Arnaud Nordin : "Je suis le premier supporter de l'ASSE"

Après avoir quitté le stade Geoffroy-Guichard ce vendredi soir et avant d'y retourner dès jeudi prochain, l'attaquant montpelliérain et supporter stéphanois Arnaud Nordin s'est confié à Poteaux Carrés.

Alors Arnaud, content d’avoir retrouvé le Chaudron pour ce match de play-off ?

Très content. Ça me tenait vraiment à cœur d’être là, c’était un match très important. Ce n’est pas tous les jours que tu joues des play-offs pour pouvoir accéder à la L1. Ce sont des moments importants pour le club, pour la ville. Comme tu le sais, j’ai un lien très fort avec Sainté. J’y ai joué pendant 9 ans. Allez, 8 ans on va dire car j’ai été prêté un an à Nancy. Les Verts, c’est mon club formateur donc forcément je suis le premier supporter de l’ASSE. Je ne le montre pas mais j’ai suivi tous les matches des Verts depuis que j’ai quitté le club. J’ai encore beaucoup d’amis là-bas, que ce soit des joueurs ou dans le staff.

Je suis en vacances et j'étais dispo, je me devais d’être là pour ce match contre Rodez, je suis monté avec Théo Vermot. Je savais très bien que Wahbi Khazri allait venir aussi car on évolue toujours ensemble à Montpellier. Je suis content d’être venu pour supporter les Verts. Quelle ambiance encore vendredi soir ! On ne s’en lasse pas. C’est toujours magnifique. C’est vraiment incroyable de voir une ambiance comme ça. Ça fait une sensation assez spéciale de revoir ça. Forcément, ça fait chaud au cœur de revoir ce peuple vert en communion pour porter le club au plus haut niveau. Le Chaudron, ça te donne des frissons, obligé !

T’as vécu ce match en vibrant comme un supporter ou avec ton œil de joueur féru de tactique et d’analyse ?

Les deux en fait ! Forcément, j’ai regardé le match en tant que supporter, j’étais à fond derrière les Verts. Mais en tant que joueur en activité, j’ai forcément une petite analyse quand je vois ce match-là. On ne va pas se mentir, mine de rien, ça a été un match abouti de Saint-Etienne. Les Verts méritent amplement la victoire. Ils ont été entreprenants, dominateurs, ont tardé à concrétiser. Ce but d’Irvin Cardona a été une vraie délivrance. Après, quand tu mènes 1-0 et que tu n’arrives pas à mettre ce deuxième but, on peut toujours se faire peur. On n’est jamais à l’abri, il peut y avoir un penalty, un carton rouge, un coup franc, un corner. Heureusement il n’y a rien eu de tout ça et Nathanaël Mbuku a scellé le succès des Stéphanois.

Qu’est-ce qui t’a plu dans le jeu des Verts ?

En étant joueur, en analysant un peu, j’arrive à retrouver la patte d’Olivier Dall’Oglio, que je connais pour l’avoir eu quelques mois comme entraîneur à Montpellier. J’ai revu notamment les sorties de balle avec les défenseurs centraux très écartés. J’ai trouvé que Flo Tardieu a fait un super match avec Dylan Chambost, il s’est employé à apporter de la supériorité. Tout en étant supporter, j’aime bien analyser les matches car ça peut toujours me servir. Tactiquement, Olivier Dall’Oglio travaille beaucoup et fait bien travailler ses joueurs. On arrive à voir que sur le terrain Saint-Etienne a des circuits préférentiels. Les deux centraux sont écartés, ça permet de fixer les deux attaquants, que ce soit Corredor et Hountondji. Tardieu vient carrément au milieu et ça permet à Aïmen et à Dylan d’être un peu plus libres et après de décaler que ce soit Irvin ou Cafaro.

