Les Poteaux depuis 76 sont carrés,
L'édito du jour est en vers.
Parlons de l'avenir à la manière du passé,
De l'ambition de demain avec la forme d'hier.
Bonne lecture !
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Le Chaudron et le Jardinier
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Dans un Chaudron fameux, peint de Vert et de fer,
Vivait un Peuple ardent, fidèle et volontaire.
Nul ne chantait plus fort, nul ne vibrait si vrai,
Qu’importent les résultats, qu'ils soient bons ou mauvais
Or voilà que leur jardin, longtemps laissé en friche,
Fut repris par des Maîtres relativement riches.
Ils vinrent avec plans, outils et patience,
Promettant au Peuple Vert jours meilleurs et constance.
La terre était lourde, les racines profondes,
Les fleurs d’hier fanées, les saisons vagabondes.
On sèmera, on taillera, on redressera les murs,
C’est promis ! Peu à peu le Vert reprendra des teintes sûres.
Certes, l’hiver venu, tout n’était pas chef-d’œuvre ni ballet,
Les allées parfois droites, parfois un peu brouillées.
Mais au sommet du champ, surprise peu banale,
Le Jardin se tenait tout de même second de la spirale.
Mais dans le Chaudron Vert, grondait déjà l’orage :
« Quoi ? Pas de feu d’artifice ?
Pas de jeu à l’ancienne ?
Où sont passés les soirs de gloire et de magie pleine ? »
On cria à la honte, au désastre annoncé,
On parla de naufrage, de route mal tracée.
Chaque feuille tombée devenait tragédie,
Chaque pas de côté, preuve d’hérésie.
Le Jardinier, surpris, leva les yeux au ciel :
« Amis, dit-il doucement, regardez l’essentiel.
La graine est bien vivante, le sol se réchauffe encore,
On ne cueille pas l’été au premier chant de l’aurore.
Voulez-vous des châteaux bâtis sur du sable fin,
Ou des racines fortes pour durer demain ? »
Mais le Peuple ardent, ivre de souvenirs,
Confondait la mémoire et l’exigence de plaisir.
Il voulait tout, tout de suite, et sans détour,
Comme si le passé garantissait le retour.
Alors la fable dit - et La Fontaine aurait souri -
Que trop d’amour pressé finit parfois aigri.
Et qu’à force de crier catastrophe avant le printemps,
On en oublie la chance d’être encore vivant.
Supporter n’est pas exiger,
C’est espérer sans s’aveugler.
L’humilité fait les grandes montées,
La patience, les grands clubs installés.

Potins