Cette saison encore, à l’heure où le mercato va enfin s’enflammer, à défaut de pétrole, l’ASSE sera condamnée à avoir des idées. Des bonnes de préférence, car l’histoire contemporaine du club montre que la qualité du recrutement pèse très lourd sur son destin sportif.


Depuis 1999 et notre retour en L1 sous les ordres de Nouzaret, l’ASSE a vécu neuf saisons dans l’élite. Chacune de ces saisons a été abordée avec des situations financières contrastées, amenant le club à gérer la période des transferts de façon très variable, oscillant à l’extrême entre un comportement de nouveau riche les années fastes, d’abonné au mercato du coeur quand la bise fut venue.

Sur ces neuf saisons se détachent globalement deux vraies réussites : celles des recrutements des saisons de retour en L1. L’inégalable, formidable, délectable et très rentable cuvée 1999 avec Alex, Aloisio, Pedron, Guel et Kvarme tient aujourd’hui du mythe. Celle de 2004 avec Camara, Feindouno, Piquionne, Zokora et Ilunga est également proche du sans-faute (si on occulte le foirage absolu de Garrido).
Rayon oseille, le recrutement de 1999 fut réalisé avec une enveloppe très correcte, celui de 2004 fut nettement plus contraint financièrement et basé sur des prêts avec option d’achat.

A l’opposé de ces deux millésimes accomplis, que trouve-t-on ?
Quatre échecs retentissants dont trois consécutifs à l’euphorie d’une saison emballante, ennivrante, grisante, et osons le mot carrément bandante. A l’issue de nos accessits (6ème en mai 2000, 6ème en mai 2005, 5ème en mai 2008), nos dirigeants décrétèrent une forme d’open bar auquel ils convièrent des Panov, Sanchez, Fellahi (2000), Mazure, Perquis (2005), Matsui, Sauget, Grax, Dos Reis, Monsoreau et Mirallas (2008… qui dit pire ?).
On se gardera bien, malgré ces trois exemplaires plantages, de considérer comme un mal pour un bien de ne pas avoir accroché la 6ème place cette saison.

Car on n’a pas besoin d’être sur un petit nuage pour empiler façon millefeuille indigeste les recrues en toc comme en atteste la 4ème campagne désastreuse. Celle qui suivit notre première 17ème place et dont on paye encore la trop lourde addition. Souvenez-vous : été 2009 notre staff de légende décide de convier Planté, N’Daw, Sako, Sanogo, Bergessio, Augusto et Gelson au grand festin offert par les Vilains et le gros chèque de Gomis.

Deux fabuleuses réussites, quatre échecs totaux, et enfin trois campagnes mitigées :
Celles des étés 2006, 2007 et 2010 furent en effet soit moyennes (Ilan, Hautcoeur, Diatta, Bilos, Dernis, Landrin, Guarin en 2006, Battles, Ebondo, Bocanegra et Marchal en 2010) soit très contrastées (Payet, Matuidi, mais aussi Tavlaridis, Nivaldo, Douala, Gigliotti et Varrault en 2007).

Qu’en conclure ?

D’abord, excusez la lapalissade, qu’un recrutement totalement raté garantit une saison en enfer. Le millésime 2000 a débouché sur la descente (bien aidé par l’affaire des FP il est vrai), le crû 2006 sur un triste 13ème rang et enfin 2008 et 2009 nous ont laissé deux fois à une angoissante 17ème place.

Ensuite, qu’être très contraint financièrement nous rend en général plus intelligent, donc plus efficace comme l’a démontré la saison écoulée, comme celle du retour en L1 en 2004/2005 (c’était donc vrai, l’argent ne ferait pas le bonheur ?).

Qu’il faut se méfier à la fois des joueurs à la mode et/ou dont l’éclat est très récent (jurisprudence Panov, Fellahi, Mazure, Hautcoeur, Mirallas, Matsui…), mais aussi des joueurs exotiques (venant de l’étranger et méconnus : jurisprudence Bilos, Augusto, Bergessio, Nivaldo, Sanogo, Panov…).

Qu’on se trompe moins (sportivement mais aussi financièrement) en visant des espoirs (Payet, Matuidi, Sako) et des vieux briscards revanchards (Batlles, ou Subiat dans un passé plus lointain).

En suivant ces règles, on serait tenté de miser sur un Mounier plutôt qu’un Alessandrini, et on se plairait volontiers à ranger Sinama-Pongoal dans la catégorie revanchard malgré son (encore) jeune âge. Néanmoins, chacune de ces règles souffre de notoires exceptions. Les divines surprises Goïassiennes sont là pour nous rappeler que la glorieuse incertitude du sport s’étend aussi au marché des transferts.

Au-delà du profil des p'tits nouveaux, et du pari qu'ils représenteront tous à divers degrés, reste une ou deux certitudes : il serait bon d'avoir le groupe rapidement constitué, et de savoir sur quel pilier Galette pourra s'appuyer (Blaise, si tu nous lis...).