Avant d'affronter son club formateur ce samedi soir dans le Chaudron, le piston gauche manceau Lucas Calodat (23 ans) s'est confié à Poteaux Carrés.
Lucas, peux-tu nous rappeler le contexte de ton arrivée à Sainté en 2017 ?
A la base je devais jouer à Bastia mais le Sporting a fait faillite. Le directeur technique bastiais connaissait Julien Sablé, il lui a parlé de moi et c’est comme ça que j’ai atterri à Sainté. J’ai démarré mon aventure stéphanoise avec les U17 régionaux sous les ordres de Gilles Rodriguez, qui m’a aidé un peu en tout. J’ai joué ensuite avec les U17 nationaux sous la houlette de Christophe Chaintreuil, qui me faisait confiance et concoctait de très bons entraînements. J’ai beaucoup aimé ma période en U19. Je me donnais à fond pour Jean-Luc Dogon, j’ai beaucoup apprécié ce coach. Il m’a donné sa totale confiance, je la lui ai rendue sur le terrain. On s’aimait bien, je serais content de le revoir.
Cette saison-là, tu as fait ta première apparition lors de la dernière saison en N2 de la réserve, qui évolue depuis en N3.
Oui, je m’en souviens. Razik Nedder m’a fait entrer en jeu à 20 minutes de la fin lors d’un match à Angoulême. On était déjà mené 3-0 et on en avait pris un 4e dans le dernier quart d’heure. J’avais 17 ans à l’époque. On va dire que ça fait partie de l’apprentissage. C’était ma découverte du football d’adultes. C’est à partir de la saison suivante que j’ai pu avoir un temps de jeu conséquent en réserve. Razik Nedder m’a appris beaucoup de choses, il m’a fait évoluer. Je garde un bon souvenir de notre collaboration. Ses entraînements notamment était variés et plaisants.
Tu as occupé plusieurs postes lors de tes vertes années.
J’ai joué latéral gauche, piston gauche, latéral droit, piston droit, ailier gauche, ailier droit. J’ai occupé tous les postes de couloir en fait. Depuis que je suis tout petit, j’ai toujours eu cette qualité de percussion sur les côtés. Dès que j’ai touché mes premiers ballons, dès mon enfance en région parisienne. D’abord au FC Ecouen, ensuite à Sarcelles, puis au Paris FC, et à l’entente Sannois-Saint-Gratien, où je me suis fait repérer par Bastia. Je suis un joueur de côté capable de jouer sur les deux côtés.
Tu l’as montré depuis que tu as quitté Sainté. On t’a vu souvent jouer à droite en National, il y a même une vidéo récente qui en témoigne sur YouTube intitulée Chaos on The Right.
Quel est ton poste de prédilection ?
Franchement j’aime bien jouer des deux côtés. Cette saison avec Le Mans, je joue piston gauche mais le coach m’a déjà fait jouer à droite. Quand tu joues faux pied, tu peux être utilisé dans un registre un peu différent, tu peux rentrer dans l’axe. Perso ça ne me dérange pas de jouer à droite. Dès lors que tu me fais jouer sur un côté, je suis heureux ! Je me sens aussi à l’aise à gauche qu’à droite.
A l’ASSE, tu as fait tes premières apparitions en équipe première lors de deux matchs amicaux contre Grenoble.
Oui, je m’en souviens. Claude Puel m’a titularisé lors d’un match amical qu’on avait joué l’automne 2020 lors d’une trêve internationale. On avait gagné 3-2. L’été suivant on a encore battu le GF38, c’était un match de prépa à l’Envol Stadium. Je me rappelle bien cette rencontre car j’ai fait une très bonne entrée à l’heure de jeu. J’ai tiré sur le poteau et j’ai obtenu le penalty victorieux, transformé par Tyrone Tormin. Je commençais à faire mon trou mais hélas cette saison 2021-2022 a été émaillée par plusieurs blessures aux ischios. Je jouais, je me blessais. Je revenais, je rechutais. Parfois je jouais blessé. J’ai galéré…
C’est néanmoins cette saison-là que tu as fait ton unique apparition en match officiel sous le maillot.
Bien sûr ça reste un souvenir marquant. C’était fin novembre dans le Chaudron, à un horaire inhabituel car je crois que la rencontre avait démarré dès 13h00. C’était contre le PSG de Neymar, Messi et Mbappé. J’ai remplacé Mahdi Camara à quelques minutes de la fin de la rencontre. J’avais joué piston droit. On n’avait pas démérité mais on s’est incliné 3-1. On menait 1-0 grâce à un but de Denis Bouanga mais Kolo s’est fait expulser juste avant la mi-temps et Marquinhos a égalisé dans la foulée. Contre une équipe d’un tel niveau, c’est compliqué de jouer toute une mi-temps en infériorité numérique.
Tu en veux à Messi de t’avoir débordé sur le 3e but parisien marqué de la tête par Marquinhos dans le temps additionnel ?
Non, parce que c’est Messi. Ce jour-là, il a fait trois passes décisives.
