Yvanmamamia a écrit : ↑05 mai 2020, 09:52
Faudrait retrouver les passages précis mais il me semble que dans son livre, il est assez mesuré concernant Platini également. En fait il a jamais retrouvé la même confiance avec les joueurs recrutés post épopée et Platini en faisait partie, même s'il ne semble pas qu'il y ait eu des problèmes sérieux précisément entre eux.
Tu as raison. Dans
"on m'appelle le sphinx", c'est clairement exprimé. C'est quand même dingue : t'es entraineur d'une équipe, ton président t'offre Platini, et Platini 1978 s'il te plait (pas 75 ou 87), c'est à dire un génie du football qui arrive à maturité, en plus au poste meneur de jeu, Platini, quoi, le joueur qui a permis à l'équipe de France de devenir le Brésil du foot des années 80,... C'est quand même un rêve d'entraineur, Platoche 78, tu ne peux pas rêver mieux, à priori...
Et Herbin, ça ne l'a pas transporté plus que ça, même au contraire, il a comme une petite gêne...
C'est un élément essentiel pour comprendre ce que fut Herbin. Quand tu lit son livre, tu vois qu'il a plus kiffé l'arrivée de Jean-Marie Elie que celle de Platini, et aussi que les départs de Patrick Revelli et Christian Synaeghel ont plus comptés pour lui dans le sens de la tristesse que ce recrutement royal dans le sens du plaisir.
En fait, pour comprendre le phénomène Herbin, il faut d'abord comprendre ce que fut Saint-Etienne 75-76-77, les
"vrai verts", comme disent certains. Parce que l'ASSE, c'est cette équipe là, et pas une autre.
Et pourtant, comme on l'a dit souvent, l'ASSE 1967 /1970 était la meilleure des équipes ASSE de tous les temps, avec Keita et les autres, et en 1980, on avait quand même le meilleur joueur du monde dans notre équipe : le Pelé, le Zizou des eighties, il jouait chez nous !
Mais tout ça s'efface complètement devant Repellini, Merchadier, Sarramagna,...
Certains ont expliqués que c'était un effet d'époque, le début des matchs télévisé, le football français au fond du trou et l'ASSE qui rallume la flamme... Tout ça c'est vrai, mais il n'est pas là, le secret des
"vrai verts".
Pour vous l'expliquer, ce secret, je vais faire une analogie avec le rock. Dans le rock, il existe deux types de groupes. Le type Beatles, et le type Doors. Les Beatles, c'est le combo parfait : tu peux ne pas en enlever un. Pourtant Ringo Starr, c'est un pas un génie de la musique, mais les Beatles sans Ringo Starr, ce n'est plus les Beatles. Les Beatles, individuellement, ils ne sont pas forcément des vedettes, mais ensemble, ils sont les meilleurs du monde. Tu as les Clash, aussi, dans le genre...
Tandis que les Doors, c'est Jim Morrisson et des gars autour. Tu enlèves Jim, tu n'as plus rien, par contre tu peux changer le batteur et tout le monde s'en fout. C'est pareil pour The Cure, par exemple, c'est Robert Smith + des musiciens plus ou moins interchangeables.
En foot tu as souvent le deuxième type : Nederland 74, c'est Cruyff et sa bande, France 82, Platini et sa bande, Barcelone 2015 Messi et sa bande.
Et ASSE 76, c'est les Beatles. C'est le rêve du groupe homogène, une bande de potes même pas remarquables individuellement qui deviennent les meilleurs du monde parce qu'ils sont ensemble. Et ce rêve d'être meilleurs parce qu'on est ensemble, c'est quelques chose de très important, de très fort, et de rare aussi, et c'est pour ça que les verts de 76 ont marqués les gens.
Et qui sont les personnes qui font partie du combo : l'effectif 76 ? Pas complètement. Si on fait une revue d'effectif, on enlève Dugalic, Schaer, Boury,... On enlève aussi Triantafilos, Bereta, qui ont pourtant fait partie de l'aventure en 75,...
Il y a Curkovik, Lopez, Janvion, Piazza, Farison, Repellini, Merchadier, Larqué, Santini, Synaeghel, Bathenay, les frères Revelli, Rocheteau, Sarramagna et Herbin.
Bien qu'entraineur, Herbin est indissociable du combo. C'est un cas très rare, peut-être unique. D'habitude l'entraineur est à côté : Jacquet n'est pas un bleu de 98, on peut dire "la bande à Jacquet", mais il n'est pas dans la bande. Lui, Herbin, il est dans les 16.
C'est ça Herbin.
Un jour les Beatles se sont séparés. The dream is over. Petit à petit, cette équipe de l'ASSE s'est dissoute. Herbin a essayé de la prolonger, pourtant, (76/77 : mercato = 0 pas de départ, pas d'arrivée !), mais un groupe, ça à une fin....
Herbin ne s'en est jamais remis. Il n'a jamais pus revivre ça : il est resté avec ce groupe : tu pouvais lui confier les plus beaux joueurs du foot, des Platoche, ça ne le consolait pas de son groupe parfait dissocié à jamais...
Même pire : tu ne peux pas envisager de refaire un combo parfait, dans ces conditions : l'ASSE devenait la bande à Platoche, on quittait les Beatles pour les Doors, et le kiffe de Herbin, c'était les Beatles, il a toujours rêver de remonter un groupe comme l'ASSE 76 et d'être dedans, un rêve impossible...
