Les protégés d'Eirik Horneland avaient besoin d'un match référence, et ils ont choisi le meilleur possible pour montrer de quoi ils sont réellement capables...
Pas de surprise dans le 11 de départ ou dans le système de jeu, Appiah était titulaire à droite (Maçon suspendu) et Moueffek et Tardieu en relayeurs (Bouchouari blessé), sinon l'équipe-type de cette fin de saison a démarré le match :
Par contre, après les derniers changements à la fin du temps réglementaire, on a eu droit à une image rare - une équipe de Horneland qui défend bas en bloc 5-4-1 resserré :
Abdelhamid était entré en tant que 5e défenseur, Mouton et Old jouaient milieux excentrés et Sissoko a retrouvé quelques minutes de jeu en pointe.
C'était pour sécuriser le résultat - mission accomplie, une victoire construite de manière différente avant et après la pause. En 2MT les Vilains ont eu largement le ballon (72% de possession), les Verts ont défendu, sans pourtant subir ou faire des fautes individuelles comme à leur habitude. Et avec un but et un montant touché par chacune des équipes, la deuxième période a été plutôt équilibrée statistiquement, à l'opposé de la première. Car en 1MT les Stéphanois ont complètement étouffé leurs adversaires, donnant l'impression qu'il n'y avait qu'une seule équipe sur le terrain. Et c'est là qu'on voit la limite des statistiques : pendant les 20 premières minutes la possession a été légèrement lyonnaise (56%)... mais c'était une possession basse, les vilains ayant du mal à franchir la ligne médiane :
Cette image whoscored.com montre l'endroit où le ballon a été touché par les Verts (points oranges, attaquant de gauche à droite) et les vilains (points bleus, attaquant de droite à gauche) dans les 20 premières minutes. Tout simplement, les Stéphanois ont contenu leurs adversaires très loin du but de Larsonneur - voici quelques exemples.
Dans la suite de l'action de la première capture d'écran, les Verts déclenchent un pressing quand le ballon circule dans la défense adverse vers le latéral droit :
Cardona et Davitashvili s'occupent des défenseurs centraux, c'est Tardieu qui sort bloquer le couloir. Quant à Stassin, son rôle est d'empêcher le milieu défensif adverse de participer au jeu, mais il se retrouve contre deux - les Lyonnais jouaient à ce moment avec deux "6", qui en plus font des appels complémentaires :
Un décroche (et reçoit le ballon) et l'autre se projette plus haut, dans un espace libre, car Ekwah est loin et Tardieu s'est excentré. Par contre, le placement de Stassin est très intelligent, il coupe la ligne de passe entre les deux banlieusards et récupère ainsi le ballon. Il le donne à Cardona, qui ne cadre pas sa frappe.
Dans un autre exemple, après plus d'une demi-heure de jeu, on voit Tardieu déclencher de nouveau le pressing sur le latéral droit adverse :
Les trois offensifs stéphanois sont très axiaux, les Lyonnais doivent écarter et chercher à jouer dans le couloir. L'ailier décroche vers l'axe en attirant Pétrot avec lui, libérant le couloir pour l'appel de l'avant-centre...
... qui est trouvé, mais avec Nadé sur le dos. Les centraux stéphanois n'ont pas hésité à suivre l'avant-centre adverse jusqu'au 30 derniers mètres si celui-ci décrochait, car leur coéquipiers compensaient :
Ainsi, chaque adversaire est toujours pris et les vilains se retrouvent enfermés sur ce côté. L'avant-centre essaie de s'en sortir en passant par l'axe, mais Ekwah se trouve dans la zone et intercepte la passe du milieu. Il se projette balle au pied, mais il subit une faute.
Le dernier exemple, après 8 minutes de jeu, met en évidence le rôle des "ailiers" stéphanois dans l'animation défensive. Il commence avec une possession des visiteurs à gauche de l'attaque :
Appiah est au marquage de l'ailier adverse et ce n'est pas le rôle de Cardona de suivre le latéral, c'est à Moueffek de s'excentrer et bloquer sa progression. Les deux joueurs de couloir adverses combinent, Stassin est au marquage du milieu axial, Moueffek suit son adversaire direct et Appiah dépossède le sien...
... et Cardona, complètement libre dans cette zone, peut le récupérer. Il se projette ensuite dans le couloir en attendant les appels de ses coéquipiers dans la surface. Il choisit de jouer avec Appiah...
... qui avait suivi et qui voit sa passe au premier poteau à destination de Stassin dégagée par un défenseur. Les Lyonnais récupèrent donc le ballon, mais les Stéphanois ne les laissent pas sortir :
Moueffek avait bien couvert la montée d'Appiah et bloque le couloir, Ekwah se trouve pas loin pour empêcher le ballon d'aller vers l'axe. L'étau se resserre...
... et la seule solution des Lyonnais pour s'en sortir est de dégager le ballon... dans la zone où Appiah était en train de se replier. Les Verts attaquent à nouveau et profitent du fait que le bloc adverse n'est pas en place :
Tardieu, complètement libre, appelle et reçoit le ballon dans l'axe. Il avance et tire de loin...
... mais sa frappe est contrée. Le ballon est récupéré par Nadé, très facilement, car tous les Lyonnais se retrouvent dans leurs 40 mètres. Les Verts peuvent donc de nouveau attaquer :
Ekwah et Tardieu proposent des solutions dans l'axe, dans une zone avec une forte présence adverse, ce qui ne gêne pas leurs coéquipiers. Nadé s'appuie sur Tardieu, qui remet en arrière à Bernauer...
... qui s'appuie sur Ekwah. Et le milieu stéphanois ouvre parfaitement le jeu, à gauche, où Pétrot se trouve seul, car la séquence de possession verte avait resserré le bloc adverse. Le latéral peut donc monter balle au pied dans son couloir et préparer son centre, pendant que les offensifs se mettent en place. Car si initialement ils se trouvaient à 3 dans la défense à 4 adverse...
... les choses ont changé au moment du centre. Davitashvili a coulissé vers la gauche, avec toute la défense, Tardieu est venu s'insérer entre les deux vilains centraux, mais Stassin et Cardona sont restés à droite de leurs adversaires respectifs. Et les Verts ouvrent le score après un début de match à sens unique.
Conclusions
Si les polémiques arbitrales ou sur la sécurité dans les stades / débilité individuelle vont occuper l'espace médiatique ces jours-ci, il ne faut pas oublier à quel point les Verts ont réussi leur Derby. Ils ont proposé une première période de très haute intensité, ne laissant que des miettes à leurs adversaires. Et ils ont su bien défendre en seconde mi-temps, sans les fautes techniques défensives habituelles, sans vraiment subir, en marquant même en contre. Bref, un match complet, une victoire qui fait du bien à la tête et au classement, une défaite qui fait encore plus mal à l'adversaire. Le sprint final est enfin lancé...