A la fin de cette saison 2021-2022 ponctuée par la relégation de l’ASSE dans le chaos d’un barrage contre Auxerre de sinistre mémoire, tu as signé ton premier contrat pro. Mais tu auras dû te contenter de jouer en réserve la saison suivante, ta dernière sous nos couleurs. T’expliques ça comment ?
Je ne sais pas, il faut que tu demandes à Laurent Batlles. Moi je n’ai pas eu d’explication. J’ai pourtant pris part à plusieurs matches de préparation. J’étais titulaire contre Le Puy, je suis entré en jeu contre Thonon et Bordeaux. Je n'ai pas démérité. Mais ensuite le coach n’a plus fait appel à moi. Il m’a juste convoqué une fois pour un match de L2 à Valenciennes mais je suis resté sur le banc.
Avec le recul, qu’est-ce qui t’a manqué pour t’imposer en pro à Sainté ? C’était un problème de niveau, de maturité ?
Non, c’est qu’on ne m’a pas donné ma chance, tout simplement. Alors que le club est descendu en Ligue 2, on ne m’a même pas essayé. Je ne pense pas que c’était un problème de niveau ou de maturité.
Au global, quels souvenirs garderas-tu de tes 6 années en vert ?
Des bons souvenir malgré tout car c’est forcément marquant de passer autant de temps dans un club comme Saint-Etienne. Mes meilleurs souvenirs, ça reste mes années U19 avec Jean-Luc Dogon, mes pires ça reste mes blessures qui ont entravé ma progression. J’aurai quand même côtoyé de très bons joueurs à Sainté. Celui qui m’aura le plus impressionné, c’est Denis Bouanga. Je vois qu’il cartonne encore cette saison en MLS.
Cela fait plus de 2 ans que tu as quitté l’ASSE mais je suppose que tu as gardé des liens avec d’anciens coéquipiers stéphanois.
Oui, je suis toujours en contacts avec de nombreux joueurs de ma génération des 2002. Je pense notamment à Ahmed Sidibé, qui joue désormais à Venezia et qui a fait sa première apparition en L2 italienne juste avant la trêve internationale. A Saïdou Sow, qui s’est fait les croisés il y a quelques mois lors de son prêt à Nantes par Strasbourg. A Mathys Saban qui joue au Luxembourg. Je n’oublie pas Bryan Djile ni les deux Abdoulaye : Bakayoko joue au Qatar, Coulibaly en Lettonie. Parmi mes amis il y a aussi un 2003, Beres Owusu, qui joue en Autriche.
Tu fais partie des 19 joueurs lancés en pro sous le maillot vert. Seuls deux d'entre eux sont encore des joueurs de l'ASSE. Peux-tu me les citer ?
Yvann Maçon et… Tu peux donner me un indice sur le second ?
C’est le garçon qui compte le plus de matches officiels sous le maillot vert dans l'effectif actuel de l'ASSE. Il a joué vendredi dernier avec Yvann Maçon avec la réserve lors du Challenge Espoirs pendant que tu perdais en amical contre le Paris FC…
Aïmen Moueffek ! J’avais oublié que c’est Puel qui l’avait lancé en pro. C’était quand, déjà ?
Il y a 5 ans au Vélodrome. Il avait remplacé Mathieu Debuchy après 10 minutes de jeu et on s’était imposé 2-0 grâce à des buts de Romain Hamouma et Denis Bouanga. Les Verts n’avaient plus gagné à Marseille depuis 41 ans !
Ah ouais !
Samedi tu défendra les couleurs du Mans mais tu as connu 3 autres clubs depuis que tu as quitté Sainté : l’Estac, le GOAL FC et le FC Villefranche Beaujolais.
J’ai fait effectivement un passage de quelques mois à Troyes où j’étais cantonné en réserve, mais ensuite je suis parti au GOAL FC.
As-tu été un Goalois réfractaire aux changements dans ce club basé dans la banlieue de la banlieue qui vient de se faire éliminer par l’Etrat en Coupe de France.?
Non, à GOAL ils ne m’ont donné que de l’amour. Ils m’ont tout donné. Avoir un coach qui te fait confiance, ça te change la vie. J’ai pu montrer me qualités dans ce club qui évoluait à l’époque en National 1 et c’est mes bonnes prestations là-bas qui m’ont permis de rebondir au Mans FC.
Au GOAL FC tu as eu comme capitaine Cazim Suljic, formé comme toi à l’ASSE et sacré champion de France U17 en 2013.
Oui, Cazim a été un bon capitaine. Il est là pour t’aider. Il est présent quand on a besoin de lui. Sur le terrain il se bat, il est exemplaire. On va bientôt se revoir car on reçoit Nancy à la fin du mois.
Tu as aussi été Caladois. Calodat Caladois, c’était juste pour le plaisir de l’allitération ou c’est par amour du Beaujolais ?
Non, Le Mans m’a prêté à Villefranche car j’avais besoin d’avoir davantage de temps de jeu. J’en ai eu, ça a été une bonne expérience et ça m’a permis de revenir au Mans déterminé à gagner ma place de titulaire en Ligue 2.
