Mythique ailier gauche de l'épopée des Verts, Christian Sarramagna s'est confié à Poteaux Carrés après avoir assisté dans le Chaudron au bon match nul de l'ASSE contre le Racing Club de Strasbourg.


Que deviens-tu Christian ?

Je vis sur Roanne maintenant, cela fait maintenant deux ans que je suis revenu dans la région de mon épouse qui est d’ici car elle est née à Charlieu. J’ai un peu délaissé le Pays Basque, je suis à nouveau implanté dans la région. Je m’occupe de l’association qu’on a créée avec Dimitri Yachivili, Une ballade pour Justine et Lou. Justine, la fille de Dimitri, et Lou, ma petite-fille, souffrent d’arthrite juvénile, c’est pour ça qu’on a créé cette association. Avec mon épouse, on aime bien la nature donc on fait beaucoup de randonnées. Je fais aussi beaucoup d’entretien physique car j’ai été bien touché pendant ma carrière. J’en garde pas mal de séquelles donc il faut que je fasse toujours pas mal de rééducation. J’ai eu pas mal de soucis dont un dernièrement, la prothèse du genou. Je passe également de bons moments avec des amis, j’aime bien jouer au tarot. Je mène une vie très calme et très paisible.

Roanne étant à une heure de Sainté, t’en profites pour venir régulièrement dans le Chaudron ?

Je viens de temps en temps mais la période de confinement a cassé pas mal de choses. C’est toujours très émouvant pour moi de revenir à Geoffroy-Guichard. On se remémore plein de souvenirs exceptionnels. J’ai eu le bonheur d’y retourner dimanche dernier pour le match contre Strasbourg. Comme j’avais dit à Philippe Gastal que j’avais l’intention d’aller voir cette rencontre, il m’a sollicité pour faire une heure de dédicaces juste avant au Musée des Verts. J’étais enchanté, j’aime bien me retrouver au milieu des gens, partager des moments de nostalgie. Ça a été un vrai plaisir. Le Musée est vraiment magnifique, il a été rénové et je le trouve exceptionnel. J’en profite pour féliciter encore Philippe Gastal et toutes les personnes qui ont œuvré pour ce musée. J’invite tous les supporters à y aller et à le redécouvrir, il est formidable !

Cette journée de dimanche a été vraiment un moment très agréable. J’ai vu beaucoup de monde lors de cette séance de dédicaces. J’ai revu des gens de Saint-Bonnet-le-Château, un club que j’avais entraîné. J’ai rencontré des gens que j’avais perdu de vue pendant de longues années. On a reparlé de certaines anecdotes avec les supporters. C’est vraiment touchant cette communion avec les gens. À cette époque on partageait tout avec eux, on était souvent à l’extérieur, c’était vraiment une communion parfaite. Cette proximité empreinte de simplicité, de respect et de reconnaissance, c’est quelque chose de très fort. On a pas mal discuté des matches les plus marquants que j’ai vécus, notamment ceux de l’épopée européenne, forcément. On m’a demandé comment j’avais vécu tel ou tel match, comment ça se passait dans le vestiaire, etc.

Tu as ensuite assisté dans le Chaudron au match nul des Verts contre Strasbourg...

J’ai vu une belle rencontre entre deux belles équipes. J’ai été enthousiasmé par l’ambiance à Geoffroy-Guichard, cette passion qui revient petit à petit. Cet engouement est toujours très présent au sein du club, autour du club. C’est vraiment des moments très forts. Cette ferveur est un soutien formidable pour les joueurs, ça leur permettra de se sublimer jusqu’à la fin de saison et d’assurer bien sûr le maintien de l’AS Saint-Etienne en première division. C’est évidemment le souhait de nous tous.

Quel regard portes-tu sur la saison de l’ASSE en tant qu’ancien joueur et entraîneur du club ?

Il y a plusieurs façons de voir les choses. Les entraîneurs n’ont pas les mêmes visions des choses. Si tu prends l’exemple de Claude Puel… On ne peut pas renier les compétences de Claude. C’est un grand entraîneur, que je connais bien sûr, que j’ai eu l’occasion de côtoyer. Moi je n’aime pas la critique car tu l’as rappelé, j’ai été entraîneur. C’est un métier très difficile. Forcément, quand les résultats ne sont pas là, c’est souvent l’entraîneur qui est visé et malheureusement il faut prendre des décisions et essayer de trouver des solutions, de changer. Après, la gestion, le management sont devenus beaucoup plus compliqués de nos jours.

Si on peut apporter une petite critique sur Claude, c’est qu’il est tellement intransigeant et rigide que peut-être qu’il y avait quelque chose de froissé, quelque chose qui ne passait plus avec les joueurs. On pouvait être inquiet à une certaine période, surtout à la fin de l’année 2021. On était en droit de se dire véritablement : est-ce que l’ASSE va être capable de se sortir de cette situation, de cette spirale négative ?  A la trêve, suite à leur défaite contre Nantes, les Verts étaient bien mal embarqués. Ils étaient bons derniers, avec quatre points de retard sur l’avant-dernier et sur le barragiste, et cinq points sur le 17e.

