Tryphôn a écrit : ↑12 janv. 2021, 00:29
Tu n'aimes pas les expressions un peu raides. Soit. Je vais donc profiter de ton message pour faire un bilan plus posé de la situation selon moi.
La situation du club
Pour grandir, un club de football a besoin d'argent pour investir dans des joueurs, qui représentent à la fois l'essentiel des investissements réalisés et la principale part des charges avec des salaires importants. Nous sommes ainsi allés en coupe d'Europe (c'est notre point de référence à tous) avec l'apport de joueurs "plus forts que l'ASSE" et donc avec des investissements financiers.
Aujourd'hui, nous sommes dans une situation où le club est endetté et où les actionnaires n'ont pas la capacité financière d'injecter des liquidités. La solution logique pour permettre la croissance, c'est la vente. Nous sommes passés à côté il y a deux ans et nous avons tous compris alors que Romeyer ne se séparerait pas de l'ASSE et qu'il avait la capacité de tout bloquer voire de saborder le club.
Nous constatons aujourd’hui que le club n’a plus de moyens financiers même après avoir réalisé deux des plus grosses ventes au monde de jeunes joueurs, ce qui est tout simplement exceptionnel. On ne peut bien sûr pas envisager de fonctionner comme ça à l’avenir.
Bref, nous sommes dans l'impasse et sur le papier, le haut du tableau, c'est terminé. Pour longtemps probablement. Personne n'en a envie et il y a donc une disponibilité d'écoute dans le public pour un scénario qui permettrait tout de même d'avoir des résultats et de remonter en haut du tableau : la génération dorée avec le coach de haut niveau. C’est que nous a vendu Romeyer en fait.
J’y ai moi-même adhéré et ma réaction à la venue de Puel, c’était « waouh, comment ont-ils fait pour convaincre un coach pareil ! » Sauf que la confrontation avec la réalité a fait évoluer mon jugement et je pense aujourd’hui que la génération dorée guidée vers les sommets par Puel est une fiction. C’est le sens de mon propos.
La génération dorée
Je ne vais pas m’étendre sur ce point. Mais deux éléments tout de même. Une assise Saliba – Fofana – Gourna, c’est assurément du haut niveau. Mais ces joueurs, on ne peut pas les retenir. Gourna partira cet été, très probablement. Même si nous étions en haut du classement, le différentiel économique avec d’autres championnats nous empêche structurellement de garder ce type de joueurs. Rien à voir avec la masse salariale.
Il reste donc les joueurs de second rang. Je ne vais pas passer en revue l’ensemble de ces joueurs, mais l’effectif actuel ne permet tout simplement pas de croire à un retour en haut du classement. Ce qu’il faut pour aller en coupe d’Europe, on le sait, on l’a vécu il n’y a pas très longtemps. C’est beaucoup, beaucoup plus de qualité que ce que l’on a et encore plus que ce qu’il restera après le départ des gros salaires.
Le coach providentiel
Tu as raison. Je n’aime pas du tout le personnage. Je n’aime pas sa manière d’exercer des responsabilités, on va dire le management. Mais je suis tout à fait capable de concevoir que ce type de profil puisse réussir dans certains contextes, ça d’ailleurs déjà été le cas de Puel. Sauf que j’ai déchanté. J’ai vu des choses qui ne me permettent pas de rester sur la promesse de lendemains qui chantent.
En gros, je suis passé successivement :
- de l’enthousiasme lors de son recrutement
- à de premières interrogations la saison dernière devant des compos bizarres et le turn-over systématique. Avant l’arrêt du championnat, je me demandais si c’était un visionnaire qui faisait une large revue d’effectif ou un gars avec un nom qui fait n’importe quoi
- à beaucoup d’espoirs avec la préparation avec des jeunes kiffants (Gourna, Aouchiche, Rivera…) et de la finale de la coupe de France avec un véritable amalgame et un esprit dans l’équipe
- à la déception devant un management cynique et pas assumé publiquement sur les cas Ruffier et des gros salaires (avec, au-delà des considérations humaines, un coût sportif important)
- au constat aujourd’hui d’un absence de progression solide et durable de l’équipe et à la continuation des compos bizarres et du turn-over intempestif. Même la promesse de voir jouer des jeunes intéressants (ce que j'aime à titre personnel) ne me semble que partiellement remplie.
Puel a annoncé deux choses :
-
un objectif à moyen terme de qualification en ligue des champions : nous en sommes à des années-lumière et son projet ne pourra pas nous y conduire, structurellement. Ca dépasse largement le cas de Puel, c’est un problème de qualité des joueurs restant après le départ des jeunes bankable.
-
un objectif de jeu consistant à rendre son équipe capable de s’exprimer dans n’importe quelles conditions :Il y a un petit mieux dans le jeu ces deniers temps et Puel a le présupposé intéressant de faire jouer son équipe. Mais je ne vois absolument pas de force collective et encore moins de capacité à s’adapter. On joue au contraire toujours de la même façon, dans une forme de ronronnement même s’il est offensif et plutôt plaisant. Cette équipe n’a aucune gestion de ses temps faibles et n’est pas capable d’imposer des temps forts, elle ne s’adapte ni à ses adversaires, ni au scénario des matchs. Elle flotte. Comme l’a dit très justement quelqu’un sur le forum, on a l’impression de jouer indéfiniment des matchs amicaux.
Bref, c’est peu, très peu, après plus d’un an.
J’exprime peut-être parfois cela de manière trop virulente et en dépassant peut-être ma pensée. Je fais ça en réaction à certains soutiens dont le caractère inconditionnel me semble irrationnel devant l’accumulation de ces limites. Dire seulement, "ça ira mieux demain parce que c’est Puel et que c’est le projet", c’est purement incantatoire.
Je suis tout à fait disposé à entendre des avis contraires à partir du moment où ils comportent des arguments et pas uniquement des incantations.