Je m’en étais rendu compte car j’ai regardé à la télé tous les matches de Saint-Etienne mais j’en ai eu la plus belle des confirmation en étant au stade : ce public est énorme. C’est vraiment le douzième homme. Ça permet d’haranguer, d’aider l’équipe dans des moments où l’équipe est un peu moins bien. On sait très bien qu’un match est très long, et quand t’es dans des temps faibles, ça fait vraiment du bien de pouvoir compter sur un tel soutien. En même temps, des temps faibles, il n’y en a pas beaucoup eu hier. A part une action en deuxième mi-temps où on a failli prendre un but, où Saint-Etienne a failli prendre un but… Le public pousse tellement qu’on voit que les joueurs sur le terrain étaient galvanisés. Les premiers sur le terrain haranguaient à leur tour les supporters pour intensifier ce soutien. C’est Saint-Etienne, quoi !

Penses-tu que le succès des Verts a été facilité par le fait que Rodez a eu très peu de temps de récupération suite à son match contre le Paris FC ?

Certes, Rodez avait joué le mardi soir donc avait peut-être un peu moins de jus qu’à l’accoutumée. Mais ça n’enlève rien au mérite des Verts. J’ai vraiment trouvé Saint-Etienne au-dessus. Gautier Larsonneur n’a pas eu grand-chose à faire. L’ASSE a maîtrisé son sujet, a beaucoup tenté avoir avant de forcer la décision et de s’imposer fort logiquement. Mais bon, même quand Irvin a débloqué la situation, il a fallu rester concentré jusqu’au bout. T’es jamais à l’abri d’un fait de jeu et Rodez a une très belle équipe. Rodez aura fait une super saison avec une équipe très jeune, fougueuse. Avec un tel adversaire en face, on n’est jamais à l’abri d’une égalisation.

Du coup je pense qu’on a tous été soulagés quand Nathanaël Mbuku a mis le second but dans le temps additionnel. Je connais bien Nathanaël. On a pas mal d’amis communs et on a pu faire les Jeux Olympiques ensemble il y a quatre ans au Japon. Que ce soit à l’entraînement ou en match, j’ai joué avec lui pendant les JO et pendant les matches de préparation. Je suis très content de sa rentrée. C’est quand même beau ce qu’il fait, il a vraiment mis un joli but.

Dans un autre style, l’ouverture du score d’Irvin Cardona n’est pas mal non plus.

Oui, il a placé un super coup de tête et ça a décanté la situation. Irvin est évidemment un des grands artisans de la très bonne seconde partie de saison des Verts. C’est un joueur impactant. Il a beaucoup de qualités, notamment son jeu de tête, que ce soit sur coup de pied arrêté ou dans le jeu. Sur l’ouverture du score, je trouve que son appel est extraordinaire, le timing est parfait. Irvin parvient à la toucher parfaitement pour la mettre dans la cage. Je suis ravi pour Irvin, que je connais bien en dehors des terrains. Avec Irvin, on s’est affronté en jeunes et on a des connaissances communes. Hors des entraînements, il est arrivé qu’on joue à la PlayStation ensemble. Ça crée des liens !

Je suis ravi pour lui, pour tout ce qu’il apporte à Saint-Etienne. Il fait beaucoup de bien à l’attaque stéphanoise car il a une panoplie d’attaquant vraiment intéressante. Il fait de bons appels, a des qualités de frappe. Il peut tirer fort ou tout en subtilité comme son merveilleux lob contre Bordeaux. Elle était dingue cette fin de match des Verts contre les Girondins ! Et en plus de ça Irvin a un très bon jeu de tête. Il ne fait pas 1m90 ou 1m95 mais il a un très bon timing. Dans le foot, on met un but sur trois sur coup de pied arrêté donc c’est hyper important d’avoir de bons joueurs de tête dans un effectif.

