100% Batlles

25/05/2021
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Gardant un oeil attentif et intéressé sur les jeunes Verts qu'il a connus à l'ASSE, Laurent Batlles s'est longuement confié ce soir sur les ondes de France Bleu Saint-Etienne Loire. On vous a intégralement retranscrit les propos de l'entraîneur troyen, sacré il y a quinze jours champion de France de L2.

"La force de Claude Puel cette année a été d’intégrer beaucoup de jeunes sans la compétition de jeunes. Il faut savoir que la plupart des jeunes cette année n’a pas joué. La plupart du temps quand on intègre les jeunes c’est qu’on voit leurs performances chez les U17, chez les U19 et en réserve. Je pense qu’il a beaucoup intégré les jeunes à l’entraînement pour pouvoir les jauger et après les mettre sur le terrain. À partir du moment où on ne met pas les jeunes sur le terrain, on ne peut pas savoir s’ils ont la capacité de jouer. Ça a coûté malgré tout certains points comme l’a dit Claude mais au bout du bout il y en a qui se sont aguerris, il y en a qui ont trouvé leur place. C’est beau de voir dans ce club-là autant de jeunes joueurs qui ont joué.

Dans le fonctionnement que j’avais au centre de formation il y a deux ans, j’étais l’entraîneur de la N2 mais tous les mercredis après-midi, j’avais des jeunes joueurs sur des spécifiques comme Yanis Lhery, qui avait 15 ou 16 ans. C’est important que tout le monde connaisse tout le monde pour que personne ne soit laissé de côté. On échangeait sur les qualités des joueurs et ce sur quoi ils avaient besoin de travailler. C’était un conglomérat de personnes, on était dans un open space, on se parlait, on essayait d’avancer ensemble. Ce qui est fait aujourd’hui est fait de façon collective, collégiale.

Mahdi Camara est l’un des joueurs avec Wesley Fofana que j’ai eu le plus souvent au départ quand on était en N3, il a vécu aussi toute l’épopée qu’on a eue quand on est monté en N2. Il faisait partie des joueurs cadres de mon équipe avec Wesley. Ce qui m’a impressionné avec Mahdi cette saison, c’est qu’il a discipliné son jeu. Il était par moment en réserve un peu tout fou, ça partait un peu dans tous les sens, il y avait beaucoup d’accrocs avec l’adversaire.

On voit que Mahdi a muri sans perdre ses qualités de gratter des ballons, de gagner des duels. Il va falloir qu’il progresse malgré tout dans le jeu vers l’avant et le fait de marquer des buts. Il a les capacités de le faire mais le coach Puel lui a certainement demandé de rester un peu plus en place et de tenir la baraque car il avait besoin de ça aussi. Peut-être le coach Puel lui a donné le brassard pour se canaliser. Il a aussi le brassard pour tout ce qu’il doit apporter à l’intérieur de ce groupe jeune. C’est quelque part un ancien du club, ça fait un moment qu’il est là, il a une légitimité.

Tous les joueurs de mon équipe jouaient avec la Gambardella et parfois j’avais des matches alors que la Gambardella jouait en même temps, j’étais obligé de piocher dans les équipes en-dessous pour pouvoir essayer de se maintenir. On a souvent essayé de prendre Lucas Gourna mais on n’avait pas le double surclassement tellement il était jeune. Il montrait tellement de maturité dans son jeu et dans la vie de tous les jours. Il m’a fait penser un peu à Kurt Zouma quand il est arrivé dans le groupe pro et que j’ai joué avec lui. Il avait 16 ans et demi mais on avait l’impression que ça faisait 10 ans qu’il jouait. Lucas, c’est un peu la même chose.

Lucas joue sans pression, il fait des bons choix, le coach le met à bon escient pour ne pas non plus le griller. Il était déjà capitaine en équipe de France, il a été surclassé une catégorie au-dessus. Il n’y a pas de fumée sans feu, il montre certaines choses, de belles choses. Après, il faut que ces jeunes joueurs montrent dans la durée. Ce qui fait sa force, c’est que lui, ce n’est pas un match. Ce n’est pas un "one shot", il est régulier sur ses matches et c’est toujours important pour un jeune joueur.

Etienne Green, je l’ai d’abord connu en U15 déjà car c’est un 2000. Il était en concurrence avec Nathan Cremillieux, avec Ryan Bouallak aussi qui est un 99. Après Etienne s’est vite entraîné avec l’équipe réserve. Pour moi c’est une grosse surprise Etienne. Je savais que c’était quelqu’un d’un peu renfermé sur lui, qui montre beaucoup de maturité. On le voit dans ces matches, il est posé. Ça on le savait. Mais dans les entraînements, à l’époque, on se disait : «il faut qu’il aille chercher autre chose. » Quand on voit ce qu’il a fait… Il a fait de très bons matches !

