Nous sommes la risée de la France
08/11/2023
Le Monde évoque la situation de l'ASSE dans un papier sur Gaël Perdriau. Extraits.
"Le maire (ex-LR) de la cité forézienne et son ancien directeur de cabinet sont accusés d’avoir orchestré un chantage à caractère sexuel contre un élu centriste. Dans cette ambiance délétère, qui dure depuis août 2022, Gaël Perdriau refuse toujours de démissionner.
Depuis un an, la ville oscille entre incompréhension, colère et indignation. Aucun des quelque 177 000 habitants n’aurait imaginé qu’un tel scandale puisse un jour entacher leur cité. "Je n’arrive toujours pas à y croire, je suis sidéré par tout ça", confie le chef triplement étoilé Pierre Gagnaire, stéphanois d’origine et de cœur. "C’est du très mauvais roman". "Les Stéphanois sont des gens généreux, ouverts et orgueilleux, avec une identité très forte, forgée en grande partie par opposition à la voisine Lyon, la bourgeoise", souligne le metteur en scène Daniel Benoin, qui a dirigé pendant vingt-sept ans le théâtre de la ville. Cette sordide affaire représente tout ce qu’ils détestent."
Attablé au restaurant qui surplombe les gradins du mythique stade Geoffroy-Guichard – du nom de son arrière-grand-père, fondateur de Casino –, Rémi Guichard, entrepreneur à la retraite, secoue la tête, accablé : "Nous n’avions vraiment pas besoin de ça". "Tout le monde est tombé de sa chaise en apprenant cette histoire de pieds nickelés", soupire à son tour Bruno Limonne, chirurgien et patron de clinique, qui nous reçoit en jean et en bras de chemise dans la cave à vins “nature” que vient d’ouvrir son fils. "C’est très triste car la ville ressortait la tête de l’eau."
Confortablement installé dans son vaste bureau, Gaël Perdriau reconnaît, sur un ton maîtrisé, que la situation est "très inconfortable". "Si, personnellement, ce que je vis est difficile, professionnellement, je garde le cap et me fixe sur le travail", insiste-t-il. "Ma mobilisation est intacte, ça me permet de résister à la pression. Je ne veux pas me laisser distraire par un malheureux événement."
Ce "malheureux événement" a déjà fait de nombreuses victimes. A commencer par les principaux intéressés. Quand on le rencontre chez lui, à deux pas de l’hôtel de ville où il a vécu des années de cauchemar, Gilles Artigues nous accueille avec son épouse, Mireille, et ses enfants dans un salon encombré d’un bric-à-brac de valises et de cartons, à l’image d’une vie saccagée. Cet ancien professeur de mathématiques vient de retrouver un travail très loin de Saint-Etienne, comme directeur diocésain de l’enseignement catholique d’Albi. Il prend des médicaments et suit une psychothérapie pour comprendre "le phénomène d’emprise qui a fait qu’[il a] pu supporter de vivre tant d’années avec une épée de Damoclès sur la tête et la hantise de voir [sa] vie être détruite."
Cheveux gris, teint fatigué, épaules courbées, M. Artigues évoque son « enfer » : menaces incessantes, moqueries, brimades, quolibets, harcèlement de la part du trio mis en examen. Il songe au suicide et se met à enregistrer ceux qui le font chanter pour que ses proches comprennent ce qu’il a vécu. Sur un des enregistrements, M. Gauttieri le menace de diffuser la fameuse « sextape » auprès des parents d’élèves de l’établissement privé dans lequel est scolarisée sa progéniture : "Je pense que vos enfants ne s’en remettront pas" ajoute le directeur de cabinet. Il les connaît : les siens sont inscrits dans la même école, comme ceux de Gaël Perdriau. Saint-Etienne est un petit village pour ses élites.
Michel Thiollière, l’ancien maire, n’en revient toujours pas d’avoir également été pris pour cible par l’entourage du maire. "Perdriau est entré dans mon équipe municipale en 1995 alors qu’il sortait de l’Institut de gestion. Je l’ai marié, je lui ai trouvé un job chez EDF, je l’ai pris sous mon aile pour favoriser son ascension dans le monde public. C’était quelqu’un en qui j’avais confiance. Il était un peu roquet, mais bosseur. Il a coupé les ponts avec moi quand il a été élu maire, car il voulait être le seul à exister."
Veste chic vert anglais, cheveux blancs et lunettes à montures rouges, M. Thiollière raconte avoir aussi recruté Pierre Gauttieri, qui a refusé de répondre aux sollicitations du Monde, par l’intermédiaire d’un cabinet spécialisé. « Il ne savait pas travailler en équipe, alors je l’ai mis en charge du conseil du développement. J’ai compris après qu’il m’en avait beaucoup voulu, mais je ne pensais pas qu’il me vouait une telle haine. » Pour lui, le duo mis en cause a « perdu toute humanité. Ils sont devenus fous, des petites frappes qui mettent des contrats sur la tête de ceux qui leur déplaisent comme dans un film de série B ». Et l’élu à la retraite de s’interroger : « Si Perdriau ignorait tout du piège monté contre moi, pourquoi ne m’a-t-il même pas passé un coup de téléphone de soutien ? Je pense qu’il s’enferme dans son déni. »
Au-delà des victimes directes, c’est une ville tout entière qui souffre. Une cité ayant eu son heure de gloire avec l’industrialisation avant de connaître son lot de malheurs avec la fermeture des mines, puis celle de Manufrance et de la manufacture d’armes, les fleurons des années prospères. Cette ville moyenne, dotée d’un Opéra, d’un théâtre, d’un musée d’art contemporain, a perdu bon nombre d’emplois, 50 000 habitants en cinquante ans, et a vu une partie de sa population se paupériser. A Saint-Etienne, le drapeau « Vert & Fier » de l’équipe de foot qui fit vibrer la France des années 1970 flotte toujours, mais l’ASSE évolue désormais en Ligue 2, symbole, s’il en fallait, des difficultés dans lesquelles la ville se débat. Sans compter l’incertitude sur l’avenir du Groupe Casino, qui a toujours son siège social dans la commune.
De l’avis de très nombreux Stéphanois, une sortie de crise ne peut passer que par la mise en retrait du maire. "Nous sommes la risée de la France", constate M. Ziegler, au conseil départemental. "Partout, les gens nous demandent d’un air goguenard : “Alors chez vous on fait du cinéma ?” S’il aime vraiment sa ville, il devrait se mettre en retrait. Pas un ministre ne mettra les pieds ici tant qu’il sera en poste, conclut-il, avant de reconnaître : En tout cas, il a le cuir épais, c’est un costaud. Il a énormément de pression et il tient bon."
La gauche a saisi Matignon pour demander sa révocation, sans recevoir de réponse de la part de la première ministre, Elisabeth Borne. "On se heurte à un angle mort du droit des collectivités locales", regrette l’un des chefs de file socialistes, Pierrick Courbon. "Il n’existe pas de mécanisme du type motion de censure. Du coup, il peut s’accrocher jusqu’aux municipales de 2026." "Qu’il ne démissionne pas est incompréhensible", soupire pour sa part Rémi Guichard, le regard soucieux. "Il ne faut pas que ça traîne comme ça, ce n’est bon pour personne." Mais, comme beaucoup de Stéphanois, il veut rester optimiste : "Saint-Etienne a connu des crises, et elle les a surmontées à chaque fois."

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