Il est Valenciennois comme J. Janot. Il est buteur, des fois dedans, des fois sur le poteau même pas carré. Il est notre principal sujet d'angoisse face au Valenciennes Football-Club. Steve est comme Jérémie. Un mec à part.


Tu es au club depuis 2004, tu as franchi tous les niveaux depuis le National. Dans quels domaines penses-tu avoir progressé ? Technique, physique, mental ?
Steve Savidan : C’est une progression globale. On est tous mentalement plus fort et nous avons progressé dans beaucoup de domaines. Même si certains résultats, comme à Lyon ou à Marseille, ont tourné en notre défaveur, ce qui a généré une forte frustration, on savait que nous étions sur le bon chemin. Pour moi, il faut savoir perdre un match de façon à en tirer les enseignements et à se projeter plus vite vers l’avant, vers le match suivant. En cela, l’équipe fait preuve dans gros mental.
En ce qui me concerne, l’évolution principale, ces dernières années, c’est surtout que je me suis stabilisé. J’ai trouvé à Valenciennes la stabilité qui me manquait, tant à titre sportif que pour ma famille. Mes progrès en tant que buteur, je ne les dois qu’à moi, à mon envie de travailler.

Cela n’a pas toujours été le cas à Angers ou Châteauroux…
SS : C’est vrai, mais avant d’arriver à Valenciennes, j’ai connu sept clubs en sept ans. Cela ne facilite pas les choses ! Et puis, je ne suis pas tombé dans les bons contextes qui m’auraient permis d’évoluer plus positivement. J’ai pas mal fait la fête, c’est vrai, mais je pense qu’à partir du moment où l’on travaille, où l’on a une attitude professionnelle et sérieuse, on peut aussi profiter des moments de loisirs.

Tu as exercé plusieurs métiers avant d’être pro, notamment celui d’éboueur. Pourquoi ?
SS : En National avec Valenciennes, j’avais un statut professionnel. Ce qui n’était pas le cas lorsque j’ai évolué au même niveau avec Angers et Angoulême. Pour pouvoir vivre et faire vivre ma famille, je devais avoir un travail à côté du football. J’ai alors exercé plusieurs métiers dont celui d’éboueur, en effet...

Avec le recul, tu ne regrettes pas le temps perdu, les prêts de clubs en clubs ?
SS : Non, je ne regrette rien, j’en ai bien profité, et aujourd’hui je m’attache à avoir un comportement de professionnel.

Quels étaient tes modèles et tes clubs préférés à l’époque ?
SS :
Bah, on m’a parfois comparé à Jean-Pierre Papin, mais en fait, quand j’ai commencé à jouer au foot, c’était dans mon quartier avec mes amis à Angers. Je ne m’intéressais pas du tout au football. Ce qui me plaisait, c’était juste de jouer, de m’éclater, de me dépenser physiquement par le jeu. Par exemple, cela ne fait que deux ans que je regarde les matches à la télévision ! Mais quand je les regarde, je les enregistre aussi, pour analyser ensuite le jeu de futurs adversaires, les déplacements, les techniques d’autres attaquants. Je prends ainsi des repères et c’est une source d’inspiration.

C’est une démarche d’entraîneur…
SS :
Non, juste une démarche de professionnel, de quelqu’un qui veut faire son travail le mieux possible, qui se donne à fond pour ça. Quant à devenir un jour entraîneur, je ne sais pas. Mais je possède déjà les diplômes…

Etre si vite placé sous les feux des projecteurs, des grands médias, est-ce une pression facile à supporter ?
SS :
Non, ça va, c’est une question d’adaptation. Personne n’est préparé aux sollicitations des médias. Mais c’est agréable.

Comment s’est passé ton intégration dans le Nord ?
SS :
Comme je l’ai dit, j’ai trouvé la stabilité à Valenciennes. J’aime bien la région. Ma famille et moi avons reçu un très bon accueil. J’aime aussi beaucoup la mentalité des supporters du club chez lesquels on ressent une très grande passion et beaucoup d’attente. J’aime leur côté convivial et respectueux. Il est facile dès lors, d’être adopté, surtout lorsqu’on est soi-même sociable. Et je suis très sociable…

Pour un buteur, est-il plus difficile d’évoluer devant les défenses de Louhans-Cuiseaux, Rouen ou Sète que devant celles de Ligue 1 ?
SS :
C’est nettement plus difficile en National ! L’impact physique y est beaucoup plus fort. A l’inverse, en Ligue, il faut davantage faire preuve de qualités techniques et de d’une grande rigueur. C’est le plus important.

As-tu des amis proches dans le foot et notamment en L1 ?
SS :
Non, aucun en particulier.

Le grand public te découvre sur le tard. Un peu comme Ribéry. Son parcours est-il une source de motivation ?
SS :
C’est vrai qu’il y a des ressemblances. Nous venons de national, on marque des buts, on parle de nous, mais il y a quand même deux grosses différences : l’âge et le parcours. Mais je ne peux pas me comparer à Ribery !

Tu pourrais quitter Valenciennes au Mercato ?
SS :
Mon contrat court jusqu’en 2010. Je suis très bien à Valenciennes, la ville est sympa, les gens aussi, je me suis fait des amis et j’ai envie de rester. Maintenant, c’est sûr que je ne maîtrise pas tous les paramètres et l’on ne sait jamais ce qui peut arriver.

Que penses-tu des déclarations de Georges Frêche sur la composition de l’Equipe de France et des problèmes récurrents sur la violence dans et autour des stades ?
SS : Je ne suis pas le mieux placé pour en parler. Je dirais même que je ne suis pas bien placé tout court. Le racisme est un poison et il faut changer les mentalités. C’est vraiment dommage. C’est tout ce que je peux dire.

Tu as récemment rencontré Jérémie Janot sur un plateau télé. De quoi avez-vous parlé ? De ses arrêts de fou ? De sa passe décisive à Nantes ? De Valenciennes ?
SS :
(Il Sourit, enfin…). Sa passe, ses arrêts, oui, mais on a surtout parlé de Valenciennes, car c’est davantage sa ville que la mienne. Il y a sa famille et il m’a questionné sur l’évolution de la ville, les nouveautés, tout ça. Une chose est sûre, on saura très bien l’accueillir à Valenciennes l’an prochain !

Que t’inspire le personnage ?
SS :
(Re-sourire). Ce que je pense de Jérémie ? Il a le même type, le même profil que moi. On est du même moule. On a un esprit de guerrier. Nous sommes peut-être deux personnes conscientes de ce que l’on fait et pourquoi on le fait. On aborde le football avec sérieux et décontraction. Ni lui ni moi ne sommes du genre à nous poser de questions, à se prendre la tête.