Levons illico une ambigüité qui pourrait bien plomber l’intégration de Jérémy Clément à Sainté. Non il n’est pas lyonnais de souche mais natif de Béziers. Et à bientôt 27 ans, il a joué exactement quatre fois plus de matches pour le PSG (140) que pour les Vilains (35) en Ligue 1.

Il serait donc de bon ton de zapper la traditionnelle prise en grippe infligée à tout ex-membre de l’écurie voisine pour supporter sans réserve celui dont le profil rappelle étrangement notre ex-capitaine courage, Julien Sablé. 

Ainsi, si notre Juju par sa faculté à harceler frénétiquement et sans relâche le porteur du ballon avait de faux airs de chien fou, Clément a longtemps été raillé pour son style et loué pour sa combativité. 
Ainsi dans un portrait réalisé en 2009, So Foot évoquait sa démarche chaloupée, fesses en arrière, et tête dans le guidon d’un joueur n’ayant ni l’allure ni la classe mais qui se bat pour le cuir pendant des plombes, mais ne le garde qu’une demi seconde.
Troublante ressemblance non ?
L’analogie dans le style et les trois poumons se prolonge également dans la fidélité des deux joueurs : si Juju a dit son admiration pour Anto qu’il avait retrouvé à Nice, Clément a longtemps été vu comme l’homme d’un seul entraîneur : Paul Le Guen. C’est sous ses ordres en 2004 qu’il fait ses premiers pas en Ligue 1 outre A47, c’est dans ses bagages qu’il fila à l’écossaise chez les Rangers en 2006 et c’est encore dans son sillage qu’il retraverse la Manche en janvier 2007 pour installer sa belle gueule et son sens du devoir au milieu de terrain d’un PSG plongé alors dans la tourmente. Le Guen parti dompter les Lions du Cameroun, puis transféré au FC ANPE, Clément doit se résoudre à couper le cordon et continue de pointer à Paris dont il est pendant trois saisons et demi un des piliers. Il contribuera en particulier au maintien du club lors d’un importantissime PSG-Sainté (1-1) de mai 2008 en égalisant en fin de match. 
Associé à Makelele, qui sera pour lui, ce que Maestro Zokora fut pour Sablé, il avance même sur le terrain à partir de la saison 2008/2009 lors de laquelle, libéré par la présence de MC Claude à ses côtés, il claquera (encore) contre Sainté au Parc (victoire du PSG 2-1) dans un match où il jouait la main dans le plâtre (suite à une fracture). Partie à l’issue de laquelle Mamadou Sakho dira de lui : « Il a fait du Clément ! C’est un guerrier, on le savait tous. » Et Le Guen de surenchérir : « C’est un combattant, il aime jouer au foot tout simplement. Il lui en faut plus pour s’arrêter, et moi j’aime bien ça. Je ne suis pas vraiment surpris, j’ai la chance de le connaître depuis un petit moment, depuis Lyon, aux Glasgow et à Paris… Il s’est fait mal et c’est précieux. »

Interrogé sur le sujet de son nouveau positionnement, lui-même dira : « La saison dernière, je jouais très défensif, devant la défense. C’est le poste qu’occupe Claude, on m’a donc fait comprendre en début de saison que ce serait difficile que l’on joue tous les deux. Aujourd’hui, tout se passe bien. Je me suis adapté et j’ai fait évoluer mon jeu. J’essaye de jouer un peu plus haut, de plus participer aux actions offensives. On s’entend bien et je trouve que nous sommes finalement assez complémentaires. » 

Passé sous les ordres de Kombouaré en 2009/2010, Clément continue à briller aux côtés du vieux Mak’ et vit alors sa saison la plus prolifique (trois buts en championnat). En mai dernier, l’entraîneur parisien, au moment de saluer la retraite de son capitaine déclare alors : « je veux simplement le remercier de tout ce qu’il a apporté à ses partenaires. J’ai vu des garçons transformés, comme Mamadou Sakho ou Jérémy Clément. »

Transformé, certes, mais également transporté, sur le banc pour être précis. Car c’est l’an dernier que Clément perd sa place, victime de l’éclosion de Chantôme et du renouveau de Bodmer. Il n’est titulaire qu’à huit reprises mais ne lâche pas l'affaire et participe néanmoins à vingt-quatre matches. Car s’il avoue alors de « la frustration » du fait qu’il « ne joue pas assez à (son) goût » il précise : « une fois sur le terrain, je laisse mes états d’âme de côté et je me donne à 100% pour l’équipe et mes partenaires. »
Au moment où son statut de titulaire en puissance est fragilisé, des critiques sur ses difficultés à porter le jeu vers l’avant sont apparues, reposant la question de son vrai poste. Dans une interview au Parisien il déclarait alors : « Ces critiques sont parfois justifiées. Je suis plus un récupérateur qu'un relayeur. J'essaye d'améliorer mon jeu, mais je ne vais pas complètement changer non plus. Je pense que je vais plus vers l'avant depuis quelques mois. »

A Sainté, il connaîtra un autre environnement que celui de la capitale, mais un club qui attire aussi (sinon autant) les médias. Sur cette pression parisienne il tenait le discours suivant : « Le PSG est plus usant qu'un autre club. J'y ai vécu des périodes difficiles et parfois j'en ai eu marre. Mais après, je me dis que je ne peux pas me plaindre. Je fais un métier que beaucoup de gens aimeraient faire. Je joue dans une équipe médiatisée. J'ai appris à aimer ce club et je m'y sens bien. » C’était avant le banc, avant les envies d’ailleurs. Au début de la saison dernière, Garcia (qui avait déjà cherché à se le faire prêter à Dijon) pour Lille et Keller pour Monaco s’étaient renseignés sur le joueur. Depuis Pedretti a signé chez les Dogues et Monaco a sombré en Ligue 2.

Et Blaise, hélas nous a quittés. Pour Paris, pour remplacer Makélélé. Mais pas pour épauler Clément qui débarque donc à Sainté.
A Sainté, pas de Makélélé, plus de Zokora pour le « transformer »… Mais pas d’inquiétude, Clément jouera aux côtés du futur Patrick Vieira : Joshua Guilavogui.