En quoi le Lucas Calodat d’aujourd’hui est différent du Lucas Calodat qu’on a connu à Sainté ?
Ici, on me donne ma chance, elle est là la différence ! A Sainté, ils n’ont même pas essayé. Moi je marche à la confiance, à l’affectif. Mentalement et physiquement, j’ai franchi des paliers. Je me sens bien dans ma tête, bien dans mon corps. Pourvu que ça dure !
Comment abordes-tu tes imminentes retrouvailles avec Sainté et Geoffroy-Guichard ?
Ça va être bien. Jouer devant 35 000 supporters face à une belle équipe, ça fait plaisir ! Ce sera un grand match. Le Chaudron, c'est une atmosphère spéciale. Non seulement les supporters sont très nombreux mais en plus ils sont chauds. Ils donnent tout, ça fait du bruit. Cette ambiance, ça donne envie de jouer. Tous les joueurs aiment venir jouer dans le Chaudron. C’est déjà le cas en Ligue 1 donc a fortiori en Ligue 2. C’est excitant d’affronter les Verts dans une telle ambiance.
On sera content de te revoir mais c’est un autre Lucas qu’on espère voir briller samedi soir. Stassin est le joueur que tu redoutes le plus ? L’attaque stéphanoise t’impressionne ?
Non, moi je m’en fous. Moi je n’ai peur de personne. On vient pour jouer. Je vais me donner à fond et je n’ai pas peur des Verts.
Ils comptent quand même 2 fois plus de points que ton équipe après 9 journées. Quel bilan fais-tu à titre collectif et personnel de ce premier quart de saison ?
On a 10 points, c’est correct pour un promu. On aurait pu en compter plus. Contre Montpellier, on perd à la 99e minute. Contre Reims, on perd 1-0 mais on aurait mérité le nul. Le dernier match contre Troyes, on aurait pu gagner même si on aurait pu aussi le perdre car j’ai égalisé à la 92e. On a lâché des points sur des détails.
Sur un plan personnel, ça se passe bien. J’ai pris part à tous les matches, j’ai été titularisé 7 fois. J’ai marqué à Dunkerque alors qu’on était en infériorité numérique et lors du dernier match contre Troyes. Un but qui vous a fait plaisir de que j'ai lu ! (sourire). Je suis bien. Je pense que j’évolue favorablement.
Ton entraîneur, Patrick Videira, n'est pas très connu du grand public. Comment le décrirais-tu ?
C’est un hyperactif et un obsédé du détail. Il est pointilleux avec les joueurs et parfois dur pour qu’on suive son projet de jeu et son envie. Le coach, c’est un passionné, il demande beaucoup. Il faut pouvoir le suivre physiquement et même mentalement. C’est un jeune entraîneur qui découvre la Ligue 2 mais qui a de l’ambition, il fait tout pour que l’équipe réussisse. J’ai l’impression qu'à Sainté Horneland est comme ça lui aussi.
Le coach veut qu’on soit acteurs de nos matches, qu’on joue au foot, qu’on ait la maîtrise et qu’on se donne à fond. On joue en 3-5-2 et ça me plaît. Je pense que ça me met beaucoup en valeur. Je prends mon couloir gauche, je peux centrer, je peux tirer, je peux partir de loin. Je joue sur mes qualités, ce rôle de piston me correspond bien. J’aime bien apporter un plus offensif à l’équipe, je souhaite être décisif.
Le Mans reste sur une série de 4 matches d’invincibilité en L2. Seuls Troyes et Pau ont réussi cette performance. Est-ce que tu te dis que la trêve internationale n’est pas arrivée au bon moment et risque de casser cette dynamique.
Je ne vois pas les choses comme ça. Un gros match nous attend contre Sainté, on avait besoin de récupérer car on met beaucoup d’énergie dans nos matches. Il faut bien dormir, bien manger pour être prêts à repartir de plus belle.
Alors que ton équipe ne compte aucun international et a le temps de bien préparer son déplacement dans le Forez, l’ASSE est depuis sa victoire à Montpellier privée d’une dizaine de joueurs partis en sélection. Tu penses que les Verts sont bons à prendre au sortir de cette trêve internationale ?
A vrai dire je n’ai pas pensé à ça, je ne suis pas sûr que ça ait un impact. En tout cas ça ne change pas notre façon de préparer ce match, on sait qu’on devra faire un gros match dans le Chaudron.
Qui c’est le plus fort, Cardona ou Calodat ?
Ben c’est moi (rires).
Le Mans n’a gagné qu’une seule fois à Geoffroy-Guichard, 4 ans et demi avant ta naissance, contre la vincible armada des Soucasse et Guillou, des Charriéras et Bastou. Penses-tu que ton équipe est capable de s’imposer samedi dans le Chaudron alors que les Verts auront à cœur de se racheter après leur dernier match à domicile perdu contre Guingamp ?
Je pense qu’on peut gagner. Tout le monde peut battre tout le monde en Ligue 2. Notre équipe n’a peur de personne. On va à Geoffroy pour jouer notre jeu et pour gagner.
Merci à Lucas pour sa disponibilité !