Grand favori à la montée grâce à son mercato très dépensier pour construire son effectif, l’AS Saint-Etienne ne s’appuie pourtant que sur une petite partie de celui-ci.


Après dix matchs de championnat, soit plus du quart de la saison, Eirik Horneland a posé les premières pierres de son projet intitulé : « Remontée ». Pour cela, il bénéficie de fondations solides, creusées lors du mercato d’été, le plus dépensier pour un club de Ligue 2 depuis Monaco en 2012. Depuis la reprise de la saison, le 9 août sur la pelouse de Laval, 22 joueurs ont foulé les pelouses avec le maillot vert. Ce premier constat brut laisse paraître que les postes ont été doublés, le travail bien fait. Pourtant, chaque week-end, au moment de découvrir la composition de l’équipe, c’est une impression de déjà-vu qui domine.

Un effectif de 14 joueurs

En analysant les temps de jeu, un contingent de 14 joueurs sort clairement du lot. Parmi eux, la moitié a été titulaire sur au moins huit des dix matchs. C’est-à-dire que, sur 80 % des feuilles de match, les sept mêmes joueurs ont été titulaires. Un cadre idéal pour créer des automatismes et faire de l’AS Saint-Étienne le rouleau compresseur qu’il doit être au vu de son mercato. Pourtant, la domination stéphanoise est loin d’être écrasante depuis le début de saison, avec beaucoup de victoires étriquées. Pire, depuis quelques matchs, l’équipe semble subir le rythme de la partie plutôt que de le dicter, comme le laissent entrevoir les deux défaites coup sur coup à Geoffroy-Guichard. Ces 14 hommes de base d’Eirik Horneland ont tous débuté au moins 50 % des matchs et joué plus de 360 minutes, malgré des blessures ou des suspensions.

Ensuite, huit joueurs sont utilisés de façon partielle, jouant 200 minutes ou moins (sur 900 possibles). Cet échantillon compte dans ses rangs Ben Old, Joshua Duffus ou encore Nadir El-Jamali, des joueurs qui ont pourtant montré qu’ils pouvaient se rendre utiles au collectif lors de leur furtif temps de jeu. Les supporters commencent à connaître leur coach, arrivé dans le Forez depuis presque 11 mois : c'est un homme avec des convictions, qui préfère mourir avec ses idées plutôt qu’en changer. Interrogé en conférence de presse sur le faible temps de jeu de Joshua Duffus, voici ce que le coach des Verts a annoncé : « J’aimerais pouvoir donner plus de minutes à Joshua, mais comme je l'ai dit après le match contre Le Mans, notre priorité est d’installer un attaquant en pleine forme et ensuite de pouvoir le faire avec un deuxième attaquant. »

 

Des changements timides

Ainsi, hormis quelques apparitions ponctuelles dans le onze de départ, il semble difficile, à court terme, de voir l’effectif s’élargir au-delà de ces 14 joueurs, d’autant plus que le 4-3-3 semble inamovible. Mais un match dure 90 minutes, et l’équipe est amenée à être modifiée au cours de celui-ci. Sur ce point, l’ASSE est l’un des pires élèves de Ligue 2 avec 41 changements effectués sur 50 possibles (15e de Ligue 2). Cette philosophie peut s’expliquer par (ou expliquer) l’impact relatif des entrants, qui comptent seulement trois contributions décisives depuis le début de saison (le but du 3-0 de Cardona contre Rodez et le but et la passe décisive de Stassin face à Clermont). Pourtant, les Verts se classent 8e sur le temps de jeu accordé à leurs entrants, avec 21 minutes de moyenne.

Une statistique à relativiser, puisqu’elle est gonflée par les remplacements effectués à la mi-temps, qui se comptent au nombre de sept (soit 17 % des changements effectués). Il faut tout de même noter que cinq de ces sept changements sont survenus lors des cinq premiers matchs de la saison et que les deux autres ont été effectués contre Montpellier. C’est donc dans le contexte d’un effectif qui semble gelé, qui se recycle de match en match, rendant les Verts de plus en plus prévisibles qu’Eirik Horneland et ses hommes abordent cette semaine à trois matchs. Un moment où la fatigue et le risque de blessures sont au maximum et requièrent l’implication de tout un groupe.