Regarder en passionné un match de L1 à la télé, qui plus est un samedi après-midi alors que je serais bien mieux à Auchan en train de me soupeser une livre d’appétissantes courgettes au rayon fruits et légumes, a tout du pensum. Coup de bol, je n’aime pas les courgettes. Et quand, en plus, ce sont les Verts qui passent à la lucarne, j’en oublie le niveau de la L1.

Quelques Goudale au frais pour faire plaiz’ aux potonautes de passage, vous savez, ceux qui squattent votre canapé uniquement les jours de matches… Ok, je rigole. Désolé les gars, pas eu le temps d’acheter des courgettes. Rassurez-vous, je suis en règle avec mon abonnement Canal Plus.
Me voilà donc de nouveau spectateur, cerné d’aussi fous furieux que ma pomme. Nous sommes à Malherbe-de-Caen. Mais ce n’est pas tout de planter le décor, faut surtout pas se planter dans le décor. Il faut même confirmer les quatre pions passés à Nancy. Roussey mieux que moi combien c’est important.
Cela ne fait pas quarante minutes que nous nous époumonons, vociférons, sautons à s’encastrer dans le plafond, se tapotons les mimines pour réaliser que l’on vit la vie vraie d’une mi-temps de rêve.

Et puis, comme pétrifié, le téléspectateur vert entrevoit des spectres insidieux. À la façon d’images subliminales, j’aperçois avec effroi des images subliminables… 0-3. Dernis se joue de tout, même de l’apesanteur, Gomis donne le tournis. C’est trop beau. Mais il y a ces spectres. C’est psychologique, affirmerait le responsable d’une cellule de soutien psychologique. C’est surtout Stéphanois, aurais-je envie de répondre. Menant 0-3 à la mi-temps, les Verts ne sont sûrs de rien. C’est l’effet Lens, dira le psy. C’est l’effet loose, dira le supporter moyen, surtout celui qui prédisait doctement il y a un mois, un âpre duel pour le maintien suivi d’un funeste destin.
À 3-0, un Perrin peut se permettre de sortir Benzema pour faire entrer Fred (c’est dire !). JM Aulas peut même entrer en jeu à la place du clown Govou, les cheveux teints en bleu, blanc, rouge, si cela lui chante. À 3-0, même Plessis peut s’allumer un cigare d’un mètre de long en reluquant, peinard, le décolleté ravageur de la quinquagénaire assise deux rangs plus bas.
Oui mais nous ? Ah ben non. Nous ne sommes jamais tout à fait tranquilles. À 0-3, je me prends à flipper. Il en faut un quatrième, dis-je en mode optimiste. Il ne faut pas s’en prendre un trop vite, dis-je en version dramatique (quand les Verts passent à la télé, mes versions sont versatiles).
Les ouvertures de Féfé, de Dernis, de Payet, finissent enfin de chasser les spectres lensois. Et balaient les fantomatiques Caennais. Je l’avoue, j’ai eu peur. Comme un con. Pan ! Ah bah, qu’est-ce que je disais ?! 1-3. Ouf. Match finalement magnifique de nos Verts. On a largement dominé, on mérite le succès sans appel etc, etc. Caen c’est bon, c’est bon.

Et j’ai même pas tremblé. Quoi, moi, menteur ?