Irvin a marqué sur un centre de Dylan Chambost, auteur de sa 7e passe décisive de la saison. Tu connais très bien Dylou…

On s’est connu dès les U17. C’est un 97, je suis un 98. Il était plus grand que moi. Tu vois, honnêtement, je trouve que tout le monde a fait un bon match hier mais Dylan en particulier a été vraiment très bon. Dans ses passes, dans ses choix, dans la justesse technique, il a vraiment été super. Ça reste un bon ami à moi, on s’appelle de temps en temps, on s’envoie des petits messages. Je suis très content pour lui qu’il ait fait cette passe dé ô combien importante car ça concrétise le très bon match qu’il a fait contre Rodez. Les gens, malheureusement j’ai envie de dire, sont très attachés aux statistiques, que ce soit la passe dé ou le but. Mais même s’il n’avait pas fait cette passe dé, on voit bien que Dylan, techniquement parlant, sur ce match-là en tout cas, a été au-dessus.

Moi j’ai un regard sur lui davantage footballistique, ça va au-delà du côté statistique. Dylan fait gagner du temps à se ses partenaires, ce qui permet parfois à l’équipe de marquer. Quand il faut la mettre en une touche de balle, il la met en une. Quand il faut la mettre en deux, il la met en deux. Dylan joue juste et met ses coéquipiers dans les meilleures dispositions. Il a cette qualité depuis que je le connais, depuis les U17. Il est clairvoyant et sait donner du temps. Pour un ailier comme moi, c’est super d’avoir un joueur comme ça qui donne du temps après pour pouvoir peut-être provoquer, aller faire un centre ou frapper.

Dans un autre registre, un autre milieu de terrain formé à l’ASSE s’est illustré une fois de plus par son abattage : Aïmen Moueffek.

J’ai envie de te dire que Aïmen, c’est Aïmen ! Aïmen, c’est les valeurs de toute une région, de tout un peuple. Hier, j’ai envie de savoir combien de kilomètres il a parcouru. Je me le demande bien, si t’as l’info je suis preneur ! (rires) Aïmen ne s’arrête jamais, il court, il court. Pour être allé dans les vestiaires un peu après, c’est vraiment quelqu’un qui ne triche pas. Il était carbo, il était mort, franchement ! (rires). Et tu verras, ce sera le premier à repartir au combat contre les Grenats. Aïmen a de grosses qualités physiques, techniques. Il a mis quelques buts cette saison, notamment ceux victorieux à Troyes et à la maison contre Caen. Moi, j’adore jouer avec ce genre de joueurs. C’est quelqu’un qui va toujours se dépasser, qui va toujours aider le coéquipier.

Aïmen doit terminer les matches à 12 bornes voire plus. C’est exceptionnel. Il est tellement généreux, c’est impressionnant. C’est le genre de joueurs qui plait forcément à tous les supporters stéphanois. Ils savent qu’un joueur de foot ne peut pas tout réussir mais comme on dit, « il faut mouiller le maillot. » C’est un peu une phrase bateau mais c’est complètement la vérité en fait ! Aïmen, c’est l’exemple parfait. Aïmen ne réussit pas tout mais comme tu dis, il a un tel abattage… Avec lui, on a l’impression de jouer à 12. Donc à 13 du coup car le public stéphanois devient le 13e homme ! (rires) Je me rends compte un peu plus de ça en étant en haut et non sur le terrain. En tout cas hier, c’était impressionnant !

Il n’y a pas que dans l’entrejeu que deux joueurs formés au club à tes côtés étaient titulaires contre Rodez. En défense aussi. On va commencer par Léo Pétrot, qui a beaucoup de temps de jeu en L2 alors que Sainté ne l’avait pas conservé il y a quelques années.

Oui, je me réjouis de voir que Léo a su s’imposer en pro. Objectivement, je ne dis pas ça parce que lui aussi est un ami à moi, il a beaucoup travaillé et beaucoup progressé. Il ne faut pas oublier que Léo a beaucoup joué dans l’axe, un poste très différent de celui d’arrière gauche. Je trouve qu’il est assez complémentaire avec Mickael Nadé. Ils se connaissent depuis très longtemps, ils n’ont que deux ans d’écart. Ça permet d’avoir un côté gauche solide, qui tient la route.

