Entre Poteaux, c'est un nouveau format qui est à la fois un hommage et le descendant spirituel du légendaire Mastres & Compagnie ! Retrouvez à chaque épisode un membre de notre communauté qui partagera ses anecdotes et son histoire au travers d'un entretien intimiste. Inaugurons cette chronique avec Friteuse, un membre jeune et dynamique de la grande famille Verte. Bonne lecture !


Entre Poteaux - EP1 : Friteuse

Poteaux-Carrés — Salut Friteuse ! Tout d’abord, ton pseudo est incroyable. Peux-tu nous expliquer d’où il vient ?

Friteuse — Alors, à la base, j’ai eu plusieurs pseudos au fil du temps. Mon premier pseudo était un peu nul, le genre qu’on choisit quand on est très jeune sur Internet, je me souviens même plus exactement. Puis vient 2014, l’année ou l’on avait gagné le derby 3–0 à domicile avec des buts de Bayal, Van Wolfswinkel et Gradel. Ce jour-là, une friteuse avait pris feu côté Nord. J’ai trouvé le clin d’œil amusant : j’ai pris « Super Friteuse » sur le forum. Deux ans plus tard, je me suis dit que le « super » faisait un peu prétentieux, alors je l’ai enlevé. C’est devenu juste « Friteuse ». C’est un pseudo complètement exclusif à Poteaux Carrés. Je ne l’utilise nulle part ailleurs.

Poteaux-Carrés — Voici une bien belle anecdote pour commencer cette interview ! A présent, peux-tu nous en dire plus sur toi Victor ?

Friteuse — J’ai 25 ans, et ça pourra peut-être en surprendre certains s’ils voient ma date d’inscription sur le site, mais je me suis effectivement inscrit sur le forum à 13 ans, ce qui fait que j’ai littéralement grandi ici. Je suis très attaché à Saint-Étienne, à la ville comme au club, même si je vis aujourd’hui en région parisienne que j’ai écumé en long, en large et en travers durant mes études. Je réside actuellement dans une petite banlieue tranquille de l’Ouest Parisien, en colocation avec une de mes meilleures amies. Niveau pro, je suis ingénieur dans le ferroviaire. Je n’en dis pas trop, parce que c’est un secteur un peu sensible, mais c’est un métier que j’aime beaucoup : on a le sentiment d’apporter quelque chose d’utile à la société. Et puis j’aime les trains depuis gamin, donc ça me correspond bien.

Poteaux-Carrés — On pourrait penser que ta génération a plutôt grandi avec les réseaux sociaux qu’avec les forums, du coup, comment as-tu connu Poteaux Carrés ?

Friteuse — Paradoxalement, je pense avoir grandi dans la toute dernière génération qui a aussi connu les forums, à la bascule avec la génération réseaux sociaux. J’ai commencé à aller sur Internet vers 10 ans, surtout pour chercher des trucs sur Pokémon et Yu-Gi-Oh ! Donc j’étais déjà habitué au fonctionnement des forums : les pseudos, les signatures, les discussions à rallonge… J’ai découvert Poteaux Carrés autour de la saison 2012–2013, d’abord le site, puis le forum. Au début, je lisais sans compte, juste par curiosité. Et puis je me suis inscrit, parce que j’adorais la manière dont les membres échangeaient, souvent avec humour, mais aussi avec une vraie profondeur dans les analyses. Ça a été mon premier « vrai » forum de discussion adulte, même si j’étais encore gamin à l’époque.

Poteaux-Carrés — Et ton attachement à l’ASSE, il vient d’où ?

Friteuse — C’est très culturel. J’ai grandi à Saint-Étienne, dans une famille pas spécialement passionnée de foot, mais où l’ASSE était quand même partout : magnets, décapsuleurs, vieilles écharpes avec le logo des années 80… C’est ancré dans la famille au même titre que dans la ville. Même si tu n’es pas supporter, tu baignes dedans. Un de mes tout premiers souvenirs liés au club, c’est à l’école primaire, en CE1 je crois : une dictée commençait par la phrase « Les hommes en vert s’avancent vers la cage ». Je ne savais pas que c’était la cage de but. Je pensais qu’il s’agissait d’un chenil ou d’un truc militaire avec des gens en vert kaki ! Quand j’ai compris que c’était le foot, ça m’a marqué. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que Saint-Étienne, ce n’était pas seulement ma ville : c’était un club, une couleur, un symbole, et ce dès l’école !

Poteaux-Carrés — Quel est ton rapport aujourd’hui à l’ASSE ?

Friteuse — Ambivalent, mais fort. Le club occupe une place énorme dans ma vie : chaque week-end, je bloque deux heures pour le match. Je ne réponds à personne, je suis concentré. Je regarde la plupart du temps depuis mon téléphone. Et quand je rentre à Sainté, j’essaie toujours d’aller à Geoffroy-Guichard. En même temps, j’essaie de ne pas laisser le foot prendre toute la place. Il y a d’autres choses importantes dans ma vie. Mais Sainté reste un repère, quelque chose de très fort.

