Danish le Survivant a écrit :
Melkyor ! les Sopranos c'est géant ... Fais moi confiance !
J'ai terminé avant-hier la série mythique de HBO: Les SOPRANO
Mon avis pour commencer: Très bien mais pas la série extraordinaire à laquelle je m'attendais. Un bon 15/20.
Miantenant mon analyse.
ATTENTION SPOILERS EN PAGAILLE
Tout d'abord, je pense que la principale raison pour laquelle je n'ai pas réussi à m'imprégner totalement de cette série, c'est la profonde aversion que j'ai eu, durant tout le long des 6 saisons pour Tony Soprano.
Ce type est une véritable ordure, mauvais, égoïste, colérique, menteur, brutal, injuste et hypocrite.
Il a tous les défauts qu'il reproche aux autres. Il est à la fois terriblement humain et affreusement antipathique. C'est à la fois la force et la faiblesse de ce personnage: c'est un héros réaliste mais il est pénible.
Je pourrais prendre une heure pour énumérer les coups de p*te qu'il fait à tout son entourage: il trompe sa femme sans vergogne, il tue plusieurs de ses subordonnés sur des accès de colère (Ralphy, Christopher...), se montre injuste envers d'autres (Eugène, Bobby), trahit certains (David Scatino, Vito, Patsy, Feech, TonyB...).
Seuls les vieux de la vieille lui resteront fidèles jusqu'au bout, Paulie, Artie et Silvio, surtout parce qu'ils n'ont ni ambition ni fierté mal placée donc ne représentent pas une menace pour lui. Et dieu sait qu'il les méprise autant qu'il les manipule.
Même son coma ne lui assurera pas la rédemption morale qu'il clamera pourtant partout.
En bref, ce personnage est un prédateur sans scrupule auquel on a beaucoup de mal à s'identifier. Excepté le Dr Melfi qui est son "ennemi amical", c'est à dire le seul personnage "bon" à s'opposer à lui sans craindre de représailles, les seuls protagonistes à même de le rendre sympathiques sont ceux qui sont pires que lui: Phil Leotardo, révélé sur le tard et redoutable parrain new-yorkais, Ralph Siffaretto, odieux affranchi de la saison 3 et surtout Livia Soprano, le grand méchant de l'histoire.
Ce personnage qui est à mon sens le plus réussi, n’apparait qu'une quinzaine d'épisodes mais son ombre planera sur le reste de la série. Manipulatrice et dangereuse, affreusement énervante, elle cristallise tout les défauts de Tony et constitue son véritable ennemi mortel: elle a façonné sa personnalité destructrice.
Pour autant, Tony saura bien s'attirer les ennuis tout seul, à commencer par Carmella, figure paradoxale de la femme au foyer parfaite, puritaine et bienséante mais également complice N°1 de Tony, sachant très bien d'où vient l'argent qu'elle dépense toute la sainte journée. Son rôle de mère s'exprime dans tout ce qu'il a de frustrant pour ses enfants et son mari et pourtant elle cache une sensibilité et une intelligence rare qui ne s'exprimeront vraiment que dans la dernière saison. C'est un personnage malgré tout coupable à l'inverse de ses enfants.
Meadow tout d'abord, la première à se rebeller, présentera tous les défauts de l'adolescence naïve, de la crise de colère à la menace de fugue, en passant par les tristesses mal placées (comme lors de la mort de Jackie Junior). Même ses disputes de couple avec Flynn paraitront totalement puériles puis elle s'assagira en découvrant la vraie vie (celle où on ne vit pas dans un cocon doré) et finira par adopter le point de vue italo-américain de ses parents, de manière un poil plus critique.
AJ, quant à lui mettra plus de temps à s'affirmer, étant d'abord un fifils à sa maman puis une larve avant de devenir dépressif puis contestataire. Sur la mauvaise pente, il voudra s'engager dans l'armée mais ses parents le retourneront comme une crêpe pour le faire bosser dans le cinéma.
Au final, ces deux personnages sont légèrement décevants, n'incarnant pas la rupture espérée avec ce que représentent leurs parents: Meadow ne sera qu'une avocate d'affaire (voire même pas) mais elle ne sera jamais une desperate housewife comme sa mère. AJ ne sera surement qu'un producteur de série B mais il ne sera pas porte flingues. Le progrès à petites touches en somme...
En parlant de porte-flingues, le personnage de Christopher est à la fois celui qui s'adjuge le plus de sympathie et aussi celui qui gère le plus mal sa vie. Partant de rien, il gravit les échelons un à un tout en s'auto-détruisant avec en vrac l'alcool, la drogue, la jalousie et surtout sa relation conflictuelle, entre amour et haine, avec Tony.
Pour lui, il sacrifiera Adriana, la figure la plus tragique de l'histoire, sans une once de reconnaissance. Il sacrifiera aussi sa carrière de producteur, à l'exception de la Machette où il exprimera pour l'unique fois de sa vie ses ressentiments envers son cousin. Au final, il sera abattu par Tony sans regret, sur un coup de tête, comme un hommage macabre au destin auquel il ne pouvait de toute façons pas échapper.
Pussy, lui, a essayé d'y échapper mais en empruntant la mauvaise voie. Son assassinat, logique et couru d'avance, ne servira même pas de leçon à Tony. Du moins, cela le rendra plus méfiant et cruel. Mais ne l'empêchera pas de laisser libre court à sa colère sans raison rationnelle et de maltraiter ses hommes les plus fidèles. Il tuera Ralph de manière totalement arbitraire, ne pleurera jamais la mort de Silvio, trahira Vito après avoir fait mine de le comprendre, envisagera de tuer Paulie de sans froid, refusera de libérer Eugène, humiliera Bobby à plusieurs reprises, ruinera Artie... Et puis il tuera ses propres cousins. La cause avant tout.
Et même avec les femmes, son comportement destructeur aura raison de ses conquêtes: Irina, Valentina, Julianna et Gloria y laisseront toutes des plumes. Janice sera régulièrement humiliée. Seul le Dr Melfi lui tiendra tête jusqu'à finalement le jeter, ayant compris à quel point elle lui était devenue inutile.
Au final, que retenir ? La série s'achève sur une fin ouverte, qui nous montre que la vie continue... Mais à quel prix...
L'ambiance est extraordinaire, réaliste et la façon qu'a l'auteur de prendre son temps, permet de développer tous les personnages de manière approfondie.
J'en retiendrai surtout cà: plus qu'une histoire, les Soprano racontent une tranche de vie de Tony Soprano, son accession au pouvoir et son règne sur la famille DiMéo.
Avant, après... il y aura toujours des adversaires... Et Tony y laissera peut-être la vie... Ou bien en profitera-t'il jusqu'au bout. Comme dans la vie, qui peut savoir ?
Je ne vais pas pouvoir prendre le temps de répondre à tout mais tu seras enchanté de savoir que je suis en désaccord avec quasiment toute ton analyse sur la série
. Je pense qu'il n'y a pas un seul point sur lequel je n'ai pas au moins une remarque.
Mais malheureusement, je n'ai pas le temps de tout reprendre. Je reprendrais donc un seul truc : pour moi, la fin n'est absolument pas ouverte.