Hier, même si les Ruthénois jouaient avec deux attaquants axiaux, ils étaient très écartés. Au final ils se retrouvaient beaucoup sur Yvann Maçon et sur Léo Pétrot. Au final je constate que de leurs côtés ça n’est pas beaucoup passé. Pour être allé au match et pour avoir regardé les résumés, Gautier Larsonneur n’a pas eu grand-chose à faire. Tant mieux, même si c’est un bon gardien, on en est ravi ! Qu’il ait le moins de travail à faire, c’est bon signe. Pourvu que ça dure !

Tu viens de citer Mickaël Nadé. Quelle saison il nous fait !

Ah, Mickaël… C’est une très vieille connaissance, ça fait plus de 10 ans que je le connais. En fait on se connaissait avant même de rejoindre le centre de formation de l’ASSE. Il était à Sarcelles, moi j’étais à l’INF Clairefontaine, ça nous arrivait de nous affronter en région parisienne. Mickaël, c’est quelqu’un qui a énormément progressé. Dans le un contre un, c’est devenu un défenseur vraiment très dur à passer ! Très, très dur ! Encore hier, je n’ai pas eu connaissance des statistiques en un contre un mais je pense qu’il remporté une large majorité de ses duels. C’est son boulot car c’est un défenseur central.

Mickaël fait des choses simples, il ne s’invente pas une vie, il sait qu’il est très fort en un contre un. Il sait que lancé il va très, très vite. Là-dessus il a aussi beaucoup progressé. C’est devenu un patron dans cette défense stéphanoise. Si l’ASSE a fini meilleure défense de L2 cette saison, ce n’est pas seulement dû au fait que les Verts ont le meilleur gardien du championnat, c’est aussi parce qu’il y a de bons défenseurs. Et puis Mickaël, il a aussi les valeurs de l’ASSE, c’est un garçon qui est au club depuis qu’il a 15 ou 16 ans. Une fois qu’on a goûté à la formation de Saint-Etienne, on baigne dans ça.

Quand tu vois que Lucas Gourna était encore là hier. Mahdi Camara ne pouvait pas être là mais je vais te raconter une anecdote, il a été le premier à m'envoyer un texto dès qu'il a su que j'étais au match. "Supporte les bien, de tout coeur avec Saint-Etienne. Allez les Verts !". On échange souvent avec Mahdi, on est de la même génération, on est né tous les deux en juin 1998. On a un gros vécu commun. On est arrivé à l’ASSE à 15 ans, on est parti à 23 ans. On a tout connu ici ! J'apprécie beaucoup Mahdi et je lui tire mon chapeau, il vient de vire une saison historique avec Brest !

Comment tu sens ce barrage contre Metz ? T’as joué contre eux cette saison ?

On a affronté Metz avec Montpellier cette saison, bien sûr ! Le match aller, on a gagné 1-0 à Saint-Symphorien à deux journées de la trêve hivernale. Je n’étais pas du déplacement car j’étais blessé mais je me souviens qu’on avait marqué l’unique but de la rencontre au bout de 10 minutes de jeu. On avait eu des balles de break en première période mais on avait pas mal souffert en seconde période. J’ai joué le match retour qu’on a gagné 3-0. On a marqué au début de chaque mi-temps et on a mis un péno en fin de match. Un score un peu flatteur, on avait été réaliste mais dans le jeu c’était assez équilibré, Metz n’avait pas démérité.

La double confrontation de la semaine prochaine entre Sainté et Metz, ce sera particulier. Ce n’est pas un match de championnat, ce n’est pas un match amical. C’est vraiment un match à part. Metz joue sa survie et les Verts jouent la montée. Je pense que ça se jouera dans l’esprit. Saint-Etienne a l’avantage d’être dans un momentum favorable, les Verts sortent d’un succès convaincant contre Rodez, ils ont su switcher après la déception d’avoir raté la montée directe lors des dernières journées du championnat.

