Oscar Garcia est arrivé cet été avec une réputation, celle d'être un entraîneur prônant le jeu et s'appuyant sur la jeunesse. Je ne m'étendrai pas sur le premier point, vous renvoyant aux analyses tactiques hebdomadaires de Pilou. En revanche, le second point mérite d'être creusé. 


Si la saison n'est peut-être pas suffisamment avancée pour se faire un avis tranché et définitif de son apport sur ce point chez les Verts, on peut en revanche, pour le moment, se pencher sur son travail dans ses précédent clubs. Je vais donc m'attarder sur l'importance donnée à la jeunesse par Oscar Garcia lors de ses passages au Maccabi Tel-Aviv, à Brighton & Hove Albion et au Red Bull Salzburg, les seules ayant duré au moins un an.

 

Posons tout d'abord les bases de la réflexion. Qu'est-ce qu'un jeune joueur ? Nous partirons du principe que c'est un joueur fêtant ses 21 ans l'année où débute la saison. Par exemple, pour la saison qui commence, ce sera un joueur né en 1996 ou après.

 

Maccabi Tel-Aviv : Une première expérience pleine d'expériences

À l'été 2012, Oscar quitte la Juvenil du Barça où il s'est donc exclusivement occupé de jeunes joueurs pour rejoindre le Maccabi Tel-Aviv, sa première expérience avec une équipe senior. Lors de cette saison, il utilisera 9 jeunes joueurs au cours de la saison en championnat. On notera pourtant que seuls 3 d'entre eux cumuleront plus de 25% du temps de jeu total sur la saison , 2 se trouveront entre 12,5% et 25% du temps de jeu total, les 4 autres se contentant des miettes :

Micha : 1754'
Dabbur : 1327'
Lugasi : 1049'
Levy : 720'
Abu Zaid : 469'
Margulies : 368'
Peretz : 164'
Ben Yair : 38'
Biton : 8'

Une analyse plus fine du parcours de ces joueurs nous amène à remarquer que Peretz n'a été lancé qu'à partir du moment où le titre était à peu près acquis pour le Maccabi. De même, Barak Levy n'était que deuxième gardien, et il doit son temps de jeu à l'absence d'Enyeama lors de son départ pour la CAN. On pourra également mettre en avant le fait que 5 joueurs avaient déjà un certain nombre de matchs avec le Maccabi avant même l'arrivée d'Oscar (Micha, 43 matchs dont 29 titularisations, Lugasi, 32 matchs dont 26 titularisations, Dabbur, 26 matchs dont 22 titularisations, Levy, 23 matchs dont 21 titularisations et Peretz, 10 matchs dont 8 titularisations), que 2 joueurs ne sortaient pas du centre de formation du Maccabi Tel-Aviv (Dabbur, venu du Maccabi Ahi Nazareth, en D2 Israélienne et Abu Zaid, venu du Bnei Yehuda avec lequel il avait déjà joué plus de 70 matchs de première division) et qu'après avoir été testé par Oscar, Biton s'est retrouvé en prêt au Bnei Yehuda.

Oscar s'est donc principalement appuyé sur une base préexistante qui lui a fourni les jeunes joueurs qu'il a le plus utilisé, le joueur qu'il a lancé dans le bain affichant le plus gros temps de jeu ne culminant qu'à 11,4% du temps de jeu total de la saison.

Le passage à Brighton : L'abandon des tests de cours de saison

Un an plus tard, Oscar débarque en Championship (D2 anglaise), à Brighton. La place donnée aux jeunes est encore plus limitée. Seuls 4 jeunes sont utilisés, 3 d'entre eux plus de 25% du temps, 1 entre 25% et 12,5%. Auquel il faut ajouter un jeune qui apparaîtra deux fois sur le banc, le quatrième gardien de l'époque :

Ince : 2272'
Foster-Caskey : 1720'
Lingard : 1398'
March : 775'

Parmi eux, Jesse Lingard arrive en cours de saison pour un déjà troisième prêt de sa carrière de la part de Manchester United. En revanche, contrairement à ce qui s'était passé à Tel-Aviv, les 3 autres joueurs sont lancés par Oscar, Ince ne comptant que 2 matchs dans une division inférieure avec son club formateur, Yeovil, Foster-Caskey ne comptant que 8 matchs (dont 3 titularisations) avec Brighton, en plus de son prêt en 4ème division et March n'ayant jamais évolué en professionnel auparavant.