Poteaux-Carrés — A présent, parlons sportif. Que penses-tu de l’équipe actuelle ? Et ton pronostic pour la saison ?

Friteuse — J’aime beaucoup cette équipe. Les joueurs me paraissent sains, impliqués, humains. Même ceux qui ne brillent pas toujours sur le terrain dégagent quelque chose de positif. On sent une vraie identité collective, et ça fait du bien après des années plus floues. La défense, notamment, s’est transformée. La saison dernière, c’était un désastre. Cette année, on a une solidité qu’on ne remarque plus tellement elle semble naturelle — et justement, c’est la preuve que le travail a été bien fait. Mon pronostic ? J’espère qu’on sera champions. Pas juste pour la montée : pour le symbole.
J’ai 25 ans, je n’ai jamais connu l’ASSE qui domine un championnat. Je sais que ce club a un passé glorieux, mais pour ma génération, c’est presque abstrait. J’aimerais enfin vivre ça, sentir ce que c’est d’avoir une équipe qui écrase la concurrence.

Poteaux-Carrés — Que penses-tu de la stratégie actuelle, entre actionnaires, staff, et direction ?

Friteuse — Je trouve qu’il y a de la cohérence. Ce n’est pas parfait, évidemment : il y a eu des erreurs, des départs mal anticipés. Mais dans l’ensemble, on sent une structure claire. Je fais partie de ceux qui pensent qu’on ne pouvait pas espérer beaucoup mieux, dans le contexte du football actuel. Le projet est sérieux, réfléchi, et il respecte plutôt bien l’identité du club. L’effectif est plus international qu’avant, et certains s’en inquiètent, mais je ne crois pas que ce soit un problème. Si le collectif reste fort et les valeurs partagées, ça peut même être une richesse. J’apprécie surtout que l’actionnaire ait compris la nature populaire de l’ASSE. Ils savent qu’ils ne peuvent pas juste faire du business comme ailleurs : ici, il faut composer avec les supporters, avec la culture locale. Et pour l’instant, ils le font plutôt bien, comme ils l’ont montré avec leur gestion de la quasi-dissolution des ultras. Alors oui, ce n’est pas que de la gentillesse, c’est du business, mais j’ai trouvé leur réaction intelligente et appréciable. Sportivement, la stratégie est logique : on mise sur des profils à bon rapport qualité-prix, capables de progresser ensemble. On a vu la différence, notamment derrière. La vraie question, ce sera la transition en Ligue 1. Je suis optimiste, mais c’est un cap à passer. On verra l’an prochain !

Poteaux-Carrés — Peux-tu nous à présent nous partager une anecdote de ton choix ?

Friteuse — En 2014 ou 2015, j’ai fait partie de la bande de fous sur P² qui regardaient avec exaltation des matchs de tours préliminaires de C3 entre des clubs inconnus pour savoir qui on allait affronter. Les réactions étaient complètement hors de proportion, un potonaute (Sempre Sainté je crois) avait même fait un thread appelé “Antipotonautes: un soir d’Europa” qui compilait des pages et des pages de discussions, de pronostics, de cris de joie lors du but d’un joueur biélorusse ou estonien… Je retournais régulièrement le voir pour me donner du baume au cœur, malheureusement il n’est plus disponible aujourd'hui. Et puis il y avait aussi ce supporter très sympa du site de Karabükspor, dont j’ai gardé une trace dans ma signature d’ailleurs, qui était venu nous parler de l’histoire de son club et s’informer sur celle de l’ASSE. La Coupe d’Europe c'était aussi ces aventures humaines complètement improbables, vivement qu’on la retrouve !

Poteaux-Carrés — Merci Friteuse pour ce super échange, c’était un plaisir de t’avoir dans ce premier épisode de cette rubrique Entre Poteaux.  As-tu un dernier mot à dire aux potonautes pour terminer ?

Friteuse — Ce que j’aime à Saint-Étienne, c’est cette fierté positive. Les Stéphanois n’ont pas besoin de rabaisser les autres pour se sentir fiers. On est dans la construction, la solidarité, le respect. Cette mentalité-là, à la fois populaire et bienveillante, c’est ce que j’essaie de représenter quand je dis que je suis supporter des Verts et je suis fier de constater que ça parle à des gens qui ne sont pas forcément familiers avec le foot. C’est pour ça que j’aimerai toujours ce club.

Questions en vrac

Joueur Stéphanois préféré toute époque confondue ?