Metz reste quant à lui sur 4 défaites consécutives et a même failli descendre directement lors de la dernière journée. Mais il ne faut pas oublier que Metz va aussi être porté par une ville et surtout par un très bon joueur, il faut le reconnaître, qui est Georges Mikautatdze. Il avait fait mal aux Verts la saison dernière en réalisant un doublé à Geoffroy-Guichard. Ça reste malheureusement pour Saint-Etienne un très bon joueur. Il faudra bien sûr faire très attention à lui, le surveiller comme le lait sur le feu. Ça va être un match très compliqué mais je pense que Saint-Etienne a toutes ses chances. Dans ce genre de match, l’esprit va faire la différence.

Mais Metz est une équipe qui connaît plus ou moins ce genre de matches. C’est une équipe qui navigue un peu entre la Ligue 2 et la ligue 1, je pense qu’elle est quand même un peu prête à ce genre de match. Les Messins ont déjà été plus ou moins dans ce genre de situations. Cette équipe a évidemment des failles, sinon elle n’aurait pas fini à la 16e place de Ligue 1 à égalité de points avec l’avant-dernier. Mais ça reste quand même une belle équipe. Il faut que dès jeudi les Verts fassent comprendre aux Grenats que Sainté veut retrouver sa place en L1.

Tu seras encore à Geoffroy pour pousser nos Verts vers une nouvelle victoire ?

Personne n’est au courant mais comme tu me poses la question je te réponds : oui, et j’ai hâte ! Je vais retourner dans le Chaudron jeudi. Pour moi ce sont des moments particuliers dans la saison. Je n’avais pas pu venir à Geoffroy cette saison pendant le championnat car j’étais pris par les matches de Montpellier. Mais jeudi, forcément, je serai de nouveau là pour supporter les Verts.

Et ensuite bien sûr tu fais-le déplacement à Saint-Symphorien ?

Heu, ça va être compliqué. Je veux un peu profiter des vacances aussi et je ne passe pas mes vacances en Lorraine le week-end prochain (rires). Mais je regarderai évidemment le match retour à la télé.

Tu as fait partie de l’équipe qui est descendue en L2 après le barrage contre Auxerre il y a deux ans. Venir deux fois suite dans le Chaudron pour soutenir les Verts dans leurs matches d’accession à l'élite, c’est une façon pour toi de « réparer » un peu cet échec de la relégation, d’aider les Verts par tes encouragements à retrouver l’élite ?

Je ne dirais pas ça. Tu vois même si on était resté en Ligue 1, je serais le premier à monter voir un match de Saint-Etienne. J’ai passé 8 ans ici, j’ai été formé ici, j’ai tout connu ici. L’ASSE, c’est forcément un club que je suis et que je suivrai toujours. Que Sainté soit en Ligue 1, en Ligue 2 ou en National, je suivrai les Verts à vie en fait ! Tout simplement parce que ça a marqué ma vie en tant que jeune footballeur et en tant qu’homme. C’est à Saint-Etienne que je suis devenu adulte.

Après, le foot fait que parfois on prend d’autres virages. En ce qui me concerne ça a été Montpellier. Mais forcément j’ai toujours des attaches à Saint-Etienne. J’ai envie de dire comme un peu tout le monde avec le club qui l'a construit en tant que joueur et en tant qu'homme. Enfin je l’espère. En tant que footballeur, on regarde son club formateur, le club avec lequel on a fait nos premiers matches en pro, le premier club avec lequel on a joué en professionnel. Moi c’est l’ASSE et j’en suis fier, je suis reconnaissant envers ce club.

C’est d’ailleurs pour ça que ce barrage perdu contre Auxerre a été une période très compliquée à vivre. En tant que joueur, formé au club de surcroît, crois-moi, ça fait très mal de descendre. Quand bien même j'ai poursuivi ma carrière en Ligue 1 du fait de mon départ à Montpellier dans la foulée, ça m’a évidemment affecté de quitter les Verts sur une relégation. En tant que joueur mais aussi en tant qu’homme. Moi j’ai mon beau-père qui est Stéphanois de vie. Le voir aussi triste que moi en tant que joueur, ça a été compliqué...

