Didier Rouston a l’œil avisé. Il analyse le match au travers d’un prisme décalé. Mélange de dérision , de paraboles historiques. Il vous livre, chaque semaine, son point de vue sans langue de bois et partagera sa passion des Verts, intacte malgré les tumultes de cette période délicate.


Clin d’œil du destin, pour cette première halte au purgatoire, nous voici à Dijon, ville aux 100 clochers, fournie d’abbayes, paroisses et cathédrales en tout genre. Et oui, les amis, nous voici au purgatoire. Lieu où nous allons pouvoir expier nos péchés et purifier nos âmes. Dans un autre style, Dijon est la ville natale du truculent Denis Brogniart. Cette saison s’apparentant à un véritable chemin de croix pour nos couleurs, sera digne d’un Koh-Lanta de l’antichambre de l’élite.

20 candidats sur la ligne de départ. Et pour commencer cette folle aventure, Dijon…
Dijon et son entraîneur. Omar Daf. Pour les incultes, Omar Daf, n’est pas le diminutif d’Omar Da Fonseca, mais bien celui d’un coach aux principes très clairs inspirés du football total de l’Ajax des années 70. Il a aussi la particularité d’avoir un prénom de crustacé et un nom de camion. Ne cherchez pas, le slovaque Krevet Iveco et l’argentin Gambas Scania n’existent pas. Il est surtout Omar Daf, entraîneur entraînant, qui permit récemment au phénix sochalien de renaître de ses cendres.
Son style est assez simple. S’engager, s’engager et s’engager. Puis récupérer haut et désorganiser les défenses adverses.
43 jours après son arrivée sur le banc de la cité des Ducs de Bourgogne, allait-il réussir à transformer la 19ème défense de l’exercice précèdent en un groupe efficace s’appuyant sur une arrière garde étanche ?
La réponse est claire. Dès les premiers instants de la partie, le ton était donné. S’imposant en puissance, les Bourguignons allaient nous faire passer un premier acte digne du supplice de Tantale.
Tantale avait été mis au supplice par son père Zeus. Dès qu’il s’approchait d’un fruit, ce dernier se transformait en pierre. Nos tendres Verts, furent condamnés tel Tantale, à subir la terrible privation de ballon.

Après plusieurs échecs, les affres d’antan réapparurent. En la personne du sieur Nadé tentant une talonnade improbable en dernier défenseur. Offrant par la même un but gratuit à des adversaires tout heureux d’une telle offrande. Nadé aurait-il des origines hindoues ?
A-t-il confondu Le Bihan et le dieu Shiva ?
N’allons pas le blâmer. Que le premier qui n’a jamais fait un tel geste me jette la première pierre. OK. Arrêtez de me jeter des pierres, c’est évident que personne ne fait ce genre de geste.
Cette terrible bévue qui nous rappelle à nos tristes souvenirs du maître Kolodziejczak.
Et pourtant, les Verts repartirent de l’avant avec notre Jean-Philippe national qui s’extirpe de ses sbires pour glisser un bonbon à Zeydou le maladroit qui selon un principe évident, tire dans une zone encombrée de jambes plutôt que dans l’espace vide des buts.

Puis vient le tournant du match. Maçon en grande difficulté sur son côté droit, protège le ballon pour hériter d’une vulgaire touche. La suite on la connait. La touche n’étant pas pour lui, il se fait éliminer d’un battement de cil. Puis Le Bihan, dribble en marchant trois Stéphanois apathiques, lance en profondeur son attaquant entre deux autres Stéphanois guère plus vifs. Green sort la parade, mais Camara manque de promptitude sur le second ballon permettant aux Dijonnais de doubler la mise logiquement.

Cette action symbolise l’impuissance de nos couleurs. Mais surtout cela symbolise un manque évident de confiance en soi. Les plaies ne sont pas pansées et le professeur Batlles a du pain sur la planche pour revigorer un groupe traumatisé par une saison passée calamiteuse.
Le professeur a un plan qui pourrait fonctionner. Sa défense à trois, son losange au milieu avec sa sentinelle a fait ses preuves. Mais pour que cette recette fonctionne, il manque un ingrédient indispensable : la confiance.
Le danger aujourd’hui serait que les quatre nouveaux soient contaminés par la scoumoune ambiante.

Face à Dijon, Briançon et Giraudon ont reçu des vagues d’assaillants dignse des troupes de Gengis Khan. Difficile dans ces conditions de dégager une confiance pourtant nécessaire.
Lobry et Cafaro n’ont pas démérité, mais le ballon leur brûlait les pieds lorsque les harceleurs milieux adverses ne leur laissaient pas un centimètre carré pour s’exprimer.
A la pause, le Z et le décevant Maçon furent priés de prendre leur douche.
Et la jeunesse entra. Mouton et Aiki n’ont pas leur expérience, mais ils ont cette insouciance qui nous permet de croire a des jours meilleurs.
Mais que penser de Denis la malice, qui se permet de glisser au référé tout le bien qu’il pensait de son arbitrage. Il ne faut pas oublier que les arbitres du niveau inférieur sont par définition d’un niveau inférieur. C’est mathématique. De là, à leur dire explicitement, il y a un pas qu’il ne faut pas franchir.

Laurent Batlles a été très clair dans son analyse à chaud : « Quand vous ne courez pas, vous ne pouvez pas gagner des matchs »
Cela semble être une lapalissade, mais certains notables alignés d’entrée devraient comprendre que ce message non dissimulé leur était directement destiné.
Dans la ville aux 100 clochers, il est de mise de se faire sonner les siennes.
Déjà tourné vers la réception des crocos nîmois, Batlles risque de remonter quelques bretelles cette semaine. On peut, et on doit lui faire confiance. La Ligue 2 est bien comme on nous l’avait promis, une terre hostile où chaque rencontre est une guerre de tranchée. Seuls les braves s’en sortiront.

Didier Rouston