Moustapha Bayal Sall. C’est un symbole. Un joueur au parcours chaotique, mais avec un cœur immense et un attachement sincère au club. Les vidéos de sa famille au Sénégal qui chantent les chants stéphanois, son attachement énorme alors que le mec avait clairement toutes les raisons de détester le club au vu du traitement reçu… Vraiment, j’ai adoré. Ce genre de profil me touche.

Ton entraîneur préféré ?

Instinctivement, je dirais Horneland pour l’énergie qu’il renvoie. Il ne tient pas en place, tout comme moi au moment où l’on enregistre cet entretien (effectué au téléphone, NDP2). Mais si je dois prendre l’histoire de l’ASSE au sens large, je dirais Jean Snella. Même sans l’avoir connu, c’est une légende qui incarne une philosophie. Dans l’histoire du club, il a laissé une empreinte forte.

Un maillot préféré ?

Celui du début des années 2000, que j’ai connu gamin sur FIFA 2001. Petite anecdote concernant FIFA : J’étais tout petit quand j’ai commencé à y jouer, et je savais choisir un pays mais j’ignorais qu’il y avait différents clubs dans chacun d’entre eux. Donc je prenais la France, forcément, et je jouais donc toujours avec « Asse » sans savoir qui c’était (merci l’ordre alphabétique !). Ma famille a fini par m’expliquer que c’était un très bon choix. Bref, pour revenir au sujet des maillots, j’aime aussi beaucoup les modèles Hummel actuels, simples et élégants. J’ai acheté le maillot d’entraînement 2023–2024 car il est moins cher mais très réussi visuellement.

But préféré ?

Difficile à dire, il y en a tellement… Mais si je devais choisir un but qui m’a marqué profondément, c’est un souvenir tragique mais je dirais le but de Bayal contre Bâle. Bon, pas besoin de rappeler pourquoi il est marquant…

Match préféré ?

ASSE–Montpellier, saison 2015–2016, victoire 3–1. J’y étais avec un ami pour son anniversaire. J’avais acheté deux drapeaux vendus à la table des MF à l’occasion de la lutte contre le cancer, un pour moi, et un pour lui en guise de cadeau. Le mien est encore accroché dans ma chambre, et il a également toujours le sien. Ca me fait toujours plaisir de voir mon drapeau et de me dire qu’il a un jumeau chez mon pote. Ca contribue à un très beau souvenir.

Tribune préférée à Geoffroy-Guichard ?

Je n’en ai pas vraiment. J’ai commencé en Henri-Point avec mon père, puis je suis passé en Nord au lycée pour suivre mes potes. Aujourd’hui, je vais plutôt en Kop Sud. L’ambiance est incroyable, et c’est plus facile d’avoir des places qu’en Nord.

Ton choix de prédilection à la Buvette ?

Je ne bois pas pendant le match : je préfère être libre de mes gestes et profiter du jeu. Je trouve ça chiant de me trainer avec le gobelet. La bière, c’est avant ou après !

Potonaute préféré ?

J’en ai plusieurs qui me viennent en tête pour la qualité de leurs interventions, mais celui que je choisirai instinctivement est RVRUEIL. Toujours positif, bienveillant, ponctué de smileys et de cœurs. C’est communicatif et rare sur Internet. J’aime ce genre d’énergie.

Thread préféré sur le forum ?

Le sujet musique. Je découvre plein de choses, notamment grâce au potonaute LE MARQUIS qui nous fait découvrir pas mal de rock. De mon côté, je partage aussi des chansons de temps en temps parmi mes genres de prédilection : métal, rap, rock gothique, techno… Pour ce dernier j’en produis un peu d’ailleurs, chez moi, pour le plaisir et en suivant mes inspirations. Je trouve que la techno a un lien fort avec Saint-Étienne, aussi bien la ville que le club. Il y a ce même sentiment de communion qu'au stade, cette même façon de créer de l’espoir à partir d’un imaginaire industriel que beaucoup méprisent trop vite alors qu’il peut être magnifique.

Stade préféré ?

J’en ai fait une dizaine un peu partout en Europe, mais je vais répondre Geoffroy-Guichard, évidemment. Aucun autre ne m’a donné cette émotion en montant les marches. Mais j’aimerais un jour visiter le stade du Spartak Naltchik, en Russie, connu pour son ambiance et son positionnement antiraciste dans un contexte compliqué.

Autres clubs pour lesquels tu as une petite affection ou une grande passion ?

J’ai une petite affection pour le Torino, parce que ma famille vient de là-bas même s’ils ne sont pas spécialement supporters et que son histoire tragique me touche, que ce soit le crash de l’avion ou toute l’équipe a disparu, le joueur star renversé en voiture par l’homme qui deviendra président du club, etc. Outre-Manche, j’aime bien également Blackburn Rovers, que j’ai découvert enfant dans un magazine. J’aimais leur maillot bicolore bleu et blanc, et plus tard j’ai appris que leur ville était liée à la culture musicale anglaise des années 80, ce qui m’a encore plus parlé.