Même si la qualification en finale de la Coupe de France quelques jours plus tôt avait redonné aux Verts la confiance qui leur faisait défaut depuis un moment, ça n'a pas suffi pour qu'ils remportent enfin un match de championnat...


Un point de pris ou deux de perdus ? La réponse de Claude Puel lors de son analyse d'après-match est sans équivoque : "sur la physionomie du match, on a perdu deux points. Les belles occasions qu’on a eues malgré la débauche d’énergie consentie deux jours et demi plus tôt en Coupe montrent qu'on y est dans l'état d'esprit. On a réalisé un gros match avec de la qualité et de l’intensité. (...) On méritait beaucoup, beaucoup mieux. Bien sûr, ce nul n’a pas la saveur d’une victoire mais on est dans la continuité de notre match de Coupe".

En effet, ses protégés ont produit une bonne prestation, comme dans la semaine, en demi-finale de Coupe. Et même si l'approche tactique ne fait pas tout, elle a été très similaire lors de ces deux derniers matchs, ce qui ne peut pas être juste une coïncidence...

 

Système tactique


Contre Rennes en Coupe de France, le système utilisé a été un 4-3-3 / 4-1-4-1 :


Des défenseurs disciplinés tactiquement, surtout sur les côtés (là où Maçon, Palencia ou Trauco ont péché par le passé). M'Vila en sentinelle, capable à la fois de solidifier le bloc équipe et d'être à la relance. Et deux autres milieux axiaux qui se placent entre les lignes adverses, d'où ils relayent le ballon vers les ailiers.


Et le même système a été reconduit contre Bordeaux, avec la présence d'Aholou à la place de Cabaye (blessé) et de Boudebouz (héros en Coupe) à celle de Honorat, à l'aile droite :



Enfin, c'est le système de début de match pour l'ASSE, parce que les changements intervenus en 2MT  ne l'ont pas préservé :


Si l'entrée d'Abi à la place de Diony a été du poste pour poste, Nordin, après des longues semaines de blessure, a remplacé Aholou. Il a pris l'aile droite et les Verts sont passés en 4-2-3-1 / 4-4-2. Malheureusement, pas pour longtemps, parce que l'expulsion de Camara a obligé le staff stéphanois à revoir le bloc équipe :


Dioussé a remplacé Boudebouz et s'est placé à côté de M'Vila dans l'axe, les Verts passant ainsi en 4-4-1. Et ils ont résisté dans cette formule jusqu'à la fin, préservant le point du match nul - ou regrettant les occasions ratées plutôt dans le match, selon.


Relayer le ballon

 
Le 4-3-3 est un système tactique très classique et une des clés dans son animation est le milieu relayeur. Voici quelques exemples du rôle de ces milieux dans le match des Verts contre Bordeaux.

A la 12e minute, la jeune charnière stéphanoise se passe le ballon avec l'aide de Jessy Moulin :


Le trio du milieu se trouve plus haut sur le terrain, c'est à eux d'amener le ballon vers l'avant. Ils descendent tous d'un cran pour offrir des solutions à Saliba, qui porte le ballon :


Le bloc adverse, en (4)-4-2 se trouve haut, mais Saliba trouve Aholou, qui élimine son adversaire direct...


... et lance en profondeur Bouanga, qui frappe dans un angle fermé. Dans cet exemple, Aholou a servi de rampe de lancement en profondeur pour les attaquants.


Quelques minutes plus tard, la même relance dans la surface stéphanoise :


Même positionnement qu'auparavant pour les milieux, M'Vila qui aide à hauteur de la défense, les deux autres bien plus haut. Mais Camara décroche pour offrir une solution à Fofana...


... et joue à droite avec Debuchy avant de se projeter vite vers l'avant :


Debuchy joue avec Boudebouz, qui essaye de lancer Camara en profondeur à droite. Malheureusement, sa passe est interceptée. Dans cet exemple, Camara a participé à la construction avant de prendre la place d'un ailier.


Même pas une minute après, Debuchy joue une touche avec Boudebouz dans sa propre moitié :


Les deux joueurs s'échangent le ballon et Boudebouz part dans une série de dribbles dans le couloir droit, avant de repiquer vers l'axe...


... et décaler parfaitement Bouanga sur le côté opposé. L'ailier gauche stéphanois entre dans la surface et les solutions lui sont proposées par Diony, naturellement, mais aussi...