A Salzburg : Un large vivier pour jouer la carte jeune

Après plusieurs années passées à enchaîner courts intérims et périodes de repos, Oscar reprend un club en Janvier 2016, à Salzburg. Après 6 mois de redressement du club, Oscar entame la 3ème saison pleine de sa carrière. Et cette fois-ci, il laissera sa chance à 14 jeunes au cours de la saison de Bundesliga. 7 d'entre eux, soit la moitié, auront droit à plus de 25% du temps de jeu total et un de plus obtiendra entre 12,5% et 25% :

Laimer : 2289'
Lazaro : 2166'
Samassékou : 2085'
Hwang : 1801'
Caleta-Car : 1535'
Upamecano : 1330'
Minamino : 1140'
Schlager : 725'
Bernardo : 270'
Oberlin : 186'
Haidara : 128'
Wolf : 124'
Igor : 90'
Berisha : 13'

La situation est très différente ici puisque le passage par l'équipe réserve constitue déjà, à Salzburg, un passage au monde professionnel. Néanmoins, on peut d'ores et déjà pointer 3 joueurs qui avaient déjà débuter en pro ailleurs qu'à Salzburg (Caleta-Car, à Sibenik puis à Pasching, Bernardo au RB Brasil, filière brésilienne de la famille Red Bull, malgré un nombre de matchs limités, et Minamino, au Cerezo Osaka). A cette situation, on peut ajouter 2 joueurs déjà bien implanté dans l'équipe salzbourgeoise (Lazaro, 46 matchs dont 23 titularisations avant l'arrivée d'Oscar et Laimer, 15 matchs dont 9 titularisations). On peut également souligner les départs d'Upamecano en décembre, de Bernardo dès la fin du mercato d'été et le prêt d'Oberlin à Altach lors de la première moitié de saison.

Beaucoup de similitudes derrière les apparentes différences

On notera une constante dans ces trois expériences, la forte part des recrues voire, au mieux, de la post-formation. Au total, sur les 27 jeunes alignés par Oscar Garcia lors de ses 3 saisons pleines, 19% sont des recrues, 23% avaient déjà fait leur place en pro et 31%, bien que n'ayant pas une expérience pro convaincante auparavant, entrant dans une logique de post-formation. On peut donc considérer qu'Oscar n'a lancé en pro que 16 joueurs, dont seulement 7 formés dans les clubs où il est passé, dont seulement 7 ont eu droit à un temps de jeu qui ne soit pas absolument négligeable et dont un seul combine ces deux derniers critères.

Par ailleurs, si la tendance est moins marquée à Brighton, on remarquera cette forte différentiation entre des jeunes sur lesquels Oscar compte, et qu'il n'hésite pas à intégrer pleinement et un nombre non négligeable de joueurs, soit qu'il teste en début de saison avant de les renvoyer en réserve, ou en prêt, soit qu'il ne lance qu'en fin de saison, pour des bouts de matchs, lorsque l'écart est fait, voire la saison pliée.

Aujourd'hui, à Saint-Etienne, on peut remarquer que la tendance mise en avant est moins marquée. Sur les 5 jeunes déjà alignés par Oscar, 3 sont formés au club, 4 ont un temps de jeu intéressant. Pour ce qui est des jeunes lancés dans le monde pro, la tendance est même moins bonne avec seulement 2 joueurs dans ce cas pour le moment.


Conclusion

Si l'arrivée d'Oscar a été suivie d'un rajeunissement de l'effectif et si cette tendance à jouer avec un effectif jeune de sa part peut être reconnue, sa capacité à lancer durablement des jeunes peut être nuancée. Voyons un peu les perspectives que cela donne pour notre saison.

On peut tout d'abord mettre en avant le miroir déformant qu'a été son récent passage à Salzburg. S'il est finalement peu différent dans la forme qu'a pris le rapport d'Oscar avec les jeunes, la différence en nombre a donné l'impression d'un entraîneur tourné vers la formation qu'il n'est pas totalement. Or, comme ses clubs précédents, nous ne sommes pas Salzburg, nous ne bénéficions pas de la force de post-formation de ce club, dans laquelle Oscar a beaucoup puisé la saison dernière.

De même, on peut remarquer qu'avec 4 jeunes joueurs d'ores et déjà intégrés à la rotation par Garcia, on est dans la norme de ce qu'il à l'habitude de faire. Dès lors, on peut avancer que les prochains jeunes qui seront lancés par Garcia le seront par petite touche, en fin de saison. Et même là, la question peut se poser tant nous n'aurons probablement la marge ni d'un Salzburg, ni d'un Maccabi, mais plus certainement seront nous dans une lutte serrée nous rapprochant plus de ce qui s'était fait à Brighton.

Par ailleurs, on peut s'adonner à un petit exercice pas très encourageant concernant les joueurs ayant eu un temps de jeu limité et/ou tardif sous Oscar Garcia. La plupart évoluent aujourd'hui en deuxième division israélienne ou n'ont plus de club. Oscar serait-il clairvoyant concernant les jeunes joueurs ? De quoi rendre pessimiste quant à nos jeunes qu'il n'a pas d'ores et déjà intégré au groupe ? Un petit contre-exemple pour nous remonter le moral, Solly March vient de monter en Premier League avec son club formateur.