qui se jouent chaque année en France.

Mais j’ai aussi, et surtout, vécu la violence des gens censés nous protéger et faire en sorte que les matchs se passent bien. J’ai vécu la violence, quand aux palpations à l’entrée, très difficile à vivre quand on est autiste et que l’on ne supporte pas le contact physique, j’ai fini maintes fois plaquée au sol, les pieds et les mains tenus, pour que l’on puisse me fouiller « comme il faut ». Car en face, les forces de l’ordre ignoraient que cette supportrice, supposée récalcitrante, ne cachait rien du tout sur elle mais était simplement autiste et ne supportait pas la fouille. Et passaient à l'action avant la discussion. Et dans ces moments, c’est le groupe qui m’a sauvé.

Les leaders qui ont pu calmer le jeu, avant que cela ne dégénère, pour expliquer la situation. Les leaders que l’on écoute, car ils sont connus, et identifiés comme interlocuteurs du groupe. Comme le capitaine qui porte le brassard sur le terrain. Voilà ce que vous souhaitez détruire : des groupes structurés, qui permettent une communication et un ordre, qui permettent que les relations se passent au mieux, qui permettent que les déplacements se passent bien. Vous voulez détruire l’ordre pour amener le chaos. Vous voulez dissoudre des acteurs qui en font bien plus que les pouvoirs publics pour le tissu local, associatif, la santé mentale, le compagnonnage. Cela m’échappe.

C’est un coup de communication qui n’apportera que l’anarchie au sein des tribunes françaises. Surtout quand on voit qui sont les groupes ciblés. Il ne s’agit même pas d’une mesure sécuritaire mais bien tout l’inverse. Je fais partie de ceux qui ont vécu les tribunes de loin, puis de l’intérieur, qui ont vécu les déplacements à l’étranger où tout se passe mieux qu’en France même si l’on est infiniment plus nombreux, et un nombre incalculable de matchs à domicile. Je fais partie de ceux qui n’ont pas toujours été droit sur les rails et ont justement vécu des déplacements sans le groupe et avec des indépendants qui n’ont pas de hiérarchie. J'ai vécu l'anarchie.

Je suis de ceux qui aujourd’hui ont du recul sur ce qui s’y passent car je n’ai plus la tête dedans, aujourd'hui. Surtout, je fais partie de ces acteurs du sport français, qui sont là pour le tirer vers le plus haut et le plus beau. Je suis membre de l’équipe de France Olympique et Paralympique, la grande famille du sport français. Et je fais partie de ceux qui aujourd’hui attirent l’attention sur l’immense connerie qui est entrain d’être faite lorsque l’on veut détruire les acteurs qui assurent justement l’ordre dans nos tribunes. « Le chaudron ne se dissout pas » *Ce message n’a aucune couleur politique. Il appelle juste à l’urgence de la discussion avec les acteurs engagés (les groupes concernés, l'association nationale des supporters."

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