Quand l'ambassade de Chine en France réécrit l'histoire du coronavirus
Dans un long communiqué sur son site internet, l’ambassade de Chine répond aux critiques faites à son pays dans sa gestion du Covid-19. Elle en profite également pour attaquer les occidentaux sur la façon dont ils gèrent à leur tour la crise et tente à sa façon de réécrire l'histoire depuis le début de la pandémie.
"Rétablir des faits distordus."
Dans un long communiqué publié dimanche sur son site internet, l’ambassade de Chine tente de répondre aux critiques dont le pays a fait l'objet : retard au début de la pandémie, critiques sur les violations des droits de l'Homme ou encore nombre réel de morts liés au nouveau coronavirus. Elle s'attaque aussi frontalement à la gestion occidentale de la crise sanitaire. Les diplomates chinois veulent "montrer à Pékin qu'ils sont en train de se battre à l'étranger pour faire porter la voix de la Chine", estime un spécialiste.
Justifications et critiques
Dans un premier temps, l'ambassade rappelle les différentes mesures prises en Pékin dès le mois de janvier. Elle se justifie, dans ce texte, sur les décisions prises par le régime communiste, comme par exemple le confinement total de la ville de Wuhan où les premiers cas sont apparus.
À aucun moment en revanche, il n'est rappelé dans le communiqué, le nom de Li Wenliang. Ce médecin mort le 7 février dernier, qui avait, avec plusieurs de ses collègues, tenté d'alerter sur l'arrivée de ce virus. À l'époque, la dictature chinoise avait réprimé et accusé ces hommes de répandre des rumeurs, certains avaient même été réprimés.
Puis, le communiqué s’en prend directement aux occidentaux et à leur gestion de la crise.
Et les attaques concernent tout le monde. Critiques des dirigeants qui au début de l’épidémie parlaient de "grippette" en évoquant le Covid-19. Critiques des Américains accusés d'avoir limogé le commandant de leur porte-avions "le Roosevelt" car ce dernier souhaitait accoster pour permettre aux marins infectés de mettre pied à terre. Critiques enfin de la France, accusée "de laisser mourir dans les Ehpad leurs pensionnaires de faim et de maladie".
"Une volonté de réécrire l'histoire"
La Chine n’aime pas être critiquée en Chine, on le savait, elle cherche aussi a réécrire l’histoire de cette pandémie qui a débuté chez elle, comme l'analyse Antoine Bondaz, chercheur et spécialiste de la Chine. Pour lui, "L'objectif des diplomates chinois, c'est de montrer à Pékin qu'ils sont en train de se battre à l'étranger pour faire porter la voix de la Chine partout dans le monde", explique-t-il.
"Mais je pense qu'on est au-delà de la propagande. Le but avec cette communication, c'est de décrédibiliser la parole de nombreux médias, d'experts à l'étranger. Il s'agit aussi pour la Chine d'une volonté de réécrire l'histoire de ce qui s'est passé depuis le mois de novembre et de plus largement de lutter contre toutes critiques du régime chinois."
Cette bataille de mots est plus importante qu’on ne le pense.
Car si tout le monde sait que
le chiffre de 3 339 morts en Chine est faux et qu’il serait bien plus élevé (certains évoquent plutôt 100 000 victimes), à ce jour c’est toujours ce chiffre officiel, communiqué quotidiennement, qui sert de repère. Ce chiffre officiel et "douteux", c’est pour l'heure celui que retiendra l'Histoire.
Communication contre communication
Enfin, on peut ajouter que la bataille qui se joue va encore plus loin. Il s'agit d'une guerre de communication entre deux systèmes.
Les démocraties occidentales d'un coté face à la dictature chinoise de l'autre.
Or laisser la propagande chinoise se répandre dans le monde qui affirme que sa gestion de la crise permet une meilleure protection des populations, c'est affaiblir notre système de gouvernance, qui même imparfait, tente lui d'allier sécurité et liberté.
D'ailleurs, Antoine Bondaz, ne dit pas autre chose : "La bataille de la Chine, c'est une bataille des récits, que la seule version que l'on retienne soit celle de Pékin. Il s'agit à la fois de minimiser les responsabilités chinoise, mais également de vanter les mérites du système de gouvernance chinois mais aussi de décrédibiliser avant tout les États-Unis et plus généralement les systèmes démocratiques."
https://www.franceinter.fr/monde/quand- ... oronavirus
Du quartier du soleil aux colines de Montaud, de l'Etrat jusqu'au pied du Grand bois, la sueur a coulé dans la poussière de charbon, un esprit s'est forgé dans l'acier. Guy Julien 1976