Mais voilà, malheureusement ou heureusement, on est parfois amené dans le football à prendre d’autres virages. Le foot ne s’arrête jamais, il faut passer à autre chose. Je suis depuis deux saisons à Montpellier où je pense avoir progressé mais c’est impossible de rester indifférent à ce qu’il se passe à Sainté, surtout en ce moment. C’est pour ça que je suis très heureux d’avoir vu les Verts battre Rodez et gagner le droit de disputer ce barrage contre Metz.

J’ai fait la route depuis Montpellier pour voir ce match contre Rodez. Je voyais plein de gens sur la route avec des maillots de Sainté. Je trouve ça juste dingue ! C’est magnifique. L’ASSE, c’est vraiment un club à part. C’est un club qui a cette capacité de rassembler des personnes qui viennent de plein d’endroits différents. Je me suis amusé sur la route à regarder les plaques d’immatriculations des voitures de supporters, il y en a qui venaient d’hyper loin pour voir le match et repartir dans la soirée.

Je sais que c'est ton cas, on connait tous dans notre entourage des personnes qui par passion font de très nombreuses heures de route pour aller voir les Verts. C’est incroyable ! Hier, alors que je venais de Montpellier, on m’a demandé je ne sais pas combien de places ! (rires). C’est drôle parce que le temps s’arrête en fait. Le temps s’est arrêté à 20h30 ce vendredi soir. Au coup d’envoi le temps s’arrête, la ville s’arrête pour voir le match de Saint-Etienne.

Le temps des matches des Verts, le temps s’arrête mais dans les coulisses du club c’est en train de s’accélérer. Que t’inspire la vente imminente de l’ASSE ?

Ces dernières années, on a lu beaucoup de rumeurs sur cette vente. Il faut toujours faire attention avec tout ce qu’on lit sur les réseaux, ce n’est pas toujours facile de démêler le vrai du faux et il y a eu pas mal de pistes fantaisistes. Cette fois-ci, ça semble être plus qu’une rumeur. On arrive à un tournant du club, il va être sûrement vendu dans les prochains jours. L’ASSE est un club historique, un club populaire qui a une âme, qui représente quelque chose de très fort dans le football français. Il y a des grosses fondations. Après, il n’y a plus qu’à comme on dit ! Il y a une grosse base déjà.

Je ne les connais pas personnellement mais les repreneurs semblent sérieux et fortunés donc ça laisse augurer de belles choses pour l’ASSE. On a tous envie de revoir les Verts jouer les tout premiers rôles en Ligue 1. On a tous envie de revoir les Verts en Coupe d’Europe. Je n’oublie pas que j’ai eu la chance de jouer 8 matches d’Europa League avec Sainté. J’ai joué les 2 premiers sous les ordres de Christophe Galtier alors que je n’avais que 18 ans, à la maison contre Mayence et lors de notre renversante victoire sur le terrain d’Anderlecht. Ça reste de supers souvenirs. Tout le peuple vert espère revivre la magie des nuits européennes à Sainté.

Qui sait, peut-être que tu revivras ça sur le terrain ? Est-il envisageable de te revoir un jour sous le maillot vert ?

Le foot est imprévisible et magique. On peut penser à des choses qui se font pas, et à l’inverse on ne pense pas à des choses et elles se réalisent. Ce serait mentir de dire que je ne me sens pas bien au MHSC. Au contraire, je me sens très bien à Montpellier. C’est un club qui ressemble à Sainté dans le sens où il est très familial, qui accueille très bien les joueurs. C’est un club propice à l’épanouissement d’un joueur, qui peut vraiment faire son football. Après, le football c’est magique et on ne sait jamais ce qui peut se passer. Reporter un jour le maillot de Saint-Etienne, je ne peux pas te dire oui, je ne peux pas te dire non. Ce qui est sûr, c’est que j’ai une attache avec cette ville-là, avec ce club-là.

Merci à Arnaud pour sa disponibilité