... par Aholou et Camara. Dans cet exemple qui correspond à la première grosse occasion des Verts, on voit bien l'apport offensif des deux milieux.


Les exemples précédents nous montrent les différents aspects du jeu offensif d'un milieu relayeur : aider sa défense à construire, servir de rampe de lancement, se projeter en attaque jusqu'à la surface adverse. Mais son rôle le plus important en phase de possession du ballon reste... de relayer le ballon de la défense à l'attaque.

Comme par exemple à la 39e, quand le ballon circule entre les défenseurs, de Debuchy jusqu'à Saliba :


M'Vila et Camara se trouvent bas, en dehors du bloc adverse, pendant qu'Aholou se trouve très haut, à la même hauteur que Diony. Mais il n'y reste pas longtemps...


... et offre une solution entre les lignes, où la passe de Saliba le trouve parfaitement. Cette passe verticale casse les deux premières lignes du bloc et Aholou n'a plus qu'à relayer le ballon jusqu'à Bouanga, avec une autre. Avant bien sûr de se projeter dans la surface adverse :


Le centre de Bouanga à destination de Boudebouz est repoussé par la défense, mais c'est toujours Aholou qui est à la lutte pour le récupérer, avec Camara pas loin. Le ballon arrive finalement dans les pieds de Boudebouz à l'entrée de la surface et son centre-tir frôle la lucarne opposée.


Rien n'a changé à la pause, comme on peut le voir dans cet exemple juste après le retour des vestiaires :


M'Vila se trouve toujours bas, à hauteur de la défense, ses deux compères du milieu se trouvent bien plus haut, surtout que Boudebouz avait décroché pour aider à la construction. D'ailleurs, il est intéressant d'observer le positionnement de Bouanga et Diony, très excentrés - les deux défenseurs centraux bordelais n'ont aucun adversaire à suivre. Le ballon arrive donc à Saliba, qui joue avec Kolo...


... et Aholou se détache du marquage pour offrir une solution entre les lignes, où il est trouvé et d'où il relaye le ballon pour Bouanga. Du jeu à trois à gauche (latéral-relayeur-ailier), rien de plus classique, mais beau à voir pour les spectateurs stéphanois, pas trop habitués à ce genre de mouvement ces derniers temps.


A la 56e, même construction avec la défense centrale aidée par M'Vila, descendu à gauche, comme il avait l'habitude pendant la période Gasset :


Aholou plus haut, Camara se place entre les deux lignes de 4 et 2 pour offrir une solution. Il est trouvé, mais joue en arrière avec Saliba. Le ballon est passé de nouveau horizontalement et arrive à M'Vila...


... qui trouve Aholou avec une passe verticale. Diony et Bouanga sont de nouveaux excentrés, la défense centrale adverse n'a toujours personne à surveiller. Le milieu relayeur stéphanois ne relaye pas le ballon, mais monte avec, profitant du fait que la défense recule suite à l' appel de Diony :


Pour une fois, il ne joue pas à gauche avec Bouanga, mais il cherche Boudebouz à droite. Malheureusement, sa passe est interceptée.


Même à 10, avec seulement deux milieux axiaux, les remontées du ballon stéphanoises sont passées par cette présence entre les lignes qui a le but de relayer le ballon vers les attaquants. Par exemple, à la 84e minute, Moulin envoie le ballon à gauche :


Il parvient jusqu'à Kolodziejczak, qui peut jouer plus haut dans le couloir avec Bouanga, ou revenir en arrière avec Saliba. Mais Dioussé se projette et offre une solution dans le dos des milieux adverses. Il est trouvé...


... et monte avec le ballon avant de lancer Abi en profondeur dans le couloir gauche. Malheureusement, son centre est trop long et ne peut pas être repris...



Conclusions


Il manque toujours un petit brin de réussite aux Verts, et sans lui, ils glissent peu à peu vers le bas du classement. Mais il y a clairement des motifs d'espoir, des ingrédients importants sont bien présents. Une approche tactique calée sur les forces des joueurs aptes, avec des solutions proposées entre les lignes. De l'envie, des duels gagnés, un jeu collectif cohérent, à défaut d'être flamboyant. Et même s'ils concèdent toujours l'ouverture du score sur la première demi-occasion adverse... les Stéphanois sont maintenant capables de revenir dans le match. Il est temps maintenant d'utiliser tous ces ingrédients pour enfin retrouver le goût de la victoire en championnat !