En perdant à domicile contre Montpellier, les Verts ont raté une étape importante dans leur course pour l'Europe, mais restent néanmoins maîtres de leur destin.


Il n'y a pas de doute, le tournant du match réside dans cette fameuse minute, qui restera gravée dans la mémoire de Jean-Louis Gasset. Avec un carton rouge et un but encaissé, les Verts sont passés d'une équipe en supériorité numérique, qui met une grosse pression sur l'adversaire, à une équipe paniquée, qui cherche à revenir au score contre une un bloc défensif compact.

L'ASSE avait démarré le match dans un système classique, 4-2-3-1 :

 

Sur cette image Cabella se trouve à gauche et Khazri en "10" - ça a été parfois le cas, mais le plus souvent Khazri était excentré et Cabella axial, comme nous le verrons plus tard lors d'un exemple. Quant à Montpellier, le système utilisé a été le 3-4-3, avec 7 joueurs très défensifs, comptant sur un trio offensif très dynamique et plein d'automatismes pour se montrer dangereux.

Les Stéphanois ne se sont pas livrés d'entrée, ils ont préféré garder le ballon, tout en maîtrise, mais sans être dangereux... jusqu'au moment où un adversaire a été expulsé, peu après la pause. C'est seulement à ce moment qu'ils ont emballé le match, mais ça n'a pas duré longtemps et l'expulsion de Cabella leur a coupé l'élan, qu'ils ont retrouvé seulement en fin de partie, quand ils ont joué le tout pour le tout. Sans réussite. Les entrées de Vada pour Aït Bennasser et Yannis Salibur pour Nordin n'ont pas changé le système de jeu :

 
A la fin du temps réglementaire le staff stéphanois a même remplacé un défenseur (Saliba) par un attaquant (Ghezali) - toujours sans succès.
 
 
 

Écarter et centrer

 
Si on doit deviner l'approche tactique envisagée par le staff stéphanois, elle devrait se résumer à passer toujours par les côtés, écarter au maximum le bloc adverse et envoyer des centres dans la surface. Si on exclut les CPA, les Verts ont effectué 31 centres contre Montpellier, bien plus que leur moyenne cette saison. Que cela soit avec les latéraux (Debuchy 8, Polomat 5) ou avec les ailiers (Nordin 7, Khazri 4, Salibur 2 et Ghezali 2), ils ont arrosé la surface adverse, mais quasiment jamais avec succès. Et c'était clairement délibéré, dans les mots de Gasset : "on aurait dû les user et passer par les côtés".

Par exemple, à la 35e, Cabella récupère un ballon au centre du terrain :


Il joue en retrait avec Aït Bennasser qui donne à M'Vila...


... qui écarte immédiatement à gauche où Polomat monte dans son couloir. Le positionnement des offensifs stéphanois est bien visible sur l'image suivante :


Nordin et Khazri sont collés aux lignes de touche, pendant que Beric se trouve tout seul dans l'axe, entre 3 défenseurs. Le latéral adverse arrive à pousser le ballon en touche, Khazri perd de nouveau le ballon après la remise en jeu, mais 30 secondes plus tard, la possession est de nouveau stéphanoise :


M'Vila joue en retrait avec Perrin, qui écarte à droite avec Debuchy. Ce dernier transmet à Aït Bennasser qui lui avait proposé une solution :


Le jeu est de nouveau orienté à gauche. Polomat ne joue pas plus haut dans son couloir avec Khazri, toujours collé à la ligne de touche (comme Nordin à droite), mais repique vers l'axe :


Il joue ensuite en retrait avec Perrin, qui passe à Aït Bennasser. Les Verts contournent facilement les 5 montpelliérains (les 5 autres, les défenseurs, restent très bas, disciplinés) et le milieu stéphanois peut monter balle au pied. Il joue ensuite avec Nordin sur l'aile droite...


... et le dédoublement de Debuchy est exactement ce qu'il faut faire contre une équipe qui a un seul joueur de couloir. Le latéral gauche adverse ne peut pas défendre contre les deux Verts, le décalage est fait et Debuchy se retrouve en position de centre :


Par contre, la présence stéphanoise est assez faible dans la surface. Le 4 autres défenseurs sont bien présents et Khazri et Cabella font le même appel - il n'y a personne au deuxième poteau où le centre de Debuchy atterrit.



Jouer à 10 contre 10 et être mené n'a pas changé l'approche tactique de l'ASSE - même s'il y avait de plus en plus de place au milieu, dès qu'ils s'approchaient de la surface adverse, les Verts continuaient à décaler un joueur sur le côté pour effectuer un centre ensuite. Par exemple, à la 85e, Polomat joue une touche avec Perrin :


Le ballon arrive à Saliba, qui le garde un peu - les Stéphanois essaient de faire sortir leurs adversaires, bien regroupés dans leurs 30 mètres. Il joue ensuite avec Perrin...


... et ces 5 montpelliérains sont de nouveau passés facilement grâce à l'appel de Vada, qui décale ensuite Polomat dans le couloir gauche. Le latéral préfère ne pas centrer, il joue en retrait avec Perrin :


Vada se projette vers la gauche, d'où décroche Khazri, qui reçoit le ballon. Il a le temps de se retourner et porter le ballon en cherchant des solutions. Malgré la présence dans l'axe devant lui de Yannis Salibur, Vada et Beric, il décide de décaler Debuchy à droite :

 
Le latéral droit a le temps d'ajuster son centre, surtout que la présence est plus importante dans la surface maintenant : 
 
 
Salibur, Vada et Beric s'y trouvent, tout comme Perrin qui avait continué son action. Beric ne gagne toujours pas ses duels aériens mais le ballon dégagé par un défenseur arrive sur Khazri qui cherche son avant-centre avec une passe de la tête. Malheureusement la tête de Beric n'est pas assez appuyée et il rate ainsi la plus grosse occasion stéphanoise du match.


 

Conclusions

 
Le style de jeu de cette équipe de Montpellier était connu et le staff de l'ASSE a fait un choix tactique assez logique, d'écarter la défense, d'essayer de contourner le bloc défensif. Par contre, la réalisation n'a pas été à la hauteur et les nombreux centres envoyés dans la surface n'ont rien donné. Avec au bout une défaite, un titulaire de plus suspendu pour le prochain match, un adversaire relancé dans la course pour la Ligue Europa et encore moins de chances pour finir sur le podium. Bref, une mauvaise opération sur tous les plans. Les Verts restent néanmoins maîtres de leur destin pour l'Europe, mais les différents problèmes d'ordre mental aperçus lors des deux derniers matchs deviennent inquiétants. A la pause à Monaco il a fallu "ramener de la sérénité, de la confiance", contre Montpellier ils ont "manqué un peu de lucidité à partir du moment où ils étaient 10"... il faut absolument que les joueurs retrouvent de la sérénité pour les deux matchs restants.