Il fallait faire un choix, il s’est porté sur Pascal Dupraz que je connais de longue date pour l’avoir côtoyé en National quand j’étais l’entraîneur de Bayonne. Pascal est quelqu’un de pétillant, de passionné. C’est quelqu’un aussi qui est très proche des joueurs. J’ai lu dernièrement des déclarations de joueurs stéphanois qui le considèrent comme leur papa. Aujourd’hui je pense qu’il faut être très proche des joueurs, à leur écoute. Je pense que le choix qui s’est porté sur Pascal est le bon. Il a déjà prouvé à Toulouse qu’il pouvait mener à bien une opération maintien. Sur des périodes courtes comme ça se passe actuellement, Pascal est capable de relever le challenge et de permettre à l’ASSE de se maintenir au plus haut niveau.

Des joueurs comme Ryad Boudebouz ou Romain Hamouma ont récemment rappelé que les joueurs ont souvent besoin de se sentir aimés pour performer. Pascal leur donne cet amour, cette confiance bienveillante. Un autre entraîneur fonctionnait exactement de la même manière, c’est Jean-Louis Gasset. Je connais très bien Jean-Louis et je l’apprécie, on a joué ensemble à Montpellier. C’est un peu le même style d’entraîneur, très proche des joueurs, il apporte ce capital confiance dont ont besoin les joueurs pour s’exprimer au mieux sur le terrain. C’est nécessaire d’avoir cette approche, on ne gère pas tous les joueurs de la même manière. Avec certains il faut être un peu plus directif, avec d’autres il convient d’être un peu plus affectif. Pascal a cette qualité qui va forcément apporter un plus au niveau du groupe.

Comment sens-tu cette fin de saison ? La belle dynamique va perdurer et les Verts vont se sauver sans trop trembler ?

Bien sûr le classement reste extrêmement serré. Les Verts viennent de prendre 10 points en 4 matches, ils ne sont plus relégables mais ils n’ont qu’un petit point d’avance sur les quatre derniers avant d’aller à Paris ce samedi. Très honnêtement, il y a deux mois, j’étais très inquiet. Heureusement la donne a changé depuis. Avec Pascal, les résultats sont meilleurs. Il y a eu cet apport de certains joueurs qui est quand même assez judicieux. Des joueurs un temps absents du fait de la CAN ou de blessure sont désormais de retour en forme et pleinement investis dans cette opération maintien.

Il y a aussi l’incorporation de certains joueurs qui est bénéfique, je pense en particulier à Falaye Sacko. J’ai été sélectionneur du Mali à une certaine époque, il y a de bons joueurs chez les Aigles du Mali. Je trouve que ce défenseur est très intéressant, il a d’emblée trouvé ses marques dans cette équipe stéphanoise. Avec en plus l’aide du public, on peut vraiment être optimiste maintenant quant aux chances de l’ASSE de rester en première division. Tous les ingrédients sont réunis pour que ça se termine bien. Bien sûr, ce ne sera pas facile, on voit bien qu’aucune équipe n’est lâchée. Mais on sent un certain renouveau au niveau du club.

Dans l’effectif actuel de l’ASSE, quel joueur te plaît particulièrement ?

Je n’aime pas trop mettre des joueurs en avant plus que d’autres, c’est avant tout la dynamique collective qu’il faut mettre en exergue car elle est en train de porter ses fruits. Mais il y a quand même un joueur qui pour moi à un petit plus. Comme j’étais attaquant je vais parler de cet attaquant : Romain Hamouma. C’est un garçon qui lit très bien le jeu, qui sent bien les coups, qui est judicieux. Techniquement il est très à l’aise. Il a le feeling du buteur et il met souvent de très jolis buts. On l’a vu encore contre Montpellier. C’est un garçon qui a une bonne mentalité, il est toujours irréprochable sur le terrain et je pense aussi dans le vestiaire.

Vraiment, j’apprécie beaucoup Romain Hamouma. En plus ça fait près de dix ans maintenant qu’il joue sous le maillot vert. Dans le football d’aujourd’hui, ç’est rare de rester aussi longtemps dans un club. C’est devenu une denrée rare. Il est le dernier joueur stéphanois à avoir connu les années Christophe Galtier. Il n’a pas été formé à Sainté mais on sent qu’il est profondément attaché à ce club. Cette longévité dans un même club au plus haut niveau, cette fidélité au maillot vert, ça me parle, forcément.

Une longévité et une fidélité qu’incarne à la perfection Loïc Perrin, devenu coordinateur sportif du club.

Je suis très heureux de voir que Loïc se soit mis au service du club en tant que coordinateur sportif. Loïc fait l’unanimité, que ce soit en tant que joueur, qu’équipier, que capitaine. Il aurait mérité je pense de jouer en équipe de France. C’est une excellente chose qu’il ait entamé sa reconversion au sein du club. Il a démarré ses nouvelles missions dans un contexte très compliqué mais j’ai le sentiment qu’il met déjà sa patte. C’est un garçon qui respire l’intelligence et la sérénité. Loïc représente tellement de choses… C’est l’identité forte de ce club. Je pense qu’on n’a pas fini d’en entendre parler et qu’il peut apporter encore beaucoup au club.

 

Merci à Christian pour sa disponibilité