Il n’a pas trop joué en jeunes, il n’était pas particulièrement titulaire. Il a eu des bouts de match, il a fallu lui donner du temps de jeu. Pour l’ASSE c’était important de donner du temps de jeu à tout le monde, on ne peut pas à un moment donné ne pas faire jouer les joueurs. C’est ce que j’ai un petit peu gardé quand je suis monté à Troyes. Les entraînements ne remplacent pas les matches. Etienne en avait besoin et franchement il a fait de belles choses.

Je ne remercierai jamais assez l’ASSE de m’avoir permis de passer mes diplômes tranquillement. À partir des U15, j’ai eu un cursus normal. En U15, j’étais avec Philippe Guillemet. J’ai été ensuite l’adjoint de Thierry Oleksiak en N2. J’ai pris mon temps. J’ai eu la chance aussi d’être dans le staff des pros pendant un an avec Christophe Galtier. On se rend compte après de tout ce qu’il faut mettre en œuvre après pour entraîner des professionnels. On m’a donné la possibilité d’avoir l’équipe de N3, on est remonté en N2. On a vécu une saison difficile, ça m’a fait grandir. Je me souviens qu’on est parti jouer à Blois avec 5 ou 6 joueurs qui n’avaient même pas joué en U19.

Après j’avais dit au club que si j’avais la possibilité de partir dans un club de N1 ou de L2, j’avais envie de me mesurer à autre chose, de connaître autre choses. J’ai été appelé par Troyes, ça s’est fait naturellement. Quand j’étais joueur pro, je n’avais pas conscience de tout ce qu’il y a à gérer en tant qu’entraîneur pro. Je me souviens que sur la fin de ma carrière de joueur à Sainté, je commençais à parler avec Christophe, notamment du fait de vouloir passer mes diplômes. Un jour il me dit : « Putain, je suis crevé, c’est difficile. » Moi je lui dis : « Pourquoi, t’es fatigué de quoi ? »

Quand on est de l’autre côté, qu’on a un groupe de 25 joueurs à gérer, un staff à gérer, le médical, les dirigeants, la communication, le marketing… On se retrouve dans une machine et c’est pour ça qu’il faut tout anticiper. Je ne m’en rendais pas compte quand je jouais. Joueur, on est dans un cocon. On arrive à l’entrainement, on s’habille, on demande ce qu’on a à faire. On fait des petits jeux, on est content. On court, on l’est un peu moins. Mais après, c’est tout ce qu’il y a derrière. La préparation des matches, les vidéos, la préparation des entraînements aussi qui prend du temps.

Christophe Galtier n’est pas quelqu’un qui m’a inspiré mais c’est quelqu’un qui m’a beaucoup apporté. Je l’avais déjà connu à Bastia en tant qu’adjoint. Je l‘ai connu ensuite en tant qu’entraîneur à Saint-Etienne et j’ai été son adjoint. Ce n’est pas particulièrement une inspiration mais je me sers de tout ce qu’il faisait très bien. C’est important. On s’est envoyé des messages tout au long de l’année, je l’ai eu deux ou trois fois au téléphone, on est toujours en contact.

C’est important quand on voit votre équipe jouer qu’on se dise : « elle montre certaines choses, elle a un projet de jeu. » Moi c’est ce que je voulais. A un certain moment, je voulais que mon équipe joue d’une certaine façon, qu’elle mette ne place quelque chose de coordonné, de cohérent. Cette année il y a eu notamment un fait de jeu que j’avais connu en N3 à L’Etrat. Je m’en suis souvenu et ce fait de jeu m’a fait changer un peu mon projet et ma tactique. Ce que je veux c’est qu’on se dise que mes joueurs progressent, qu’ils aillent chercher quelque chose, qu’ils adhèrent à ce qu’on propose.

Aujourd’hui à l’Estac on travaille sur l’existant, déjà, de ce qu’on pense au club et notamment moi de la capacité des joueurs de pouvoir jouer ou pas en Ligue 1. On regarde aussi les desiderata des uns et des autres en fonction des contrats qu’ils ont. On se projette aussi sur le recrutement. C’est quelque chose malgré tout d’assez simple mais le plus dur commence. Quand vous montez, il y un certain niveau d’écart entre la Ligue 2 et la Ligue 1. Il faut arriver à construire une équipe cohérente. Il faut essayer de se maintenir le plus facilement possible mais on voit que le maintien est difficile pour beaucoup de clubs.

Les rumeurs me concernant depuis plusieurs semaines ? Pour l’instant, il me reste deux ans de contrat à Troyes. Je me focalise déjà sur mon club et on verra ensuite ce qui se passera. Je ne vais pas tout commenter sur ce qu’on dit. Il y a des choses qui sont vraies, d’autres non. Je suis très terre-à-terre. Mon rêve, c’est déjà de se maintenir la saison prochaine en Ligue et de faire évoluer mon équipe, de faire évoluer mes joueurs comme j’ai envie de les faire évoluer. Je suis un passionné du football, un passionné de l’entraînement. J’ai la chance aujourd’hui de pouvoir entraîner alors qu’il y a énormément d’entraîneurs qui sont au chômage. Moi je suis très bien avec mes joueurs et mon  staff au quotidien sur le terrain."

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