Le Professeur Tchiressoua Guel alias «La Toupie» est l'un des plus célèbres voyants d'Afrique, et pourtant ivoirien. Grâce à ses dons et à l'efficacité de sa préparation, il résout tous vos problèmes, même les plus difficiles: infidélité, poteaux carrés, impuissance sexuelle, caisse noire, maladie inconnue, faux passeports, timidité, erreurs d'arbitrage. La Toupie résout les cas les plus désespérés (sauf le manque de réalisme offensif, faut quand même pas poousser !). Il a répondu à vos dernières questions sur la Coupe d'Afrique des Nations !

Qu'as-tu pensé de la demi-finale entre la Côte d'Ivoire et le Nigeria ?

Le match a été conforme à ce que je prévoyais. Je respecte le Nigéria mais cette équipe me faisait moins peur que le Cameroun, qui avait gagné deux des trois précédentes éditions de la CAN ! Le Nigeria est une équipe talentueuse, composée essentiellement de jeunes joueurs. La plupart d'entre eux découvraient la Coupe d'Afrique des Nations. La Côte d'Ivoire, plus expérimentée, a réussi à faire la différence. La partie a été très plaisante, elle a basculé sur des petits détails comme c'est souvent le cas à ce niveau. Sur un coup de pied arrêté qu'on a joué rapidement, Didier a marqué l'unique but du match. Notre victoire était méritée.

Comment analyses-tu l'autre demi-finale entre l'Egypte et le Sénégal ? Qu'as-tu pensé de la controverse sur l'arbitrage de ce match ? (Parasar)

C'était une belle rencontre, engagée et rythmée. L'Egypte, en tant que pays organisateur, a mis tous les atouts de son côté. Comme lors de son quart de finale contre la République Démocratique du Congo, l'Egypte a fait preuve de réalisme. Je suis un peu déçu pour le Sénégal, qui méritait mieux sur ce match. Il y avait un penalty flagrant mais l'arbitre a « oublié » de sanctionner la faute commise sur Diomansy Kamara. Cette erreur grossière d'arbitrage n'est pas admissible. Il fallait vraiment être aveugle pour ne pas siffler le penalty ! Si derrière le Sénégal marque le peno, ça peut tout changer...

Comment as-tu vécu la finale ? (Karras n°15) Quelle est ton analyse de ce match Egypte-Côte d'Ivoire ? (Le Druide)

J'ai vécu ce match dans des conditions stressantes et un peu spéciales car je jouais le soir même avec Lorient contre Clermont. C'est un peu dur de supporter la sélection à distance. Pendant toute la compétition, j'ai adressé des fax d'encouragement aux joueurs, j'ai eu plusieurs fois le Président de la Fédération Ivoirienne de Football au téléphone, et j'ai également eu Didier Drogba en ligne. J'ai vu la première mi-temps du match à la télé, mais ensuite j'ai dû rejoindre le Moustoir et j'ai appris là-bas qu'on avait perdu. Une soirée difficile, car mon club a aussi perdu son match, le deuxième d'affilée. Comme on pouvait s'y attendre, la finale a été serrée. Il faut dire que les deux équipes se connaissaient très bien : on a affronté l'Egypte lors des éliminatoires de la coupe du Monde, et on avait réussi à battre les Pharaons chez eux comme chez nous. Et avant de retrouver l'Egypte en finale, on avait déjà joué contre cette équipe lors de notre troisième match de poule. La finale a été crispante, les équipes ne souhaitaient pas se livrer. Il y a bien eu quelques attaques de chaque côté, mais offensivement ça n'a pas été un grand match et personne n'est parvenu à faire trembler les filets avant la séance de tits au but. Cet exercice nous avait souri contre le Cameroun, il nous a été fatal contre l'Egypte. C'est cruel mais c'est le football.

Quel bilan fais -tu du parcours des Elephants et du niveau de cette coupe d'Afrique des Nations ? (Le Druide)

Le bilan est positif pour la Côte d'Ivoire. Parvenir en finale de la compétion, c'était loin d'être évident. On n'avait pas atteint la finale de la CAN depuis 1992 donc je considère que notre parcours est plus qu'honorable ! Je pense surtout que cette compétition nous a permis de progresser et d'emmagasiner de la confiance. C'est très important à quatre mois de la Coupe du monde.

Le niveau global de cette CAN était bon, on a assisté à de bons matches entre de solides équipes. Les rencontres étaient souvent serrées, intéressantes. Et plutôt spectaculaires : il y a eu beaucoup de buts... sauf en finale!

Les Ivoiriens vont-ils tenir physiquement toute cette fin de saison ? Ils vont reprendre immédiatement avec leurs clubs. Ce très beau parcours ne va-t-il pas hypothéquer leurs chances en coupe du Monde ? (Parasar)

Je pense que les Ivoiriens tiendront physiquement. Bien sûr, ce sera un peu difficile d'enchaîner sans souffler la CAN et les matches en club. A leur retour, les Ivoiriens ont sans doute ressenti un peu de fatigue, d'autant plus que ce n'est pas facile de passer de la chaleur de l'Afrique au climat hivernal de l'Europe. Mais je pense que les joueurs ivoiriens vont reprendre leurs marques progressivement, et au final je pense que nous serons prêts pour la Coupe du monde, au même titre que les autres pays.

La Toupie, je te propose de terminer ton festival de CAN par le questionnaire de Proust revu et corrigé par poteaux-carrés. Ton équipe préférée?
Lyon. C'est mon équipe préférée actuellement car elle joue vraiment bien au ballon. Mais évidemment j'ai toujours les Verts dans mon coeur. Chaque jour que Dieu fait, on en parle avec Stéphane Pédron. Si cette nuit l'ASSE fait appel à moi, je cours immédiatement rejoindre les Verts. Sincèrement, j'aimerais retourner à Saint-Etienne pour finir ma carrière.

L'équipe que tu détestes ?
Mmm. En fait, je n'en ai pas, je respecte tous mes adversaires.

Ton geste technique favori ?
Les feintes de corps.

Le son, le bruit du stade que tu aimes ?
Entendre la réaction du public lorsqu'une belle frappe de 30 mètres fracasse la barre transversale, ou lorsque qu'un gardien va chercher sort un ballon qui allait droit dans la lucarne.

Le son, le bruit du stade que tu détestes ?
Les sifflets.

Ton juron, ton gros mot ou blasphème favori lors d'un match?
Franchement, je ne vois pas. Tu sais, je suis quelqu'un de timide, on ne m'entend jamais sur un terrain.

Un footballeur pour illustrer un nouveau billet de banque ?
David Beckham.

Le métier du foot que tu n'aurais pas aimé faire ?
Entraîneur.

Le joueur, l'entraîneur ou l'arbitre dans lequel tu aimerais être réincarné ?
Zinedine Zidane ou Gilles Vessière.

Si le Dieu du foot existe (on aurait entraperçu sa main lors d'un Angleterre-Argentine resté célèbre), qu'aimerais-tu après ta mort, l'entendre te dire ?
Tu as rempli ta mission, tu as été honnête et tu as eu du coeur.